Forum de rock6070

Bonjour à tous, j'ai trouvé par hasard ce documentaire, particulièrement édifiant sur les rapports entre journalistes de télé et politiques. Il date un peu mais je ne pense pas que la situation ait beaucoup changé. Il s'intitule : "pas vus pas pris", a été réalisé par Pierre Carles et a droit à sa page sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pas_vu_pas_pris

on peut le voir ici : http://video.google.com/videoplay?docid ... 7233431416

Pour ceux qui avaient encore des doutes.

J'adore Pierre Carles, tout ses documentaires sont excellents: "pas vu, pas pris" est suivi par "enfin pris" et "fin de concession" c'est une sorte de trilogie sur le monde des medias/politiques.

A ne pas louper egalement "Attention danger travail"

Mouais. Il faut tout citer, tant qu'à faire (même si le lien wiki le fait):



Il me semble que les propos d'Obalk discréditent pas mal le film de Carle.

Il me semble que les propos d'Obalk discréditent pas mal le film de Carle.

Ce n'est pas mon avis, une polémique sur les méthodes, les "intentions" et les détails techniques, n'enlève rien au fondement du reportage, on a quand même affaire à des flagrants délits de connivence doublés de refus d’enquêter sur un sujet touchant un point sensible et triplés par une reconnaissance assumée de la dépendance des journalistes envers ceux qui les emploient. Alors qu'on m'explique maintenant comment ces gens là peuvent continuer à être honnêtes, objectifs dans la recherche de la vérité et indépendants des différents pouvoirs. Après ce genre de reportage comment peut on encore leur faire confiance ?
Le cas d'Anne Sinclair est quand même assez emblématique, surtout aujourd'hui : elle dirige un site d'information en étant la femme d'un homme politique compromis dans des affaires de mœurs, mais elle nous assure qu'elle traitera ce sujet avec la même objectivité que les autres !!! Or dans ce reportage, on la voit "préparer" un interview avec son "pote" Laurent et choisir les questions qui voudra bien qu'on lui pose. Je vous rappelle qu'on n'est pas en Union Soviétique ou dans une république bananière d'Amérique du sud, mais dans le pays des droits de l'homme, qui a quasiment "inventé" la démocratie, la liberté de la presse etc,etc. C'est cette auto censure des journalistes, avec ce qu'elle implique de complicité envers les politiques, qui est clairement démontrée dans ce film.

Alors qu'on m'explique maintenant comment ces gens là peuvent continuer à être honnêtes, objectifs dans la recherche de la vérité et indépendants des différents pouvoirs.

En ce qui concerne l'objectivité, c'est rigoureusement impossible. Nier qu'un journaliste est dans la cité, un citoyen et un homme politique, c'est se leurrer ; on n'imagine d'ailleurs pas, sur certains évènements dramatiques, un journaliste évoquer "objectivement" l'évènement, cela apparaîtrait comme du cynisme.

Le cas d'Anne Sinclair est quand même assez emblématique, surtout aujourd'hui : elle dirige un site d'information en étant la femme d'un homme politique compromis dans des affaires de mœurs, mais elle nous assure qu'elle traitera ce sujet avec la même objectivité que les autres !!!

Je ne l'ai pas entendue dire ceci, de ce que j'ai vu (la conférence de presse de lancement de la chaîne), elle a purement et simplement éludé la question. Elle l'a peut-être dit ; en ce cas c'est stupide. Anne Sinclair est très bien placée pour savoir que cela lui serait impossible, elle n'a aucun intérêt à avouer qu'elle est stupide (si elle l'est).


Plus généralement, un journaliste est un citoyen, qui vote, qui a des convictions politiques, comme tout un chacun. Il a pour chefs des gens qui sont des citoyens et qui votent (ou pas d'ailleurs, ce qui est politique également). Croire qu'à aucun moment, même inconsciemment, même par sudation discrète, la conviction du citoyen ne ressort pas dans son travail, c'est à mon avis être naïf. Quand un journaliste pose des questions à un politique, il la pose, qu'il le veuille ou non, lesté de son bagage idéologique personnel.Demander l'objectivité du traitement de l'information, c'est se battre contre des moulins à vent ; et c'est par ailleurs, je crois, assez dangereux; cela demande que le citoyen qui a accès à ces informations ait accès à des choses difficiles à éxiger, par exemple pour qui vote le journaliste.

Les exemples ultimes, ce sont les sujets nationalistes du JT de Pernaut, avec un refus quasi systématique d'évoquer les sujets de société avec un minimum de profondeur, et une volonté de noyer le journal dans des reportages d' "ambiance", sur fond de "beauté du patrimoine", des "petits métiers", de la "petite histoire populaire", bref, de la tradition française. D'une certaine manière, ces reportages sont beaucoup plus "objectifs" que les informations de politique française ou étrangère : il s'agit d'enregistrer les gens au travail, le village vu de l'abricar, de leur poser des questions qui paraissent sans aucun poids idéologiques. Au final, l'effet est effrayant, ces reportages, par leur refus d'évoquer l'actualité sociale, économique, etc. nous paraissent beaucoup plus idéologiques, voire odieux, selon les convictions, que n'importe quel reportage qui présenterait El-Assad comme un "assassin", ce qui est une opinion communément répandue, mais n'est certainement pas "objectif".

