Parfois certains chroniqueurs osent déboulonés les statuts.
Critique de disques au lance flamme
Concert executé à la mitrailleuse
Single frappé à coup de pelle
Voici le topic des critiques les plus méchantes
On ne juge pas le fond bien sûr, ca reste que de la musique tout ça
Je commence par celle de Patrice Delbourg sur Goldman.
CA se passe dans L'Evénement du Jeudi. 5 au 11/12/1985
Jean-Jacques Goldman est vraiment nul !
L'art de faire le plein avec du vide : merveilleuse alchimie que Jean-Jacques Goldman pratique béatement, comme un essayeur de guitares qui aurait des heures de loisir.
Tout les hommes sont nés chanteurs... sauf quelques chanteurs. Goldman est de ceux-là. Rien ne disposait ce gentil dadais, longueurs et pointes, convenable, ancien diplômé d'HEC et animateur de chorale, à devenir la mascotte des ados et pré-ados de douze à seize ans. Rien, sinon une affabilité tous terrains, en lisère avec l'image bêtasse et godiche d'un Duteil, qui aurait dû le mettre au-dessus de toute critique acrimonieuse. Erreur ! Il est de salubrité publique de crier haut et fort qu'avec Jean-Jacques Goldman on s'approche au plus près du degré zéro de la chanson française. Une sorte de panacée de la grande vacuité musicale de ce milieu de décennie vagissante.
A trente-cinq ans, l'ex-guitariste de Taï Phong reconverti dans la savonnette manufacturée aime à dire : "Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent." Nouvelles méprises ! L'homme est charmant, mais ses ritournelles sont navrantes. Après le succès de Il suffira d'un signe, Goldman n'a cessé de s'autoplagier, exploitant jusqu'à la corde le filon des ballades scouts, révisées funky avec une savante panoplie d'arrangements racoleurs : Quand la musique est bonne, Envole-moi, Je marche seul , etc. Bouchons à l'entrée des manfe-disques. Le million de rondelles est allégrement franchi. Un prodige au moment où les maisons de disques crient famine ? Qu'importe, au-dessus de la mêlée, le BHL de la ritournelle gère mièvrement son patrimoine d'inanité sonore.
Adepte du tube-éprouvette, la scène n'est guère son affaire. Et pourtant il faut bien s'y coller. Goldman y paraît aussi peu à l'aise qu'un liuveteau dans le vestibule d'un life-show. Il présente bien mais plaisante moins. S'il se mêle de faire des enchaînements humoristiques, genre talk-blues, on souffre pour lui. Devant tant de gentil patronage, les mouflets lèvent leur briquet allumé, comme autrefois leurs grands frères pour Léonard Cohen. Et puis, il fallait bien s'y attendre, Goldman chante. Une curiosité. Pourquoi ne fait-il pas de la peinture, se demande-t-on tout de suite. La voix s'étrangle dans les aigus, semblable aux piailleries d'une orfraie tétanisée. Les premiers rangs craignent une otite. Les blacons demandent des cotons-tiges. Il paraît qu'il a commencé par le violon, certains préféreraient la voir au bloc.
Au fait, que nous dit-il ? Difficile à discerner. Refrains boiteux, inspiration indigente, ces bredouillis énamourés semblent hâtivement traduits du moldo-valaque. Avec Goldman, le face-à-face avec l'écriture relève de la brève escarmouche. Son extrême économie de moyens confine à la disette créatrice. Comme beaucoup, nous direz-vous. Certes, mais Goldman est une vedette, Goldman est un gros vendeur de disques, Goldman est en passe de devenir un phénomène de société, il semble donc requérir la carrure suffisante pour supporter cette esquisse de lynchage d'une image publique, aussi partisante soit-elle.
Le succès est là, vague déferlante. Mais qu'est-ce que la vogue en chanson sinon le résultat de l'adaptation d'un esprit malin au grégarisme du moment ? Goldman est un magnifique exemple de chantre mou, systématisant le couac et réinventant le néant des décibels avec la fausse modestie du doux troubadour qui fleurit chaque soir sur l'estrade pour donner ses toutes petites graines de somnifère. D'une rare opiniâtreté dans le médiocre, d'une haute fidélité dans le lieu commun, il est plus juste de parler de décomposition que de composition. Certains de ses refrains sont tellement désolants, que dans certaines préfectures, ils pourraient servir de peine capitale.
Ne touchez pas aux idoles, la dorure vous reste sur les doigts ! Mais puisque l'on parle davantage, ces temps derniers, de location que d'émotion, il n'est pas douteux que ce gracieux muscadin du vinyle fasse un excellent score au Zénith, ce qui infligera un cinglant démenti à ce présent artciel, malintentionné et sale bête. Du moins cela rassurera les mercantiles du sillon, les marchands de sirop et ceux qui pensent qu'un plan de carrière artistique peut être programmé comme un itinéraire électoral.
Pour tous les autres, s'il y a du monde dans le métro à 6 heures du soir, ce n'est pas pour cette raison qu'il y a quelque chose à voir et encore moins à entendre... Dire que Jean-Jacques Goldman est un produit pharmaceutique au goût saumâtre et aux effets secondaires fâcheux n'est pas un outrage, c'est un diagnostic. Mais les gens aiment bien les purges. Comme les gousses d'ail, elles éloignent les mauvais génies. La preuve du pire, c'est parfois la foule. Elle sera au rendez-vous. Billet célèbre, qui - quoique je n'aie aucun goût pour le travail de Goldman - est un étron. Je pourrais faire aujourd'hui, dans un hebdo de "gauche" (ha! ha! ha!) un billet sur Maé incendiaire, à base de bons mots et d'opposition primaire bonne musique/succès public. Je ne serais, à condition d'être brillant, et comprendre étant égaler, qu'à la hauteur de Maé, ni plus, ni moins.
Il me semble plus intéressant de lire pourquoi Bangs descend
Desire (on en parlait, vox, tu as trouvé le texte intégral ?), même si l'article sent la mauvaise foi et l'amour déçu, que de lire des descentes en flêche d'artistes de variété.
Parce que, de deux choses l'une dans la critique : ou tu informes sur ce que le disque est pour que les gens qui s'intéressent au genre l'achètent (ex: "ce disque est un disque de blues électrique enregistré live" - voilà, les amateurs s'y intéressent, les autres passent leur chemin), ou tu parles de ce pourquoi un disque est un bon/mauvais disque
à tes yeux.
Sinon tu ne parles pas, et surtout, tu ne fais pas une différence ignominieuse entre les artistes qui ont du succès et ceux qui n'ont en ont pas, car toute la musique populaire est un business, point. Le faire dans les pages "culture" (c'est-à-dire, la récupération des activités artistiques/artisanales par le marché) d'un magazine est ordurier. Critique méprisable d'un artiste que je n'aime pas : je mets tout le monde au même niveau.
Ah non je n'ai pas trouvé le texte complet, je vais essayer d'acheter le bouquin. Je suis vraiment intrigué par le début du texte que j'ai pu lire car ce que dis Lester Bangs est très interessant même si je ne suis pas d'accord avec lui
La chronique dont on parle ici porte plutôt sur l'artiste que sur un disque..Je suppose que c'est à la veille d'un concert qu' il a été écrit.