Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 379

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112

Deprecated: preg_replace(): The /e modifier is deprecated, use preg_replace_callback instead in /home/clients/0f46b0890d927e19a33db8813d3b9891/web/forumarchives/includes/bbcode.php on line 112
Forum de rock6070 • Afficher le sujet - Albert Ayler

Forum de rock6070

Nous sommes le Mer Juil 09, 2025 12:13 pm

Heures au format UTC + 6 heures




Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 25 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Sam Juil 14, 2012 7:36 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Something different / The first recordings (1963)





A I'll Remember April 17:41 B1 Rollins' Tune 7:09 B2 Tune Up 5:33 B3 Free 9:47

Bass – Torbjörn Hultcrantz
Drums – Sune Spångberg
Tenor Saxophone – Albert Ayler

Recorded on October 25, 1962 in Stockholm. (Bird Notes – BNLp 1)

« Je suis allé en Suède et c’est là que j’ai commencé à faire quelque chose de tout à fait différent. Des gens m’ont dit que c’était beau. Je demandais si c’était vrai et ils me répondaient : « Ce que vous sentez c’est vraiment très beau ! » Je me suis dis : « Tiens, là, j’ai peut être quelque chose… » […] « Ailleurs, lorsque je jouais, il arrivait que des gens disent que c’était mauvais et cela me faisait pleurer car ce que je jouais, c’était vraiment ce que je sentais ».
Albert Ayler


Ces enregistrements sont donc les premières traces live d’Albert Ayler, le concert s’est déroulé dans un club de Stockholm en 1962. Certes ce n’était pas en vue d’une publication phonographique, mais ce témoignage, malgré ses défauts, est tout à fait précieux pour apprécier la trajectoire de l’Esprit Saint. Évacuons d’abord l’aspect technique de la restitution sonore, ce n’est pas une catastrophe, mais on l’aura compris, on est assez loin de la sonorité des disques ECM…

En cette période Albert a pleine conscience de l’étrangeté de son art mais il sait aussi d’où il vient, il connaît la tradition du jazz, plus jeune il allait écouter Illinois Jacquet et s’intéressait beaucoup à Thélonious Monk dont il a énormément écouté et apprécié la musique. Rien d’étonnant donc au classicisme de son répertoire dans la tradition du jazz, un standard I’ll remember April qui compose la première face de l’album, une composition de Sonny Rollins, très en vogue alors et influence indéniable de notre saxophoniste, une autre de Miles Davis et enfin, Free composition d’Albert Ayler.

Peu de temps après le commencement de l’album, vers une minute quarante on entend une voix scander « Off ! off ! », ce qui en dit long sur la difficulté qu’a eu Albert Ayler à imposer sa musique, même si loin de ses terres, en territoire choisi. Comme à son habitude, il expose le thème avec une certaine fidélité, mais pas en étendard, comme il le fera plus tard avec des airs de fanfare ou de marches martiales, ici il « joue » même avec le thème, le ralentissant à l’excès comme pour s’en détacher, allant jusqu’ à le déformer à la fin de l’exposé. Il continue la relecture, lors d’une première improvisation, d’abord avec un phrasé très rollinsien, puis en décousant la mélodie avec un entrain certain. La référence à Rollins est récurrente, comme si l’ombre du géant emplissait alors le jeu d’Ayler, ce n’est que dans les passages les plus free qu’Ayler commence à exister, comme s’il s’affirmait dans le cri, les couinements et l’irrespect … La section rythmique assure sans audace, offrant un accompagnement très carré et très lâche à la fois, comme empêtrée dans une sorte d’élasticité, ce qui ne semble pas déstabiliser notre saxophoniste.

La reprise de Rollins débute par un très respectueux exposé du thème, comme en hommage à son auteur, ce qui n’empêche pas quelques audaces dans le solo qui s’échappe des règles harmoniques, on entend même quelques accords joués au piano, sans doute par Albert lui-même …

Sur Tune up Albert joue un solo nerveux et inspiré, la section rythmique fait ce qu’elle peut pour suivre et la prise de son est vraiment fautive… malgré tout cela l’énergie perdure et l’on entrevoit assez bien la route qu'il suivra, tant elle est présente en filigrane.

Free est donc signé par notre saxophoniste et ne vole pas son titre, il s’agit en effet d’une longue improvisation tortueuse, pleine d’arabesques. Le son semble fluet et ténu quant on le compare à l’énorme vibrato qui fera sa signature un peu plus tard, même sans amplification (mais c’est peut-être tout aussi bien dû à la prise de son).

Un enregistrement historique de notre estimé saxophoniste, un témoignage important mais malgré tout dispensable.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Mer Juil 18, 2012 10:56 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656


A St Paul de Vence.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Mer Juil 18, 2012 9:54 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
My name is Albert Ayler (1963)



L’original est sorti chez Debut Records, le label de Charles Mingus, comme souvent avec Albert Ayler, l’album est ressorti plus tard avec un autre nom, ici Free Jazz, Edition française.



