Hier soir, j’ai vu le film Hilde, sorti cette année dans les salles en Allemagne. On y retrace la vie d’
Hildegard Knef (connue à l’époque à l’étranger sous le nom d’Hildegard Neff). Elle fut l’une des deux actrices allemandes les plus célèbres après la guerre, l’autre étant Marlene Dietrich. Le film, excellent, se base sur les propres mémoires de Knef, il ne nous la dépeint aucunement comme l’enfant chérie irréprochable de l’Allemagne, ce qu’elle ne fut jamais.
Contrairement à Marlene, le passé trouble d’Hildegard dans les dernières années de la guerre a tissé un voile sur sa carrière et sur sa vie. Hilde disait : « J’ai toujours appris à survivre, je n’ai pas appris à vivre ». À 19 ans, en 1945, elle a une liaison avec un homme de deux fois son âge dont, dira-t-elle plus tard, elle ignorait les liens avec le régime nazi (il était le protégé de Joseph Goebbels grâce à qui il devait son emploi de chef de la production cinématographique sous le IIIe Reich).
L’Allemagne est envahie, la défaite est imminente. Tous les hommes âgés de 16 à 60 ans sont appelés à rejoindre l’armée allemande pour se battre contre les envahisseurs. Ces envahisseurs dont le bruit circule qu’ils violent les femmes et les battent parfois à mort sur leur passage. Hildegard a peur. Elle demande à son amant de l’emmener avec elle, de ne pas la laisser seule. Elle revêt un uniforme de soldat, se fait passer pour un homme et ils partent tous deux au front, dans l’espoir de pouvoir fuir. Ils seront arrêtés par l’armée russe. Hildegard sera emprisonnée jusqu’en 1946, son amant sera fusillé.
Dans ses mémoires, Hilde décrit son passé lié à la guerre d’une manière qu’on sait aujourd’hui exagérée. Et le film reprenant ses propres écrits, on y retrouve la même réécriture de son histoire. Depuis, on a trouvé nombre de lettres qu’Hildegard avait écrites juste après sa libération et qui viennent démonter certains aspects trop romanesques de sa biographie.
Après la guerre, Hildegard Knef tournera de nombreux films autant en Allemagne qu’à Hollywood, à Londres et en France. Elle sera l’objet d’un grand scandale en tournant la première scène nue de toute l’histoire du cinéma allemand en 1951 dans Die Sünderin (La pécheresse).
Pourquoi j’en parle ici ? Parce qu’elle fut également une chanteuse très célèbre dès 1957, qu’elle a gravé de nombreux disques dans les deux décennies qui nous intéressent. Et comme toutes les musiques des années 60 et 70 ont leur place sur ce forum, pourquoi ne pas aussi parler d’elle et des autres chanteuses dans le même genre ? Parce que la musique allemande de cette époque, ce n'était pas seulement le Krautrock.