Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112
Forum de rock6070 • Afficher le sujet - Sun Ra

Forum de rock6070

Nous sommes le Mer Avr 24, 2024 5:31 pm

Heures au format UTC + 6 heures




Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 160 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 7, 8, 9, 10, 11  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Sam Juin 16, 2012 6:39 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
En fait, pour être précis sur ses délires cosmiques, il faut les situer dans le contexte. Ces discours "d'enlèvement par les extras-terrestres" datent de 1952 et font référence à des évènements qu'il situe en 1936. Ces révélations de ce passé se déroulent dans un contexte où ce genre de récit est à la mode, d'autres personnes véhiculent ce genre de récit qui intéressent le public, à l'époque.
La particularité du récit de Sun Ra c'est qu'il se situe dans une tradition de discours d'anciens esclaves, où celui-ci se voit confronté à la réalité de Dieu qui le convertit en lui parlant, tel à un élu, et en l'investissant d'une mission sacrée.
Cette mystification prend donc racine dans la culture afro Américaine des anciens esclaves, on retrouve dans les récits de Sun Ra toute une série de similitudes avec les récits de conversion. Ces récits avaient aussi leur utilité car ils promettaient le renouveau, la renaissance et entretenaient la foi en un monde meilleur. Ils symbolisaient aussi la fin de l'esclavage et représentaient l'espoir d'un monde libre et fraternel. Nous ne sommes pas familiers avec ces croyances mais elles sont une partie fondatrice de l'identité culturelle noire Américaine. Alors cette réalité forgée par Sun ra, qui suis-je pour la juger ou pour en rire?

Moi le premier je me suis moqué du doux-dingue, y compris sur ce forum, mais s'il y a une chose à laquelle je crois, c'est que sa principale motivation sur cette terre était artistique et son intérêt principal était la musique!

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Sam Juin 16, 2012 6:43 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Lun Déc 21, 2009 10:12 pm
Messages: 8462
Son "mysticisme" a nourri son art. Rien que de très classique en somme !

_________________
"I took a dead man's Gibson, gonna write the world's last great song
But my muse was out fucking in gutters all night long"


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Sam Juin 16, 2012 11:07 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Et toi qui l'air de bien connaître son oeuvre, tu vois d'autres apports de sa part à la sphère du jazz voire de la musique en général ? (références à l'appui si possible clinzz et que ça saute !! uhuhz )

La question que tu poses est difficile, il faudrait s'adresser à un musicologue, et encore serait-il sans doute ennuyé... Pose la même question pour un groupe de rock, tu ne trouveras que très peu de musiciens dont tu pourras dire: voilà ce qu'il a apporté à l'évolution de la musique ! Pour ce qui est du be-bop par exemple, qui dira avec certitude que c'est tel musicien qui a été le précurseur, celui qui a permis le passage, Thelonious Monk? Charlie Parker? Dizzy Gillespie? Max Roach? Lennie Tristano? On s'accorde plutôt à admirer ces musiciens pour la musique qu'il nous ont laissé et à saluer leurs audaces musicales, mais il est difficile de savoir qui a été le premier.
Il en est de même pour le free Jazz, Ornette Coleman? Cecil Taylor? Don Cherry n'a t-il pas apporté sa pierre? Eric Dolphy et Coltrane n' ont-ils pas ouvert la voie les premiers? Chacun d'eux est une réponse à la question...
Pour Sun Ra il n'est certainement pas un défricheur ni un innovateur pour ce qui est de l'écriture musicale. Non son apport est tout autre, son véritable exploit (je ne cesse de me répéter) c'est son big band ! A part la JCOA (Carla Bley, Alan Silva...) il a été le seul à proposer un grand orchestre free de façon durable.
Par ces liens un peu mystérieux que tu dénonces entre lui et ses musiciens il a su créé une osmose inédite à l'intérieur d'un big band, habituellement un big band doit être très organisé: pupitre des cuivres, des anches, section rythmique, 1er soliste, 2 eme soliste etc...Tout y est écrit et même récité, sauf la part improvisée pendant les solos.
Sun Ra va faire éclater tout ça, et il n'y arrivera que parce qu' il dispose de musiciens d'un niveau technique exceptionnel, mais aussi parce qu'entre eux la communication est telle qu'elle dépasse les mots. Les musiciens jouent tellement ensemble, se connaissent si bien que l'improvisation collective devient possible, pas seulement comme dans "ascension" par exemple, mais de façon purement figurative ou émotionnelle, sans codage préalable. Un titre peut suffire à créer l’œuvre collective, cette "cosmologie" dont il parle tant deviendra une sorte d'équilibre dans sa musique, entre cosmos et chaos, et plus sûrement tout cela est forgé par le travail incessant, la communauté de pensée, l'unité de conception et d'expression...
Le véritable ciment qui lie ces hommes là, c'est la musique !