Bass – Niels-Henning Ørsted Pedersen
Drums – Ronnie Gardiner
Piano – Niels Brønsted
Tenor Saxophone, Soprano Saxophone – Albert Ayler

A1 Introduction By Albert Ayler 1:20 A2 Bye, Bye, Blackbird 7:30 A3 Billie's Bounce 6:05 A4 Summertime 9:00
B1 On Green Dolphin Street 9:20 B2 C.T. 12:20

Recorded in Copenhagen, Denmark, January 14, 1963

C’est le second album d’Albert Ayler, enregistré en janvier 63. Il commence par une courte allocution de la voix claire et posée du saxophoniste qui se présente : « My name is… », d’où le titre de l’album, dans une courte présentation très franche, il déclare se sentir libre dans les pays scandinaves et de façon assez touchante que « one day, everything will be as it should be ».

Un mot sur le groupe qui l’accompagne. On connaît NHOP, mais ici il n’est âgé que de seize ans, peu accoutumé au free. Le pianiste joue strictement du bop et le batteur ne risque pas d’être pris en flagrant délit de battre autre chose que la mesure. Mais, malgré ce lourd handicap, l’album est passionnant à plus d’un titre !

Première surprise Albert Ayler joue du soprano sur Bye, Bye, Blackbird. On retrouve « sa patte », la façon très personnelle qu’il a d’émettre les notes en un flux sonore continu. Il aime jouer dans l’aigu, alors ici, avec le soprano, on a l’impression de redécouvrir sa façon de jouer, en contraste absolu avec le solo de piano qui suit, hard-bop, comme à la parade. NHOP avec son archet, tout en restant académique, se marie mieux avec la sonorité du saxophoniste.

Le morceau de Charlie Parker,Billie's Bounce, ne désorientera pas la rythmique qui martèle imperturbablement sa marque. Au ténor Albert Ayler ne quitte pas les clous, respecte les mesures, seul son phrasé marque sa différence. Mais il y a Summertime

Summertime, extrait du Porgy and Bess de Gershwin, cette pièce est devenue un standard, jouée par tous, partout et tout le temps. C’est une ritournelle, une bluette, mais de celles qui ne s’oublient pas, elle s’ancre en vous, cache dans ses replis comme une tristesse infinie, et l’on parcourt le jazz, toutes époques confondues, en la rencontrant, presque naturellement… Qui ne s’y est risqué ?

Et puis, une fois, un jour (ou peut être une nuit…), vous voilà face à elle, belle, immense et dévorante… monte le son et laisse toi envahir (deux conditions obligatoires), malgré l’inanité du piano, elle est là, la version ultime, indépassable, définitive. Elle pleure, vous envahit, au bout du souffle, de la note redite, feulée, sans fard et même crue. Dis t’as pas honte Albert de nous faire ce coup là ? De quoi on a l’air maintenant, tout nu, écorché, les tripes à l’air?

Dernier standard joué, On Green Dolphin Street sur lequel Albert Ayler semble parfois trouver un partenaire en la personne du jeune NHOP qui répond aux sollicitations du soliste. Les solos du saxophoniste se montrent très enlevés et se débrident avec profit. L’album se termine par C.T. sans doute en hommage à Cecil Taylor, une composition du leader pendant laquelle l’orchestre en entier semble jouer dans la même direction, d’ailleurs le pianiste est absent, c’est donc sous la forme du trio, formule gagnante avec Ayler, que se jouera ce dernier morceau, sous la forme d’une libre improvisation. Le batteur emplit les espaces à qui mieux mieux et NHOP essaie d’accompagner au maximum de ses capacités du moment… L’ensemble réussit à produire le morceau le plus intéressant ici, si ce n’est ce « Summertime » hors catégorie.

Un album imparfait mais accessible, avec une pièce d’anthologie.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Mer Aoû 01, 2012 1:50 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
New York Eye and Ear Control (1966)



Recorded July 17th, 1964 / ESP Disk – ESP 1016

Alto Saxophone – John Tchicai
Bass – Gary Peacock
Drums – Sunny Murray
Tenor Saxophone – Albert Ayler
Trombone – Roswell Rudd
Trumpet – Don Cherry

A1- Dons Dawn (01:03) A2- AY (21:21) B- ITT (23:23)

Bien qu’il ne soit paru pour la première fois qu’en 1966, New York Eye and Ear Control a été enregistré en 1964, une semaine après le mémorable « Spiritual Unity ». Le trio magique a été renforcé par des musiciens de grand calibre, Don Cherry qui représente à lui seul la mémoire du Free Jazz, Roswell Rudd héritier du Dixieland et John Tchicai musicien Européen venu du New York contemporary Five. Cet album a été enregistré pour la bande son d’un film expérimental de Michael Snow du même nom que l'album.

Don Cherry expose un solo tout en douceur sur Dons Dawn le premier morceau très court de cet album qui sert d’introduction à Ay (les deux premières lettres d’Ayler), composition d’une durée telle qu’elle permet à la musique d’Albert, toute en intensité et tension, de s’exprimer sans frein. Il s’agit d’une improvisation collective, il est difficile d’en préciser les structures, si elles existent, le sentiment d’écoute plaide plutôt pour une « jam » où chacun intervient librement, on remarque toutefois deux parties distinctes. Un tel choix oblige à une grande qualité d’écoute de ses partenaires, celle-ci est facilitée par la communauté de langage qui habite des musiciens qui, en outre, se connaissent bien. Pour rentrer dans cet album plusieurs écoutes peuvent être nécessaire, il est très free et peut paraître agressif, ce qui n’est pas le cas.

