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Forum de rock6070 • Afficher le sujet - ERGO SUM

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 Sujet du message: ERGO SUM
MessagePosté: Ven Mai 09, 2008 6:37 pm 
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Inscription: Mer Juil 11, 2007 10:59 pm
Messages: 717
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De gauche à droite: Roland Meynet, B.B. Brutus, Lionel Ledissez, Max Touat, Jean Guérin

Ergo Sum est un groupe français dont les origines remontent au milieu des années 1960 et se situent à Aix-en-Provence. Il est surtout connu dans sa deuxième formation avec son unique 30 cm, Mexico. Cet article vous invite à découvrir son parcours, son album — et même plus! En prime, Louis vous offre une entrevue avec le batteur, Bernard Blanc, dit B.B. Brutus.

Le parcours:

La formation tout d’abord: Lionel Ledissez (chant, percussions); Jean Guérin (flûte, clavier); Michel Leonardi (guitare, chant); Roland Meynet (violon, guitare); Max Touat (basse); B.B. Brutus (batterie). Les plus anciens sont Lionel Ledissez et Jean Guérin, on les retrouve au sein d’un groupe de rock ‘n’ roll nommé The Cochran’s, puis avec Alain Richard (premier batteur) dans un combo jazz-blues. Vient ensuite Lemon Pie avec Michel Leonardi et un premier LP au tirage confidentiel enregistré en avril 1969. Les musiciens sont alors rejoints par Max Touat; ils délivrent un blues-rock mâtiné de fines harmonies vocales; Jean, ne pouvant s’offrir un piano, se contente de jouer de la flûte.

Leur ambition et un producteur antillais les conduisent à Paris en octobre 1969. Ils apparaissent au Gibus et au Rock ‘n‘ Roll Circus et enregistrent une bande démo de trois chansons au Studio CBS. Après quelques déboires, ils se retrouvent, fin décembre, à Valbonne, dans les Alpes-Maritimes, pour une série de concerts. Ils changent alors de nom, adoptant cet Ergo Sum suggéré par Jean Guérin — qui pense sans doute à l’apophtegme de Descartes, mais veut par-là signifier leur indépendance.

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Enfin, ils signent avec le label AZ, et en janvier 1970 ils sont de nouveau à Paris où ils enregistrent, au Studio des Dames, dans le 8e arrondissement, leur premier 45 tr: Give you my name/Everyday. Icelui paraît le 23 avril, orné d’un beau et serpentin logo — œuvre du jeune frère de Jean Guérin —, mais n’étant malheureusement pas promu, il passe inaperçu.

Cette déconvenue n’entame ni leur moral ni leur esprit combatif. Ils virent leur manager, reconstruisent leur répertoire, et Michel et Lionel mettent en boîte une démo d’une dizaine de chansons acoustiques.

Ils s’apprêtent à jouer au festival d’Aix, mais n’ayant pu répéter convenablement, ils sont contraints d’abandonner. C’est alors qu’ils rencontrent B.B. Brutus, ex-membre de Barricade (groupe marseillais provocateur et turbulent) et ami du premier bassiste de Lemon Pie: Edouard Magnani. Il remplace Alain Richard qui, las des aléas, jette le gant en août 1970.

L’aventure continue... Ils mettent au point deux morceaux pour un nouveau 45 tr (Night is a woman et Faces), Jean Guérin se paie le Wurlitzer de ses rêves, et ils s’en vont démarcher les labels... en France, en Angleterre, traversant la Manche en octobre 1970. Malheureusement leur répertoire est jugé trop court.

Retour en Provence, où ils s’installent dans le petit village de Gréasque, face à la montagne Sainte-Victoire. Sans Michel Leonardi, trop absorbé par ses études de droit, ils travaillent leur style et mettent au point de nouveaux morceaux. Le frère de Max Touat s’occupe du management, tandis que des amis se chargent de leur équipement.

En décembre, ils retournent à Londres pour se fournir en matériel et décident de remplacer temporairement Michel. Ainsi apparaît Roland Meynet qui s’avère meilleur violoniste que guitariste et se joint, en tant que tel, à la formation qui enregistrera Mexico.