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Sam Juin 16, 2012 11:43 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Fév 25, 2010 2:42 am
Messages: 825
Ok. Merci pour cette explication. ça fait une bonne porte entrée pour approcher son oeuvre, voire éventuellement mieux la comprendre.

Ascension (tiens, on m'a fait cadeau de l'original l'année dernière) c'est vraiment le disque avec lequel j'ai du mal dans l'oeuvre de Coltrane (il me reste quand même à écouter au moins le disque en duo avec son dernier batteur Rashied Ali qui pourrait être lui ardu d'écoute, mais moins qu'Ascension à mon avis ).

Déjà que le free, ça laisse souvent une impression assez chaotique mais l'improvisation collective , euh ... là il fvaut mieux être ferré. Alors c'est sûr qu'une osmose parfaite entre musicos ne peut qu'être un gros plus. Et pour ça, c'est sûr qu'une certaine forme de despotisme peut, éventuellement,s'avérer concluante...

Charlie Mingus a lui longtemps été à la tête d'un (petit ) orchestre non ?
Mais ... rien de free chez Mingus, au fait ?


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Dim Juin 17, 2012 3:24 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656

Charlie Mingus a lui longtemps été à la tête d'un (petit ) orchestre non ?
Mais ... rien de free chez Mingus, au fait ?

Le rapprochement avec Charles Mingus est pertinent, lui aussi a créé une maison de disque (Candid), mais il n’est pas parvenu à la pérenniser. Il était à la tête d’un Workshop qui comptait de cinq à huit musiciens, sans atteindre la dimension d’un big band, il savait tirer le meilleur parti de sa formation. Sans être habituellement catalogué « free » il a eu une influence considérable sur les bassistes de la jeune génération comme Charlie Haden, Scott La Faro ou Steve Swallow et Jimmy Garrison lui doit ce son de « flamenco bass » si caractéristique.
Concernant la composition et les arrangements on peut considérer que Charles Mingus est un pionnier du free, on entend son influence par exemple chez Archie Shepp. Il a mis en place à l’intérieur de ses morceaux des moments d’improvisation semi collective ou collective propres à créer quelques tempêtes bien free, particulièrement lors de ses concerts. On retrouve aussi sur Tijuana Moods ou Black Saint & Sinner Lady quelques fabuleux moments d’anthologie. En ce moment j'écoute Charles Mingus presents Charles Mingus avec Dolphy, Ted Curson et le fidèle Dannie Richmond et ça envoie!
Je ne suis pas doué pour les étiquettes mais on pourrait classer une bonne partie de sa discographie côté free sans problème. Il en est de même pour Sun Ra dont une partie seulement de la discographie peut-être cataloguée « free ».

Le Coltrane avec Rashied Ali est fabuleux...

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Dim Juin 17, 2012 4:41 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Fév 25, 2010 2:42 am
Messages: 825
Ah ouaih, merci pour ces précisions sur Mingus. Sans bien connaître son oeuvre, ça ne me surprend pas néanmoins qu'il ne puisse pas tout à fait être tenu à l'écart du free .
Encore un cas à part et à approfondir ...

Alors j'ai jetté une oreille sur le 1er morceau d'Interstellar Space et juste après sur le seul album de Sun ra que je possède : The heliocentric world of SR. Marrant vu que les 2 albums débutent exactement de la même manière, soit avec un son de cloches à la tibétaine ...

Ce morceau, mars, débute vraiment sur les chapeaux de roues, comme s'il avait été amputé de son début.Et ce qui s'ensuit ne laisse pas vraiment apparaître un cheminement structuré mais vraiment un jeu free total ,sans début ni fin,même, et en 1ère impression) .Je ne sais pas si tous les morceaux sont dans cette lignée mais si tel est le cas, c'est probablement son disque le plus ardu ...

Pour en revenir à Sun ra, The Heliocentric world, c'est vraiment le genre de truc qui m'ennuie totalement.Le genre d'album qui doit le faire en fond musical d'émissions de France Culture . sourirezz
Très expérimental et novateur pour l'époque , sans doutes .


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Dim Juin 17, 2012 7:39 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656

Pour en revenir à Sun ra, The Heliocentric world, c'est vraiment le genre de truc qui m'ennuie totalement.Le genre d'album qui doit le faire en fond musical d'émissions de France Culture . sourirezz
Très expérimental et novateur pour l'époque , sans doutes .