Cher Norbates, tout ce que tu dis là est sensé et très juste, néanmoins pour moi, l'objectivité c'est d'abord la recherche de la vérité, et là, la complaisance envers ceux sur qui on enquête ne peut être qu'un gage de partialité. Ce qui n’empêche pas les journalistes de pouvoir se montrer honnêtes. Malheureusement dans ce reportage, on ne nous montre qu'un bande d'hypocrites et de cyniques, qui ne cherche qu'à noyer le poisson ou intimider l'enquéteur qui pose des questions qui dérangent . Belle mentalité, n'est ce pas.
Quant à ta réflexion sur Pernaud que je trouve très judicieuse, elle confirme ce que je pense : l'objectivité, c'est un outil, voire une arme, mais c'est indispensable.

Cher Norbates, tout ce que tu dis là est sensé et très juste, néanmoins pour moi, l'objectivité c'est d'abord la recherche de la vérité, et là, la complaisance envers ceux sur qui on enquête ne peut être qu'un gage de partialité.

Tout-à-fait, comme par exemple la complaisance de Pierre Carles vis-à-vis du Canard Enchaîné.

Je me souviens vaguement de cette affaire.
P. Carles voulait-il nous faire croire qu'il avait percé le mystère alchimique ? Mais il ne faisait que révéler ce dont le commun des citoyens se doute, un scandale de polichinelle en quelque sorte, la connivence entre journalistes et politiques. Amusant tout juste en tant qu'expérience humaine, placer des gens dans l'embarras et voir leurs réactions.
Les deux larrons Mougeotte/Léotard parlent, ils sont du même bord politique, et ont des intérêts communs. Etait-ce illégal ? Pas dans mes souvenirs.

P. Carles faisait que révéler ce dont le commun des citoyens se doute, un scandale de polichinelle en quelque sorte, la connivence entre journalistes et politiques.

Effectivement tout le monde s'en doute mais là on a des preuves, que demander de plus ?

Cela m'étonne quand même beaucoup que l'on cherche à discréditer ce type qui ne fait que son boulot de journaliste alors que les autres, justement ne veulent pas le faire ou plutôt cherchent à le faire d'une manière qui leur garantisse la réussite (en se rapprochant du pouvoir) ou au moins leur épargne des ennuis (en ne se mettant pas la profession à dos).
Ce sont donc bien ces gens là qui nous prennent pour des polichinelles !!!!! Ce sont eux qui nous manipulent en nous faisant croire qu'ils sont irréprochables, d'une intégrité absolue, qu'ils ont une morale, une "éthique", un "code de déontologie" et autres foutaises qu'ils brandissent dès que quelqu'un a l'audace de mettre le doigt sur un de leurs travers. Si cela est vrai pourquoi ne nous prouve t ils pas le contraire de ce qu'avance Pierre Carles ? Seulement, pour prouver il faudrait enquêter et ça, ben, justement, ils ne veulent pas le faire.
C'est pourquoi ils s'attaquent à la forme en essayant de faire oublier le fond, et ils discréditent l'auteur pour tenter de discréditer la thèse : le B-A BA du sophiste.

Merci à ceux qui n'hésitent pas à révéler les secrets de polichinelles, ce sont quelquefois les mieux gardés.

Quoi que l'on puisse me dire j'aurai toujours du respect pour les personnages comme Pierre Carles, c'est grâce à eux que les scandales ont une chance d'être révélés.

RESPECT M. CARLES

Cela m'étonne quand même beaucoup que l'on cherche à discréditer ce type qui ne fait que son boulot de journaliste alors que les autres, justement ne veulent pas le faire ou plutôt cherchent à le faire d'une manière qui leur garantisse la réussite (en se rapprochant du pouvoir) ou au moins leur épargne des ennuis (en ne se mettant pas la profession à dos).

De mon point de vue, tu te trompes complètement. Il ne s'agit en aucun cas de "discréditer" Carles (qui par ailleurs doit s'en foutre complètement), ni d'abonder dans le sens inverse de sa thèse. La démonstration des collusions entre presse "officielle" et monde politique, quoique généralement connue, est toujours à condamner. Là-dessus pas de problème.