En mars 1971, ils participent au fameux “tremplin” du Golf-Drouot et gagnent ce tremplin, captant ainsi l’attention des journalistes qui leur décernent quelques bons articles. Dès lors, ils ont le vent en poupe. Ils collaborent aux sessions de Cœur Magique (autre groupe français) au Château d’Hérouville, et enregistrent deux démos au Chappell’s Studio à Londres: All’s so comic (leur morceau d’ouverture sur scène) et I know your mother — Claude Olmos, le guitariste de Cœur Magique, remplaçant Michel Leonardi. Ils participent aussi, le 2 avril, au festival de Saint-Gratien (dans le Val-d’Oise, à 20 km de Paris) et sont jugés meilleur futur groupe de l’année.

Sacha Reins, le présentateur du festival, journaliste de Best, les présente à Laurent Thibault, très impressionné par leur prestation. Ex-bassiste du premier Magma et directeur artistique chez Barclay, l’homme vient de fonder un label dévolu aux groupes français: Thélème. Après avoir écouté leurs démos, il les signe sans hésiter, faisant d’eux les premiers d’un catalogue aujourd’hui “historique”.

Ils regagnent Paris, remontent sur la scène du Golf-Drouot, ainsi que sur les planches du Gibus où — enfin rejoints par Michel Leonardi —, ils jament avec Christian Vander, batteur et chanteur — faut-il le dire? — de l’industrieux Magma.

Au mois de mai, afin de préparer leur album, qui doit-être enregistré en août au Château d’Hérouville — ce “4 étoiles” apprécié de nombreux artistes —, ils se retirent dans une maison isolée près de Draguignan.

La première session a lieu début août. Laurent Thibault veille au bon déroulement des opérations, Dominique Blanc-Francart est derrière la console seize pistes; le premier, sous le sobriquet d’El Tibo, jouera de la guitare sèche sur Mexico, le second du Moog — appareil encore encombrant — sur Night road. Le 6 août, ils enregistrent All’s so comic dans la cour du Château devant un public restreint.

Ils reviennent en septembre — après une apparition au festival de Malaval (Ain), et sans Michel Leonardi qui choisit le droit contre la musique. Ils mettent alors en boîte le Night road déjà évoqué; titre plus commercial, voulu par leur éditeur (Chappell Music) et composé par Lucien Zabuski (Zabu) (paroles) et Eric Goger (musique): deux musiciens que l’on trouve — avec Laurent Thibault — aux origines de Magma en 1969. J’évoquerai plus loin l’aboutissement de toutes les sessions, y compris de celle d’All’s so comic, morceau qui ne figure pas sur l’album.

L’œuvre, singulièrement nommée Mexico et extraordinairement visible (je reparlerai aussi de sa pochette), paraît le 17 novembre 1971. Succès critique et bon accueil de la part des fans, mais, malgré une distribution étendue à la Suisse et à la Belgique, il ne s’en vend que 3000 exemplaires.

La formation va ensuite se désagréger. Max Touat s’en va, abandonnant la musique pour reprendre l’entreprise d’engins de levage appartenant à son père; il est remplacé par Edouard Magnani (le premier bassiste de Lemon Pie). De leur côté Lionel Ledissez et Jean Guérin, invités par un photographe, Emmanuel — dit “Manu” — Lacordaire, s’installent dans une communauté d’artistes à Saint-Ouen, dans la banlieue nord de Paris. Ils y rencontrent François Bréant, pianiste, et Marc Perru, guitariste et xylophoniste; tous deux, en compagnie de Cristian Vander, on fait partie de Cruciferius, ancêtre de Magma — le monde est petit!

Marc Perru, joue alors avec une chanteuse nommée April, mais aussi avec un groupe fondé avec des amis de Rouen, Kapak: formation connue où se trouvent aussi François Bréant, ainsi qu’Albert Marcœur (batterie), Patrice Tison (guitare) et Pascal Arroyo (basse, chant). Il quitte ces bons compagnons pour se produire avec Lionel et Jean dans une tournée de “centres de la jeunesse”. De leur côté, B.B. Brutus et Edouard Magnani participent à l’enregistrement de l’album de Zabu (Lucien Zabuski), My coffin’s ready.

