Inscription: Lun Déc 22, 2008 10:16 pm Messages: 31936 Localisation: Acme Factory
|
01 - Darjeeling (William Sheller)02 - Basket-ball (William Sheller)03 - Encore une heure, encore une fois (William Sheller)04 - Les Miroirs dans la boue (William Sheller)05 - Chamber music (William Sheller)06 - Le Nouveau Monde (William Sheller)07 - Cuir de Russie (William Sheller)08 - Guernesey (Bernard Lavilliers / William Sheller) 09 - L'Empire de Toholl1 - Ouverture et rhapsodie (William Sheller)2 - 1er chant de Toholl (William Sheller - B. de Tolbiac / William Sheller) 3 - L’impératorium (William Sheller)4 - Hymne de Toholl (Jean Guidoni / William Sheller)5 - 2eme chant de Toholl (William Sheller - B. de Tolbiac / William Sheller)Réalisation : William Sheller et Mick LanaroOrchestrations : William ShellerDirection d’orchestre : Raymond Lefèvre sauf “Chamber music et “L’impératorium” : Roger BertierLaurent Roubach : guitares (1, 3) Claude Salmieri : batterie (1, 3, 4, 7), guitare (6) Renaud Hantson : batterie (2, 6) Jannick Top : basse (4) Christian Padovan : basse (7) William Sheller : piano (1, 2, 7, 8) sitar (1), claviers (4, 6) Pierre Gossez : saxophone alto (2) Geoges Grenu : saxophones (2) Marcel Hrasko : saxophone baryton (2) Gilbert Viatge : saxophone baryton (2) Francis Cournet : sax-basse(2) Quatuor (7) : Benoît Paquay : 1er violon, Jean-Pierre Catoul : 2eme violon, Eric Gertmans : alto, J.P. Emyle Dessy : cello Orchestre Impérial de la Grande Armée (9) Tolbiac Toads (9) : batterie, guitare, voix Choeurs de l’Opéra de Paris (6) : Anne-Marie Tostain, Svetlana Kurtz, Michel Marimpouy, Jean Savignol, Jean-Jacques Nadaud, Véronique Honorat, Félicien Bonifay, Yvonne LaforgeChoeurs des Hautes Tensions : Chef des choeurs : Hervé LeclercDidier Leroux, Christophe Vautier, Franck Adler, Christian Villeneuve, David Girard, Charly Huet, Iouab Habrik, Thierry Sordel, Guy Sarkany, Bernard Convert et Zimbawa, Pascal Aguetaï Enregistrements : Mick Lanaro assisté de Cyril Noton au Studio du Palais des Congrèsphotos : Benny Paso ViolaPhoto Raymond Lefèvre : Alain MarouaniPour cet album, William Sheller s'est beaucoup inspiré du monde utopiste et féerique de la science-fiction et de la bande dessinée. Il a mis plusieurs années pour l'écrire sous la lumière artificielle de son bureau aux volets toujours fermés, intercalant le tout avec la composition de pièces pour orchestres. Univers est le premier album que William a pu revendiquer entièrement : en effet pour la première fois de sa carrière, il fut complètement libre au niveau de la technique, du temps et du budget, en assumant l'écriture des chansons et des orchestrations, mais aussi le choix du matériel, la co-réalisation de l'ensemble avec Mick Lanaro... et la part de risque en cas d'échec. Les enregistrements ont duré plus de six mois, à raison de deux jours par semaine au Studio de la Grande Armée. C'est aussi son premier album écrit et conçu prioritairement pour l'écoute « en profondeur » sur un support CD : « Le compact disc, le laser nous donne une possibilité d'écriture différente. C'est-à-dire qu'on peut écrire vraiment la petite flûte qui est au loin et qu'on entend sur la colline. » A partir de cet album, William est surtout sorti définitivement du système « variétoche et promo avec tube annuel ». En étant tout à fait maître de sa création, le compositeur a enfin pu écrire et enregistrer ce qu'il voulait en essayant de mêler les musiques savantes et populaires : « C'est la jonction dont je rêvais entre la variété, le rock et la musique... pas classique, le mot m'ennuie...disons plutôt musique d'instruments. Des espèces de métissages de genres, de superpositions. C'est une tendance qui se retrouve un peu partout : dans l'architecture, dans les décors, dans la mode, dans la littérature. Il y a comme ça un jeu avec le passé, avec la culture, et c'est intéressant ! J'ai essayé de trouver une synthèse entre les rythmes du rock et les images mentales favorisées par le "classique". Et à partir de là, c'est comme un palier. J'ai trouvé où poser mes pieds et maintenant je vais pouvoir avancer plus loin. C'est pour ça qu'il y a comme une sérénité qui se dégage de l'album. »Un premier tour du monde rêvé allant des montagnes indiennes (Darjeeling), aux forêts du Poitou (Les miroirs dans la boue), en passant par l'Amérique (Le Nouveau Monde), l'île de Guernesey ou la Russie de carte postale (Cuir de Russie), sans oublier l'empire imaginaire de Toholl, que certains ont scrupuleusement recherché dans des atlas de géographie ! Il y en