Forum de rock6070

J'aimerais lancer une discussion qui n'a vraiment rien de drôle... Disons philosophique. J'avoue qu'elle est liée à un sentiment personnel et qu'avoir des avis pourrait m'éclairer. Libre à vous bien sûr d'en discuter ou de préférer ne pas le faire.

Mon père est mort il y a 6 ans. Je vivais alors au Québec. Je ne suis pas allée le voir quand il était mourant mais je ne savais pas qu'il était déjà au bout de sa vie. Ça me faisait peur de le voir ainsi, alors je reculais ce moment. Quand on m'a appris qu'il ne lui restait que quelques jours à vivre, j'ai immédiatement acheté un billet d'avion. Je devais m'envoler deux jours plus tard, mais la nuit précédent le vol, ma soeur m'a appelée pour m'annoncer qu'il venait de mourir. J'ai pris l'avion ce soir-là, ai assisté à son enterrement, ai tout réglé, les démarches pour l'enterrement, les frais, parce que le reste de ma famille était trop dépassé par les événements. Mais depuis, je me demande toujours s'il m'a attendue. Il était sous morphine, il avait un cancer généralisé, alors peut-être n'avait-il conscience de rien, mais peut-être que...

C'était il y a 6 ans. Et depuis le jour de son enterrement, je ne suis jamais retournée sur sa tombe. J'en suis incapable. Je ne sais pas trop pourquoi. La culpabilité, la peur de ne pas supporter de le savoir là, sous la terre. Et je me demande : pensez-vous que les morts "savent" qu'on ne va pas les voir ? Qu'ils attendent qu'on vienne ?

Je n'ai jamais cru en Dieu. J'ignore totalement ce qu'il y a après la mort

Je suis grosso modo dans le même cas que toi. Et je sais très bien que non, il ne nous en veulent pas. C'est nous qui nous en voulons.

Je suis grosso modo dans le même cas que toi. Et je sais très bien que non, il ne nous en veulent pas. C'est nous qui nous en voulons.
Oui, j'ai tendance à me dire ça aussi... Mais nous ne pouvons être certains de rien. Et oui, c'est nous qui nous en voulons, eux, ils sont probablement ailleurs.

Quelques récits de NDE exceptionnels ici dessous, t'apaiseront...
http://www.nderf.org/French/exceptional_accounts2.htm

J'ai, pour l'instant, la chance d'avoir mes deux parents. Ils ont 80 ans... Et ils sont extraordinaires.
Mais pas mélomanes... Peu importe, je suis là, grace à eux.
On se prepare, on est jamais prêt.
Aprés, chacun a son vécu avec eux, et son avenir avec soi.
Les vibrations les plus puissantes sont l'Amour et la Musique, pour moi. Pour autant que ces termes puissent évoquer...
J'ai juste envie de te dire: Tu es une belle personne, un bel être humain, tu apportes beaucoup au present. Ils sont fiers...
Wherever they are.

On a toujours des regrets après le décès d´un proche. Mon père est décédé, j´avais 16 ans et c´était pour moi une chose qui ne pouvait pas arriver. D´ailleurs je m´imagine toujours le croiser au coin d´une rue.
Ma soeur est décédée en début d´année et, pareil, la dernière fois que je l´ai vue je lui ai dit que je pouvais pas rester pour manger la raclette. La prochaine fois...
Ma mère a perdu ses parents à l´âge de 13 ans dans un accicent de voiture. Aujourd´hui, 47 ans plus tard, elle regrette encore de ne pas leur avoir dit au revoir.

Tout ça pour dire que, quelles que soient les circonstances, on aura toujours des regrets parce que la vie n´est qu´un projet inachevé et qui a quand même une fin.

Ton père ne t´a très certainement pas attendue. Il a surement pensé à toi. Mais sache une chose : qu´on soit bien entouré ou non, c´est seul qu´on affronte la mort. Tes derniers moments à toi, tu les passeras plus à faire le bilan de ta vie qu´à profiter de tes proches. Ce n´est pas de l´égoïsme, c´est complètement naturel.

Contente-toi de le garder dans ton coeur, de le voir avec ta mémoire et de t´entretenir avec lui avec ton âme, c´est probablement tout ce qu´il aurait pu être reconnaissant envers toi.

Merci pour vos messages... C'est toujours difficile car nous pouvons éprouver des sentiments de regrets, de remords, de culpabilité qui, parfois, devraient appartenir à d'autres et que nous endossons. Mon père était orphelin, il n'a jamais su qui étaient ses parents. Je suis sûre qu'il s'est souvent demandé pourquoi, et je pense qu'à la fin de sa vie, il a dû souffrir de partir sans savoir qui était sa mère. Ma mère est quasiment orpheline aussi, elle a perdu son père à 9 ans, a été ensuite séparée de sa mère, une femme qui, je crois, était méchante. Alors ils avaient de lourds traumatismes et ont fait ce qu'ils ont pu pour élever leurs propres enfants sans avoir eux-mêmes connu l'amour d'une famille. Bien sûr, je n'y peux rien, c'est le destin, mais nous avons cette terrible faculté de nous culpabiliser quand nous n'avons rien à voir avec ce qui est la raison de ce sentiment. Je sens que mes parents m'aimaient, mais ils n'avaient pas appris à l'exprimer. Ils ne m'ont jamais dit "je t'aime", et moi, par pudeur, je ne leur ai jamais dit non plus. Je culpabilise de ne jamais avoir été capable de le dire à mon père de son vivant. Ma mère vit encore, et je ne suis pas capable de le lui dire non plus. Pourtant, je sais qu'elle va partir bientôt elle aussi.