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Une tentative de sauvetage à lieu en janvier 1972. Ils (Jean Guérin, Lionel Ledissez, B.B. Brutus, Roland Meynet, Edouard Magnani et Marc Perru) gagnent one more time le Château d’Hérouville et enregistrent ce qui sera leur second single: Tijuana/It’s me (j’en reparlerai!). Le premier titre est écrit par Marc Perru, le second par Jean Guérin. La pochette, Op Art, est dessinée par la sœur de Laurent Thibault.

Pour la suite, je ne sais rien des répercussions commerciales. Je sais seulement que B.B. Brutus et Edouard se disputent et quittent tous deux le groupe; Roland Meynet, apparemment, prend aussi la tangente; son violon étant remplacé par le saxophone dont Lionel, depuis la sortie de l’album, a appris à jouer.

En mai 1972, Jean Guérin, Lionel Ledissez et Marc Perru passent une annonce et recrutent deux musiciens: Gino Garilia (basse) et Jean-My Truong (batterie) — lui aussi a joué avec Cristian Vander! Ils sont alors rejoints, aux percussions, par “Manu”, le photographe, convaincu par Jean Guérin d’entreprendre une carrière musicale. L’histoire se poursuit donc, riche d’avatars et de rebondissements.

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L’album:

Cette Tête de méduse est la reproduction d’une œuvre d’un artiste irlandais, Duncan, dont Laurent Thibault admire le talent; Lionel la choisit parmi les cinquante-trois qu’il lui montre; elle figure au recto et au verso du gatefold d’origine. La musique est à cette image: pressante, vibrante, active, féconde, bachique. Elle est tellurique et aérienne: tellurique pour son assise rock-blues, aérienne pour ses finesses instrumentales — celles, inhérentes au rock progressif, engendrées par l’emploi de la flûte, du violon et d’un fourniment de claviers allant du Moog au Wurlitzer. Tellurique, chthonienne, la voix rocailleuse de Lionel Ledissez — parfois aussi puissante et vibrante que celle de Roger Chapman, chanteur de Family —, aériens, ouraniens, les élans vers le jazz et d’autres genres musicaux, tels le “classique” et le folklore mexicain. Les compositions sont de Lionel Ledissez (paroles) et Max Touat (musique), exceptions faites de Night road (déjà cité), d’Albion impressions, que Michel Leonardi signe seul, et de Faces dont il signe la musique. Les paroles sont pleines d’images violentes, funestes, nocturnes, parfois énigmatiques.

Face A:

Night road. Souffle frétillant de la flûte... mugissement grinçant, cuivré d’un Moog torturé.... clapotis de cymbale.... pouls capricant de la basse... la batterie débaroule... la voix de Lionel fuse comme un geyser, talonnée par un piano incisif et trépidant, hantée par les clangueurs du Moog. Après une brève accalmie l’ardeur batailleuse reprend: la batterie prodigue ses canonnades précipitées, le piano ses fringants coups d’estocs, le Moog ses escourgées piaillantes, puis tout se bouscule, se fronce et s’éteint.

Unparalled embrace. Les calmes fredons de la guitare sèche, les opalescences du violon, l’absence de batterie, la voix moins abrasive de Lionel, les mystérieux accents de la mélodie, son rythme voluptueux: tout concourt ici à créer une fantasmagorie propre à celles de Family; les malines de la flûte, les valenciennes des pizzicati en rehaussant encore le caractère envoûtant et lénitif.

John’s nightmare. Guitare sèche encore, violon et même “air de famille” avec un riff hutin et syncopé évoquant irrésistiblement “The weaver’s answer”. La batterie patricote, assidue, le violon sautille telle une rainette entre les strophes enfiévrées de Lionel, puis la flûte s’en vient bringuer, pimpante, jazzy, accorée par les roulements souples et tenaces de B.B. Brutus, relayée par un solo acrobatique et virtuose de Michel Leonardi.

