Je me demande si Endless Wire sera réhabilité un jour. C'est quand même un très bel album.Un peu fabriqué quand même, et vocalement, Daltrey peine à la montée tandis que Townshend rocaille plus qu'il ne chante. Bonnes parties de guitares, ceci dit, ses meilleures depuis bien (trop) longtemps.
C'est moi qui avait donné le seul vote pour cet album sur ce sondage, une provocation de ma part? Endless Wire, je ne l'ai pas aimé dès la première écoute même si c'est venu rapidement. Deux arguments qui revenaient souvent chez les détracteurs de l'album à sa sortie étaient que les compositions voulaient trop imiter les recettes du passé (plagier des vieux succès en quelques sortes) et que Roger s'étranglait plutôt qu'il ne chantait, tandis Pete ne "chantait" pas. Je me demande comment cet album a été écouté pour en arriver à ces conclusions Pour commencer, la filiation "Baba O'Riley"/"Fragments" me semblait tellement évidente qu'elle nécessite de s'interroger sur la question: est-ce vraiment une tentative d'imitation, de filiation à l'original? Non pour moi. En réalité, je vois cet album comme un testament écrit par un vieil homme, l'album est truffé de citation ("Doctor Jimmy"/"Pick Up the Peace"), de la même façon qu'il évoque des figures de l'histoire de la musique dans l'apothéose finale de l'album, mais tout ceci est bien présenté comme un passé révolu, évoqué avec amertume, mais accepté dans "Tea and Theatre" qui clôt l'album ("Will you have some tea after theatre with me?"). Il y a quelque chose que seule l'expérience de l'âge permet de créer, et si les enchainements sur le mini opéra peuvent sembler maladroits, je ne vois pas d'artifice dans le propos. Roger Daltrey a perdu en puissance dans les aigus, mais il a acquit ou du moins il a su adopter un ton rauque qui laisse paraitre une fragilité qui n'était pas présente auparavant et que je trouve absolument déchirante. Les mélodies se construisent tout en subtilité et la spontanéité de leur jeunesse a disparu. Pete Townshend sur ses parties vocales, s'il ne réalise pas de prouesses, et ça n'est d'ailleurs en rien un défaut, "théâtralise" souvent les histoires qu'il raconte et en fait ressortir la part dramatique avec douceur, et c'est encore quelque chose que seul l'expérience d'une vie permet: à ce titre "In the Ether" est très émouvante. Je reviendrai plus amplement sur cet album dans une chronique, un jour.
PS: Pour ce qui est de "Les Who, c'est Daltrey, Pete, Moon et John", à partir du moment où ils ont continué d'utiliser le nom après la mort de Moon, ils ont laissé le nom leur échapper: c'est un choix qui n'est plus vraiment discutable aujourd'hui, et peu m'importe que ce soit le nom de Who qui apparait sur la pochette. J'ai toujours considéré le groupe The Who de la grande époque comme mort en même temps que Moon. Certains groupes décident d'attacher une symbolique à leur nom (Led Zeppelin), d'autres non. Le fait est que Daltrey et Townshend ont appartenu aux Who et sont ce qui reste du groupe, l'esprit perdure mais il est entendu pour chacun d'entre nous que le groupe mythique n'existe plus, il est différent aujourd'hui et c'est tout.
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