The Golden Dawn
«Don't depend on someone else to see you through yourself
Reaching out to you, leaving me behind,
Sharing all our love, sharing peace of mind
When our doubt has left me and I'm in your arms again, I'll go, I'll go...»
— “Reaching out to you” (G. Kinney/B. Hallmark)
La légende de l'aube dorée se dessine en filigrane de celle de Thirteen Floor Elevators. Tout comme ce sulfureux combo, les membres de The Golden Dawn viennent d'Austin (Texas) et furent les poulains d'International Artists, le label de Leland Rogers.
George Kinney, leur leader, est un ami d’enfance de Rocky Erickson; ils lisent les mêmes livres, les mêmes BDs d'horreur et de science-fiction, écoutent les mêmes disques; ils forment aussi un trio dès 1963 — lui, Eric, sa sœur —, puis, en 1964, un combo nommé The Fugitives.
En 1965, Rocky rejoint The Spades, tandis que George devient le chanteur de Chelsea, un groupe d'étudiants. En quelques mois Chelsea acquiert une certaine notoriété, mais le départ du bassiste pour l'armée interrompt l'aventure.
En 1967, Kinney, répondant à une annonce, rejoint Tom Ramsey (première guitare), Bill Hallmark (basse), Jimmy Bird (guitare rythmique), Bobby Rector (batterie), futurs Golden Dawn, dont, grâce à son expérience et ses talents de compositeur, il devient le mentor. Tous sont férus d'ésotérisme et empruntent leur nom à un ouvrage du mage et écrivain anglais, Aleister Crowley, “The sect of the Golden Dawn”.
Le groupe se forge une solide réputation et décroche de nombreux gigs dans la région; l’on peut le voir sur les scènes de Houston, San Antonio et Austin, bien sûr! Suite logique: il décroche un contrat, signe, donc avec International Artists, aidé en cela par Rocky Erickson et Tommy Hall, autre membre de The Thirteen Floor Elevators. Bientôt, il s’attelle à la confection d’un L.P., “Power Plant”.
Quatre chansons sont écrites, un peu hâtivement, durant les séances d'enregistrement; car Kinney et Ramsey — qui co-signent la plupart des compositions — sont plus minces en répertoire qu'ils ne l'ont prétendu. Parmi elles, “Reaching out to you”, une ballade enchanteresse, éminemment soyeuse, éminemment tendre, le zénith de cet album qui paraît — sonnez tambours, résonnez musettes — au début de l’année 1968.
Bon! la voix et la manière de chanter de Kinney sont proches de celles de Rocky Erickson et, indéniablement, la musique est similaire à celle du Thirteen Floor Elevators. Il n'empêche, c’est là une œuvre captivante, papillonnante, étincelante — “Evolution” (malgré ses «listen to the sound of revolution» et ses carillons un peu vieillots); une œuvre rock ‘n’ rolleuse, caramboleuse, pulsatile — “Starvation”; une œuvre giroyante, frondeuse, fonceuse — “My time” (réplique de “You’re gonna miss me” certes, mais Alhambra de béatitude); une œuvre radieuse, cajoleuse, chamarrée — “Tell me why” —, ou calme, élégante, ciselée — “This way please”; une œuvre, enfin, mousseuse, vagabonde et rêveuse — “Every day” (le très psychédélique “Every day”) et, déjà cité, le magique “Reaching out to you”. Oui! elle est ceci et encore cela, et il serait vraiment fâcheux de la sous-estimer.
La pochette, due à George Banks et à Flash Graphics, est une audacieuse réclame pour les substances hallucinogènes, et la vision elle-même semble hallucinée. Ah! ces touffes de marijuana offrant une allure dansante d’étoile de mer. Ah! ces lilliputiens mousserons évoquant les cercles magiques dessinés par les fées!
Aucun single avant, aucun single après, encore moins de séquelle, et ce qui est aujourd'hui un objet de convoitise pour les collectionneurs est à l'époque vilipendé par la critique qui le présente comme un honteux démarquage d’“Easter Everywhere”, le deuxième album de The Thirteen Floor Elevators, sorti peu de temps avant, fin septembre 67. Sempiternelle conclusion à ce type d’épopée: désistement total de la gente artistique, flache des ventes et des espérances, désaffection des membres.
Epilogue:
Kinney et Banks publient “Openers”, le recueil de poésie d'Erickson; l'aidant ainsi à sortir du Rusk State Mental Hospital.
Après avoir frayé avec la scène californienne en 1970, Kinney fait partie d'un groupe de rock nommé Headstone. Puis il rencontre Vince Matthews, Johnny Cash, et prend part à un documentaire (“The Kingston Springs Suite”) produit par ces derniers. Après bien des vicissitudes et des virages extra-musicaux — édition, journalisme, écriture —, il réalise un album, “After the Fall”, qui voit le jour en novembre 2000.
Bill Hallmark, lui, aurait fait partie d'un groupe nommé Kubayat.
Quant aux autres, je ne sais rien, sauf qu'ils ont — Kinney, Hallmark, Bird — resurgi il y a deux ans pour un nouvel album!
www.georgekinney.com
www.austinchronicle.com/gyrobase/Issue/ ... d%3A284221