Cet album fait parti des "classiques" de la musique free. Il en a marqué l'histoire et a laissé sa petite trace. Dans le même temps on pouvait entendre le fameux "ascension" de Coltrane, le travail sur les timbres et les silences de l'Art ensemble, les audaces de Cecil Taylor, la force brute d'Albert Ayler, et aussi l'intrusion de l'unité "groupe" en tant que partie active dans l'émotion, la composition et l'improvisation, propre à l'Arkestra.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Dim Juin 17, 2012 7:50 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mar Nov 24, 2009 8:47 pm
Messages: 12680

Pour en revenir à Sun ra, The Heliocentric world, c'est vraiment le genre de truc qui m'ennuie totalement.Le genre d'album qui doit le faire en fond musical d'émissions de France Culture . sourirezz
Très expérimental et novateur pour l'époque , sans doutes .

Cet album fait parti des "classiques" de la musique free. Il en a marqué l'histoire et a laissé sa petite trace. Dans le même temps on pouvait entendre le fameux "ascension" de Coltrane, le travail sur les timbres et les silences de l'Art ensemble, les audaces de Cecil Taylor, la force brute d'Albert Ayler, et aussi l'intrusion de l'unité "groupe" en tant que partie active dans l'émotion, la composition et l'improvisation, propre à l'Arkestra.
j'ai pas du tout accroché à celui-là, il m'a paru interminable

_________________
En perdant GF nous avons perdu un grand vide Fenyxx


Bono se pointe vers moi et me dit « Ça va fiston ? » Je ne suis pas ton fiston, connard. Ce mec là a fait un ou deux bons disques, mais de là à m'appeler fiston... (Liam Gallagher, 1995)


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Dim Juin 17, 2012 8:25 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656

Pour en revenir à Sun ra, The Heliocentric world, c'est vraiment le genre de truc qui m'ennuie totalement.Le genre d'album qui doit le faire en fond musical d'émissions de France Culture . sourirezz
Très expérimental et novateur pour l'époque , sans doutes .

Cet album fait parti des "classiques" de la musique free. Il en a marqué l'histoire et a laissé sa petite trace. Dans le même temps on pouvait entendre le fameux "ascension" de Coltrane, le travail sur les timbres et les silences de l'Art ensemble, les audaces de Cecil Taylor, la force brute d'Albert Ayler, et aussi l'intrusion de l'unité "groupe" en tant que partie active dans l'émotion, la composition et l'improvisation, propre à l'Arkestra.
j'ai pas du tout accroché à celui-là, il m'a paru interminable

L'enregistrement de l'album s'est déroulé lors d'une période de "creux" dans la vie de l'orchestre, peu de concerts, mis à part une sortie hebdomadaire dans un club. Les musiciens se réunissaient donc chez Sun Ra pour jouer. la musique est clairement free: pas de composition, pas d'écriture, mais une improvisation sans doute précédée d'une concertation entre les intervenants. L'accès à la musique n'est donc pas facilité par cette approche purement expérimentale, mais c'est aussi ce qui en fait l'originalité et l'intérêt, sans doute même un des sommets de l'art de l'Arkestra ...

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Jeu Juil 12, 2012 6:05 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mar Nov 24, 2009 9:00 pm
Messages: 1377
Localisation: Grenoble / Angers


Astro Black - 1973- Impulse AS-9256

1 astro black
2 discipline
3 hidden spheres
4 the cosmo-fire

Sun ra, june tyson, marshall allen, john gilmore, ronnie boykin, atakatune (stanley morgan), eloe omoe, ruth wright et beaucoup d'autres!

L'un de mes premiers Sun Ra et un des meilleurs albums du maître! Il semblerait qu'il n'ait pas été édité en CD. Sun Ra signe pour Impulse, une major, il n'a pas l'intention de passer à côté des moyens qui sont mis à sa disposition, studio, prise de son de haut niveau, nombreux invités. Ronnie Boykins, à la basse est particulièrement mis en valeur tout au long de l'album, et ce choix est judicieux, l'Arkestra devient répétitif, hypnotique, déroulant son free en un magnifique espace sonore!

