Ce qui fut la meilleure nouvelle de la fin d’année 2011, n’est-elle pas en train de tourner à la plus mauvaise nouvelle de ce début 2012, le marquant du sceau des espoirs déçus ? La reformation du Black Sabbath d’origine, tant attendue et porteuse de rêves (nouvel album, nouvelle tournée) n’est-elle pas en train de se fissurer à peine quelques mois après sa réalisation ?
Jusque là, nous n’avions à souffrir (mais sans doute pas autant que le principal intéressé) que du cancer de Tony Iommi qui pourrait très bien l’empêcher de revenir sur scène (mais qui n’a pas l’air de l’empêcher de composer encore). Chose sur laquelle nul n’a le moindre contrôle à la base, pour laquelle nous nous attristons mais contre laquelle nous ne ferions que vainement nous révolter. Cela suffirait à expliquer une probable annulation de la tournée de Black Sabbath comme le disent les rumeurs (qui n’ont pourtant pas l’air de se confirmer étant donné que le groupe est encore aujourd’hui annoncé à l’affiche du Hellfest, en juin) et est plus facile à avaler pour le fan qui préfère voir un de ses musiciens préférés vivant que se tuant à la tâche sous ses yeux. A contrario, ce qui passerait beaucoup plus mal, ce serait que ce retour s’effondre pour des causes de paperasses, de droits et de conflits entre personnes, dont certaines ne faisant pas partie du groupe lui-même.
Déjà, auparavant, avant ce retour, tout ce qui gênait ce come-back, c’était les négociations sur les contrats de chacun. Les quatre membres du groupe sont tous, depuis longtemps, devenus des artistes solos, avec chacun leur carrière à gérer, leur manager, leur maison de disque, leurs avocats et tout ce petit monde cherche, bien sûr, à tirer la couverture à soi, créant d’interminables dissensions. Et, alors qu’on imaginait derrière cette reformation, la fin de ces « luttes », on se rend compte aujourd’hui que c’est loin d’être terminé et que le ciment est encore très frais sur cette reconstruction.
C’est le batteur Bill Ward qui nous l’explique. En novembre dernier, nous sentions que les plus gros soucis pourraient provenir de ce côté-là mais uniquement parce que le musicien sortait d’une période de graves problèmes de santé et qu’une rechute n’était pas impossible. Mais, d’après un communiqué du musicien publié hier, 2 février, sur son site internet personnel, si le retour du Sabb’ ne sera pas total, ce sera tout sauf dû à des causes médicales – ou alors très indirectement liées à cela. Vous pouvez lire ci-dessous la traduction de cette lettre aux fans du groupe :
« A Los Angeles, Californie, le 2 février 2012
Chers fans de Sabbath, amis musiciens et personnes intéressées,
A l’heure actuelle, je souhaiterais plus que tout être capable de poursuivre l’album de Black Sabbath ainsi que la tournée. Cependant je suis dans l’impossibilité de continuer tant qu’un contrat digne de ce nom ne sera pas rédigé. Un contrat qui montrerait un tant soit peu de dignité et de respect envers ma personne et en tant que membre originel du groupe. L’année dernière, j’ai travaillé avec assiduité et en toute bonne foi aux côtés de Tony, Ozzy et Geezer. Et le 11 novembre 2011 [ndlr : date de l'annonce officielle de la reformation du groupe], toujours en toute bonne foi, j’ai participé à la conférence de presse à Los Angeles. Plusieurs jours auparavant, après presque un an de négociations, un autre contrat que je ne peux signer m’était présenté. Et, plus important encore, je veux véritablement jouer sur l’album et tourner avec Black Sabbath.
Laissez-moi vous dire que même si cette situation m’a plongé dans un état d’attente, mes valises sont prêtes et je suis prêt à quitter les États-Unis pour l’Angleterre.
Depuis l’annonce de la maladie de Tony, et le fait qu’il ait été entendu que le groupe déplacerait la production au Royaume-Uni, j’ai passé chaque jour à arriver ou à vivre quelque part en étant fin prêt à partir. C’est déjà une mission, et tandis que j’essayais de savoir ce qu’il se passait avec les sessions d’enregistrements au Royaume-Uni, j’ai fini par comprendre que ça allait être la « douche froide » (et je devrais ajouter que ce n’est pas la première fois). Je me sens exclu, je suppose qu’aujourd’hui je n’apprendrai rien de ce qui est en train de se faire à moins de signer « le contrat que je ne peux signer ».
La situation dans laquelle je me trouve semble misérable et solitaire car bien que je désire jouer et participer, je dois également défendre quelque chose et ne pas m’engager. Si je signe la chose telle qu’elle est, ce serait perdre mes droits, ma dignité et ma respectabilité en tant que musicien de rock. Je crois en la liberté et en la liberté d’expression. J’ai évolué dans un groupe de Hard/Metal. Nous avions quelque chose à défendre et nous jouions avec notre cœur en toute honnêteté et sincérité. Je conserve mon intégrité, loin d’être malade, je suis sincère et honnête, juste et compatissant.
Si je suis remplacé, je dois me confronter à vous, fans bien-aimés de Sabbath. J’espère que vous ne me tiendrez pas responsable de l’échec de la reformation du line-up originel de Black Sabbath comme cela est promu. Sans chicaner, je veux tous vous rassurer sur le fait que ma loyauté à Sabbath est intacte.
Alors voilà où j’en suis. J’expose ma vérité devant vous. Je suis prêt à démarrer SI j’obtiens un contrat « signable ». Je ne veux laisser tomber personne et surtout pas Black Sabbath ni tous les fans de Sabbath. Vous savez que je vous aime. Cela serait une bien triste journée dans le monde du Rock si cette situation actuelle se soumettait aux désirs de quelques uns.
Ma position n’est pas guidée par l’avidité. Je ne me bats pas pour une avoir une plus grosse part du gâteau (l’argent ) comme dans certains cas de chantages. J’aimerais quelque chose de reconnaissant et reflétant mes contributions au groupe, incluant les réunions qui ont commencées il y a quatorze ans de cela. Après la dernière tournée, j’ai fait le serment de ne jamais signer de nouveau un contrat déraisonnable. Je veux un contrat qui témoigne un peu de respect envers moi et ma famille, un contrat qui honorera tout ce que j’ai apporté à Black Sabbath depuis ses débuts.
Voici ce qu’il en est aujourd’hui.
Portez-vous bien et restez forts.
Je vous aime tous autant que vous êtes.
Bill Ward »
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