Forum de rock6070

Cette semaine, quelque chose de différent. J'étais bien décidé à vous infliger un artiste en particulier, quelqu'un dont on ne parle pas très souvent sur le forum, mais il a connu une carrière si variée qu'il me semblait difficile de trouver un seul album qui la résumerait toute entière. Comment se limiter à une seule facette quand le joyau en compte des myriades, chacune plus étincelante que les autres ? Un dilemme des plus délicats à résoudre.

Du coup, cette semaine, je vous propose non pas un, ni même deux, mais TROIS albums. Oui, TROIS ! Comment ça fonctionne ? Vous en écoutez un, deux, ou les trois, comme vous voulez. Vous en notez un, ou vous faites une moyenne sur deux ou trois notes, ou vous n'en notez aucun, comme vous voulez. Vous commentez ce que vous voulez, comme vous voulez, vous vous mettez un slip sur la tête pour allez danser cul nul sur l'autoroute si vous voulez, cette semaine, les règles on les envoie balader ! Car moi, je veux l'anarchie, et c'est la seule façon d'être.

Bref, c'est parti. Je compte sur vous pour une formule punchy à ajouter à ma signature !

Japan — Quiet Life (1979)



Boys, now the times are changing, the going could get rough
Boys, would that ever cross your mind

Après deux disques aux influences très glam (Adolescent Sex, excellent, et Obscure Alternatives, un peu moins convaincant), Japan signe avec Quiet Life son troisième et dernier album pour Hansa Records. C'est l'album de transition par excellence, qui solde les expériences passées et annonce les choses à venir. La guitare de Rob Dean passe au second, voire au troisième plan, tandis que la basse rebondissante de Mick Karn (et son saxophone pas dégueu non plus), les synthétiseurs hantés de Richard Barbieri et les percussions de Steve Jansen acquièrent un relief nouveau. Et, surtout, David Sylvian découvre sa voix, ce baryton profond qui en a bouleversé plus d'un (dont votre serviteur). Côté compos, les titres les plus pop (la chanson-titre, Fall in Love with Me ou Halloween) n'auraient pas déparé sur Adolescent Sex, mais ils sont entrecoupés de choses beaucoup plus intimistes, comme ce Despair où Sylvian s'essaie (avec plus ou moins de bonheur) à la langue de Molière, ou cet Other Side of Life qui tombe comme un couperet à la fin de l'album.



Side A:
"Quiet Life" – 4:53
"Fall in Love with Me" – 4:31
"Despair" – 5:56
"In Vogue" – 6:30

Side B:
"Halloween" – 4:24
"All Tomorrow's Parties" – 5:43
"Alien" – 5:01
"The Other Side of Life" – 7:26

David Sylvian — Secrets of the Beehive (1987)



Sunlight falls, my wings open wide
There's a beauty here I cannot deny

Avance rapide, huit ans plus tard. Japan s'est séparé en mauvais termes en 1982 après deux autres albums, Gentlemen Take Polaroids et Tin Drum. Sylvian connaît depuis une carrière solo non dénuée de succès : son premier opus, Brillant Trees, dans la droite lignée du dernier Japan, s'est payé le luxe d'arriver dans le Top 5 britannique. Il a été suivi par le double Gone to Earth, moitié pop, moitié ambient, avec la participation d'un certain Robert Fripp. Pour en arriver au disque qui nous intéresse, Secrets of the Beehive, vous serez peut-être heureux d'apprendre qu'il solde définitivement l'héritage des années 80, même si celles-ci ne sont techniquement pas encore achevées : tout y est délicieusement organique, guitares acoustiques, claviers (un certain Ryuichi Sakamoto), contrebasse (un certain Danny Thompson), cuivres et cordes, un régal auditif. L'atmosphère générale est très mélancolique et automnale, titres dépouillés (September, Waterfront) alternant avec choses plus produites, avec un grand sens de la mélodie (The Boy with the Gun, Orpheus), et toujours portées par cette voix merveilleuse. L'album idéal si vous trouvez que Nick Drake, c'est moins bien depuis que c'est à la mode.



