les instrumentistes se devaient d'être meilleurs techniquement que les artistes blancs, d'où l'arrivée de be-bop, du free et l'affirmation d'une certaine forme de rythm & blues. .
Concernant au moins le free, ça me paraît être un raccourci un peu malheureux que de dire qu'il découle de la seule "course à la technicité". Le free naît aussi d'une réappropriation, par les musiciens noirs, de leur musique, et d'une volonté clairement politique d'en faire une musique de lutte.
Le constat de départ est là: dans les années vingt jusqu'à la seconde guerre mondiale, la musique noire, née des racines Africaine et des blues est exploitée par les blancs qui la jouent et l'exploitent économiquement, tandis que les véritables créateurs sont écartés des retombées médiatiques et pécuniaires.
Dans les années 40 sous l'impulsion de Charlie Parker, Thélonious Monk, Dizzy Gillespie, Kenny Clarke, Bud Powell...le be bop est inventé et lancé. Bien entendu il constitue plus qu'une avancée simplement technique de l'utilisation de l'instrument, il correspondait aussi à une autre façon d'utiliser les accords et exigeait particulièrement une excellente connaissance de l'harmonie.
Parallèlement Miles Davis crée le mouvement cool dans lequel s'engouffrent nombre de musiciens blancs. En réaction Clifford Brown, Art Blakey, Max Roach, Sonny Rollins et même Coltrane inventent le hard-bop, sorte de be-bop survitaminé qui plonge ses racines rythmiques dans la musique noire Africaine, le blues et le gospel.
Si tu relis mes propos antérieurs tu remarqueras que c'est dans ce cadre-là qu'intervient la remarque que tu cites, et si j'ai simplifié en ne parlant que de "course à la technicité" ce n'est pas pour éluder l'aspect politique que j'avais esquissé juste auparavant, en soulignant le captage par les blancs de l'héritage afro-américain (même si c'est un brin réducteur).
Le free, au même titre que le bop et le hard-bop est donc une revendication de l'héritage, et même un rejet de l'influence de la culture Européenne, rythme, mélodie et harmonie sont en effet complètement remis en cause et même rejetés.
J'ai lu il y a bien longtemps le livre de Coolli et Philippe Carles: "Free Jazz Black Power" qui expliquait un peu tout ça (dommage je ne l'ai plus, mais c'est un ouvrage de référence).
Je me mets à Coltrane, à Miles et j'espère découvrir encore d'autres choses grâce à des gens comme Cush ou Harvest qui touchent leurs billes et qui en parlent avec tant de passion que ça me donne envie.
Merci dada, tu me places en bonne compagnie, mais je n'ai pas la culture musicale d' Harvest et bon nombre de forumeurs!