Forum de rock6070

Voila je me suis décidé à écrire quelques lignes sur Japan et Sylvian...

Le premier paramètre à prendre en compte lorsque l'on parle de Japan, c'est la personnalité de David Sylvian. C'est une véritable éponge, capable de piquer des trucs à droite à gauche à chacun de ses collaborateurs, et évidemment cette somme d'emprunt conduit à l'évolution de sa musique. C'est également un vampire qui exploite ses collaborateurs jusqu'à l'épuisement, mais il est suffisamment intelligent pour ne pas aller jusqu'à briser leur personnalité. Au contraire il sait parfaitement utiliser ces différentes personnalités à ses propres fins à condition qu'il garde le contrôle. Il finit toujours par se fâcher à mort avec ceux-ci (y compris son frère) et pourtant tous finissent par lui pardonner et revenir vers lui.

Maintenant parlons musique: Japan commence par une imitation punk des New-York Dolls mais va rapidement évoluer. Déjà le second album du groupe laisse entrevoir ce qu'ils vont devenir et les personnalités s'affirment. La rencontre avec John Punter est déterminante. C'est lui qui trouve la voix de David Sylvian et qui le convainc de chanter avec plus de retenue.
Les rencontres suivantes (Giorgio Moroder -même si dans ce cas cela ne fonctionne pas ; deux vampires ensembles c'est pas très bon -, Steve Nye, Ryuichi Sakamoto,...) vont faire évoluer les choses jusqu'au point où la personnalité de David Sylvian nourrit de toutes ses expériences étouffe ses comparses. Tin Drum est ainsi l'album de la fin du groupe. Il est bancal parce que chacun tire la couverture à lui, que l'un d'entre eux arrive à tirer bien plus fort que les autres et qu'un autre (Karn) est déjà dans un autre lit (cette métaphore n'a aucun lien avec le fait que Yuka Fuji la petite amie de Karn s'est elle déplacée dans le lit de Sylvian mais avec le fait que Karn prépare déjà son premier album solo, Sylvian ne l'acceptant pas vraiment comme compositeur).

Voilà je ne m'étendrai pas sur la carrière solo de David Sylvian...

Mick Karn :
Dès 1982, il sort « Titles ». Une erreur selon lui. Cet album est en effet un choix de Virgin qui voit le groupe se disloquer et voit en Karn un successeur. Du coup Karn fait un album de chansons pop où il se prend pour un chanteur. Il se rendra compte qu'il a été manipulé par la maison de disque et que celle-ci a probablement précipité la mort du groupe en exacerbant les conflits.
En 1984, il se joint à Peter Murphy de Bauhaus pour former Dalis Car ce qui ne plait pas à Virgin. Le groupe ne se développera pas en raison de différence de point de vue sur le fait de faire de la scène. L'album est cependant hautement recommandable.
En 1987, Mick Karn laisse exploser sa vrai personnalité avec « Dreams of Reasons... ».
Par la suite Karn collaborera avec David Torn puis sortira des albums plus confidentiels où il enregistre tout tout seul.
Voici une liste de mes recommandations concernant la disco de Karn :
The Waking Hour (as Dalis Car, with Peter Murphy, Beggars Banquet Records, 1984)
Dreams of Reason Produce Monsters (Virgin, 1987)
Bestial Cluster (CMP, 1993)
Polytown (CMP, 1994) – David Torn, Mick Karn & Terry Bozzio)
Each Eye a Path (Medium, 2001)
The Concrete Twin (MK, 2009)

Steve Jansen et Richard Barbieri:
Sous l'influence de Virgin, ils sortent un album sous le nom de « Dolphin Brothers ». Steve est le chanteur et sa voix est très proche de celle de son frère (David Sylvian). Cet album de chansons pop est très réussi. Ils sortiront ensuite plusieurs albums de musique d'ambiance. En solo je recommanderais « Pulse » de Jansen et pour Barbieri sa récente collaboration avec Steve Horgarth

Karn, Jansen, Barbieri: les trois musiciens se retrouvent pour enregistrer et surtout pour une mini-tournée en 1996 avec comme guest Steven Wilson et Theo Travis. Une compil des concerts de Londres et Tokyo est sorti « Playing in a Room with People ». A connaître en priorité à mon avis. Il y a aussi un boot du concert d'Amsterdam qui est excellent (et un de Tokyo mais malheureusement introuvable).

Pour les amateurs de boots, je recommande aussi ceux de la tournée de Torn pour Cloud About Mercury avec Karn, Bruford et Botti. La tournée Polytown (Torn, Karn, Bozzio). Et pour Karn en "solo" la tournée « Bestial Cluster » avec Jansen, Barbieri et Torn.
Pour la tournée Bestial Cluster :

Je tiens à préciser qu'il n'est pas de ma famille

Merci Arsen 33 pour ce très bon résumé au sujet de Japan and co.....

IL faut savoir que David Sylvian rejette depuis longtemps les 2 premiers albums de Japan, argumentant notamment sur le fait que le groupe n'était pas vraiment libre de ses choix et qu'on leur avait imposé un "son maison" qui ne correspondait pas tout à fait à ce qu'il avait en tête déjà à l'époque. Personnellement ces 2 premiers albums ne me déplaisent pas vraiment, "adolescent sex" et "obscure alternatives", mais c'est vrai que le son n'a rien à voir avec ce qu'ils feront plus tard, à partir du 3ème.

le 3ème "quiet life" est excellent et le talent de Sylvian se révèle complètement. C'est un album de transition où David Sylvian à fait évoluer sa voix, mais pas encore tout à fait.

