Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112
Forum de rock6070 • Afficher le sujet - Archie Shepp

Forum de rock6070

Nous sommes le Mer Avr 17, 2024 1:33 am

Heures au format UTC + 6 heures




Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 52 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Archie Shepp
MessagePosté: Mar Mai 01, 2012 12:18 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
New York Contemporary Five-(1963)

Le New York Contemporary Five est un groupe de Free jazz composé en 1962 avec Archie Shepp au ténor, Don Cherry au cornet, John Tchicai à l’alto, Don Moore à la basse et J.C. Moses à la batterie. Il compose 5 albums entre 63 et 64 :

1963: Consequences (Fontana Records)
1963: Rufus (Fontana Records), sans Don Cherry
1963: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1 (Sonet Records-SLP 36)
1963: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.2 (Sonet Records-SLP 51)
1964: Bill Dixon Septet/Archie Shepp and the New York Contemporary Five (Savoy Records)

Les deux albums qui nous intéressent ici sont enregistrés pour Sonet Records au Jazzhus Montmartre de Copenhague dans lequel le groupe joua pendant deux semaines.





Et voici la réédition Française (storyville-ST 21016) sous la forme d’un double album qui reprend les deux enregistrements sonet :



A1-Cisum 11:10 Crepuscule With Nellie 2:05 O.C. 6:40
A2- When Will The Blues Leave 9:00 The Funeral 5:05 Mick 7:30
B1- Consequences 8:40 Monk´s Mood 2:30 Emotions 8:40
B2-Wo Wo 5:55 Trio 15:30

On peut considérer cet album comme un des classiques du free Jazz, on lui accorde un statut historique important car il réunit des musiciens incontournables dans ce courant et véhicule, en outre, l’ombre d’Ornette Coleman et de Bill Dixon à travers la musique jouée, ces soirs là, à Copenhague.
Ornette Coleman car il est l’auteur de trois compositions, présentes sur l’album ( O.C. - When Will The Blues Leave et Emotions), mais aussi parce qu’il a été le compagnon de Don Cherry sur la route du Free Jazz, une des deux compositions de Don Cherry présente ici ( consequences) semble d’ailleurs très influencée par la marque d’Ornette, semble t-il... Il est généralement admis que le père du free est Ornette Coleman, cependant il est difficile de démêler les fils qui se mélangent de façon inextricable pour déterminer ce qui provient de l’un ou de l’autre…

Don Cherry représente donc l’avant-garde (titre d’un album qu’il co-signera avec John Coltrane). Son alter-ego, ici, sera Archie Shepp. Celui-ci s’est déjà frotté au free en compagnie de Cecil Taylor, avec un certain succès. Il a joué aussi avec Bill Dixon qui est l’initiateur de la formation du groupe, et à l’origine de la rencontre, à New-York entre John Tchicai et Archie Shepp. Bill Dixon est aussi compositeur de Trio et a arrangé une grande partie des titres sur cet album.

On peut penser que la mise en avant d’Archie Shepp sur les albums Sonet est une tentative d’accroche commerciale, Archie Shepp s’étant déjà fait connaître pour ses prises de position politiques assez radicales suite aux nombreuses injustices faites aux Afro-Américains. Le Free Jazz est une musique de lutte !
John Tchicai n’est presque pas connu à cette époque, disciple de Cecil Taylor et ami d’Archie Shepp, il essaie de faire évoluer la pratique du saxophone alto en s’extrayant de l’influence d’Ornette Coleman. Don Moore, à la basse, a déjà joué avec Shepp et Bill Dixon (sur le fameux disque réédité alors par Byg), quant à J.C. Moses aux drums, il a joué avec Eric Dolphy, y a-t-il meilleure référence ?

Cisum (qui signifie music en lisant de droite à gauche), composé par Don Cherry, ouvre ces concerts de la meilleure des façons. Il ne figure pas sur la réédition CD, la capacité de stockage étant inférieure à un double LP, cette pièce a tout bonnement été éliminée. Dommage car Don Cherry y déploie l’étendue de son talent et son sens de l’improvisation, la rythmique est saccadée, rapide, avec des accélérations qui stimulent les solistes. Archie Shepp se montre dense et volubile, là où Tchicai est pointilliste et décalé, la complémentarité de ces deux là en fera de très bons amis. La couleur est donnée, les morceaux longs de l’album sont tous excellents.

O.C. d’Ornette Coleman sert de plateforme à un solo très mélodique de John Tchicai, le phrasé semble proche de la parole, très beau. La face B s’ouvre également sur un titre d’Ornette When Will The Blues Leave, encore un beau titre. La basse y est dansante et chaloupée, les solos brillants et inspirés, Shepp un peu orientalisant, Don Cherry dialoguant volontiers avec ses partenaires et Tchicai plus introverti, jouant par petites touche… J.C. Moses se démène lui aussi comme un beau diable, n’économisant ni la puissance, ni l’énergie !

