Tout ça est très intéressant et instructif. Encore des disques à traquer...
Merci pour tout ce boulot...Tu devrais écrire pour Vapeur Mauve.
Oui, je me réserve une chro pour fêter le centième numéro!
Le volume quatre commence extrêmement fort avec
Hamiet Bluiett (cl, bs),
Olu Dara (tp),
Butch Campbell (g),
Billy Patterson (g);
Johnny Booth (b);
Charles Bob Shaw (d) et
Don Moye (d) qui jouent une pièce mâtinée du meilleur du blues, avec un zeste de musique de la Nouvelle-Orléans apportée par la clarinette du leader. Cette
Tranquil Beauty est, elle aussi, l’un des incontournables de cette série qui demeure d’un haut niveau de qualité qui ne sera pas démenti par ce volume quatre, même s’il est un peu plus court que les autres.
L’exigent
Julius Hemphill (as), en compagnie d’
Abdul Wadud (cel) de
Berne Nix (g) de
Phillip Wilson (d) et de
Don Moye (perc) qui circule avec bonheur dans les diverses formations, nous joue un air propice à la méditation jusque dans son titre : pensive. La guitare le violoncelle et l’alto se combinent de différentes façons pour nous suggérer des émotions, des questionnements, une certaine langueur habite le morceau qui déverse aussi une certaine mélancolie. L’alto pleure et geint, autour les percus et la batterie ponctuent, commentent et bruissent en se déplaçant dans l’espace, le violoncelle s’éloigne… Une palette d’émotions pour ce très beau titre.
Jimmy Lyons (sa) joue ici sans Cecil Taylor mais en compagnie de
Karen Borca (bassoon)
Hayes Burnett (b) et
Henry Maxwell Letcher (d). Lui aussi est un altiste et sa performance n’est pas éloignée de celle de Julius Hemphill, le registre est voisin, on a droit aussi à une prestation méditative, intériorisée et à la très belle intervention du basson dont le timbre chaud nous rappelle des temps anciens.
Encore un leader altiste avec
Oliver Lake (as) accompagné de
Michael Jackson (g),
Fred Hopkins (b) qui apporte à nouveau son immense contribution et
Phillip Wilson à la batterie. Après les méditations, place à la fureur, à l’avant-gardisme débridé, poussé par la batterie frénétique de
Wilson, la basse protéiforme d’
Hopkins, la guitare qui guette et surprend dans ses envolées décoratives,
Oliver Lake glisse sur les pentes escarpées de la modernité et nous laisse, pantelants, au bord du chaos…
Deux minutes trente, c’est bien peu pour
David Murray qui prolonge cependant avec élégance la tension créée par le précédent morceau. Fin de ce très bel album.
Le dernier volume des
Wildflowers se partage en deux longs morceaux qui durent une face chacun. Nous retrouvons là l’esprit du free qui souvent nécessite une longue durée pour pouvoir s’exprimer.
Charlie Parker disait beaucoup en quelques chorus, mais
Coltrane prenait le temps de planter le décor et de construire la maison, quitte à la déconstruire un peu plus tard…
Retour de
Sunny Murray (d) accompagné de
Byard Lancaster (as, fl),
David Murray (ts) qui peut s’exprimer dans la durée,
Khan Jamal (vib) avec les touches du coloriste et enfin l’homme de ces sessions,
Fred Hopkins (b) fidèle, imperturbable et même colossal. Le morceau s’intitule
Somethin’s cookin’.
Le thème est d’abord exposé les saxophones sont d’abord lyriques puis s’effacent sous une coulée de vibraphone, retour des anches,
David Murray déploie son long solo porté par une rythmique sans faille,
Sunny Murray brûle de tous ses feux et Fred Hopkins bétonne à fond,
Byard Lancaster vient ajouter son cri à celui de
David Murray. Solo de la basse, de flûte, puis ré-exposition du thème… Au final on regrettera malgré tout un poil de folie dans l’interprétation…
C’est à
Roscoe Mitchell (as) d’apporter la touche finale à ces Loft sessions, il est accompagné de
Don Moye (d), lui aussi de l’Art ensemble et de
Jérôme Cooper (perc, scie, d). Ils interprètent
Chant.
Le morceau est long, plus de vingt-cinq minutes. Il se décompose en trois parties. Tout commence par un long solo de sax alto sur une assise rythmique puissante, le sax est répétitif, entêtant, la rythmique impressionnante, il y a quelque chose d’oriental dans ce foisonnement, l’auditeur ressent l’engagement physique que nécessite la performance et en partage l’effort. La deuxième partie du morceau est en contraste total avec la précédente, les sons deviennent pointillistes, ponctuant le silence de petits bruits brefs et secs qui éclatent dans l’espace.
Jérôme Cooper s’insinue dans ce silence en y pénétrant délicatement avec le son étrange de la scie musicale qui lentement, frémit… Soudain un déluge sonore s’abat sur le pauvre auditeur, l’alto rugit en séquences de plus en plus furieuses et le morceau se termine en apothéose, clôturant dignement l’enregistrement de ces sessions historiques.