Le discours de Bruckner me fait chier, franchement.
7 milliards d'humains sur la planète aujourd'hui, entendais-je à la radio ce matin. Si tous veulent vivre comme des occidentaux - et qui serions-nous pour leur contester la légitimité de cette envie - combien de planètes Terre faudra-t-il pour assumer l'impact écologique de ce mode de vie ?
Je retrouve dans ces assertions - d'une tonalité désagréablement proche de la philosophie de comptoir - le sempiternel discours productiviste qui se manifeste dès que le fonctionnement capitaliste se trouve remis en question. Car même si on nous enfume en ce moment avec la crise européenne, il ne s'agit pas seulement d'une dépression économique, elle s'accompagnera également d'un pendant - certainement moins visible mais tout aussi déterminant - sur le plan environnemental. Bruckner n'est ni plus ni moins que l'un des gentils chiens de garde qui agitent le spectre de la lampe à huile et du bateau à voile dès que se voit remise en question la légitimité du mode de fonctionnement industriel et économique occidental.
"L'écologie ne doit pas être punitive", "Khmers verts", "ayatollahs écolos", "il faut être réaliste"... ce refrain trop entendu me les brise de plus en plus.
OK, continuons à produire aveuglément, même au détriment des générations futures ! Continuons de feindre de croire qu'une croissance infinie soit possible sur une planète où les ressources naturelles sont limitées ! Continuons de faire semblant de croire que le nucléaire est une énergie propre ! Continuons à vouloir vivre comme il y a quarante ans même si l'on sait pertinemment que nous n'avons plus les ressources - naturelles, financières - pour le faire !
Et Bruckner, qui joue - avec une réelle malhonnêteté intellectuelle - la carte de références grotesques à du cinéma grand-guignol, feint d'ignorer qu'effectivement, tout autant que la dette colossale que nos dirigeants destinent à nos heureux futurs contribuables d'enfants et petits enfants, la dette écologique sera un véritable crime dont on peut toutefois se laver les mains à l'avance en tournant en dérision le principe de précaution et en mettant les rieurs de son côté.
Que deviendra notre modèle économique lorsque tout un chacun aura définitivement interrogé les enjeux d'une croissance à tout prix, aura clairement perçu la vacuité de ce mode de vie consumériste, saturé de besoins artificiels dont l'unique raison d'être repose dans la nécessité impérieuse de perpétuer l'existence du business-roi ? De quels lobbies Bruckner pourra-t-il alors être le petit valet servile ?
Je viens de me réveiller, j'vois que RRRouliane commence bien la semaine
Je suis d'accord sur deux trois trucs avec toi (nucleaire, capitalisme, etc.) mais ne pas être d'accord avec le fond de la pensée de ceux là OK, mais aller crier à la malhonnêteté en pensant qu'ils "suicident" la planète je trouves ça un peu naïf...