The Funeral, morceau écrit par Shepp, est solennel et même funèbre. JC Moses à l’arrière créée une atmosphère tragique avec ses roulements de tambours, l’atmosphère est grave et recueillie, la prière de Don Cherry se fait orientalisante et celle de Shepp finalement apaisée.

Deux morceaux sont des reprises de Thelonious Monk, Crépuscule with Nellie et Monk’s Mood. Rien d’étonnant, Monk est fascinant et son univers a toujours eu une longueur d’avance sur celui de sa génération et il reflète une personnalité hors norme, monumentale. L’avant-garde, il connaît, allant hors des sentiers battus bien avant l’heure, bien avant que l’on parle de free jazz. Chez Monk les progressions harmoniques sont inattendues, surprenantes mais tellement justes qu’elles semblent inouïes, pas facile dans ces conditions de les utiliser à seule fin de bavardage, tant elles sont épurées, n’est pas Steve Lacy qui veut… Bon la difficulté étant plantée, ils s’en sortent bien en reposant leurs efforts sur les mélodies. Monk’s mood est étiré avec paresse, Don Cherry colle à la mélodie, Archie Shepp s’échappe du thème pour jouer quelques fioritures, Thicai reste délicat, la rythmique joue dans la tradition de Monk, simplicité et justesse. Crépuscule with Nellie est joué dans la tradition voulue par Monk, cette fois-ci c’est Don Cherry qui tricote un peu tandis que ses compères jouent le thème.

Conséquences, signée Don Cherry, est dans la droite ligne des pièces écrites à la fin des années 50 quand il jouait aux côtés d’Ornette Coleman, une sorte de post bop survitaminé qui échappe aux règles, Don Cherry y donne sa pleine mesure, certains ont pu mettre en doute sa technique, et bien, s’il y a eu du retard autrefois, il est bel et bien rattrapé !

Trio composition de Bill Dixon est le morceau le plus long enregistré ici, 15minutes et trente secondes, c’est une magnifique réussite qui clôt l’album de la meilleure des façons. Dans un style modal, avec très peu d’accords, les solistes se lâchent avec bonheur, explorant le champ des possibles en toute décontraction, Don Cherry s’aventure en des voies inédites avec son vieux cornet datant de la guerre de Sécession, Archie Shepp lui aussi touche à l’exotisme en une plainte à la fois paresseuse et hypnotique, John Tchicai éveille son monde en jouant quelques fulgurances. La basse est ronde et majestueuse, la musique se fait contemplative et même méditative…

Une pierre importante sur la longue route du free Jazz a été posée ces nuits là !

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Dernière édition par Cush le Mar Mai 15, 2012 2:52 am, édité 1 fois.

Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mar Mai 01, 2012 5:49 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mer Sep 12, 2007 2:04 am
Messages: 10151
Localisation: LYON
Bravo, Cush, c'est une excellente idée que de faire découvrir des Jazzmen de cet accabit!

Shepp est un superbe choix! oupez

_________________
viewtopic.php?f=3&t=7667


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mer Mai 02, 2012 12:40 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mar Nov 24, 2009 8:47 pm
Messages: 12680
j'ai téléchargé la réédition française, excellent album.

_________________
En perdant GF nous avons perdu un grand vide Fenyxx


Bono se pointe vers moi et me dit « Ça va fiston ? » Je ne suis pas ton fiston, connard. Ce mec là a fait un ou deux bons disques, mais de là à m'appeler fiston... (Liam Gallagher, 1995)


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mer Mai 02, 2012 12:50 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Le plus français des Freejazzmen reste encore à découvrir, sa production est à l'image de son talent, énoôorme! A commencer par ses premiers enregistrements qui l'inscrivent bien dans l'histoire de la great black music ...

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mer Mai 02, 2012 12:51 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Dim Sep 26, 2010 12:33 am
Messages: 7933
Localisation: Pantin
Je ne connais pas celui-ci, je note car je suis un grand amateur du peu que je connais de Shepp.

_________________




Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Jeu Mai 03, 2012 1:59 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Four for Trane-(1964)



Four for Trane est un album d'Archie Shepp enregistré en 1964 sur le label Impulse!. Il s'agit du premier album d'Archie Shepp en tant que leader, il est composé de 4 morceaux de John Coltrane ainsi que d'une composition originale.

1. Syeeda's Song Flute - 8:30 (John Coltrane)
2. Mr.Syms - 7:41 (John Coltrane)
3. Cousin Mary - 7:14 (John Coltrane)
4. Naima - 7:09 (John Coltrane)
5. Rufus [swung, his face at last to the wind, then his neck snapped] - 6:25 (Archie Shepp)

Archie Shepp: saxophone ténor
Alan Shorter: fluegelhorn
Roswell Rudd: trombone
John Tchicai: saxophone alto
Reggie Workman: contrebasse
Charles Moffett: batterie

Il est tard cette nuit là, ça y est…le travail est terminé. L’écurie Impulse vient d’achever le premier album d’Archie Shepp, c’est un hommage à Coltrane, et plus particulièrement à son album le plus connu, Giant Steps, enregistré en 1960. Archie y interprète quatre compositions du maître, plus une des siennes, Rufus.