Side A:
"September" – 1:17
"The Boy With the Gun" – 5:19
"Maria" – 2:49
"Orpheus" – 4:51
"The Devil's Own" – 3:12

Side B:
"When Poets Dreamed of Angels" – 4:47
"Mother and Child" – 3:15
"Let the Happiness In" – 5:37
"Waterfront" – 3:23

Ah Japan, groupe que je devrais détester mais dont j'adore le seul album que je connais, Adolescent Sex

Nine Horses — Snow Borne Sorrow (2005)



I don't believe in what you believe
You skin is filthy and your gods don't look like god to me

Avance rapide, dix-huit ans plus tard (ouf). David Sylvian ne s'est pas reposé sur ses lauriers : il a sorti des albums avec Holger Czukay et avec Robert Fripp (dont le merveilleux Damage dont j'ai déjà eu l'occasion de parler ), a collaboré plus ponctuellement avec pas mal d'autres artistes, sans oublier de reprendre sa carrière solo avec Dead Bees on a Cake (1999), le digne héritier de Secrets of the Beehive, et le plus difficile et expérimental Blemish (2003). Sous ce nom de Nine Horses, il s'associe avec l'Allemand Burnt Friedman et son frère Steve Jansen, qui lui est resté fidèle depuis l'ère Japan. Le CV de Friedman (qui m'est en grande partie inconnu) explique la dominante électronique de ce Snow Borne Sorrow ; RateYourMusic classe ça dans « Ambient Pop », une étiquette qui me semble assez appropriée : les plages sont longues et épurées (malgré la quantité invraisemblable d'invités qui apparaissent dessus, parmi lesquels l'inoxydable Ryuichi Sakamoto, la délicieuse Stina Nordenstam, ou encore Theo Travis et Arve Henriksen), mais s'appuient presque toujours sur une mélodie pop (la plus évidente, et ma préférée, étant The Day the Earth Stole Heaven). Les paroles sont remarquablement noires même pour Sylvian, qui semble avoir été passablement chamboulé par le 11 septembre et les événements subséquents : Wonderful World et The Banality of Evil ont des accents politiques très inhabituels de sa part (bien qu'il se soit déjà essayé à de simili-protest songs quelques années plus tôt sur le single World Citizen avec Sakamoto). L'expérience Nine Horses s'est poursuivie avec l'EP Money for All (2007), principalement composé de remixes pas particulièrement intéressants, mais qui inclut également trois nouveaux très bons titres (dont celui qui suit).



"Wonderful World" (Jansen, Sylvian) - 6:02
"Darkest Birds" (Jansen, Sylvian) - 5:03
"The Banality of Evil" (Friedman, Sylvian) - 7:59
"Atom and Cell" (Jansen, Sylvian) - 7:06
"A History of Holes" (Friedman, Sylvian) - 8:02
"Snow Borne Sorrow" (Jansen, Sylvian) - 6:23
"The Day the Earth Stole Heaven" (Friedman, Motzer, Sylvian) - 3:19
"Serotonin" (Friedman, Sylvian) - 5:54
"The Librarian" (Friedman, Sylvian) - 9:01

Post-scriptum : je n'ai pas vérifié les liens de téléchargement. Je vous fais confiance pour en trouver d'autres au besoin.

Connaissant déjà les deux autres, je ne me saisis que de Nine Horses, qui sera donc mon album de la semaine. Merci !

Tiens hier j'écoutais Manafon, un album du gars de 2009 - un truc électro folk très dépouillé et dépressif !

Sinon je connais peu voire pas Japan et les disques solo du sieur ! Mais comme je sais qu'il a fait des choses très différentes je vais écouter. Je commence donc par Quiet Life.

Une précision : je noterais Quiet Life 6/10 et Secrets of the Beehive 8/10. Utile s'il me vient l'idée de faire une moyenne (par exemple si je trouve celui que je ne connais pas très mauvais). Idée marrante en tout cas.

EN ce qui me concerne je vais surtout écouter les deux derniers..le lien you tube de japan ne m'ayant pas vraiment convaincu ..Tjs aussi inventif notre winsterhand

Bon ben ... impec. Moi qui disais la semaine dernière vouloir re-découvrir Japan. Ca tombe bien. J'en ai quelques souvenirs mais extrêmement diffus.

Très bien ! Je voulais justement re-tenter Japan, vue l'aura du loulou.
Winsterhand, comme je n'aurai pas le temps d'en écouter 3 et vu que je n'ai pas accroché à Tin Drum, tu me recommanderais lequel ?

Bonne idée de casser les règles

Et, si ! On lit la ligne du sondage

Jamais eu la curiosité (souvent mobilisée) d'écouter Japan.

Je suis un inconditionnel de David Sylvian, un peu moins avec Japan, et un peu plus en solo.
Belle initiative que de le placer cette semaine prochaîne à la lumière.

ATTENTION : le download de Japan c'est un virus !!!

Merci de vérifier tes liens avant de les mettre. Pffff. Me disais 8.4 mo pour un album c'est pas lourd.