L'intérêt, déjà historique avant d'être hystérique, est que ce sont les derniers enregistrements avec l'Experience, sessions du premier trimestre 1969. Je viens d'écouter, les titres sont sur YouTube, même pas besoin de downloader. "Lullaby For The Summer", c'est une version instru de "Ezy Rider" qui n'apporte pas grand chose. Le son est... dérangeant, trop affûté. on reconnait parfois à peine le style de Hendrix sur "Crying Blue Rain", Jimi chantonne sur un blues à "Red House" avec des fioritures. La version de "Mr. Bad Luck" est pas complètement inintéressante, mais elle est loin de valoir le "Look Over Yonder" original à la production de folie sur "Rainbow Bridge". "Ships Passing Through The Night" est un titre peu inédit, puisque c'est principalement le thème de "Night Bird Flying" sur "Cry of Love". Le seul véritable inédit est donc bien apparemment "Valleys of Neptune", le titre. D'où le nom choisi pour l'album. Morceau qui n'apporte rien de plus à la légende, faut l'avouer. Un autre inédit avec le bonus "Slow Version" ? La version de "Stone Free" est déjà plus intéressante (avec Roger Chapman et Andy Fairweather Low aux backing vocals sur le refrain), beau solo. La version de "Fire" est bonne, mais là elle est gâchée par une voix atroce sur le refrain, même pas indiquée sur les crédits. Enfin, je vois pas le nom. "Hear My Train A Comin'" rassasiera aussi le fan peu regardant. Quand même terne à côté de la version live. La version de "Lover Man", Bof ! Et "Sunshine of your Love" ne me fait pas oublier The Cream. Jam qui démarre un peu speed, puis s'étiole. D'ailleurs, dans le temps le morceau figurait sur un disque merdique sorti juste après sa mort, intitulé "Open Jam" ou "Opening Jam"... ? Sans les vocaux, la chanson perd beaucoup de sa force et de sa majesté. "Red House", par contre, classe, beauté et finesse, mais vilainement shuntée au final. Un autre bon point. Deux bonus tracks Target pas dégueus : "Slow Version" et "Trash Man" sur lequels le son restitue nettement plus le jeu "wild" de Hendrix, la folie de l'Experience, et le son moins "propre" qui convient. Superbe wah-wah sur "Slow Version", et j'aime bien "Trash Man" (trop court) était sorti sur "Midnight Lightning", album très décrié à l'époque de sa sortie, comme quoi... Donc Eddie Kramer sert de caution artistique pour la restauration et le nouveau mixage. Mais la valeur musicale, à mon avis, est à peine plus honorable que les albums sortis par Alan Douglas. Ce truc sent bien le post-thune. Selon Sony/Legacy, c'est un album à part entière. Pour Janie Hendrix, Eddie Kramer et John McDermott, sûrement.
Ce "Valleys of Neptune" se décompose en douze titres que [b]Jimi Hendrix a enregistrés pour une part pendant le premier semestre de l’année 1969 à l’Olympic Studio de Londres, le reste, en avril et mai (toujours de la même année) à New York, au Record Plant. En fait, ces titres ("Stone free", "Hear my train a comin", "Red house"…) ont été enregistrés durant les répétitions que Jimi Hendrix faisait pour préparer le concert du 18 février au Royal Albert hall de Londres. Si Mitch Mitchell est le batteur attitré de ces sessions, en revanche la place de bassiste alternera entre Billy Cox et Noel Redding. Sur "Stone free", le titre qui ouvre l’album Roger Chapman est invité pour faire les chœurs et sur "Crying blue rain", un certain Rocki Dzidzornu est aux percussions. Si ce nom ne dit pas forcément grand chose, il suffira de préciser que les percussions de "Sympathy for the devil", des Rolling Stones, étaient assurées par ce même Rocki Dzidzornu.
Un nouvel album de Hendrix dans les bacs ? Elle est bien bonne. Sony fait bien son métier de distributeur, c'est déjà pas mal, mais on a beau demander une interview à la maison en charge de son catalogue, pas grand monde pour assurer le service avant vente. Pour Jimi on comprend, le pauvre, plus de quarante ans dans la tombe, ça détruit son homme. Mais ces derniers temps, même Eddie kramer ne mouille plus trop la chemise pour les deniers du culte. Pas grave, on occupe le terrain pour que les gens n'oublient pas le plus grand guitariste de tous les temps (© Experience). Et puis il faut bien que la famille paie les avocats quand ils se font des procès entre eux:
- Après Valleys of Neptune, on pourrait aussi rééditer tout le catalogue dans la foulée ? - Ouais, pas con, j'ai pas fini de payer le hummer du p'tit. De toute façon, faut y aller parce que sinon avec cette merde de domaine public, on va vite se retrouver cul nul dans la neige avec juste une putain de licence de merchandising pour pleurer. - M'en parle pas et avec les salaires qu'on se sort et ce fucking téléchargement illégal... moi je te dis qu'ils vont nous foutre dedans pour de bon. - T'inquiète, on a encore du temps devant nous, par contre pour nos petits enfants, ça sera plus chaud. Hendrix était un génie, aucun doute là dessus. Racler les fonds de tiroirs ne changera rien à la donne, il transpirait le talent par toutes ses pores. En revanche, soyons sérieux, l'espace d'un instant: la formule album inédit accolée à cette sortie est vraiment pathétique. A ce rythme là, la famille Hendrix va pouvoir sortir un album «d'inédits» par an pendant les vingt prochaines années : - On est sur quoi aujourd'hui? - La quarante-huitième prise de Red House, tu sais, celle de la session du 8 février 69 dingue, celle où Stevie Winwood est rentré dans le studio et s'est assis sur hammond à 3'02 - OK, vas y fonce, c'est du bon. File la au plus vite à Bob pour rehausser les niveaux et on la met sur Under the seas of pluton, si on se bouge, on sera dans les temps.
_________________ Il est parfaitement superflu de connaître les choses dont on parle. Je dirais même que la sincérité en général dénote un certain manque d'imagination.
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