Faces. Une fugue, classique: grâce florentine du violon modulant quelques trilles, accompagnement zélé du piano, tiquetant ses repères nacrés... La basse, la batterie, ébrasent la mélodie, la glorifient, lui donnent sa force et son sang, puis la guitare s’élance, triture ses cordes, émie l’épi de ses notes inébriantes et joncées; l’orgue supplée le piano — flanelle opaque et lisse — et Lionel se met à chanter... «Everytime I see their faces, laughing and smiling in my way»... Le piano revient, l’émotion s’effuse, bouillonne, palpite, se gorge de sa propre ardeur, et la guitare se guinde encore, quelques courts instants, puis parachève cette écliante passion en un solo dardillonnant et volubile.

Second rebirth. Poinçons du Wurlitzer, martèlement de la basse, ripements du violon, cognées de la batterie produisent un riff épais et saturnien qui s’accélère, tendu, obstiné. «And the last friendly agreement was an explosion»... Lionel récite, plutôt qu’il ne chante, des paroles apocalyptiques, le Wurlitzer trace des glyphes syncopées, le violon délinée des plaintes affligées, la batterie s’épartit en expéditives poussées: ardeur poignante, tourmentée, magmatique qui clôt cette face avec maestria.

Face B:

Mexico. Saccades de basse électrique annonçant le rythme... froissements de charleston... orgue trottinant et mucroné (semblable à celui que l’on entend dans Tarkus d’Emerson, Lake & Palmer).... déflagration de tom basse... Lionel se met à rugir: «It’s the most wonderful place I know called México [mekhico!]»... Le violon gémit... l’ambiance s’ababouine... Lionel se met à parler en espagnol... La suite est un chassé-croisé entre dynamisme et sérénité; la fin, allègre, soutenue par un orgue plus lustré, foisonne de notes cristallines, de rires, d’orthinophonies badines, le tout gansé d’arpèges de guitare, espagnols et ensoleillés.

I know your mother. Le violon s’éploie en un lamento lyrique et vénitien, gaufré par le heurt de la grosse-caisse, griffé par les cymbales, enrichi par le falun du Wurlitzer, puis la flûte apparaît, placide, bucolique, flâneuse... «Eh! eh! eh! eh! I always see a little boy»: la voix de Lionel échancre cette atmosphère, mélancolique, précieuse, et clame des plaintes abrasives. Le Moog se combine insidieusement au Wurlitzer, la mélodie s’éclipse, se drosse vers des paradis insolites, bède, reprend le cap, s’écarte de nouveau, éparpille des notes argentines, perlées, coureuses, satonnée par la frappe véhémente de B.B. Brutus, dourdée par le tempo de Max Touat, puis radine, s’offre un dernier viron avant que de se projeter dans un incandescent solo de guitare multipliant des notes fuselées, muselées par le frouement de la wah-wah, guillochées par une horde de congas et de percussions.

Albion impressions. Clarté! Douceur! Étincelante clarté, enrobante douceur. Les guitares égrènent leurs notes immaculées, escortées par la basse, et Michel Leonardi — qui remplace ici Lionel — ajuste sa voix diaphane et légère aux tonalités romantiques d’un air auquel se mêle le babil de la flûte... «Middle day in winter, The subtle glow of time, Is melting over the country, Carrying away my mind»... Friselis de violon, break vertueusement jazz-rock, lunévillé de piano, de batterie, fretté de basse ondoyante... Jeu de flux, de reflux: l’un — tribouillé par B.B. Brutus —, chamarré d’electric guitar — leste, véloce, évulsive, pleine de soubresauts et de frétillements — ; l’autre maillé de violon tendre, élégant, laconique.

Lydie. Synaulie délicate, sertie d’arpèges de guitare, bossuée par une basse concise et profonde: “rêverie” courte et exquise sur laquelle l’album se conclut.

