
Il est très difficile de cataloguer ce groupe qui a touché à beaucoup de genres, mais, puisqu'il faut le faire, il fera son apparition dans le Rock Psychédélique§
Ce groupe très éphémère est un des grands groupes méconnus des années 60.
Pourtant, il n'est pas complètement inconnu sans doute en raison de l'hymne pro-drogue intitulé "Don't Bogart Me" qui est montré au cours d'une scène inoubliable dans le film sur les bikers, "Easy Rider" en 1969.
Or donc, Fraternity Of Man est le groupe de Rock Psychédélique Américain qui fait le lien entre Frank Zappa & The Mothers, Lowell George & The Factory, Little Feat, et Captain Beefheart & His Magic Band.
Le quintette original comprenait une refonte du groupe Factory dirigé par Lowell George, mettant en vedette Martin Kibbee (basse), Warren Klein (guitare / sitar / Tamboura) et Ritchie Heyward (batterie / chant).
Lowell George ayant dissout son groupe, ces musiciens décident de se réunir avec un grand guitariste, Elliot Ingber, le lead guitariste sur l'album "Freak Out!" de 1966 et membre très temporaire des Mothers of Invention, pour former un nouveau groupe par l'ajout de Laurent "Stash" Wagner (chant / guitare).
Un autre lien avec Frank Zappa pourrait être trouve dans l'apparition de Tom Wilson, qui avait produit les premiers efforts studio des Mothers.

Elliot Ingber avait fait le tour de la scène musicale de Los Angeles depuis le début des années 60 car il avait joué dans certains groupes de surf avec qui il avait fait quelques enregistrements mémorables.
Il avait rejoint le cinquième line-up des Mothers juste à temps pour participer à l'enregistrement de leur premier album "Freak Out!" en Août 1966, l'album double historique produit par Tom Wilson. Selon Zappa, il avait limogé Ingber à la fin de 1966 et au cours de 1967, le guitariste avait établi des liens avec Warren Klein, Martin Kibbee et Richard Hayward qui avaient été trois quarts de Factory.
Avec un quatrième membre en la personne de George Lowell, Factory avait enregistré (avec Zappa à la production) dans la deuxième moitié de 1966 et au début 1967 (voir l'album "Lightning Rod Man" par Lowell George & The Factory).
Avec l'inclusion de Lawrence "Stash" Wagner (plutôt que George) au chant, Fraternity Of Man met au point leur premier album avec Tom Wilson comme producteur.

Dans sa courte période d'existence entre ces ancêtres, parents et descendants, le groupe a réussi à enregistrer deux albums, "Fraternity Of Man" en 1968, et "Get It On" en 1969 avant de se séparer.
Sous le nom de Fraternity of Man, le quintette a rapidement signé avec ABC Records.

Associé donc avec le producteur Tom Wilson, l'album "Fraternity Of Man" a été publié par ABC Records en 1968 et il comporte la chanson "Oh No I Don't Believe It" une reprise de Zappa (qu'il n'avait alors pas encore publié), et "Don't Bogart Me" que l'on a ensuite entendu dans le film "Easy Rider" et son 'soundtrack album', un best seller publié en 1969.
Comme on peut s'y attendre, et propulsé par la voix légèrement 'stoned' de Wagner, le groupe s'est avéré capable de travailler dans une variété de genres apportés par les anciens membres de Factory sur cet album, dont le pseudo-Presley avec "Bikini Baby", le Psychédélisme aux influences Indiennes avec "Candy Striped Lion's Tails" et le Country & Western avec "Last Call for Alcohol" alors que "Blue Guitar" et "Plastic Rat" conservent le côté Garage Rock Psychédélique qui envahit une grande partie du son de Factory.
Selon toute perspective, le fait d'une quantité disproportionnée de matériel reflète les choix quasi illégaux de loisirs du groupe avec "In the Morning" qui possède un côté 'hymne stoner' avant la lettre, "Stop Me Citate Me" ("why are you taking out my back seat") et les narratives émeutes sur Sunset Strip "Field Day", était soit une force ou une faiblesse de caractère.
Par ailleurs "Plastic Rat", "Just Doin' Our Job" et "Oh No I Don't Believe It" reflètaient la connexion de Ingber avec Zappa (le dernier morceau a été réellement écrit par Zappa). Cette chanson est en fait une variation du groupe sur le "Oh No" de Zappa et c'est un Rock plein de retenue avec un travail agile de la lead fuzz de Ingber.

