http://www.youtube.com/v/Z9IQnDRYIYUVoici un morceau qui représente bien le groupe et ce pourquoi il ne peut être dénigré par les punk.
Le groupe nous propose premièrement un morceau simple. C'est, pour ainsi dire, de la très belle pop : les trois couplets s'enchainent, enlacés par de doux et soignés intermèdes. Les paroles, énigmatiques, évoquent la tristesse qui émane du thème décliné par le saxo, le tout soutenu par de fins et silencieux coups de cymbales. Au bout de 4 minutes, le morceau est fini, le silence tombe.
Après nous avoir exposé ce bijou de simplicité, le King Crimson va nous montrer comment il construit sa musique.
En partant d'une ligne de basse, d'un simple tic tac et d'une Seule note de guitare, il va nous
prouver qu'il est possible atteindre une intensité musicale sans pareil. (La tension monte, Bill Bruford harcèle l'auditeur de tous les breaks imaginables, dépeçant la ligne de basse pendant que la guitare hurle devant la scène). Alors que cette apologie du rock'n'roll atteint son paroxysme, la musique s'efface et laisse place à un véritable compte à rebours.
Après avoir structuré sa musique devant nous, à l'aide de ses trois outils batterie/basse/guitare, il va nous montrer tout ce qu'il est capable d'en faire. La bombe à retardement explose dans en solo free jazz de saxo déchainé dont le tempo calibré au millimètre nous montre l'incroyable habileté des musiciens à jouer, et surtout à jouer
ensemble. (pont, le thème du début revient et par son calme vient foutre encore plus de tension au milieu de ce chaos théâtral.) Et après avoir montré qu'il était capable de donner vie à une musique considérée comme "élitiste", il veut aussi nous montrer qu'il est capable de la réinterpréter et d'en faire quelque chose de neuf. S'ensuit donc le double maléfique du solo de free jazz, une version torturée ou la même déchirante note de guitare va remplacer le fluide saxo dans un jazz "moderne" et métallique d'une violence incomparable. Les plus hardcore des métalleux de l'époque sont balayés par le King, qui n'a pourtant la prétention que de s'essayer au genre.
Mais - et c'est le plus important -
l'essence même de la composition se situe dans la chanson du début, qui resurgit cette fois ci à travers le masque de métal. Ainsi, tristesse dépressive et violence exaltée fusionnent en un thème hypnotique, aboutissement musical de ces expérimentations, qui ne durera que les dernières et plus belles secondes du morceaux.
Si les 4 premières minutes pouvaient être vues comme une banale chanson de rock, le reste du morceau nous prouve et démontre qu'il est le résultat d'un acharnement musical qui les a poussé vers l'éclectisme et l'expérimentation afin d'arriver à la maturité permettant de composer une musique épurée.
King Crimson joue du rock, le défend et l'affirme;
En nous déballant un panel incroyable de musique et de sentiments, il n'a pour objectif que de crédibiliser le morceau du début qui n'a absolument pas à pâlir devant une quelconque musique dite "élitiste"
King Crimson montre que le rock n'est pas une musique de jeunes sots qui font du bruit à défaut de savoir en jouer;
Car il revendique la pertinence de l'existence du rock comme courant à part entière.