Pas de sujet dédié aux Pretties ? Diantre ! Mais au fond, ça tombe bien, ça me permet de parler un peu de mes chouchous du moment :)
Formés au début des années 60 autour de Phil May et Dick Taylor (ex-bassiste des Stones), ils se taillent rapidement une réputation du feu de Dieu, avec leur comportement encore plus outrancier, leurs reprises de standards R'n'B encore plus crades et leurs cheveux encore plus longs. Sans oublier d'enregistrer une paire d'originaux bien burnés, leurs premiers et derniers singles à produire une quelconque impression :
Rosalyn et
Don't Bring Me Down (les deux seront reprises par Bowie sur
Pin Ups).
Bon, j'avoue, cette première période purement R'n'B n'est pas ma favorite. Je ne goûte guère leur premier album, composé essentiellement de reprises (dans le même style, les Stones de l'époque sont nettement plus chouettes). Ça devient intéressant à partir du second,
Get the Picture? («
I ain't gonna quit ya, get the picture? »), avec des originaux qui témoignent d'une capacité d'écriture naissante.
Ça continue à mûrir sur
Emotions (1967). Le groupe a beau avoir renié les arrangements classiques plaqués à leur insu sur leurs titres, le résultat est très élégant, dans une veine très kinksienne, mais mémorable et admirable en lui-même.
The Sun est une petite pépite de sensibilité.
Mais bon, bien entendu, on se souviendra des Pretty Things avant tout pour
S.F. Sorrow (1968), sous prétexte qu'il a précédé
Tommy. On devrait plutôt s'en souvenir pour la grande qualité de ses compositions et la capacité des Pretties à piocher de tous côtés en ajoutant une pincée d'inventivité propre pour obtenir un pot-pourri absolument fascinant et à peine daté. J'imagine que tous les connoisseurs du coin lui ont déjà fait une belle place dans leur discographie, quant aux autres, qu'ils se dépêchent d'écouter ça et de se flageller pour avoir ignoré si longtemps une œuvre d'une telle qualité.
Après ça,
Parachute (1970) tient bien la rampe, malgré le départ de Dick Taylor. Le niveau d'écriture est toujours aussi élevé, et le groupe semble plus concentré, alternant ballades et morceaux plus durs avec une adresse consommée.
Suit le premier split du groupe, et en général, la suite de la carrière des Pretties est déconsidérée, voire carrément ignorée. C'est dommage, parce qu'il y a encore des tonnes de bons trucs à piocher :
Silk Torpedo (1974), le premier album chez Swan Song, est une véritable tuerie, excellent de bout en bout (je me damnerais pour
Joey) ;
Cross Talk (1980) montre un groupe qui a su s'adapter à merveille au son new wave/punk du moment sans sacrifier la qualité des compositions. Après des années 1980 difficiles, le groupe a retrouvé son âme, offrant en 1998 une interprétation
live remarquable de
S.F. Sorrow à Abbey Road.
Comme d'autres papys du rock, les Pretty Things continuent à enregistrer et à tourner, mais avec une énergie terrible, que d'autres pourraient lui envier. Écoutez-moi ce titre carrément épique tiré de
Rage Before Beauty (1999) :
Je ne pense pas être le seul fan ici... à vos claviers !