«What kind of life would it be
If people won’t learn to be free
What kind of life would we make
If people stop to giving just to take»
En supposant que les indications inscrites sous cette image, figurant au dos de l’unique album de ce groupe, soient celles habituelles d’un “de gauche à droite”, les deux filles au premier plan seraient: Bonnie MacDonald et Mary Garstki (chanteuses). Viennent les garçons: Ralph Williams (batterie), Pete Guerino (guitare et “lead vocal”), Ralph Toms (“lead guitar”), John Pedley (basse), Dan Passaglia (claviers et chant). Remarquez leur allure sage, leurs tenues orthodoxes — cravates soigneusement nouées, col mao escarpé — et leurs coupes de cheveux RETARDATAIRES! Car nous sommes en 1968, mes agneaux ! — époque chevelue et farfelue s’il en est — et l’on s’attend plutôt à un look tribu, style Jefferson Airplane, qu’à ce contretype des New Christy Ministrels! Maintenant, n’espérez pas en apprendre davantage, le L.P. d’origine — que l’on doit à l’excellent label Mainstream — est laconique, la réédition CD de Radioactive Records itou, et le gisement Internet pratiquement stérile.
Mais quel genre est-ce!? À qui les comparer, nom de nom!? Et bien, disons aux Mamas and The Papas... aux «Mamas and The Papas abandonnant leur dilection pour les rengaines des années 40 pour s’orienter résolument vers le psychédélisme» comme le dit, en résumé, et fort brillamment, un chroniqueur anonyme du catalogue de Bad Cat Records*. Toutefois, il convient de nuancer cette formule, car leur psychédélisme est, d’une manière générale, léger, diffus, sporadique: il ressort dans quelques notes d’orgues caressantes et satinées, dans d’ombrageux roulements de batterie, et surtout de piaillantes éruptions de fuzz accompagnées de réverbérations lancinantes, orientales et rêveuses. De plus, leurs harmonies, pops, élégantes, chantournées, ourlées parfois de clavecin, cèdent le pas à des rock turbulents, trépidants, mâtinés de
soul, révélant ainsi une apodictique parenté avec le British Beat; parenté que confirment les reprises de
Hard Hard Year des Hollies (1er titre de l’album) et
Mister you’re better man than I des Yardbirds (écrit par Mike Hugg). Des dix titres que contient l’album, deux encore constituent des reprises: le “sanfranciscotissime”
Other side of [this] life de Fred Neil, et
Sit down, I think I love you de Stephen Stills (1er album de Buffalo Springfield — 1966 —, et tube pour The Mojo Men en 1967); Passaglia et, en duo, Pedley et Toms composent les six chansons restantes: Passaglia quatre, Pedley et Toms deux.

The Growing Concern: Le Souci Croissant ou l’Inquiétude Grandissante. Ah! cet oiseau-derrick, stupide et arrogant, étirant avec son bec cet autre bec du G; l’extirpant, tel un lombric, de cette typographie algacé!... Et ce pan de matière argileuse, jaspée, comme chargée de nitrates et d’immondices!... Et ce ciel luride et crayeux! Tout dans cette image évoque l’atrophie et le cloisonnement: attributs pessimistes que reflètent nombre de chansons énonçant les travers de l’amour et de la réalité... Et là réside l’originalité de l’album: dans cette mitoyenneté d’expression de contingences saumâtres et de pop badine et colorée, «between the thin chanting level of teeny pop and the heavy, at times depressing sound of psychedelic», comme, inversement, l’annoncent les notes de pochette; et il est vrai que les saillies psychédéliques, si elles ne sont pas “dépressives” au sens premier du terme, sont du moins quelques fois méchamment tourmentées: dans
Edge of time et
Other side of life par exemple, où la guitare est acide et tranchante — spécialement dans ce dernier où elle est flanquée d’un riff hargneux et répétitif.
Le son du CD plafonne un peu dans les aigus, ce qui est regrettable, mais l’on peut néanmoins y goûter la qualité d’une production soignée, ainsi que la singulière compétence des musiciens: la batterie, à la fois minutieuse et ardente quadrille finement le tempo; la basse, toujours ronde et décidée, le punaise de petits coups vigoureux; la guitare darde ses riffs tout en hachures et en réverbérations; l’orgue festonne les mélodies de ses pampres soyeux et surets — le clavecin, comme un rameau d’aubépine, couronnant les plus délicates —; et les voix unies des deux filles, hautes, pures, vaillantes, flamboient comme le char d’Hélios parcourant l’horizon, ou brasillent, feutrées, légères, soulignant le chant de Pete Guerino et Dan Passaglia — le timbre clair, un peu fêlé, de l’un, celui plus grave, brillantiné de l’autre.
*http://www.geocities.com/badcatrecords/AA_other.htm
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