Décortiquons…
Cette "fuite" est d'autant plus malencontreuse que le groupe lutte activement – mais en vain– contre le piratage. En 2008, Paul McGuiness, le manager de U2, s'en prend à plusieurs reprises aux sites de téléchargement illégal et prône la coupure des connexions Internet des pirates ; quelques mois plus tard, quatre des nouvelles compositions du groupe se retrouvent illégalement sur la Toile. En cause : un fan qui aurait enregistré ces morceaux sur son téléphone portable alors que Bono, le chanteur du groupe, les écoutait à plein volume dans sa villa du sud de la France.
La preuve de l’aveuglement, autant de l’industrie du disque que de ces groupes extrêmement populaires (et riches) qui ne voient rien d’autre que leurs propres intérêts et ne comprennent pas que rien ne peut arrêter le piratage. Qu’il faut composer avec, pas lutter stupidement contre l’irréductible. Radiohead l’avait compris. En 2007, le groupe proposait son dernier album en téléchargement libre aux internautes qui pouvaient choisir de payer un prix qu’ils fixaient eux-mêmes, ou de conserver légalement et gratuitement les MP3. Dès le premier mois, ils étaient 1 million à télécharger le disque. Parmi eux, 40 % ont versé au groupe une somme qui se chiffre en moyenne à 6 $. Le compte est vite fait. Cette opération a rapporté à Radiohead une somme qui se chiffre en millions de dollars. Mais surtout, le groupe gagne aussi l’estime des internautes qui saluent leur clairvoyance et la confiance qu’ils ont en eux.
Les groupes comme U2, qui agissent de façon contraire en luttant contre le piratage, et contre les internautes, se font immensément de tort en se mettant une grande part de la toile à dos. Et ils incitent ainsi encore davantage les internautes à ne pas les encourager, à les « punir » en faisant circuler leur nouvel album le plus rapidement possible.
A la suite de cet évènement, U2 a tout mis en œuvre pour protéger la sortie de No Line On The Horizon : leur maison de disque a attendu le dernier moment pour envoyer des copies de l'album à la presse et a préféré organiser des écoutes privées. Des écoutes très surveillées : les journalistes devaient abandonner téléphones, manteaux et sacs avant d'entrer dans la salle.
Bravo ! On répond encore à un phénomène incontrôlable par l’aveuglement et le flicage. Et en plus de se mettre les internautes à dos, on y ajoute les médias. Quelle clairvoyance ! On oublie qu’aujourd’hui, il y a une multitude d’internautes pour lesquels balancer en primeur un disque ou un film est un jeu, un sport collectif. J’ai moi-même accès à des tas de disques des semaines avant leur sortie par mes réseaux privés. Pour empêcher cette circulation, il faudrait fliquer absolument partout. En commençant par ceux qui travaillent dans la chaîne de production des disques. Tous les employés des maisons de disques, ceux qui travaillent à la fabrication du CD, etc.
Il est vrai que nombre d’albums circulent souvent avant leur sortie parce que les CD promo envoyés aux médias sont parfois revendus par quelques journalistes peu scrupuleux (on en trouve des tonnes chez Parallèles à Paris). Mais d’autres personnes y ont accès aussi avant la date de mise en vente de l’album.
Sur les forums Internet consacrés au groupe, certains accusent d'ailleurs U2 et Universal, leur maison de disque, d'avoir orchestré cette "fuite" pour créer un buzz autour de la sortie de l'album, qui aurait de toute façon été piraté à sa sortie.
Effectivement, on peut se poser la question : jusqu’à quel point l’industrie elle-même nous manipule-t-elle ? Un exemple : la télésérie Dexter. Les deux derniers épisodes de la saison 2 étaient disponibles en téléchargement sur le Web des jours, voire des semaines avant leur diffusion à la télé américaine. À qui profite le crime ? On sait que la signature d’une nouvelle saison dépend des cotes d’écoute. Cotes qui risquent de chuter radicalement si les épisodes circulent avant leur diffusion. Manipulation d’une chaîne concurrente ? Pas impossible.
D'autant que pour pallier le téléchargement illégal et la chute des ventes de CD, Universal a décidé de miser sur la diversité , en diffusant No Line On The Horizon sous cinq formats et tarifs différents : CD standard, digipack avec un film, format magazine avec CD, format "box" avec CD, DVD, livre et poster, et enfin disque vinyle.
Et voilà, bingo ! On a le sens des affaires ! Les fans purs et durs, les collectionneurs voudront avoir l’album sous ces 5 formats. Et passeront 5 fois à la caisse. Pratiques absolument lamentables qui pénalisent avant tout les admirateurs du groupe. Alors on remercie U2 en téléchargeant illégalement l’album ici :
http://superuploader.net/63ab35361369-U2NLOTH-rar.html