Bob Thiele est satisfait, tout s’est bien passé, il décroche son téléphone et informe John Coltrane de l’achèvement du projet, d’ailleurs s’il veut bien les rejoindre il pourra lui aussi écouter les bandes. Malgré l’heure tardive, John rejoint la compagnie dans les studios de Rudy Van Gelder, sans traîner, sans chaussettes !

Chuck Stewart a le temps de prendre ce cliché fameux où l’on voit Archie qui délaisse son saxophone pour emboucher un tout autre instrument et savourer quelques bonnes bouffées réconfortantes après l’effort, assis sur les marches d’un escalier, pensif. John Coltrane est à ses côtés, les membres inférieurs font la pause, la tête est rentrée dans les épaules, non, jouer les top modèles c’est pas son truc, difficile de forcer sa nature… On peut penser que John a supervisé le projet et qu’il a pris Archie sous son aile, le parrainant, comme il le fera plus tard avec Albert Ayler. Musicien vedette de l’écurie Impulse, il représente une caution artistique de tout premier ordre, il est écouté et respecté.

Archie a embarqué son vieil ami John Tchicai dans l’aventure, mais la surprise c’est l’absence de piano sur l’album et la présence d’un trombone. Deux anches, deux cuivres et une section rythmique composée d’une basse et d’une batterie, d’emblée le pari est audacieux et la prise de risque élevée.

Roswell Rudd est venu du Dixieland et a traversé tous les genres, il entretient des relations d’amitié avec Shepp et sera un bon compagnon de route musical, partageant avec lui nombre de projets. Lui aussi excelle sur cet album, apportant une couleur essentielle, entre la tradition et le free, souvent à l’arrière mais toujours à propos…

L’album s’ouvre avec Syeeda's Song Flute, la basse de Reggie Workman est bondissante, grave et profonde elle se pose en axe incontournable de la musique, au centre du spectre sonore, d’autorité elle impose son espace et sa sphère. La batterie de Charles Moffett occupe le canal droit, les tambours et cymbales sont étincelants et vrombissent bien au-delà du simple accompagnement en s’imposant comme interlocuteur auprès des solistes. Canal gauche Archie. Archie et son timbre magnifique, inimitable, si personnel, sans doute a-t-il été cherché du côté des grands prédécesseurs, Coleman Hawkins et Ben Webster, mais il y a, en plus, ce côté acide qui le rend immédiatement reconnaissable. Sans doute aussi a-t-il été interpelé par la technique de Cecil Taylor qui jouait des clusters au piano, écrasant plusieurs notes en même temps, lorsqu’il jouait à ses côtés de 1960 à 1962. Lui aussi laissera les notes se chevaucher et s’additionner dans le même souffle... Canal droit la sonorité chaude du trombone ouvre le chemin délicat d’un solo d’abord hésitant puis interlocuteur privilégié du saxophone. Un des sommets de cet album.

Sur Mr.Syms, le seul titre qui ne provient pas de Giant Steps mais de Coltrane Plays The Blues, Alan Shorter , le frère de Wayne, s’exprime d’abord en solo, balançant son blues avec toute la grâce d’une tradition belle et profonde, puis dialogue avec Archie Shepp qui laisse glisser son souffle en plainte paresseuse, comme il aime le faire… longuement mais par petites touches additionnées, jusqu’à l’étourdissement, la reprise finale du thème met fin à une première face magnifique.

Cousin Mary s’envole sur un tempo vif, Shepp poursuit sa course free, par petites touches vives et hachées, régulièrement relancé par la coda des cuivres qui joue le thème, de façon répétitive, inlassablement, comme pour ponctuer brièvement, mais avec entêtement cette succession de solos, jouée par les saxophones et poussée par cette rythmique hypertrophiée, notamment par le jeu survitaminé de Charles Moffett.

Naima, peut être le plus repris des standards de Coltrane, se fait ballade langoureuse et se prête à merveille à la nonchalance de Shepp, qui bavarde doucement, chuchote et murmure puis continue sa route, seul.

Sur Rufus, Reggie Workman s’éclate à nouveau en superbes envolées, et permet à Shepp d’offrir à nouveau un magnifique solo, très dense, qui se développe dans la durée … Rufus termine de la plus belle des façons un superbe album, qui permet à Archie Shepp de s’affirmer comme une voix personnelle et incontournable à l’expression du free Jazz. Même si, finalement, cet album apparaît aujourd’hui assez sage !

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Dernière édition par Cush le Mar Mai 15, 2012 2:52 am, édité 1 fois.

Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Sam Mai 05, 2012 3:33 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Fire Music-(1965)



• Alto Saxophone – Marion Brown
• Bass – Reggie Johnson (tracks: A1, A2, B2, B3)
• Drums – Joe Chambers (tracks: A1, A2, B2, B3)
• Tenor Saxophone – Archie Shepp
• Trombone – Joseph Orange
• Trumpet – Ted Curson
Bass – David Izenzon Drums – J.C. Moses sur Malcom, Malcom, Semper Malcom

Hambone 12:05 Los Olvidados 8:36 Malcom, Malcom, Semper Malcom 4:40 Prelude To A Kiss 4:41 The Girl From Ipanema 8:18

C’est le second album pour Impulse, enregistré quelques mois seulement après four for Trane. Il persévère et n’embauche pas de pianiste, par contre il s’entoure d’une nouvelle garde. Ted Curson compagnon du bouillonnant Charles Mingus, il a aussi joué avec Eric Dolphy et Cecil Taylor. Marion Brown est encore un jeune musicien qui fait ici ses premiers pas discographiques, mais il a déjà joué avec Sun Ra et se montre déjà un musicien confirmé. Joe Chambers est un batteur Blue Note en train de se construire une impressionnante carte de visite, apprécié des plus grands il va mettre ici sons sens de la précision et de la concision au service d’un album qui restera parmi les plus belles réussites d’Archie Shepp. Musicien apprécié par sa grande culture musicale, Reggie Johnson lui aussi fait ses débuts discographiques, il a côtoyé Sun Ra et Bill Dixon, sans doute celui-ci l’a-t-il recommandé auprès d’Archie SheppJoseph Orange se situe dans la lignée des grands trombonistes comme Roswell Rudd, et Grachan Moncur III.

On entre très vite dans le vif du sujet avec Hambone, on y entend un riff très répétitif de la section de cuivres et de anches sur lequel improvisent à tour de rôle les solistes, on ressent de la force, de la puissance et de l’entêtement. Cette force de la répétition plonge l’auditeur dans une certaine forme d’hypnotisme dont seule la puissance du soliste permet de se dégager. C’est d’abord Ted Curson qui joue en solo. La section rythmique est précise, presque carrée, pleine de puissance et d’énergie. Les rythmes sont parfois répétitifs, parfois changeants et structurent le morceau en plusieurs parties. La deuxième partie du morceau s’inscrit dans le même schéma. Marion Brown se montre incisif et percutant puis Joseph Orange y va d’un bref solo sur un tempo plus ralenti, puis c’est le retour de la charge du chœur des cuivres et des anches. Archie improvise alors à coup de phrases brèves et successives, prolongeant le cri et la plainte, une grande tension s’installe et le blues de Shepp vous envahit sans merci…

Los Olvidados est hispanisant et se construit un peu sur le même schéma que le titre précédent. On retrouve les riffs des cuivres, saccadés et répétitifs, la dramatisation avec les roulements de batterie, les silences voulus, mais il y a aussi de la légèreté et même une certaine innocence aux travers de quelques mélodies. Ted Curson y va de son solo, bouillonnant et abrupte. On pense à Mingus dans l’alternance des tempos lents et rapides, dans les accélérations soudaines et les brisures de rythmes.

Changement de la section rythmique pour Malcom, Malcom, Semper Malcom qui débute la seconde face et symbolise la lutte du peuple noir à travers la tragédie liée à l’assassinat de Malcom X en février 65. La voix rauque d’Archie Shepp déclame un texte parlé et rend hommage à celui qui incarne la lutte pour l’égalité des droits civiques. Archie Shepp inscrit clairement sa musique dans un engagement politique en soutenant le mouvement des Black Panthers. Ce titre restera un marqueur très fort dans la perception du musicien par une grande partie de son public.

Prelude To A Kiss, reprise du célèbre standard de Duke Ellington. Hommage brillant mais finalement très sage auprès du Duke.
A titre personnel c’est pour le dernier titre de l’album que je ressens le moins d’entrain. The Girl from Ipanema de Jobim et Moraes c’est ciel bleu, plage et cocotier, j’aurais aimé en connaître davantage sur cette fille là, j’aurais aimé qu’Archie m’en dévoile un autre aspect, une autre couleur, qu’il en explique la tristesse et la mélancolie qui s’y cache, mais à trop coller à l’original on ne voit que les rayons du soleil se refléter sur les verres fumés de la belle… Je reconnais de suite le caractère injuste de mes remarques car ça reste de haute volée, peut-être la rythmique est-elle trop sage et le solo trop convenu, ou bien se sent-on trop éloigné de cette superbe première face de folie.

Cet album est souvent cité comme l’un de ses meilleurs essais discographiques, c’est là certainement une des pierres angulaires de son œuvre, incontestablement.


_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Dernière édition par Cush le Mar Mai 15, 2012 2:54 am, édité 1 fois.

Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Dim Mai 06, 2012 6:04 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
On this night-(1965)



Archie Shepp: saxophone ténor
Bobby Hutcherson: vibraphone
Henry Grimes: contrebasse
David Izenzon: contrebasse
Joe Chambers: batterie
J.C.Moses: batterie
Rashied Ali: batterie
Ed Blackwell: batterie

The Mac Man 7:30 In A Sentimental Mood 3:19 Gingerbread, Gingerbread Boy 10:15 On This Night (If That Great Day Would Come) 9:56 The Original Mr. Sonny Boy Williamson 6:00 The Pickaninny (Picked Clean - No More - Or Can You Back Back Doodlebug) 7:20

C’est le troisième album de Shepp pour Impulse. Il est un peu particulier car il regroupe des enregistrements faits entre mars et août 65, il y a donc plusieurs compositions différentes pour le groupe. La disponibilité des musiciens dépendait des contrats dans les clubs, des concerts ou des sessions d’enregistrements parfois il fallait se rendre aux quatre coins du monde. Dans ces conditions il était difficile pour Shepp de disposer d’un véritable groupe, comme avait su le faire John Coltrane par exemple. Ces conditions influaient bien entendu sur la qualité de la musique, qui n’était pas toujours constante, plus particulièrement lors des concerts. Pour les albums Impulse Archie Shepp veillait particulièrement à être entouré d’un environnement solide et de qualité. Toutefois le meilleur soliste n’est pas (souvent) seul pour jouer sa musique, il est important de trouver un groupe capable d’enrichir sa musique, trop de changements de musiciens peut nuire à la longue à la cohésion et ne pas permettre les automatismes, la communion d’où naît l’osmose et la magie… Parfois ça fonctionne d’autres fois moins !

Le personnel stable, outre Archie Shepp, bien sûr, se résume à Bobby Hutcherson qui joue du vibraphone sur tout l’album sauf sur le dernier titre. Henry Grimes joue également de la basse sur tous les titres sauf deux. L’album commence par The Mac Man avec Rashied Ali à la batterie, dont on connaît l’importance qu’il aura plus tard dans la formation de Coltrane, à ses côtés Eddie Blackwell joue des percussions. Le vibraphone donne une couleur particulière à cet album, il tient un peu le rôle qu’on attribue souvent au piano, à la fois rythmique et harmonique. Ce premier titre est très beau, le dialogue ténor/vibraphone est une réussite, Shepp occupe le canal gauche à lui seul et s’installe dans cette lenteur qu’il affectionne, faux endormi, il sait aussi souffler sur la braise et les accents de son ténor deviennent brûlants et incendiaires. Rashied Ali est tel qu’en lui-même, sur le canal droit il commente le rythme qu’il ne joue pas ou peu. La basse au centre, lieu d’équilibre et d’harmonie…

Sur le second titre signé Duke Ellington In A Sentimental Mood , la groupe se fait quartet et Joe Chambers remplace Rashied Ali, l’économie et la rigueur après l’énergie et la vigueur . C’est une version lumineuse qui est proposée ici, ballade subtile dont Shepp explore chaque recoin avec tendresse, Shepp aime et admire Duke Ellington, il a même joué une fois dans son orchestre ! Un des sommets de cet album.

Sur Gingerbread, Gingerbread Boy Barre Philips remplace Henry Grimes à la basse. On change à nouveau de style, et l’heure est à la musique descriptive, atmosphère inquiétante et mystérieuse. La musique est d’abord lente avec des brisures rythmiques brèves et éruptives. Puis tout s’accélère, Shepp avec son phrasé courts, fait de petites phases brèves et successives créée une tension palpable qui monte petit à petit, après moult pérégrinations, vers le cri et le silence, Bobby Hutcherson, lui aussi ajoute au climat inquiétant, ses envolées accompagnent et soutiennent le discours de Shepp, il se pose en alter égo du leader.

La sopraniste Catherine Spencer chante sur On this night, accompagnée au piano par Archie Shepp. La technique vocale est la même que celle utilisée dans la musique classique, pour le band ici rassemblé, la musique serait plutôt contemporaine, tout ici est grâce et beauté…puis le blues revient, avec ardeur, en écho aux envols aériens, creusons notre sillon ! Le sax d’Archie devient Websterien quand il plonge ainsi vers ses racines…

Retour de la formation d’ouverture de l’album pour The Original Mr. Sonny Boy Williamson, encore un hommage, Archie Shepp n’aura de cesse de citer et de se référer à la Great Black music, en rappelant l’esprit du blues et du rhythm'n'blues plus que le bop et ses dérivés, en cela ilest l’un des saxophonistes les moins Coltraniens de sa génération.

L’album s’achève avec une formation en trio en compagnie de JC Moses et David Izenzon. The Pickaninny à quelque chose d’Aylerien, comme si Archie explorait les territoires d’Albert pour en extraire la quintessence et s’essayer à une secrète osmose… Toutefois, la spiritualité restera de côté, l’engagement politique d’Archie se manifestera jusque dans les titres de ses compositions…

En définitive un album sans faiblesse, mais sans unité. Un patchwork de haute tenue musicale où, par exemple, les trois batteurs sont brillants mais dans des styles très différents, un album à picorer, donc.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Dernière édition par Cush le Mar Mai 15, 2012 2:56 am, édité 1 fois.

Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mer Mai 09, 2012 9:16 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
New Thing at Newport-(1966)



Recto/Verso



John Coltrane – One Down, One Up 12:28 Archie Shepp – Rufus (Swung His Face At Last To The Wind, Then His Neck Snapped 4:58 Archie Shepp – Le Matin Des Noire 7:39 Archie Shepp – Scag 3:04 Archie Shepp – Call Me By My Rightful Name 6:19

Bass – Jimmy Garrison ; Drums – Elvin Jones ; Piano – McCoy Tyner ; Tenor Saxophone – John Coltrane

Bass – Barre Phillips ; Drums – Joe Chambers ; Tenor Saxophone – Archie Shepp ; Vibraphone – Bobby Hutcherson

Cet album est un témoignage d’un concert donné au Festival de Newport en 1965 par le quartet de John Coltrane et le groupe d’Archie Shepp. N’espérez pas les entendre jouer ensemble, non Coltrane signe la composition d’ouverture et Archie Shepp le reste de l’album. Cet enregistrement a lieu trois semaines avant la prestation publique d’Antibes où il jouera A love Suprême.

Après une introduction par Father Norman O’Connor qui présente les musiciens, le quartet historique de Coltrane ouvre l’album avec One Down, One Up. Court exposé du thème suivi par un solo de Mc Coy Tyner au piano, main gauche implacable, la basse est doublée par la voix de Jimmy que l’on entend dans le lointain, Elvin Jones est tout simplement incroyable à la batterie, autant coloriste que rythmique. L’énergie est là, la pulsion aussi, et même la tension… John Coltrane rejoint le trio et improvise un solo d’anthologie, incendiaire, prolongeant la quête, cherchant toujours plus loin, jusque dans le cri, la plainte, le bout du souffle, explorant le monde des possibles, se livrant totalement en un engagement entier comme il a toujours su le faire, alors que reste-t-il pour Archie Shepp ?

Et bien il reste une plage avant la fin de la première face, ce sera donc Rufus, ce morceau que John Coltrane a souhaité sur l’album qu’Archie Shepp lui a dédié, Four for Trane. Le producteur Bob Thiele n’en voulait pas, mais Coltrane a tenu à ce que cette composition signée Archie Shepp fasse partie de l’album. Cette pièce dénonçant le lynchage des noirs marque déjà son engagement politique. Sans doute son souffle paraît-il fluet après l’ouragan de John Coltrane, mais le blues est là et ça passe, ce qui, avouons le, n’était pas gagné à l’avance.

Le matin des noire (sans le « s ») est magnifique, l’une des compositions que je préfère chez Archie Shepp. Un savant mélange d’espoir et de tristesse, ce morceau qui sera à l’origine d’une rencontre qui scellera plus tard son amitié avec le pianiste français Siegfried Kessler qui restera dix ans à ses côtés… Sur cet enregistrement le vibraphone de Bobby Hutcherson est à la fois simple et magique, sans virtuosité particulière il crée à lui seul un climat fait de tension et même d’inquiétude, répétitif et lancinant il répète invariablement les même notes, jusqu’à l’hypnotisme. Le saxo d’Archie en sons très aigüs ou très graves, par petites touches bluesy brode sa plainte en restructurant une mélodie, brisure de rythme tout s’accélère, puis s'achève sur une note apaisée.

Scag est introduit par une intro envoûtante de Barre Philips à la basse accompagné par quelques tintements de cymbales et quelques notes inquiétantes de Bobby Hutcherson au vibraphone. Archie Shepp délivre ensuite son poème sur la vie des junkies accroc à l’héroïne. Call Me By My Rightful Name termine l’album de la meilleure des façons, un magnifique thème joué avec le cœur, le jeu d’Hutcherson est superbe et si vous êtes circonspect face à cet instrument, c’est l’album qu’il vous faut pour changer d’avis. Pas mieux.

Très bel album.

Edit: L'expression New Thing, parfois utilisée pour parler du Free Jazz, proviendrait du titre de cet album, l'expression Free jazz étant parfois mal comprise ou mal interprété.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Dernière édition par Cush le Mer Mai 16, 2012 7:10 pm, édité 2 fois.

Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Lun Mai 14, 2012 10:55 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Mama too tight-(1966)



Impulse! – A-9134 - 1966

A Portrait Of Robert Thompson; Prelude To A Kiss; The Break Strain; Dem Basses
2. Mama Too Tight
3. Theme For Ernie
4. Basheer

* Archie Shepp: tenor saxophone
* Tommy Turrentine: trumpet
* Grachan Moncur III: trombone
* Roswell Rudd: trombone
* Howard Johnson: tuba
* Perry Robinson: clarinet
* Charlie Haden: bass
* Beaver Harris: drums

1965, Archie Shepp est allé enregistrer aux côtés de John Coltrane le fameux brûlot free : ascension. De son propre aveu, il n’en a perçu ni la vision d’ensemble, ni la portée, mais il a effectué le mieux possible ce qui lui était demandé, avec bonheur. Cependant il y aura un avant et un après, l’onde de choc d’ascension se laisse percevoir sur cet enregistrement, tout d’abord par le côté free et débridé qu’il dégage, une vraie tempête ! Mais aussi par l’aspect plus touffu et complexe des compositions, l’écriture est subtile, l’album se bonifiera au long des écoutes et ne se livrera qu’à l’auditeur le plus assidu. Autre changement, l’entourage étoffé des musiciens autour d’Archie Shepp, sept accompagnateurs et toujours pas de pianiste…

La première face est composée d’une suite de 18’51 nommée A portrait of Robert Thompson (as a young man). Elle est formée de trois parties : Prelude To A Kiss, The Break Strain et Dem Basses. D’entrée il faut prendre le train du free, démarrage en trombe, on planque Ellington dans un coin et on improvise collectivement sur ce prélude qui se consume à toute vapeur, puis place au blues, au saxophone bleu, passage par le Dixieland, le gospel . Roswell Rudd et Grachan Moncur III font pleurer et crier les trombones, Howard Johnson s’époumone avec son tuba, la rythmique s’emballe, une tension prodigieuse s’installe, celle-là même qui fait les grands albums, les grands titres, ceux qui restent… Tout s’achève en une sorte de marche joyeuse de la Nouvelle Orléans, comme pour remonter le temps.

La face deux commence avec Mama too tight, une sorte d’hymne funky qui fait penser à Charles Mingus, une des influences les plus tenaces chez Archie. Le style général est au hard bop, à la joie de jouer, les solos s’enchaînent avec bonheur, et ça groove à fond, il ne manque plus que le « Yeah ! » de James Brown !

Le Theme for Ernie représente la plage calme de l’album, reposant et même plaintif, le morceau se love en une lamentation contenue du plus bel effet.

Basheer nous replonge dans l’atmosphère de la première face, tempo élevés, moments calmes et dramatiques, et le blues…le blues de Shepp, difficile à exprimer, qui se cherche, qui se balbutie, porté par la masse orchestrale, par à-coups, lentement… qui finalement se libère, poussé jusqu’au bout du cri…

On touche au sublime par instant, alors oui, du très bon Shepp, peut-être une des voies pour aborder le free jazz et sa complexité.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Dernière édition par Cush le Mar Mai 15, 2012 2:58 am, édité 1 fois.

Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Lun Mai 14, 2012 11:02 pm 
Hors ligne
Modérateur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mer Juil 11, 2007 3:36 pm
Messages: 13200
Tous les disques présentés sont exceptionnels mais ce dernier, Mama Too Tight, est vraiment un des chef d’œuvre du saxophoniste, de ces oeuvres qui devraient être inscrites au panthéon des musiques du 20° siècle. Rien de moins.... clinzz

_________________
"Il y a des années où l'on a envie de ne rien faire" P-Barouh


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Lun Mai 14, 2012 11:05 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mar Nov 24, 2009 8:47 pm
Messages: 12680
je vais essayer de trouver ses albums, j'essaye de me constituer une collec jazz digne de ce nom. j'en chie pour trouver certains albums même en CD

_________________
En perdant GF nous avons perdu un grand vide Fenyxx


Bono se pointe vers moi et me dit « Ça va fiston ? » Je ne suis pas ton fiston, connard. Ce mec là a fait un ou deux bons disques, mais de là à m'appeler fiston... (Liam Gallagher, 1995)


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Lun Mai 14, 2012 11:16 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mar Nov 24, 2009 8:47 pm
Messages: 12680
Image


j'avais oublié mais j'ai aussi celui-la d'Archie Shepp

On retrouve les membres du Art Ensemble of Chicago dessus. Cush doit le connaitre mieux que moi cet album et en parlera bien mieux que moi

_________________
En perdant GF nous avons perdu un grand vide Fenyxx


Bono se pointe vers moi et me dit « Ça va fiston ? » Je ne suis pas ton fiston, connard. Ce mec là a fait un ou deux bons disques, mais de là à m'appeler fiston... (Liam Gallagher, 1995)


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mar Mai 15, 2012 12:02 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Tous les disques présentés sont exceptionnels mais ce dernier, Mama Too Tight, est vraiment un des chef d’œuvre du saxophoniste, de ces oeuvres qui devraient être inscrites au panthéon des musiques du 20° siècle. Rien de moins.... clinzz

Oui, mais plus je ré-écoute, plus le niveau me semble étal: il y a des éclairs de génie partout! Il y a tout de même un inconvénient, difficile d'écouter autre chose...
:lol:

Image


j'avais oublié mais j'ai aussi celui-la d'Archie Shepp

On retrouve les membres du Art Ensemble of Chicago dessus. Cush doit le connaitre mieux que moi cet album et en parlera bien mieux que moi

Je l'ai effectivement, mais une réédition Affinity, c'est du tout bon! Je ne pense pas que j'en parlerai mieux que toi, si l'envie te vient ne te retiens pas, au contraire...