La réédition CD de Muséa place la face B avant la face A et offre en prime trois ultra-petita (ainsi qu’une brève version instrumentale de Mexico):

All’s so comic. Enregistré en public pendant les sessions de l’album, ce titre figure sur l’anthologie du label Thélème, Puissance 13 + 2, aux côtés — entre autres — des manifestes de Magma, Catharsis et Catherine Ribeiro. Sons éraillés, distendus, mouvants.... faibles clameurs, menus applaudissements. Lionel annonce: «All’s so comic»... Wurlitzer tintinnabulant... basse vagabonde... batterie pandiculaire.... crécelle... romancines du violon: ambiance onirique, impressions stratosphériques... Soudain B.B. Brutus déracine le tempo, inaugure une symphonie nerveuse, boultineuse, chouleuse, joyeusement jazz. Jean Guérin dame le clavier de son Wurlitzer pour en extraire une ribambelle de notes claires et sporagineuses, Michel Leonardi et Roland Meynet, guitare, violon, échangent des civilités ruptiles et inspirées.

Tijuana. Face A du 45 tr paru en 1972. Guitares chatoyantes et sensuelles... long chuintement d’une cymbale, semblable à un gong... entrées de la basse, de la batterie qui tractent une mélodie flaccide, chaloupée, niellée de grelots dilucides... Le violon susurre quelques devises cendrées de mélancolie, la flûte caquetine, floflotteuse, gracile, Lionel pistolette des woh-wohs flemmards et décoratifs... Et le tempo éclate comme un pétard de quatorze juillet, puis se coagule en poum-poums jubilatoires, Lionel répète à l’envi le titre du morceau, la guitare psittacise, l’orgue, qui paraît, époint de cliquetis grêles, scintille comme le nickel et s’étire en frustes rimbombi... La quiétude revient, etc.: formule d’alternance déjà exploitée, ici, archétypale, adornée par les soli successifs du violon (andante), de la flûte (allegro), et les vocalises de Lionel (andante) marbrées de guitare wha-wha.

It’s me. Face B de Tijuana. Piano net et poupin, petits jerks basse/batterie, frappe métronomique sur le haut d’une cymbale, arc soyeux du violon: l’ambiance est jazzeuse, halitueuse, embobelineuse... Cahot! miaulements du violon, cavalcade funky de la guitare, mots clamés par Lionel, sprint de la batterie, riffs acides d’une autre guitare... Ce titre ne possède ni l’accroche mélodique du précédent, ni sa saveur exotique, mais il est d’une indéniable et féconde vitalité.

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Entrevue avec B.B. Brutus par Louis:

Cet interview comporte de nombreuses anecdotes, toutes aussi passionnantes les unes que les autres; j’espère que vous prendrez plaisir à le lire.

Louis: Tout d'abord, merci d'avoir accepté cette interview. Comment a débuté l'aventure Ergo Sum, et comment vous êtes-vous rencontrés?

B.B.: C'est tout simple. Certains musiciens de Lemon Pie, groupe d'Aix-en-Provence voulaient faire une autre musique. Donc ils cherchaient à rencontrer d’autres musiciens, même si leur choix musical n'était pas vraiment défini. J’avais fait partie d'un groupe, à Aix-en-Provence, durant les années 1966/1968, les What’s. J’avais gardé des contacts et c'est comme cela que j'ai fait leur rencontre. C'était à l'été 1970. J’étais avec le groupe Barricade, de Marseille (festivals de Biot-Valbonne). Ils me disaient qu’ils cherchaient des musiciens pour démarrer une formation. Je suis resté quelques jours en leur compagnie pour apprendre à les connaître, puis on s’est réunis dans une ferme pour jouer. D'autres musiciens étaient là; en fait, il s’agissait de savoir si je faisais l'affaire! On a ensuite cherché un lieu pour répéter; pour habiter aussi, car sur les quatre qui étaient d’accord pour démarrer, il n’y en avait qu'un qui habitait la région — chez sa famille! On a d’abord trouvé un garage, puis une toute petite maison, à quelques kilomètres d'Aix, à Gréasque, chemin de la fontaine des Dieux! On s’est donc installé là; on a débuté à quatre, car le guitariste n’était pas trop chaud! Quelques mois plus tard, après des jours et des nuits de travail, nous avions un répertoire d’une vingtaine de morceaux! On fait quelques bœufs avec des amis de passage, et le guitariste qui n’était pas très chaud est venu nous voir. On lui a montré nos morceaux, ça l’a emballé, et on s’est retrouvés fin prêts; ils nous manquait seulement du matos. On avait un peu d’argent. On a acheté un camion d'occase, et on est partis pour l’Angleterre... le pays des Beatles, des Stones! J’y croyais pas! On a fait tous les magasins. Le chanteur a acheté la Gibson blanche (gravée), avec sa caisse, du groupe East of Eden! moi j’ai trouvé la cymbale qui m’a servi de gong sur le morceau Tijuana! On a aussi acheté une sono WEN, des têtes d’amplis Orange, et d’autres accessoires encore! Ensuite, on est allé à un concert de Family! De retour, on s’est arrêtés à Saint-Etienne pour voir une amie et on a fait la connaissance du violoniste. Il était libre et on l’a emmené avec nous à Gréasque. On a repris alors les morceaux avec lui et c’est comme ça qu’Ergo Sum a démarré!

