Ainsi donc, en France, il y aurait trop d’assistés sociaux… Eh bien, je viens de faire une bien drôle d’expérience qui me démontre que dans certains cas, l’État français fait tout pour encourager les gens à ne surtout pas bosser et s’inscrire au RSA… La belle complexité, le bel illogisme du système français !
Je vous explique mon cas. N’ayant pas cotisé en France depuis 1997, je n’ai pas droit à la sécurité sociale. On est d’accord, la sécurité sociale est un besoin fondamental dont personne ne peut se passer, ne serait-ce que pour vivre sereinement sans penser aux retombées dans le cas où on tomberait malade. Je souhaite donc devenir travailleuse indépendante et je pourrai alors être affiliée à ce titre. Mais mettre ce projet en place va sans doute me prendre environ 3 mois, voire plus. Pendant ce temps, je dois trouver un moyen de bénéficier de ce foutu régime d’assurance maladie. Le moyen existe, il faut travailler un minimum de 60 heures en France pour avoir droit à un an de couverture.
Honnêtement, ma situation financière actuelle me permettrait de vivre plusieurs mois sans travailler et d’utiliser mon précieux temps à bien lancer mon entreprise. Mais s’il faut bosser pour régulariser ma situation, pas de problème. J’ai donc commencé des démarches pour me trouver un emploi à durée déterminée de 1 à 3 mois et cumuler ainsi lesdites heures. Jusque-là, ça va, bien que… Contrairement à une certaine croyance, tous les Français ne sont pas automatiquement assurés à la sécurité sociale. Dans mon souvenir, quand je suis arrivée au Canada, l’affiliation était automatique, j’ignore si ça a changé depuis.
J’en étais donc là dans mon plan, trouver un emploi rapidement, jusqu’à ce que j’aille mercredi assister à une très intéressante session d’information de la Chambre de commerce et d’industrie. Là, en plus d’être bien aiguillée concernant les formes juridiques des entreprises, on me parle de l’ACCRE. Un programme d’aide pour créateurs de nouvelles entreprises très très intéressant dans la mesure où il offre l’exonération de charges salariales et patronales pendant un an, en plus d’autres avantages non négligeables qui permettent à une jeune entreprise de passer plus facilement le cap de la première année. Un programme qui ne se refuse certainement pas…
Mais j’apprends alors que tout le monde ne peut pas en bénéficier. En dehors des jeunes créateurs, il faut répondre à l’un des critères suivants :
- Être demandeur d’emploi indemnisé (ce n’est pas mon cas, je n’ai pas travaillé en France depuis 15 ans et j’ai démissionné de mon emploi précédent) - Être demandeur d’emploi non indemnisé depuis au moins 6 mois (je ne veux pas attendre 6 mois pour me lancer à titre de travailleuse indépendante, et si je reste dans cette situation, je ne serai donc pas assurée à la sécurité sociale pendant ces 6 mois) - Bénéficier du RSA (financièrement, je n’en ai pas besoin)
Donc, tout simplement : tu es un honnête citoyen, tu es salarié, tu payes tes impôts, tu payes tes charges sociales et tu n’as jamais demandé d’aide de l’État, tu démissionnes pour créer ton entreprise, tu n’as droit à aucune aide, tu te démerdes ! Tu es au chômage ou assisté social, tu as droit à des aides très avantageuses qu’on refuse aux autres. Le salarié est donc pénalisé… Ce qui a poussé un monsieur, lors de cette session d’information, à demander carrément s’il ne devrait pas se faire virer, se mettre au chômage pour ensuite créer son entreprise en bénéficiant de l’ACCRE. On lui a répondu que lui seul peut en décider en fonction de sa conscience…
Je me retrouve donc dans cette situation : si je travaille pour être affiliée à la sécurité sociale, je ne suis plus demandeuse d’emploi. Pas d’ACCRE. Si je trouve un contrat de 1 à 3 mois, ça ne me permettra pas d’être indemnisée ensuite et je devrai retarder davantage l’échéance des 6 mois sans indemnisation qui démarreront à compter de la fin de mon contrat. Et je ne peux toutefois pas rester sans couverture sociale. Je fais quoi alors ?
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