Le morceau titre est chanté par June Tyson, magnifique mélopée sur un matelas free concocté par notre Râ!
Chez le Sun le mot "discipline" est à prendre au pied de la lettre, c'est l'axe vertébral de sa philosophie, magnifique solo de John Gilmore pendant que l'arkestra assure en background...
Hiden Spheres donne libre cout aux improvisations sur le rythme des congas, bongos et autres percus, la basse se fait répétitive pendant tout le morceau, les solis s'enchaînent
The cosmo-fire est une suite de 18 minutes en trois parties, elle composent la seconde face de l'album. Le grand orchestre est l'instrument et la tonalité est free, la suite est écrite pour une bonne partie, bien entendu les improvisations sont libres!
Chaudement recommandé si vous le rencontrez !Merci pour la découverte !

Le topic s'est considérablement rempli, c'est très intéressant à suivre !
D'où il en ressort qu'il va falloir que j'écoute plus attentivement sa période ESP.


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Jeu Juil 12, 2012 11:13 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656

Le topic s'est considérablement rempli, c'est très intéressant à suivre !
D'où il en ressort qu'il va falloir que j'écoute plus attentivement sa période ESP.

Astro Black est un très bel album, la période ESP est très intéressante si tu aimes le free, tu peux écouter aussi the magic city aussi. Mais il y a tant à picorer chez Sun Ra ! Les beaux albums de la fin des années 50, lanquidity dans un registre plus classique, les albums Italiens (Horo) etc... J'ai essayé de baliser quelques pistes mais il reste à faire...

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Lun Juil 16, 2012 1:42 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Strange celestial Road (1980)



A - Celestial Road (7:02) Say (12:05)
B - I'll Wait for You (16:00)

Bass – Richard Williams , Steve Clarke
Drums – Luqman Ali, Reg McDonald
French Horn – Vincent Chancey
Guitar – Skeeter McFarland, Taylor Richardson
Keyboards – Sun Ra
Percussion – Artaukatune*
Reeds – Danny Ray Thompson, Eloe Omoe, Hutch Jones, James Jacson, John Gilmore, Marshall Allen, Noel Scott, Kenny Williams, Sylvester Baton
Trombone – Craig Harris , Tony Bethel
Trumpet – Curt Pulliam, Michael Ray, Walter Miller
Vibraphone [Vibes] – Damon Choice, Harry Wilson
Vocals – June Tyson, Rhoda Blount

Enregistré en 79 cet album se situe dans la lignée de Lanquidity. Il en a quelques caractéristiques fortes, la première, celle qui saute aux oreilles, c’est la présence d’instruments électriques, pas seulement les claviers et autres moogs, non les guitares, basse et rythmique. Le second point commun n’existe que sur la première face de cet album, c’est le parti pris binaire et tonale de la musique jouée ici, afin d’en facilité l’accès au plus grand nombre, de la rendre plus populaire. La seconde face est plus aventureuse et ouvre d’autres portes…

Tout commence par un cri, cuivres et anches à l’unisson soufflent une note dans l’aigu, puis tout basule, le rythme devient funky, les voix de June Tyson et Rhoda Blount (du patronyme réel de Sun Ra) chantent la mélodie de Celestial Road. Sur une rythmique sans faille, bondissante et élastique Sun Ra délivre un solo de synthé aux sonorités venues d’outre espace, suivi par un solo de Damon Choice au vibraphone. Retour à nouveau aux chants à la fin de la chanson.

L’intro de Say se veut étrange, quelques secondes encore et tout bascule en un joyeux barnum. Impossible de ne pas penser à Gato Barbieri, à la musique Brésilienne, à la danse, à la fête… Finalement rien d’étonnant, la musique de Sun Ra s’est toujours voulue festive, particulièrement lorsqu’elle est en représentation, l’aspect visuel a toujours été mis en valeur, costumes, acrobaties, lumières, danse et même transe. Bien sûr il y a aussi chez Sun Ra quelques profondeurs secrètes, mais ici l’heure est à la joie, aux rythmes latins, aux sonorités aigues et joyeuses ! On peut penser aussi aux interprétations de Pharoah Sanders dont la musique religieuse et sereine visait la félicité bienheureuse.