a pour tous les goûts musicaux dans cet album : rythmes de punk-rock, cuivres, piano, percussions, chœurs de l'Opéra... A ceux qui ont lourdement insisté sur les apparences classiques de cet album, voici ce que William répondait à ce propos : « Le terme de musique classique me gêne. Si j'avais utilisé les synthétiseurs, on ne parlerait pas de musique classique. Ce sont simplement des images que j'ai empruntées, des fois, à des époques différentes, pour simplement donner un climat. Mais dans cet album, les musiques sont moins des musiques d'accompagnement d'une chanson, pour suivre l'artiste ou la vedette, que presque des musiques de film, qui font un paysage derrière les images. » La chanson Guernesey a été écrite par Bernard Lavilliers. Et le dernier morceau du disque, L'Empire de Toholl, est un opéra-cantate « tendance pompier » composé en collaboration avec Jean Guidoni et Bruno de Tolbiac. L'orchestre qui jouait sur les morceaux était dirigé par Raymond Lefèvre, le chef d'orchestre préféré de Guy Lux : « Il peut diriger aussi bien du Mozart qu'un big-band de jazz, affirmait William à l'époque. Là, il s'est amusé, il regardait la partition, il commentait : "Ah oui, c'est amusant, tiens, il manque un bémol !" J'avais besoin de quelqu'un comme lui, qui se situe entre plusieurs courants musicaux. Je suis très content de cette collaboration ». Un contraste détonant « à la Sheller » avec les rythmes sauvages des Tolbiac toads, des musiciens skinheads que William avait découvert au cours de virées dans des lieux spécialisés en musique underground et autres squats improbables. Cet album ne comprenait qu'un seul morceau instrumental, Chamber Music : « A l'origine, c'est un thème qu'on m'avait commandé pour un film sur l'enfance, qui ne s'est pas fait. J'avais le thème, j'ai eu envie de l'orchestrer. J'ai essayé d'y mettre des paroles mais ça ne collait pas. Or j'aime bien les instrumentaux, alors je l'ai gardé tel quel. »Avec "Univers", William Sheller passe à un stade bien supérieur et, à l’image de la pochette, brosse une fresque musicale romantique en plein dans une décennie qui n'a plus grand chose de romantique, en dehors de tous les repères de l’époque. Un projet artistique mûrement pensé, édifié avec soin, et qui, bien que sans concessions, va rencontrer le succès. L’auteur compositeur va proposer une musique qui tire l’auditeur vers le haut, vers des cîmes, oserais-je dire. La beauté vertigineuse des textes et des musiques de « Univers » n’en finit pas de résonner, longtemps après l’écoute. « Quand j'ai le cœur en guenilles Je dors dans tes yeux qui brillent Et c'est parce qu'il y a là dedans Des oiseaux de feu qui scintillent Comme de l'or en brindilles Dans la chaleur du bon vent De Darjeeling » Comme l’exprime William Sheller, il s’agit pour lui de faire cohabiter deux ou trois styles musicaux, sans tenter de les fusionner ; il parle de superpositions. Cette formule n’occasionne aucune schizophrénie, mais au contraire installe une sérénité propice. Il se dégage de l’ensemble une majesté que je rapproche de la musique de Procol Harum. Là aussi, le format chanson n’est pas étouffé par l’élaboration d’une forme ambitieuse. On est en présence d’une alternative de création qui n’est pas calquée sur la musique anglo-saxonne progressive. "Univers" est un carrefour magnifique entre les routes de la chanson, du rock et du classique, quoi que l’auteur ne se rangera pas sous cette dernière bannière facilement. Sheller va désormais emprunter ces voies une à une au gré de son inspiration et du penchant de l’époque. L’artiste s’est débarrassé d'une bonne partie des caractéristiques qui avaient jalonné et personnalisé sa production jusqu’à lors. Ce n’est plus un monde urbain, drugstore, juke box et fast-food, mais un univers de palais, de cathédrales et de paysages grandioses, qu’il offre désormais. Plus de gimmicks, mais du gothique. Quelques années plus tard, le musicien procèdera à l’inverse en épurant sa création au maximum. Françoise Hardy a curieusement repris « Darjeeling » sur son album "Décalages" en 1988, réintitulée "La Vraie Vie c’est où ?". Curieusement, parce qu’elle a écrit d’autres paroles, et que la musique comporte quelques différences, ce qui est vraiment peu courant pour un morceau chanté dans la même langue.
_________________ Il est parfaitement superflu de connaître les choses dont on parle. Je dirais même que la sincérité en général dénote un certain manque d'imagination.
Dernière édition par Algernon le Sam Fév 09, 2013 5:44 am, édité 2 fois.
|
|