Louis: Quelles sont les grosses influences du groupe? Quels sont les éléments qui ont contribués au son bien spécifique de votre album?

B.B.: L’influence mutuelle, c’était les années 50: le rockabilly! Ca c'est sûr! des gars comme Elvis Presley, Eddie Cochran, Gene Vincent par exemple.
En ce qui me concerne, à 10 ans, je participais à des concours de chant. J’avais comme pseudo Johnny-guitare! (référence à Johnny Hallyday!), je chantais Tutti Frutti en yaourt, et j'étais accompagné par Les Bretelles Rock! Comme tous les jeunes, chacun a joué avec des groupes dont l'influence était le blues-rock anglais: les Rolling Stones, John Mayall, Eric Clapton, les Animals, les Yardbirds; j'en passe! Avec Ergo Sum hormis le rock ‘n’ roll, on écoutait du jazz, des musiciens comme John Coltrane, Miles Davis, Tony Williams, Wayne Shorter, mais aussi les Doors, Jimi Hendrix, Jethro Tull, King Crimson, Rory Gallagher! C'était une période riche, ouverte, variée: on voyageait musicalement; quand on allait chez des amis, on écoutait des musiques différentes, on faisait des bœufs avec des musiciens de rencontre. Les énergies étaient différentes, ça donnait envie de jouer! Le guitariste adorait Alvin Lee (le guitariste de Ten Years After) et son morceau favori était I’m Going Home! Le chanteur aimait beaucoup le jazz et la musique mexicaine!

Louis: Comment s'est passé l'enregistrement de Mexico au Château d'Hérouville? as-tu quelques petites anecdotes à nous donner?

B.B.: On a enregistré en plusieurs fois; la première fois, c’était en août 1971. On est arrivés de nuit en camion, avec le matériel. Il était tard et on ne voulait déranger personne, alors on s’est garés dans une petite forêt, pas loin du Château! Au matin, on était malades à gerber: on s’était garés sous un pylône électrique de quatre cent mille volts! Le studio était superbe et on nous a reçu magnifiquement. On a eu le plaisir de voir MC5 jouer trois morceaux: le groupe était filmé pour Pop 2, l’émission de Bernard Lenoir. Ils sont arrivés à 10 heures du soir dans un combi Volkswagen, ils ont installé leur matos rapidement, ils ont joué et ils sont repartis! Je n’en croyais pas mes yeux, là, devant moi, en live, les MC5! C'est pas tout. Le jour où on a enregistré All's so comic (qui a duré la journée pour la mise en place), j'ai fait l'échange de mon T-shirt d'Ergo Sum — avec le pied dans la bouche: l’affiche de notre concert au festival Ampus Pop — avec un musicien du Grateful Dead (ils devaient jouer à Auvers-sur-Oise, mais le concert avait été annulé); lui m’a donné un T-shirt du Dead Number One USA, à l’effigie d’une Harley Davidson (devant et derrière); je ne l'ai pas quitté pendant des jours!

Louis: Un concert d'Ergo Sum, c'était quoi pour toi? À quoi devait s'attendre le public en vous voyant?

