Bonjour à tous
Pour ma deuxième chronique j'ai choisi de vous parler d'un artiste très peu cité sur ce forum, dont un album au moins me parait mériter que l'on s'y arrête une seconde : il s'agit de l'album "nostalrock' d'Adriano Celentano.
Certains peut être vont sourire ou s'enfuir à toutes jambes, pourtant, quoique l'on puisse dire sur cet artiste résolument de variété, cet album me semble digne de figurer parmi les trésors oubliés des 70's.
Tout d'abord, pour ceux qui ne le connaissent pas, Adriano Celentano est un chanteur et comédien italien, né à Milan le 6 janvier 1938. Il débuta sa carrière dans les années 50 en étant un des premiers à adapter le Rock n Roll en italien et créa une chanson aujourd'hui considérée comme un classique : "24000 baci". Regardé par ses compatriotes comme l'Elvis italien, il nous apparaît plus proche de notre Johnny national, ayant su tout au long de sa carrière s'adapter aux circonstances musicales et rester dans le haut de l'affiche. Une différence notable toutefois, notre homme semble politiquement engagé à gauche et être un farouche adversaire de Berlusconi ......
C'est donc en 1973 après déjà plus de 15 ans de carrière que Celentano sort l'album "nostalrock". Un vrai concept album, c'est à dire où une idée directrice relie chaque plage. Mieux encore, comme dans certains albums "psychédéliques", les titres sont enchaînés, fondus, mélangés, ceci pouvant aller jusqu'à une véritable confrontation (comme à la toute fin du disque).
On trouve plusieurs styles de morceaux sur ce disque :
Tout d'abord, des classiques du Rock 'n'roll : tutti frutti
Be bop a lula
Send me some lovin
Shake rattle and roll
Le tout dans un style très heavy typique des 70's mais proche de l'esprit des originaux par sa sobriété.
D'autre part Celentano sacrifie à sa réputation de crooner en reprenant Elvis, Sinatra, les Platters, bref de grosses pointures et il faut reconnaître qu'il ne souffre pas de la comparaison, sa voix chaude, sensuelle et quelquefois très émouvante (sa version d'"Only you") faisant merveille dans ce registre.
Enfin deux choses restent à signaler qui apportent un intérêt supplémentaire à la découverte de cet album : en premier lieu on note la présence du tube n°1 de Celentano "Prisencolinensinenciusol" un must de la dance music des 70's, un ancêtre antédiluvien de notre rap contemporain.
Et puis au milieu de tout ceci surgissent quelquefois des bribes de morceaux dont la présence parait tout à fait incongrue: ainsi l'album débute par "Pennsylvania 65 000" de Glen Miller (jouée par Glen Miller) et l'on entend ailleurs "in the mood" toujours par glen miller, "guitar boogie" le classique d'Arthur Smith, dans deux versions différentes (dont une qui parait être l'originale) et même des chansons de chasseurs alpins datant de la 1 ère guerre mondiale !!!!
Je résume : un concept album, bourré de Rock'n'roll, avec un tube international, de l'émotion et un coté psychédélique et décalé, sans oublier quelques traits d'humour très italien . Voilà qui suffirait à rendre n'importe quel album intéressant !
Mais pour moi, il y a plus que de la musique dans ce mélange hétéroclite de morceaux, dans cet imbroglio musical : certes la nostalgie est l'élément moteur du concept, mais elle nous entraine au fil de l'écoute vers une véritable dialectique temporelle et culturelle (enfant/adulte, ancien/moderne).
Certainement parce que Celentano, né en 1938 (sous Mussolini), a grandi dans l'Italie de l'aprés guerre, cette Italie qui accueillait les Américains en libérateurs tout en regrettant la puissance (fantasmée) de l'ère fasciste, bref cette Italie qui se cherchait, qui hésitait entre fascination pour le "grand frère" et expression de sa culture profonde et intemporelle de même que l'homme hésite toujours entre les beaux jours de son enfance et la dureté du présent à affronter.
Un drôle de disque donc où dérriere la musique, se cache peut être une intention "spirituelle" ?
En tout cas pas mal pour un artiste.....................de variété!!!!!!!
pour écouter cet album :
http://www.megaupload.com/?d=EHQLTC74