Le 4ème album "gentlemen take polaroids" est plus dans la mouvance synthétique de l'époque, et d'ailleurs beaucoup en profitent pour classer bien trop vite le groupe dans l emouvement néoromantique de l'époque (Duran Duran, Spandau ballet, Classix nouveaux etc...). Grosse erreur. Sur cet album, une collaboration qui ne restera pas sans lendemain: celle avec un certain Ryuichi Sakamoto...

Tin drum, le dernier album, est une sorte de point final à une évolution permanente depuis le 3 ème album. Un épilogue en quelque sorte. Chaque membre prend de l'importance, il est d'une grande maitrise technique et d'une totale originalité. Un point de non retour est atteint, une nouvelle évolution en commun est désormais impossible, David Sylvian ne pouvant plus imposer ses idées au reste du groupe, eux-même bien décidés à suivre leur propre évolution.

Avec le recul, il faut je crois retenir une chose très importante: David Sylvian a été un talent très précoce! Il faut réécouter "Quiet life" par exemple et se convaincre que son concepteur n'est âgé que de 20 ans!!! Quelle maîtrise pour cet âge, quel talent!!! Ce qui avec le recul apparaît comme la fin d'un cycle (l'album tin drum) donc comme une lente évolution, a été composé à 25 ans à peine!....
Il faut toujours avoir ça en tête quand on écoute ces albums et ça vous situe quand même la performance du bonhomme...

Ensuite dans la carrière solo de Sylvian, pas grand chose à jeter....mais il faut s'y plonger et insister aussi quelquefois. Son premier album solo est magnifique, encore un peu japanisant..., mais déjà très personnel tout de même.
Ses collaboration avec Sakamoto ont été très fructueuses, le titre forbidden colors du film furyo en est un bel exemple...

Je confesse que j'ai décroché un peu sur ses 2 derniers albums trop minimalistes à mon goût, avec une volonté d'absence de mélodie délibérée...lui qui est capable de composer des mélodies tellement originales et qui ne ressemblent à aucunes autres....dommage. Peut-être y reviendra t-il.

Pour ceux qui aiment ces ambiances si spéciales que l'on retrouve dans les albums solos de Sylvian, le seul artiste que l'on peut je pense rapprocher dans la démarche et dans l'ambiance est Mark Hollis, l'ancien chanteur de Talk Talk (tiens encore un groupe catalogué comme synth pop toquard à tort). "Spirit of eden" de Talk talk est un album époustouflant, et l'album suivant "laughing stock" est dans la même veine. Puis un album solo de Mark Hollis verra le jour toujours dans cet esprit minimaliste et intimiste. Bien loin du succès des débuts de talk talk vous vous en doutez mais tellement plus riche. Tout comme Sylvian en quelque sorte, dont les ventes d'albums ne cessèrent de chuter après la dissolution de Japan....A tort!

IL faut savoir que David Sylvian rejette depuis longtemps les 2 premiers albums de Japan, argumentant notamment sur le fait que le groupe n'était pas vraiment libre de ses choix et qu'on leur avait imposé un "son maison" qui ne correspondait pas tout à fait à ce qu'il avait en tête déjà à l'époque. Personnellement ces 2 premiers albums ne me déplaisent pas vraiment, "adolescent sex" et "obscure alternatives", mais c'est vrai que le son n'a rien à voir avec ce qu'ils feront plus tard, à partir du 3ème.

Oui, j'ai déjà lu ce que dit David Sylvian des deux premiers albums, mais je n'y crois pas du tout. Ça n'est pas Simon Napier-Bell qui a choisi les noms de scène des frères Batt. C'est eux qui font le choix d'avoir un côté punk. Hansa aurait préféré qu'ils s'orientent vers une forme de disco trash, voire disco tout court d'où la collaboration (très courte) avec Giorgio Moroder. C'est David Sylvian qui fait le choix de ne pas donner suite à cette collaboration. Globalement même si Simon Napier-Bell et Hansa ont eu leur mot à dire et ont certainement eu un poids certain dans le résultat final, c'est bien le groupe qui avait la décision finale. Mais bon ils étaient très jeune. (Juste pour l’anecdote quand Hansa a signé Japan, ils venaient de refuser de signer pour le premier single des Cure avec notamment "Killing an Arab". Ils ont dû s'en mordre les doigts).

Je confesse que j'ai décroché un peu sur ses 2 derniers albums trop minimalistes à mon goût, avec une volonté d'absence de mélodie délibérée...lui qui est capable de composer des mélodies tellement originales et qui ne ressemblent à aucunes autres....dommage. Peut-être y reviendra t-il.

Je reste également sur ma fin sur les deux derniers albums. Il privilégie le texte et du coup je passe à côté du côté poétique. Son divorce semble l'avoir beaucoup affecté. Dommage qu'il entraine son frère dans sa chute.

Pour ceux qui aiment ces ambiances si spéciales que l'on retrouve dans les albums solos de Sylvian, le seul artiste que l'on peut je pense rapprocher dans la démarche et dans l'ambiance est Mark Hollis, l'ancien chanteur de Talk Talk (tiens encore un groupe catalogué comme synth pop toquard à tort). "Spirit of eden" de Talk talk est un album époustouflant, et l'album suivant "laughing stock" est dans la même veine. Puis un album solo de Mark Hollis verra le jour toujours dans cet esprit minimaliste et intimiste. Bien loin du succès des débuts de talk talk vous vous en doutez mais tellement plus riche. Tout comme Sylvian en quelque sorte, dont les ventes d'albums ne cessèrent de chuter après la dissolution de Japan....A tort!

Les albums d'O.Rang (les deux autres tiers de Talk Talk sont également recommandable. Dommage que ces trois là n'aient pas eu plus de succès depuis la séparation du groupe, mais dans leur cas la marche était très haute...