B.B.: Le premier concert que l'on a fait, c’était en 1970, à la Pointe Rouge, à Marseille, une boîte à la mode; plein de groupes de l'époque y jouaient, dont Titanic. On était engagés pour le week-end; on se disait que c’était super, qu’on allait faire connaître Ergo Sum chez nous, à une heure de la maison! On avait à peine commencé notre set, on en était au troisième morceau quand le patron de la boîte nous a fait signe d'arrêter et nous a dit: «Hey, les gars! Y’a personne qui danse! Vous avez pas autre chose!?» On a remballé sans perdre un instant, on était trop avant-garde pour l’endroit, on était des extra-terrestres! Un concert d'Ergo Sum c'était comme un voyage, une histoire que l'on racontait car les chansons véhiculaient une histoire, un climat, une atmosphère, et on était heureux de la partager avec le public. All’s so comic, enregistré live, donne une bonne idée de ce qu’étaient nos concerts. En fait, c'est à un spectateur qu’il aurait fallu demander ce qu'il pensait d’Ergo Sum! Après la Pointe Rouge, nous sommes montés à Paris pour le “tremplin” du Golf Drouot, et on a gagné ce tremplin!

Louis: Vous avez tourné avec d'autres groupes de l'écurie Thélème, as-tu quelques anecdotes?!

B.B.: En fait, on a pas tellement tourné! On a fait plusieurs fois le Golf Drouot d'Henry Leproux; on a participé à quelques festivals aussi: celui de Saint-Gratien en hommage au groupe Storm — trois jours de musique non-stop —; le festival de Malaval, dans l’Ain, Ampus Pop, en 1971. On a aussi joué au Gibus, à Paris, parrainés et présentés par Sacha Reins du magazine Best. Et puis, il y a eu un concert à Marignane, plus deux, trois concerts pour les radios: Europe 1 — l’émission “Campus”, avec une interview en compagnie de Patrick Topaloff; RMC, France Inter avec José Arthur; la maison de la radio aussi! J'en oublie, mais bon! on en n’a pas fait tellement jusqu’à ce que je m’en aille en 1973... J’étais parti faire les vendanges, puis un tas de circonstances ont amené le groupe à se séparer. Deux des premiers musiciens ont continué et remonté Ergo Sum, puis ça été fini!

Louis: Aujourd'hui votre album est une pièce de collection, et votre musique est très appréciée, pourquoi, selon toi, n’avez-vous pas eu plus de succès à l’époque?

B.B.: Que dire? Ergo Sum était original pour cette période, mais tout autant que d'autres groupes qui mélangeaient un tas d'influences, rock, blues, jazz, etc.! Il se passait, en fait, ce qui s’est passé dans les années 80 avec le rock français: il y avait un tas de groupes aussi bons que Téléphone dans chaque ville, mais le show-biz a misé sur Téléphone, et voilà! À chaque époque, c’est pareil: on prend un groupe qui représente bien le moment, on le matraque en radio et hop, on passe à la caisse!

Louis: As-tu une idée du nombre d'exemplaires pressés à l'époque?

B.B.: 10 000, je crois?! Mais on peut toujours trouver le CD chez Musea, qui l’a réédité en 1994, et il y a une nouvelle réédition USA de 2007 sur Lyon Production, remixée par Vincent Tomatore; il y a les liens des catalogues sur le myspace d’Ergo Sum: http://www.myspace.com/ergosum1970

Louis: L'album en lui même est très riche, « toujours énergique mais jamais violent », on note des titres comme Tijuana et Mexico, est-ce un hasard ou y a-t-il un intérêt prononcé pour l'Amérique latine?

B.B:Comme je te disais, le chanteur adorait la musique mexicaine — d'où Mexico et Tijuana! Il avait passé une partie de son adolescence au Mexique! Il nous parlait mexicano, on habla espagnol, et aussi de Pancho Villa, un personnage très aimé au Mexique!

Louis: Que penses-tu de la scène musicale française d’aujourd’hui, y a-t-il des groupes qui t’accrochent en particulier?