Tu viens de leur dire...
C'est sincére et dans ton âme, c'est le plus important.

Oui mais ils ne m'entendent pas...

Bien sur que si.
Ils te savent...

Un peu hors-sujet, mais c'est fou ce que je rêve de mon vieux... enfin, c'est par période, mais c'est très souvent... et j'ai cru remarquer qu'à chaque fois, il était plus ou moins en position de me juger sur un truc ou un autre (dont une fois mémorable : lors d'un concours de mangeur de saucisses que je gagne allo le psy ?), mais que jamais je n'arrivais à lui parler. Ça travaille, putain.

Un peu hors-sujet, mais c'est fou ce que je rêve de mon vieux... enfin, c'est par période, mais c'est très souvent... et j'ai cru remarquer qu'à chaque fois, il était plus ou moins en position de me juger sur un truc ou un autre (dont une fois mémorable : lors d'un concours de mangeur de saucisses que je gagne allo le psy ?), mais que jamais je n'arrivais à lui parler. Ça travaille, putain.
Je te comprends, mais étrangement, je crois que je rêve peu de lui. Par contre, j'y pense éveillée. Tu parles de juger, mais n'est-ce pas finalement nous qui nous jugeons à travers ces rêves ou ces pensées ? Il y a aussi une chose étrange. Dans mon cas, je ne sais pas si c'est aussi le tien. Comme un transfert, comme si nous avions ce besoin de protéger nos parents quand ce rôle aurait dû être le leur. Quand je pense à lui, je pense à tout ce qu'il a dû vivre tout au long de son parcours en ne connaissant pas son identité. Ses questions, ses douleurs, ce manque. Évidemment, par ricochet, je ne connais pas vraiment la mienne non plus. Un trou dans mon histoire que je ne peux pas combler. Je ne connais pas mes origines puisqu'il n'a jamais connu les siennes. Je ne sais pas d'où je viens, quel sang coule dans mes veines. Mais lui en savait moins encore, et je ne peux pas m'empêcher de penser que ça a dû le perturber encore davantage quand il sentait sa fin venir.

Tu parles de juger, mais n'est-ce pas finalement nous qui nous jugeons à travers ces rêves ou ces pensées ?
Bien sûr que si. Dans mon cas, il paraît clair que je me place en position de me juger par rapport à lui, et qu'il faudrait que je me débarrasse de ce problème.
Il y a aussi une chose étrange. Dans mon cas, je ne sais pas si c'est aussi le tien. Comme un transfert, comme si nous avions ce besoin de protéger nos parents quand ce rôle aurait dû être le leur.

Pour des raisons personnelles que je veux pas évoquer ici, c'est encore plus mon cas, enfin c'est un peu différent. En gros, c'est plutôt que mon sentiment de culpabilité touche à ce que j'aurais dû le protéger, et que je suis fondé à me sentir coupable parce que j'aurais pu le faire. C'est très différent, et c'est difficile de se détacher de ce genre d'appréciation, aussi faussée soit-elle.

Pendant longtemps je ne suis pas retourné sur la tombe de mes grands parents maternels (ceux du côté de mon père sont toujours en vie) car je m'en suis voulu de la mort de mon grand père pendant des années. Mes grands parents se sont occupés de moi quand j'étais gamin, mes parents bossait donc c'est eux qui m'emmenait à l'école, le midi je rentrais manger chez eux, je dormais chez eux un soir par semaine. je les voyais plus que mes parents. MA grand mère est tombé malade et est morte quand l'année de mes 7 ans. Du coup après ça a continué avec mon grand père, c'est lui qui m'a quasiment élevé en tout cas je lui doit une grande partie de ce que je suis.

Il était passionné de jardinage et un jour part dans son jardin, je lui dit que je le rejoins dans l'apres midi mais je suis resté à la maison regardé les JO (je lui dois ma passion du sport), du coup il est resté tout seul au jardin tout l'apres midi, quand il rentre, il descend mettre ses légumes à la cave, il remonte et me met la main sur l'épaule, je me retourne et le voit tomber. il est mort avant même de toucher le sol. Je m'en suis longtemps voulu, peut être que si j'avais été l'aider, il aurait pas passer son après midi sous la chaleur. pendant des années je m'en suis voulu mais je me dit que s'il était pas mort, je n'en serais pas la ou j'en suis aujourd'hui.

Au-delà du degré de culpabilité que l'on peut ressentir pour n'avoir pas fait telle ou telle chose, j'ai comme l'impression qu'on s'en veut toujours un peu d'être en vie, alors que les gens aimés ne sont plus. Et cette violence de la mort, on la retourne contre soi, exacerbant parfois cette culpabilité.