I'll Wait for You commence sur un rythme funky, les voix chantent et évoquent l’attente, l’amour et le voyage interstellaire… Voir ce qui n’a jamais été vu, marché où nul n’a posé le pied, cette découverte de l’inconnu est prétexte au Sun pour ouvrir les portes de son imagination et de sa créativité… Nous pénétrons dans un univers étrange où tout est distorsion, tout est distendu, les sonorités les plus inhabituelles figurent des contrées inexplorées, les espaces vierges en dehors de la loi commune de l’espace et du temps sont figurés par une cascade de sons, des montées sonores discordantes, des presque silences… Cette nouvelle dimension nous est suggérée par la force de la musique évocatrice voulue par le Sun, basse électrique en live mais garante absolue de la tension et de la continuité, véritable bouée de secours pour ne pas se perdre, lumière lointaine qui montre le cap, mais tout est distordu, claviers free cuivres lointains et hurleurs, synthés aux sons électros étranges, vibraphone, écho…

Un bon Sun Ra qui nous expose plusieurs facettes de sa musique.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Mar Juil 17, 2012 3:15 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Sunrise In Different Dimensions (1981)





Recorded live on Sunday February 24, 1980 at Gasthof Mohren Willisau/Switzerland.
Hat Hut Records – hat Hut SEVENTEEN (2R17) Originale en haut, réédition coffret au-dessous.

A1 Light From A Hidden Sun 3:55 A2 Pin-Points Of Spiral Prisms 4:40 A3 Silhouettes Of The Shadow World 7:20 A4 Cocktails For Two 3:20

B1 'Round Midnight 6:50 B2 Lady Bird / Half Nelson 8:00 B3 Big John's Special 3:40 B4 Yeah Man! 3:30

C1 Provocative Celestials 10:55 C2 Love In Outerspace 4:55 C3 Disguised Gods In Skullduggery 9:00

D1 Queer Notions 2:55 D2 Limehouse Blues 3:50 D3 King Porter Stomp 3:30 D4 Take The A Train 5:05 D5 Lightnin' 2:45 D6 On Jupiter 3:35 D7 A Helio-Hello! And Goodbye Too! 3:10


Alto Saxophone, Oboe, Flute – Marshall Allen
Baritone Saxophone, Alto Saxophone, Flute – Nöel Scott
Baritone Saxophone, Flute – Danny Thompson
Baritone Saxophone, Tenor Saxophone – Kenneth Williams
Drums – Chris Henderson, Eric Walker
Piano – Sun Ra
Tenor Saxophone, Clarinet, Flute – John Gilmore
Trumpet, Flugelhorn – Michael Ray

Voici un album de la dernière période de Sun Ra, celle des bilans et du regard en arrière. Il est encore vaillant, bien sûr, capable de toutes les audaces et en pleine maîtrise de son art, mais sur cet album, enregistré live en Suisse à Willisau pour la compagnie Hat Hut, il se tourne vers les grands classiques et propose une relecture d’une dizaine de standards et de grands classiques de l’histoire du jazz, ce qui ne l’empêche pas d’apporter son lot de contributions, bien sûr. C’est à la tête d’un octet qu’il se présente ce soir là, sans contrebassiste mais avec deux batteurs, les fidèles sont bien présents et, côté musiciens, ça assure grave.

Il semblerait que pour une partie des pièces jouées ce soir là, pour une part improvisées, les titres des morceaux n’aient pas été encore choisis, ils figureront au complet lors des rééditions. On préférera l’édition vinyle qui contient l’intégralité du concert, contrairement à l’édition CD qui a été tronquée.

On dit que souvent les vedettes se font attendre, et bien pas Sun Ra qui ouvre le concert par une composition au piano solo, Light from a hidden Sun. Cette improvisation au clavier démontre à nouveau le grand talent de Sun Ra qui interprète ici, avec une très grande maîtrise un air plein d’une grave majesté.

Il enchaîne avec Pin-points of spiral prisms qu’il introduit seul au piano avant d’être rejoint par Michael Ray à la trompette qui improvise en duo avec le maître bientôt rejoint par l’Arkestra et sa masse orchestrale qui segmente ainsi, par ses interventions, la pièce en différents solos. Comme de juste tout s’achève avec brio.

Silhouettes Of The Shadow World permet à John Gilmore d’offrir un solo incendiaire, suivi par Marshall Allen qui s’exprime en duo avec le Sun, qui l’accompagne et le pousse vers les notes suraigües de son instrument sur lesquelles il improvise exclusivement, faisant preuve d’une prouesse comme il les aime.

La première face s’achève sur une magnifique reprise du premier standard de la soirée Cocktails for two de Johnston. L’accompagnement de Sun Ra est très respectueux, ne s’échappant de l’interprétation que pour apporter le grain de folie qui en fait ici tout le sel, en contraste complet avec le cri très free du ténor qui s’assagit.

Les standards défilent sur la face deux. Tout commence par une interprétation du chef d’œuvre de Thelonious Monk ‘Round midnight. La version ici se fait chaloupée sur un tempo accéléré. John Gilmore s’empare du thème et de l’improvisation, on ne dira jamais assez l’immense talent de ce saxophoniste, qui fut, en son temps, l’une des influences reconnues de John Coltrane. Encore un très bon moment de ce concert.