B.B.: Je ne donnerai pas de noms, mais il y en a plein et grâce à Internet et tous les sites comme Starshit, Sellaband, Rock'N'France, Zikpot, Lyberty, Tagworld, Hitmuse, Musite, SFR Jeunes Talents et Youtube, tu as le choix et il y en a vraiment pour tous les goûts! Bon, les plus récents se ressemblent un peu, mais, quelques-uns devraient émerger s'ils tiennent la longueur! J'espère bien, sinon ça sera les machines qui donneront le ton! Ça va comme ça les robots, non?! Tant qu'il y aura des groupes, il y aura de la bonne musique! Merci Louis pour ce petit retour dans le passé, pas si lointain que ça finalement!

Louis: Merci à toi, surtout, d’avoir accepté de te prêter au jeu; je pense que ça donnera envie aux gens de découvrir ou redécouvrir le groupe et l’album!

Carcamousse (parcours, revue)
Louis Hauguel (entrevue)

Merci à Lou et Harvest de leurs concours: photos et documentation... Thanks guys!

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My space B.B. Brutus:
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Dernière édition par carcamousse le Jeu Nov 05, 2009 2:25 pm, édité 1 fois.

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MessagePosté: Jeu Mai 22, 2008 11:33 pm 
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SUPER CHOUETTE...
Ca m'a rappelé ma jeunesse, merci, Carcamousse oupez

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MessagePosté: Jeu Mai 22, 2008 11:44 pm 
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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Aoû 24, 2010 2:47 am 
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I wonder, does anyone have an MP3 of "Give You My Name" ?


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Fév 01, 2011 1:01 am 
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Je découvre ce groupe a l'instant avec Mexico, et me demande comment j'ai fais pour passer a coté.
Influence Jethro Tull / Family / French Touch, un cocktail assez détonnant.
Très étonnant pour un groupe Français

lovemauve lovemauve lovemauve lovemauve /5


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Fév 01, 2011 1:23 am 
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En fait, j'ai du les ignorer, il aurait fait un petit festival à Malaval dans l'AIN auquel j'étais. rougezz


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Fév 01, 2011 2:30 am 
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Je découvre ce groupe a l'instant avec Mexico, et me demande comment j'ai fais pour passer a coté.
Influence Jethro Tull / Family / French Touch, un cocktail assez détonnant.
Très étonnant pour un groupe Français

lovemauve lovemauve lovemauve lovemauve /5


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J'aime bien cet album et je l'écoute régulièrement oupez
Trpo méconnu ce groupe

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La musique est un cri qui vient de L'intérieur. B. LAVILLIERS


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Fév 01, 2011 2:35 am 
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I wonder, does anyone have an MP3 of "Give You My Name" ?Je haussais les épaules en me disant, "Ben c'te question ! Il est sûrement en bonus sur la réédition Muséa !" Je descends vérifier sur mon CD et en fait non... C'est quoi ce truc ? Y a quelqu'un qui connait / qui a ?

Super ce disque en tous cas. Un poil daté mais un charme resté intact.


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Fév 01, 2011 2:10 pm 
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Je découvre ce groupe a l'instant avec Mexico, et me demande comment j'ai fais pour passer a coté.
Influence Jethro Tull / Family / French Touch, un cocktail assez détonnant.
Très étonnant pour un groupe Français

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J'aime bien cet album et je l'écoute régulièrement oupez
Trpo méconnu ce groupeLe premier titre que j'ai écouté "Mexico" m'a donné envie de tout arrêter, et me suis dis: "Vas y Wight, fait un effort, écoute le jusqu'au bout" est arrivé ensuite 'I Know your Mother' et c'est a partir de ce morceau que je décolle.
Grandiose cet album batez


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Mar Fév 01, 2011 2:13 pm 
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I wonder, does anyone have an MP3 of "Give You My Name" ?Sorry mate, I did some searching on the web and could not find anything. nozz


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 Sujet du message: Re: ERGO SUM
MessagePosté: Ven Fév 04, 2011 3:49 am 
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never mind bro', maybe I will buy the vinyl - if I find it for under £15


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