En revanche je ne suis pas absolument pas d'accord avec toi quand tu dis que Carles fait son travail de journaliste, certainement pas. Et certainement pas de manière "objective", comme tu l'appelles de tes voeux. Carles est un pamphlétaire, c'est en cela qu'il est réjouissant, et son travail aussi. Mais quand tu encenses son documentaire qui dénonce le manque d'objectivité des journalistes, du fait de la connivence qu'ils entretiennent avec des amis politiques, tu te trompes de film. Son documentaire ne peut pas dénoncer la connivence, parce qu'il fait preuve de connivence lui-même envers le Canard Enchaîné. C'est comme si je payais des témoins pour dire que les témoins des journaux télévisés sont payés et les reportages bidonnés !

Ce qui te gêne, tu dis, c'est le manque d'objectivité des journalistes. Tu as le droit de trouver cela odieux (moi aussi, je te rassure), tu as le droit d'aimer le film de Carles (je le trouve bon aussi), mais il me paraît indéfendable de l'aimer pour ce qu'il dénonce - parce que ce documentaire lui même est le triomphe de la subjectivité. le pacte documentaire réalisateur-spectateur est complètement biaisé, parce que Carles filme avec une thèse prête à l'emploi, qu'il va s'évertuer à démontrer, tout en n'informant pas le spectateur que lui-même protège le Canard, dont il se sert, et qui a diffamé. Il fait lui-même montre de ce qu'il dénonce : de la complaisance envers un journal ami. C'est un film réjouissant (comme souvent Carles), mais pas un documentaire objectif.

J'aime plutôt P. Carles, que je percevais comme un trublion.
Chose réconfortante. On dénonce encore des affaires. L'inflation du web y est pour quelque chose en terme de libération de la parole, et c'est une bonne chose. Des sites comme MediaPart de Plenel, par exemple permettent de secouer le cocotier, non ?

Son documentaire ne peut pas dénoncer la connivence, parce qu'il fait preuve de connivence lui-même envers le Canard Enchaîné
ce documentaire lui même est le triomphe de la subjectivité. le pacte documentaire réalisateur-spectateur est complètement biaisé, parce que Carles filme avec une thèse prête à l'emploi, qu'il va s'évertuer à démontrer, tout en n'informant pas le spectateur que lui-même protège le Canard, dont il se sert, et qui a diffamé. Il fait lui-même montre de ce qu'il dénonce : de la complaisance envers un journal ami. C'est un film réjouissant (comme souvent Carles), mais pas un documentaire objectif.

En premier lieu cette histoire de complaisance envers le Canard enchainé, en ce qui me concerne ne me pose aucun problème, car je considère qu'elle ne diminue en rien le poids de la démonstration et ne peut à elle seule discréditer la thèse ni son auteur, et de toutes façons, on ne peut, à mon avis, raisonnablement pas comparer la connivence envers un "contre pouvoir" avec celle qui est entretenue par les journalistes envers les différents pouvoirs, on n'est pas du tout dans le même registre.

Ensuite, pour ce qui est de la "thèse prête à l'emploi", je pense qu'on part toujours avec une idée préconçue dans une enquête, tout au moins doit on avoir quelque chose à démontrer, et si Carles enquête à charge, il ne tenait qu'à ses interlocuteurs de lui démontrer le contraire. Lui reprocher, à ce niveau, sa "subjectivité" me semble relever de l'argutie, car elle finit bien par démontrer une réalité, qui elle, est tout à fait objective.

En tout cas, merci pour ce bel échange d'idées !!!!!

En premier lieu cette histoire de complaisance envers le Canard enchainé, en ce qui me concerne ne me pose aucun problème, car je considère qu'elle ne diminue en rien le poids de la démonstration et ne peut à elle seule discréditer la thèse ni son auteur

Je pense que je me suis mal expliqué. Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit, d'ailleurs la thèse de l'auteur n'est absolument pas "discréditable", tellement elle est évidente. Bon, je dois avoir du mal à m'exprimer. Ça n'est pas grave.

Ensuite, pour ce qui est de la "thèse prête à l'emploi", je pense qu'on part toujours avec une idée préconçue dans une enquête,

Euh, certainement pas ! Sinon, ce n'est pas une enquête, c'est une démonstration. C'est le cas du film de Carles. Ce n'est pas une enquête, c'est un pamphlet. Les pamphlets sont sains, le film de Carles aussi, mais ce n'est pas un documentaire.

Sans vouloir relancer le débat (je trouve qu'on a suffisamment coupé les cheveux en 4), un autre film dans le même genre sur l'attitude des média en général face aux pouvoirs, on en parle ici : http://www.lesnouveauxchiensdegarde.com ... ?article11. Les dossiers à télécharger valent aussi le coup d'oeil.
Je n’ai pas encore vu ce film, je ne sais donc pas ce qu'il vaut.

Je viens de visionner le film "les nouveaux chiens de garde" c'est édifiant et sans ambigüité, on va peut être dire qu'il enfoncent des portes ouvertes, mais la piqûre de rappel est spectaculaire.

pour ceux qui le veulent, il est là : http://uploaded.net/file/fej5lh9o

Merci à l'uploadeur original du forum downparadise