J'avais consacré un article à ce groupe dans un
Vapeur Mauve en mai 2009 !
Komintern (dont le nom montre assez de quel côté va leur sympathie) fut formé par deux musiciens issus de Red Noise, ayant quitté celui-ci début 1970 avant l’enregistrement de l’album. Avec deux guitaristes, un violoniste, Richard Aubert (futur Atoll), un bassiste et épaulé par une section de cuivres, ils vont enregistrer l’album,
Le bal du rat mort, publié sur un label connu internationalement, Harvest (ce qui ne changera pas grand-chose au destin du disque dont les ventes demeureront modestes malgré une réédition en 1986 sur Cryonic).
Cela dit ce disque mérite un grand nombre d’éloges, ne serait-ce que par la richesse et la diversité des musiques, des inspirations, des climats et des courants multiples qui le traversent. La suite,
Bal pour un rat vivant, est constituée de différents thèmes, quelquefois très courts, repris comme des citations qui empruntent à diverses traditions. On y entend des airs folkloriques, des passages jazz où le sax délivre un chorus free, la guitare s’immisçant dans les replis du thème pour propulser le tout vers des accents canterburiens ou progressifs. Sans oublier les évocations de chansons révolutionnaires comme
Bandiera rossa (chant révolutionnaire italien) ou
Los quatros generales (chant républicain de la guerre d’Espagne).
La face 2 est constitué d’une suite, elle aussi,
Le bal du rat mort, qui débute par un hommage au maire de la ville de Tours (Jean Royer, plusieurs fois ministre et candidat aux élections présidentielles de 1974 ; père la pudeur, censeur vertueux – osons l’oxymore – bref, vieille ganache réactionnaire).
Petite musique pour un blockhaus, aux accents cuivrés et fanfare(on), anticipe les musiques du RIO et se tourne vers le jazz anglais pour la démesure et les élans parodiques (quelques mesures de Carmen de Bizet). Musique qui laisse entrevoir que les musiciens français n’avaient pas grand-chose à envier à leurs pendants anglo-saxons, tant du point de vue des possibilités instrumentales que des capacités sans équivoques pour des arrangements soignés et complexes.
Pongistes de tous les pays prend des accents revendicatifs et se cale sur un chant de La Commune de Paris,
La ligue anti-prussienne.
Et puis
Fou, roi, pantin, magnifique pièce pop empruntant quelques vers au poème de Rimbaud,
L’orgie parisienne ou
Paris se repeuple : « Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques / Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris / Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques / Elle se secouera de vous, hargneux pourris ! ». Le disque se termine par
Pour un Front de Libération des kiosques à musique qui constitue un beau final en forme de fanfare municipale. Signalons la belle pochette illustrée d’une partie d’une fresque du peintre mexicain Diego Rivera, membre du parti communiste mexicain qui vécut à Paris et fréquenta les surréalistes.
Curieusement le texte donné en lien plus haut me semble bien proche du mien !
(emprunts, emprunts...)
Merci Harvest pour ces commentaires
Cet album qui n'a pas eu de succes du tout est devenu culte actuellement et se vend à des prix fous.,un vendeur pro me l'avait proposé à 80 euros dansun état plus que moyen