Hé l'ami
Tiens, je n'ai qu'à vous parler de cette douce perle restée enchâssée dans son huître quelque part sous un rocher que j'ai un jour soulevé. Avec chaleur et délicatesse, elle me conta quelques moments de la vie de celui qui l'avait créé, parti on ne sait où il y a bien longtemps et dont même ceux qui l'avaient assisté dans le façonnement de la belle ne savent ce qu'il en est advenu. Il est vrai qu'elle eût d'abord du mal à trouver ses mots, mais quand cela fait 35 années que presque personne n'a daigné poser les yeux sur vous, ce comportement est sans doute prévisible. En prenant le temps nécessaire, je lui demandai timidement si elle pouvait chanter; une voix d'une infinie douceur se fit alors entendre, puis la perle se revêtit de riches ornements sculptés autour d'un agencement de mélodies simples ("mais pas simpliste!" me précisa-t-elle) et belle ("l'on peut-être élégante sans boursouflure aucune"). Elle se montrait tantôt émouvante alors qu'elle me racontait les mots qu'elle avait dû trouver un jour pour soutenir un ami bien mal en point; tantôt nostalgique alors que défilait les souvenirs des anciens amours de son maître... "Vous savez, c'est tout ce qu'il reste de lui, alors j'entretiens son souvenir tant que ma carcasse d'huître est encore assez solide pour me permettre de continuer", "et ça marche puisque tu es là!" (oui, pour une huître irlandaise, "tu" ou "vous" c'est pareil.). Là dessus, le son qui émanait d'elle se mua en un souffle, quelque chose d'assimilable à un aperçu des vents dominants les lointaines mers du sud et leur îles, mais concentrés au sein d'une toute petite perle; leurs mouvements étaient autant de danses. Après qu'elle eut achevé son chant, elle me dit "tu vois, je n'ai pas beaucoup de formes, je suis petite et modeste, et les gens ne me voient pas parce qu'il y en a beaucoup des perles comme moi, mais j'existe.", et l'huître se referma. Rentrant au domaine familial, je grimpai les escaliers quatre à quatre jusqu'au grenier pour voir si mon grand-oncle (l'original de la famille, disparu aux Amériques il y longtemps également) n'avait pas laissé quelques notes sur le créateur de la petite perle, à tout hasard. Alors que je commençais à perdre espoir, je tombai sur ce papier au fond d'une de ses malles d'archives, voici ce qu'on pouvait y lire: "Il existe différentes méthodes pour un artiste afin se faire ranger dans le tiroir des "maudits" (bien involontairement car ce genre d'artiste n'aime pas les catégories à l'accoutumée), Ray Dolan a choisit de devenir fou et de s'enfuir aux Etats-Unis pour s'y volatiliser. Beaucoup pensent qu'il est mort, mais ce qu'il y a de (plus ou moins) bien dans les disparitions, c'est que l'on est jamais sûr de rien. L'ombre d'Erich Zann est peut-être beaucoup plus proche de nous qu'on ne le pense, certains aiment à le croire en tout cas. On entend d'abord parler de lui à Dublin, au début des années 1970. Venant tenter sa chance en ville avec un compère nommé James Connolly, Dolan et ce dernier commence à écumer la scène folk contemporaine de la capitale; ils deviendront même un des fers de lance du célèbre Universal Folk Centre situé dans Parnell Square. Ils forment brièvement le groupe Heir avec trois autres musiciens en 1973, puis contribuent l'année d'après au dernier album de celle que l'on a surnommé la Joan Baez irlandaise, Anne Byrne, Ray lui offrant une de ses chansons à cette occasion, "Constantly Changing". Cette même année, il décide de se lancer en solo; c'est ainsi qu'en avril 1975, assisté d'un certain nombre de ses amis, il enregistre à Aisling Studios son seul et unique album, Restless Night, sur le label EMI. Paul Barrett en écrit les arrangements et y interprète un certain nombre d'instruments; les gars Brian Dunning, Sonny Condell, Philip King et Pat Armstrong viennent y poser divers instruments et voix d'accompagnement; et comme tout cela manque un peu de femme, les sœurs Bridget et Siobhan Heffernan viennent y souffler leur harmonies vocales. Leo O'Kelly produit le tout et Dónal Lunny surveille l'ensemble d'un œil dans le studio d'à côté. Après ça et bien, qui sait ce qu'il en est advenu du Ray..." Cette semaine, et après concertation avec l'intéressée, le contenu de l'huître (hou, ça fait envie, dites!) a décidé de venir chanter pour vous les états d'âme de son maître... Je lui fais confiance car malheureusement je ne pourrai pas assister à ce spectacle, mes obligations me retenant ailleurs...mais chut, la voici...
Cliquez sur la pochette pour accéder à l'album (rip maison, demandez-moi dans quelques semaines pour du flac)
Toutes les chansons sont écrites et composées par Ray Dolan sauf là où indiqué.
Side one 1. "When I Look At You" 2. "Paris Song" 3. "Hey Friend" 4. "City Almost Gone" (Michael Fitzgerald) 5. "Take What You Want"
Side two 6. "Restless Night" 7. "Constantly Changing" 8. "Mad Elaine" 9. "The Samaritan" 10. "Dog Song"
Personnel
Ray Dolan – guitars, vocals Paul Barrett – keyboards, bass guitar, trombone, vibraphone, recorder, bongos Sonny Condell – guitars, backing vocals Brian Dunning – flutes Leo O'Kelly – guitars, fiddle, ukulele, backing vocals Philip King – harmonica on "Restless Night" Desi Reynolds – drums, congas Bridget & Siobhan Hefferman, Pat Armstrong – backing vocals
Production
Leo O'Kelly – production Paul Barrett – arrangements Walter Samuel, Keith Manfield – engineering Ronnie Norton – cover design & photography
Insert (Cliquez pour agrandir, puis à nouveau une fois sur imageshack):
Side 1
Side 2
Dernière édition par vegetable man le Mer Fév 06, 2013 8:04 pm, édité 6 fois.
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