C’est ensuite le medley Lady Bird/Half Nelson de Tadd Dameron et de Miles Davis qui est joué, après avoir parcouru le territoire de Cecil Taylor jusqu’à présent, c’est dans les pas de Mc Coy Tyner que Sun Ra introduit très brillamment la composition, l’Arkestra entre dans la danse et tout se fait swing, les solos sont déchirés mais la pulsion rythmique d’avant-guerre pulse avec une force inouïe, et l’on se souvient du passé de Sun Ra, de son admiration pour Fletcher Henderson dont il rejoindra le band, de la science savante qu’il a des grands orchestres. Le public est conquis.

Big John Special de Horace Henderson, le frère de Fletcher, est joué avec une maestria que lui seul peut offrir, tant il est l’héritier naturel de ce pan d’histoire. Yeah Man ! est interprété avec le même allant, les deux pieds dans les années trente, dans la tradition, et tout est huilé à la perfection. Nul doute que ce retour aux styles anciens puisse surprendre de la part de cet avant-gardiste de tempérament, mais finalement pas tant que ça, pour qui connaît son parcours.

La face C est dévolue aux compositions de Sun Ra et (donc) jouées sur un registre free que l’on pressent dès les premières notes de Provocative Celestials. Le ténor John Gilmore soutenu par les deux batteurs est bientôt rejoint par Marshall Allen et nous sommes conviés à une orgie free à laquelle s’invite le reste de l’Arkestra par interventions successives qui s’ajoutent les unes aux autres, soutenues par les deux batteurs qui interviennent par intermittence, à ce jeu des silences ajoutés Marshall Allen se retrouve bientôt seul et se libère dans le cri et le registre le plus aigu de son instrument.

Love in Outerspace voit Sun Ra retrouver son orgue sur lequel il joue une sorte de « paloma » aux accents latinos, accompagné par le jeu sautillant des batteurs. Disguised Gods In Skullduggery conclut la troisième face avec Sun Ra qui retrouve son piano pour une introduction méditative, Marshall Allen le rejoint avec le hautbois pour un duo très lyrique, la complicité entre ces deux-là est exceptionnelle, John Gilmore intervient alors avec la section rythmique puis, s’esquive et s’efface à nouveau devant le duo qui poursuit son marivaudage.

Retour à la relecture de grands classiques sur la dernière face de l’album, c’est Queer Notions de Coleman Hawkins (the bean) qui ouvre le bal, l’orchestre est parfaitement en place et l’on décèle ici ou là, au coin d’un solo, une petite pointe amusée de tel soliste qui pousse « un poil » trop la note, comme pour souligner l’aspect joyeux et ludique de cette musique.
On poursuit dans le même registre, plein de rythme et de swing avec l’enlevé Limehouse Blues de Braham-Furber. Place ensuite au standard des standards King Porter Stomp de jerry Roll Morton, comme à la parade, enlevé et haut en couleur avec un final dans le suraigu, comme il convient…

Prenons maintenant The A train avec Billy Strayhorn l’introduction au piano est pleine d’inventivité, Sun ra mêlant d’improbables accords, tout en gardant la mélodie intacte. L’interprétation est tout à fait personnelle et l’orchestre du Sun réussit à s’échapper avec brio à la route Ellingtonienne, une relecture inventive et réussie.

Restons avec Ellington pour l’interprétation suivante, Lightnin’ qui rend hommage au Duke, une nouvelle leçon de swing ! On Jupiter est un titre de Sun ra sur lequel June Tyson intervient pour chanter « Sur Jupiter le ciel est toujours bleu » !
L’album s’achève avec A Helio-Hello! And Goodbye Too! Brûlot bien free comme on les aime, l’improvisation collective c’est ça, mesdames et messieurs !

Encore un superbe album aux multiples facettes de la part de Sun Ra qui se refuse décidément à porter une étiquette. La musique de Sun Ra est multiple et diverse, elle embrasse toute l’histoire du jazz et sa portée est universelle (il nous avait, finalement, bien prévenu).

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Sam Juil 21, 2012 2:33 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Of Mythic Worlds (1980)



Philly Jazz Inc. PJ1007-Enregistré au Festival de Jazz Ann Arbor, 1978

Mayan Temples 7:48 Over The Rainbow 5:15 Inside The Blues 5:45 Intrinsic Energies 8:40 Of Mythic Worlds 12:55

Sun Ra-org, syn, p; Marshall Allen, sx, fl, ob; John Gilmore-ts, perc; Eloe MEO-bcl, fl; James Jacson-BSN, fl, perc; Danny Ray Thompson-bs, fl; Richard Williams-b; Luqman Ali-d; Atakatune (Morgan Stanley)-perc.

