Et l'incontournable !
Bob Dylan-The Times They Are A-Changin
http://www.youtube.com/watch?v=wgECKj9L ... re=related
"Les temps changent" Article paru : le 25 février 1994 dans l'Humanité (à vérifier)
« Tout fout le camp… » Même ce que l’on croyait ne jamais voir changer. Cette chanson-là, c’était un peu l’idée que rien ne serait plus jamais comme avant. Que la société de consommation n’était sûrement pas la société idéale. Que les droits des hommes prendraient enfin le pas sur ceux de l’argent. Et puis cette nouvelle, comme un coup de poignard dans le dos : une société américaine d’expertise comptable, Coopers and Lybrand, vient d’acheter les droits de la chanson de Bob Dylan « The times, they are a-changin’ » afin d’illustrer une campagne de publicité. C’était l’époque où Woody Guthrie ne tarderait pas à être célèbre. Kerouac passait son temps « On the road ». Des dizaines de milliers de jeunes Américains étaient déjà engagés dans la guerre du Vietnam. Beaucoup allaient y rester. Des centaines de milliers d’autres allaient prendre conscience qu’il était possible de « rêver » un autre monde. « Les temps changent… » chantait, en 1964, Dylan, qui ne croyait pas que les temps changeraient encore. Au point d’accaparer la chanson comme une simple ritournelle, juste bonne à faire vendre de l’expertise comptable. Ce n’est certes pas la première chanson qui servira à vendre des tampons, des yaourts ou des voitures. Quand Renault ou Carlsberg s’approprient Robert Palmer, quand Citroën ou Vania utilisent Julien Clerc, on tique légèrement. Lorsque Nike - merci Michael Jackson - avait obtenu, il y a quelque temps, l’autorisation d’utiliser « Revolution », la chanson des Beatles, pour vanter ses produits, on n’avait franchement pas apprécié. Le pire de tout, ce n’est pas d’entendre une chanson comme celle-là dans une « pub ». Le pire, c’est de penser que la société qui va tenter de se faire reconnaître grâce à cette chanson propose des expertises comptables. Décidément, Dylan avait raison. « Les temps changent… » mais à la manière dont Bécaud s’inquiétait déjà : « L’argent, l’argent. Tout s’achète et tout se vend… »
Donatien Schramm.