Euphoria - A Gift From Euphoria (Capitol, 1969; See For Miles, 1996) A Gift From Euphoria fait partie de ces disques puissamment chamarrés qui, à défaut d'avoir véritablement illuminés la fin des sixties, semblent , et suite à une réédition de 1996, bénéficier d'une reconnaissance tardive, mais certaine !
Enregistré en 1968 « d'une façon schizophrénique » et à l'image de son contenu, entre Londres(il aurait manqué de peu la case Apple !), Nashville et Holywood,il s'est même adjoint les services de 60 musiciens du
Los Angeles Philharmonic Orchestra !
D'ailleurs la texture symphonique de A Gift From Euphoria surprendra sans doute moins quand on saura que l'un des 2 membres d'
Euphoria , un certain
W.D.. Lincoln a enregistré un 1er single, sous le nom de
The Strangers, en compagnie d'un certain, excusez du peu,
Scott Engel plus connu sous le nom de...
Scott Walker !
Les autres membres ayant joué sur cet album sont des musiciens de studio, ce qui n'a en aucune manière nuit à l'unité d'un jeu qui est en tous points excellent !
Et A Gift From Euphoria aura sans doute trouvé en la personne de
Nick Venet, « le géo trouvetout » de Capitol, véritablement obsédé par les complications harmoniques, puis les alliances stylistiques contre nature » - qui a entre autre, travaillé avec des sommités comme les Beach Boys, Chet baker, Ravi Shankar, Sam Cooke, Freid Neil ou encore Franck Zappa - le producteur idéal pour servir ce qui aurait été l'une des ambitions de cet album : « condenser toutes les identités sonores blanche américaine, sur un même support. » !
Dire que cet objectif, réel ou pas a été atteint - la texture symphonique qu'on retrouve sur plusieurs morceaux étant on ne peut plus ...européenne! - serait quand même faire preuve d'un petit manque de discernement !
Même si les styles abordés sont on ne peux plus variés et s'inscrivent dans une assez bonne mesure dans une certaine tradition américaine (la country en étant la couleur dominante mais aussi le bluegrass ou encore le folk) , il faut signaler que cette tradition est ici souvent outrageusement chahutée par ce qui ressemble à de forts relents des substances dans l'air du temps d'alors. Oui, car inutile de se leurrer plus longtemps, c'est aussi, voire surtout, de psychédélisme dont il est question dans ce A Gift From Euphoria ! Une certaine influence expérimentale sonore à la Beatles post-66 résonne d'ailleurs sur certains morceaux comme au début du pourtant très country
I'll be home to you.
Dans cet esprit, country ou folk côtoient donc,voire se mêlent sans retenue aucune et dans la plus sophistiquée des débauches sonores à ce qui restera une des tonalité dominante de l'album , la pop et le rock!
On s'aventurera donc ici et dans une certaine mesure vers le continent outre-atlantique voisin et pas étonnant, donc, qu'une partie du disque ait été enregistré à Londres, qui restait quand même le carrefour du genre en 1968 !
Mais à noter que si cette tonalité reste quelquefois assez« légère » sur certains morceaux , voire presque intimiste (le mélancolico-lumineux
Lady Bedford ou le langoureux, déchirant et orchestral
Hollyville train ), elle prend parfois une tournure limite « heavy », comme sur le bluesy
Sweet fanny Adams ou encore le très proto hard-glam
Suicide on the hillside sunday morning qui, tout comme l'autre morceau qui conclu une face de l'album, renverrait ( en dépit de sa tournure plutôt enjouée) à une certaine volonté de l'album de s'aventurer vers une esquisse de concept , tournant autour de certains aspects difficiles de la vie...
Il n'en reste pas moins que l'effet procuré par l'écoute de ce disque, et , à l'image de son titre, semble plus tirer vers l'euphorie que vers la dépression. C'est en tous cas ce que laisse supposer la grande majorité des commentaires sur A Gift From Euphoria et que j'ai pu trouver en parcourant le net. Ne tarissant pas d'éloges,ils frôlent même souvent le dithyrambisme. Je vous en livre ici quelques extraits :
-« Une oeuvre à la portée éphémère, mais complètement visionnaire »
-« Disque étourdissant, A Gift From Euphoria émerveille par sa diversité. (...)»
- «Some collectors (...) classify it as a lost masterpiece (...) »
-« The songs are excellent, the arrangements are interesting, the singing and playing are magnificent. »
-D'ailleurs même rock6070 ne fait pas exception à la règle, quoique timidement (...) et c'est aussi ce qui m'a décidé à remettre un gros coup de projecteur sur cet album, (
viewtopic.php?f=3&t=9878)
-Et le mot de la fin pour « Shindig, un excellent fanzine anglais,ou l'auteur expliquait que certains albums marquent la vie d'un passionné de musique... Et c'était le cas, selon lui, d'Euphoria... ».
Marquera -t-il la votre ?
Me concernant, je me contenterai juste pour l'instant (oui car je l'ai découvert la semaine dernière !) de qualifier cet album de véritable réussite issue de l'épopée pop baroque et bigarrée de la fin des sixties.
L'album en intégralité sur 3 plages pour les plus impatients :
Mais aussi
PS : Je ne saurais conclure sans remercier LIX, dit le mitrailleur fou du forum « Rock psychédélique » pour m'avoir permis de découvrir cet album lors d'une de ses salves imparables.
Et également The Lad, prince illuminé des coquelicots et sans qui le topic en question n'aurait, sans doutes, pas vu le jour .Ni cet adsl, donc.
Merci pour votre attention et dans une dernière quinte de druckérisme ,A vous les studios!