Second album de Sun Ra à paraître sur le label indépendant Philly Jazz Records, après Lanquidity, c’ est aussi un disque de l’année 78. Enregistré en public il est d’une veine toute différente, n’ayant pas l’unité artistique d’un concept album, il rassemble des performances accolées les unes aux autres ayant pour seule caractéristique commune d’avoir été jouées dans la même soirée. Il passe ainsi d’un genre à l’autre, ce qui n’enlève rien à l’intérêt des morceaux qui le composent.

Mayan Temples est le premier d’entre eux, il est très évocateur des préoccupations et de la musique de Sun Ra. Fasciné par les anciennes civilisations, le Sun les a étudiées avec passion, et, la civilisation Maya, avec ses mythes et ses mystères, n’a pu le laisser indifférent. On retrouve le thème récurrent de la marche et de la procession dans sa musique. Ici, nul doute, l’auditeur gravit les marches majestueuses qui s’élèvent vers l’entrée du temple. Le rythme est lent, solennel, clarinettes basses, hautbois et basson escaladent chaque marche de la même manière répétitive, tandis que les flûtes jouent des mélodies aériennes. Les percussions, si essentielles dans la musique de Sun Ra, entretiennent constamment la richesse et la variété des rythmes. Un très beau titre.

Le second Over The Rainbow est une reprise au piano du célèbre standard. Le maître se fait plaisir, accompagné par la basse de Richard Willian et la batterie du désormais fidèle Luqman Ali. Vélocité et sensibilité sont présentes au rendez-vous de cette prestation dans un registre très classique. Le même trio joue Inside the blues, précisément dans la tradition, l’interprétation est très carrée et même pour ainsi dire rock ’n roll!

Intrinsic Energies ouvre la seconde face, en compagnie de l’Arkestra. Sun Ra joue une assez longue introduction au piano électrique, accompagné par la section rythmique au complet. Marshall Allen à l’alto intervient ponctuellement pour effectuer une succession de solos assez courts, dialoguant avec l’orgue qui développe des envolées free.

Of Mythic Worlds fait part belle à John Gilmore qui développe un intense solo de ténor, dialoguant à son tour avec Sun Ra qui zèbre l’espace d’accords dissonants. Le ténor continue sa chevauchée folle, jusque dans le cri, mais toujours avec cette retenue qui caractérise son jeu, comme s’il était trop polissé, trop réservé, c’est d’ailleurs là tout le charme de John Gillmore, qui sous des aspects rassurants vous emmène mieux que quiconque vers des espaces inexplorés, comme par inadvertance... Sun Ra ne fait pas autant de manière pour exposer de complexes figures et d’improbables arabesques avec son orgue électrique. Notons que sur les notes de pochettes il est écrit que « ces musiciens de jazz d’avant-garde » sont revendiqués comme étant la principale influence musicale du groupe de New Wave B-52s, comme quoi, le free mène à tout !

Sans être un album majeur, il reste cependant très intéressant et réserve de bons moments.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Sun Ra
MessagePosté: Mar Juil 24, 2012 10:06 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Reflections In Blue (1986)



Black Saint 0101

Sun Ra - piano, synthesizer, vocals
Randall Murray - trumpet
Tyrone Hill - trombone
Pat Patrick - alto saxophone, clarinet
Marshall Allen - alto saxophone, flute, piccolo, oboe
Danny Ray Thompson - alto saxophone, baritone saxophone, flute, bongos
John Gilmore - tenor saxophone, clarinet, timbales
Eloe Omoe - alto saxophone, alto clarinet, bass clarinet
James Jacson - bassoon, Ancient Egyptian Infinity Drum
Ronald Wilson - tenor saxophone
Carl LeBlanc - electric guitar
Tyler Mitchell - bass
Thomas Hunter, Earl "Buster" Smith - drums

Enregistré au Studio machine Jingle, Milano, le 18 Décembre et 19, 1986.

