
John Mayall – The Turning Point 1969
John Mayall a toujours été un artiste intègre, un artiste qui ne fait jamais de concessions. Au sommet de sa gloire, alors qu'il vient de connaître le succès critique et populaire avec "Blues From Laurel Canyon", Mayall (déjà 36 ans à l'époque) décide qu'il est temps de passer à autre chose. Fini le blues électrique, en avant pour le blues "unplugged". En 1969, il dissout les Bluesbreakers, embarque avec lui le bassiste Steve Thompson, recrute deux musiciens hors pair issus du folk et du jazz, Jon Mark (guitare) et Johnny Almond (sax et flûte), répète abondamment avec eux, puis démarre une tournée mondiale. Les fans et la presse sont déconcertés. Coment ça ? Pas de batteur ? Pas de riffs électriques saignants ?!!! Mayall se serait-il ramolli avec l'âge ?
Le résultat est tout bonnement somptueux. L'artiste est arrivé à maturité et nous livre une oeuvre d'une incroyable beauté, émaillée d'envolées lyriques à vous donner la chair de poule (le solo de sax de "California", par exemple) et laissant libre cours à l'impro... organisée (car chez Mayall, on a le droit de s'éclater, mais pas de faire n'importe quoi). Le maître lui-même exécute deux ou trois solos d'harmonica hallucinants, dont le fameux solo de "Room To Move". Pas le moindre déchet. Pas le moindre morceau de remplissage. Bref, un disque parfait.
Bien entendu, les fans de John Mayall ont déjà ce disque et l'ont écouté des centaines de fois. Mais si vous aimez le blues, ou plutôt, si vous aimez la musique tout court, procurez-le-vous de toute urgence.