En tout cas, merci à vous deux pour votre intérêt.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Archie Shepp
MessagePosté: Mer Mai 16, 2012 3:38 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
The Magic of Ju-ju (1968)



The Magic Of Ju-Ju 18:34 You're What This Day Is All About 1:47 Shazam 4:43 Sorry 'Bout That 10:08

• Bass – Reggie Workman
• Drums – Beaver Harris, Norman Connor
• Percussion – Dennis Charles
• Percussion [Rhythm Logs] – Eddie Blackwell
• Percussion [Talking Drums] – Frank Charles
• Tenor Saxophone – Archie Shepp
• Trumpet, Flugelhorn – Martin Banks
• Trumpet, Trombone – Michael Zwerin

Enregistré le 26 avril 67.

D’emblée la pochette intrigue, elle attire irrémédiablement l’attention et questionne par les symboles qu’elle intègre. L’album sort en 68, en pleine période hippie, les couleurs, les fleurs, l’imagerie est là, avec comme pendant, ce crâne, tout de même inquiétant, qui nous renvoie au psychédélisme du Grateful Dead par exemple… l’ensemble sur fond noir, magie noire, danse, transe et vaudou… Alors, la pochette cache t-elle une belle histoire ? L’écrin vaut le contenu, laissez-vous tenter, vous ne serez pas volé, et il y a même plus encore…

Par, sans doute, un hasard, je me suis procuré, il y a un bon paquet d’années, cet album dans une version assez curieuse… pas un original US Impulse, non, mais la version anglaise sortie en 68, et du coup l’enregistrement est en… mono ! Évidemment ça lui confère une originalité qui ne se trouve plus guère sur le marché, le son est compact et centré, ce qu’il perd en spatialité, il le gagne en force. En fait ce n’est pas gênant et la qualité est au rendez-vous.

Il y a un seul titre sur la première face :The Magic Of Ju-Ju d’une durée de 18:34. Inutile de tourner autour du pot, ce titre est extraordinaire, dans le sens entier du terme. Tout d’abord, la durée, Shepp marche dans les pas de Coltrane qui le premier a décidé de prendre le temps… de prendre le temps de dire, de reformuler, d’expliquer, de commenter sa propre musique de l’intérieur… The Magic of Ju-Ju c’est un long solo, un fabuleux solo, introspectif, forcément…
Sur un tapis de percussions, qui s’étoffe tout au long du morceau, appelant l’Afrique, la source à laquelle il faut boire car elle est seule à pouvoir étancher la soif, les tambours, triangles et clochettes, les batteries et les percussions mélangées et superposées en un formidable essaim rythmique, Archie Shepp dépose son long cri. Pas un râle, non, l’engagement est avant tout physique, généreux, à la façon d’Albert Ayler, avec simplicité et amour… l’auditeur attentif est plongé hors du temps, happé par le tourbillon puissant du souffle de Shepp, par phases courtes, qui se succèdent sans discontinuer… les notes s’additionnent et se chevauchent, en un subtil mélange qui produit ce timbre unique, éraillé, si personnel, cette couleur que lui seul possède : ce bleu.

Eddie Blackwell, Frank Charles, Beaver Harris, Norman Connor et Dennis Charles et Reggie Workman ne sont pas de trop pour rassembler la puissance rythmique propre à équilibrer la volubilité du ténor ! Bien sûr Coltrane a défriché, montré la voie, le chemin est tracé, il n’y a plus qu’à suivre, tout cela est vrai, mais ils ne sont pas si nombreux à parvenir à le suivre avec personnalité, sur de si hauts sommets !

You're What This Day Is All About est un beau titre court et mélodieux qui introduit de fort belle façon la seconde face de l’album. Shazam lui succède et met en valeur la basse de Reggie Workman qui accompagne un solo très free de Shepp, le morceau se termine sur un exposé hard bop plus traditionnel, les structures habituelles étant inversées.

Sorry 'Bout That est une pièce vraiment superbe, prolongeant l’émotion perçue tout au long de la première face, Shepp fait preuve d’inventivité et d’expressivité et la musique est même sacrément bonne, mais l’impression qui subsiste malgré tout pour l’ensemble de la deuxième face, c’est qu’elle pâtit, injustement, de l’excellence de la première !

Très Coltranien, cet album est une une bulle de lyrisme free qui gonfle et éclate, à ne pas rater !

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 52 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4  Suivante

Heures au format UTC + 6 heures


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 2 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher:
Aller à:  
cron
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group. Color scheme by ColorizeIt!
Traduction par: phpBB-fr.com