A-"State Street Chicago"(Sun Ra) - 7:52
“Nothin’ from nothin’" (Pat Patrick)- 4:24
"Yesterdays" (Otto Harbach, Jerome Kern) - 7:4

B-"Say It Isn't So" (Irving Berlin) - 6:11
"I Dream Too Much" (Dorothy Fields, Jerome Kern) - 5:03
"Reflections in Blue" (Sun Ra)- 8:20

L’arrivée de Sun Ra sur le label Italien n’est pas vraiment une surprise, Black Saint s’est entièrement ouvert aux musiques les plus expérimentales, les plus audacieuses, enregistrant un grand nombre d’artistes à la marge de l’industrie, se créant une toute petite niche, dans laquelle nombre de musiciens, comme ceux de l’AACM (Association for the Advancement of Creative musicians), viendront enregistrer les témoignages de leurs avancées musicales. Non, la surprise (ou demi-surprise) c’est d’enregistrer sur ce label tourné vers l’innovation et l’avenir, un album de musique plutôt dirigé vers l’esprit d’avant-guerre, avec quelques références au bop sur la seconde face, quand même. Il faut dire que le vecteur de cet apparent paradoxe est tout de même Sun Ra, qui n’a en matière de recherche sonore , de leçons à ne recevoir de personne, et, il se trouve que justement, pour ce qui est de la musique pré-bop, c’est aussi l’un des rares à n’avoir non plus de conseils à recevoir de qui que ce soit, ayant vécu cette période en tant que dirigeant, déjà à cette époque, d’un grand orchestre. On comprend qu’ici c’est l’esprit de Fletcher Henderson et de Duke Ellington qui s’élèvera des sillons.

Une fois cet aspect de l’enregistrement intégré, cet album est un pur bonheur. L’un des privilèges que l’on ressent à l’écoute de cette musique c’est de voir réunis, et c’est rare et peut-être unique, à la fois l’esprit de cette musique ancienne, sa structure formelle, la très haute qualité de sa restitution par un orchestre d’un niveau musical sans équivalent, avec la finesse d’enregistrement et la richesse technologique de la musique actuelle, y compris par l’ajout d’instruments et de sons tout à fait inconnus à l’époque. Il est probable que seul Sun Ra pouvait s’atteler à cette tâche, sans qu’il n’y ait d’anachronisme.

La pochette est belle, on y voit Sun Ra vêtu à la façon d’un mage avec une tunique qui a des motifs représentant une façon enfantine de figurer l’espace, la tête surmontée d’une coiffe improbable, la barbe rousse et surtout ce regard à la fois chaleureux et malicieux…

Bon, ça swing fort sur State Street Chicago, derrière les solos de guitare, ténor puis trompette. Tout est en place au millimètre près. La sonorité du piano électrique de Sun Ra se marie à la perfection avec ces ambiances anciennes, la guitare style Django, les roulements de tambours un peu rétro, c’est sans doute là que s’est glissé la malice du sage…

Nothin’ from nothin’ composé par le fidèle Pat Patrick ne cède en rien à l’atmosphère du titre précédent, le rythme est encore plus enlevé et il devient impossible de ne pas taper du pied. La musique est tellement joyeuse et vive, elle véhicule tant d’images pleine de joie de vivre qu’elle semble avoir été inventée dans le seul but de semer rires et bonne humeur…

L’introduction aux claviers, imaginée par Sun Ra sur Yesterdays, est un petit chef d’œuvre de délicatesse finement ciselée. Le standard reprend vie et continue sur un tempo élevé. Randall Murray à la trompette attaque la ronde des solos, suivi par John Gilmore puis par Tyrone Hill au trombone et Carl LeBlanc à la guitare. Sun Ra tricote des motifs variés et colorés surgissant entre les solos, créant à chaque fois de nouvelles sonorités épicées de rythmes anciens.

Sun Ra continue son parcours nostalgique avec Say It Isn't So, sur un tempo moyen, on y entend des figures pianistiques inspirées par Thelonious Monk et un phrasé be bop pour les souffleurs, l’ensemble dans des arrangements typiques des années 50.

Le synthe de Sun Ra introduit la ballade de Jerome Kern I Dream too much avec un effet retro très emphatique, et, ma foi, bien à propos… Les vocaux ne sont pas attribués mais peut-être est-ce Sun Ra lui-même qui chante, lui qui d’habitude noie sa voix dans les chœurs.

Reflections in Blue est une reprise de l’un des premiers titres de Sun Ra que l’on retrouve sur Sound Of Joy de 57 ou Planet Earth de 58. Ici l’atmosphère est au bop tendance boogie, place à la danse, au rythme et à la joie de vivre !

Une plongée dans l’histoire du jazz exécutée de façon irréprochable.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 160 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 7, 8, 9, 10, 11  Suivante

Heures au format UTC + 6 heures


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group. Color scheme by ColorizeIt!
Traduction par: phpBB-fr.com