Ces derniers morceaux nettement plus belliqueux sont contrastés par les qualités complexes et baroques de "Wispy Paisley Skies" et la steel guitar sur le fameux "Don't Bogart Me". C'est un hymne à la drogue, la musique n'a pas beaucoup à dire là dessus, et l'important est l'amitié que cette musique veut que nous ayons en partageant. La fin quand tout le monde chante est assez beau.
"In the Morning", le morceau d'ouverture commence lentement et se développe rapidement de plus en plus vite. Tout est fantastique dans cette chanson, le marmonnage, les paroles chantées, la guitare fuzzy faisant un superbe solo et l'orgue psyché.
"Plastic Rat" est plus calme mais toujours une grande chanson Psychédélique, avec un étrange solo de guitare, plein d'effets.
"Bikini Baby" est très Bluesy avec des sons un peu comme une chanson de Zappa.
Mais le morceau suivant est vraiment une chanson de Zappa "Oh No I Don't Believe It" une reprise vraiment bien mieux que l'original.
"Blue Guitar" a un solo de guitare fantastique, c'est une jam fantastique.
"Last Call for Alcohol" sonne assez comme "Don't Bogart Me", et il parle de l'alcool et se concentre davantage sur la musique elle-même.
"Candy Striped Lion's Tails" renvoie au style des premières chansons, des jams et des longs solos pour chaque instrument.
Toutefois, ce sont les rocks "Candy Striped Lion's Tail," "Field Day", ou le légèrement pervers "Bikini Baby" à saveur de R & B qui sont parmi les meilleurs meilleurs morceaux de l'album.
Cet album mérite clairement beaucoup plus d'attention que le groupe Fraternity Of Man n'a pu en obtenir à cette époque!
Il est intéressant de noter que le succès du groupe découle en grande partie de leur connexion avec le film "Easy Rider". Inclus sur la bande originale, ABC a décidé de capitaliser sur le succès du film en sortant "Don't Bogart Me" / "Wispy Paisley Skies" en single (par coïncidence leur seul 45 tours).
Alors que les paroles pas trop subtiles limitent le temps de passage à la radio, le single profuit au groupe un Hit Pop mineur atteignant le numéro 133 dans les Charts.
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Dans la foulée, le groupe enrefistre un deuxième album.
"Get It On" n'est pas un changement majeur de direction. Ce disque est tout aussi cool que le premier opus.
Toujours avec Tom Wilson à la production, il sort chez Dot Records en 1969, et il comprend deux invités de marque: Lowell George et le pianiste Bill Payne.
Le groupe semble un peu plus confiant et il est, pour le meilleur ou le pire, à l'exception de "Mellow Token", un peu moins lapidaire.
Musicalement le jeu reste diversifié, offrant un autre mélange de Blues comme cette superbe reprise de "Don't Start Me Talkin" de Sonny Boy Williamson, "Trick Bag", un rock mainstream, quelques légères touches de Country avec "The Throbber" et quelques touches occasionnelles de psychédélisme sur "Pool of Tears", entre autres.
Ecoutez "Too High To Eat", les paroles sont vraiment terribles, et sur tous les autres morceaux, une mélodie tout à fait mémorable (cela semble l'appanage de ce groupe hors norme) a été injectée: "Boo Man", "The Throbber", "Don't Start Me Talkin' ", et "Trick Bag", quel talent!
Ensuite, c'est le délicieux "Coco Lollipop" et ses connotations 'sensexuelles' (sensuelles et sexuelles).
Enfin une version très particulière de la chanson traditionnelle "Cats Squirrel" finalise l'album, et malheureusement le groupe va s'arrêter là! ...
À la fin de 1969, Fraternity Of Man n'existe donc plus.
Richard Hayward se retrouvant dans un studio avec son ancien compère Lowell George, et avec Bill Payne et le bassiste Roy Estrada (un autre ancien membre des Mothers), le premier line up de Little Feat est complet.
Dans le même temps, Elliot Ingber rejoint Captain Beefheart And His Magic Band, apparaissant d'abord sur l'album "The Spotlight Kid" en 1972, sous le peudonyme de "Winged Eel Fingerling".

La meilleure chose que l'on puisse dire sur ce EP du milieu des années 90, c'est qu'il est seulement long d'environ 16 minutes. Le groupe a sorti cette débâcle justement intitulée "X" en 1995.
L'opus ne contient que cinq titres, dont "Fherinst" qui est simplement une version instrumentale abrégée de la chanson "Fuck Her".
Bien que Elliot Ingber ainsi que Larry "Stash" Wagner voulaient revenir au groupe initial, ils apportent un peu plus de nostalgie à ce disque.
Ils s'entourent donc d'un nouveau line up composé du clavériste Earl Ball, de Red Rhodes à la steel guitar, de Ira Ingber à la basse, du batteur Harry Ravain, du guitariste Grisha Dimant et de Sandy Nelson aux percussions.
Le disque commence avec des remakes du premier matériel de Fraternity of Man tel que le déjà mondialement connu "Don't Bogart Me" ainsi que le simili juvénile et sexiste des années 50 "Bikini Baby".
Certaines personnes n'ont jamais dû mûrir depuis les années 1960, et la preuve se trouve à travers l'ode insipide du titre pour amant éconduit "Fuck Her".
Le dernier morceau, "Everybody's Rockin'", est crédité d'un autre séminal Mother of Invention, "Baby" Ray Collins. Ce Rock est sans doute la chanson la plus écoutable sur le disque, bien que seulement un masochiste voudrait réellement tenter de l'expérience.
Comme sa signification proverbiale qui signifie danger, poison, mais aussi un sentiment général d'insalubrité, il vaut mieux éviter ce "X" et le laisser là où il peut faire le moins de dégâts.
Discographie:1968 Fraternity of Man
1969 Get It On
1995 X (ep)
sources: badcatrecords.com, allmusic