Pionnière à plus d’un titre, celle qu’on appelle affectueusement La Bolduc, née Mary Travers, représente la chanson québécoise des années 20 et 30, alors que les gens trouvent dans ses ‘chansons comiques’ un contrepoids aux tracas du quotidien. Marie Rose Anne Travers naît en juin 1894 à Newport au Québec dans une grosse famille. Son père Lawrence, d’origine irlandaise, lui enseigne très tôt les rudiments des instruments de musique à la mode (accordéon, harmonica, guimbarde, violon et... cuillères). Ayant quitté sa Gaspésie natale à peine sortie de l’enfance pour se rendre travailler à Montréal, elle rencontre bientôt son futur mari Edouard Bolduc, plombier et violoneux. C’est seulement dans la trentaine, après avoir élevé partiellement sa famille, que madame Bolduc entreprend une carrière dans le domaine du spectacle et de l’enregistrement.
Elle se fait d’abord remarquer pour ses talents de musicienne, à l’occasion de soirées thématiques connues sous le nom de Veillées du bon vieux temps, au Monument National. Ces soirées thématiques ayant lieu à quelques reprises durant l’année permettent aux musiciens, comédiens, chanteurs et danseurs d’exercer leurs talents. Plusieurs artistes importants du folklore québécois ont participé à ces événements enjoués, parmi lesquels Isidore Soucy, Alfred Monmarquette, Eugène Daigneault et Ovila Légaré. Poussée par les encouragements de ses pairs et la nécessité de rapporter de l’argent à la maison, madame Bolduc enregistre quelques pièces instrumentales et deux chansons qui n’obtiennent que peu de succès. Ce n’est qu’à la fin de l’année 1929 qu’elle devient une véritable vedette, lorsque son quatrième 78 tours s’avère un double succès. Ses compositions "La cuisinière" et "Johnny Monfarleau" en font la sensation de la jeune industrie du disque, juste au moment où celle-ci subit le choc d’une terrible crise économique.
Ses histoires, ses turlutes, ses commentaires sur l’actualité ont le don de dérider le public. On a souvent dit que les chansons de La Bolduc ont été le principal antidote à la déprime collective qui allait frapper la population au cours des années 30. Elle enregistre alors succès après succès et continue d’effectuer des spectacles, non seulement à Montréal et à Québec ou dans les autres centres urbains, mais à la grandeur du Québec, ainsi qu’en Ontario et en Nouvelle-Angleterre où ses tournées sont attendues avec impatience. Celles-ci se poursuivront inlassablement jusqu’à ce qu’un accident de voiture survienne en 1937. Elle supporte courageusement cette épreuve, reprend la route, et en tire même des thèmes de chansons dont son dernier enregistrement, intitulé "Les souffrances de mon accident" qu’elle grave en 1939 Quelques années plus tard cependant, le cancer met un terme définitif à la remarquable carrière de l’auteure-compositeure interprète. Madame Bolduc meurt le 20 février 1941. Elle n’a que 46 ans.
Le site officiel de La Bolduc où on peut trouver beaucoup de ses œuvres en écoute :
http://www.labolduc.qc.ca/accueil.htmlEt un morceau qui pourrait être le pendant de "je ne suis pas bien portant" d'Ouvrard