Ay commence par une improvisation collective de tous les musiciens à l’unisson, le ténor d’Albert, à la sonorité toujours empreinte d’un lyrisme généreux, exprime des phrases courtes marquées par son vibrato habituel, il semble interroger ses partenaires, Don Cherry lui répond, lui aussi à l’aide de courtes séquences successives, à la recherche d’un thème esquissé et tout de suite oublié. Le jeu de Sunny Murray se situe en interlocuteur des solistes, soit en dramatisant la musique, en questionnant les souffleurs ou en les relançant. Gary Peacock comble les espaces à l’aide d’improvisations continuelles, avec ou sans archet, donnant une pulsion ou une contradiction continue à la musique. Le trombone de Roswell Rudd est lui aussi débarrassé de son rôle de second plan et s’exprime en solo à égalité avec les autres instruments, le « son velu » du cuivre est même ici un acteur privilégié pour équilibrer la puissance d’Albert Ayler au saxophone. John Tchicai, compagnon de Roswell Rudd au sein du New York Art Quartet s’intègre à la bande avec profit, interlocuteur privilégié de Roswell Rudd, bien sûr, mais surtout voix à part entière, fondant sa voix dans l’ensemble pour mieux en tisser le lien.

La seconde face suit un schéma identique à la première, après une courte citation de son hymne préféré, Albert Ayler et sa troupe se lancent dans une coda improvisée. Les moments de calme et de fièvre alternent sur la face comme pour décrire ce New York qu’on imagine défilant sous nos yeux, celui des gratte-ciel, de la vitesse, des trottoirs bondés, mais aussi celui des clubs de Jazz de la 52th rue, de l’hôtel Chelsea, du Velvet et des mythes… Le cornet de Don Cherry vous embarque dans une sorte de tension assez proche du blues, de la plainte, du cri, vous plonge dans une sorte de torpeur dont vous secoue le saxophone amical d’Albert qui vous emmène un peu plus loin, dans une autre course. Cet album est propice à faire naître les images, ce qui témoigne de sa réussite … mais les seules images que l’on possède ce sont celles de cette pochette qui fige New York au petit matin, qui lentement sort de sa nuit et s’éveille… cette nuit qui cache la silhouette, cachée dans le décor, fondue dans l’obscur secret des ténèbres et qui sort lentement de l’ombre. Image en positif/négatif, comme si la ville avait plusieurs visages…

Un bel album assez exigeant et finalement assez coquet : il ne se livre pas si facilement…

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Mer Sep 12, 2012 6:05 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Music is the Healing Force of the Universe



Cornemuse, Tenor Saxophone, Vocals – Albert Ayler
Bass – Bill Folwell, Stafford James
Drums – Muhammad Ali
Guitar – Henry Vestine
Piano – Bobby Few
Vocals – Mary Maria


A1 Music Is The Healing Force Of The Universe 8:40
A2 Masonic Inborn (Part 1) 12:08
B1 A Man Is Like A Tree 4:34
B2 Oh! Love Of Life 3:48
B3 Island Harvest 4:55
B4 Drudgery 8:08

Impulse! – AS-9191 / Recorded at Plaza Sound Studios, New York City,26, 27, 28 et 29août 1969.

Avec ces enregistrements du mois d’août 1969 nous touchons parmi les derniers documents sonores gravés en studio de la part d'Albert Ayler. Le dernier virage artistique important s’est déroulé avec New Grass et son cortège de polémiques. Albert persiste et signe avec cet album, celui-ci ne démontre pourtant pas une uniformité dans le style, il hésite entre un certain retour à la dimension du rhythm ‘n blues avec les chants de Mary Maria, une exploration free très décapante sur Masonic Inborn et des envolées teintées de rock sur Drudgery. Un album à plusieurs facettes, donc, sans doute assez inégal, mais avec son lot de bonnes surprises.On remarque la présence de deux bassistes, Bill Folwell (basse électrique) sur le canal gauche et Stafford James sur le canal droit.Tous les morceaux sont écrits par la compagne d’Albert, Mary Maria Parks.

Music Is The Healing Force Of The Universe ouvre l’album, le chant de Mary Maria se projette au-dessus des abysses creusés par le piano de Bobby Few, c’est un blues gorgé de vibrato chanté avec force et puissance, mais à la recherche de son âme. La plainte vibre sans soutien tandis que le saxophone d’Albert se fait Coltranien, prolongeant la quête, Muhammad Ali porte le témoignage de l’héritage. Le morceau évoque aussi les premiers témoignages de Pharoah Sanders dont les épaules croulent déjà sous le poids du père spirituel. C’est donc un morceau très intéressant, entre free et tradition, le mélange représentant à lui seul une prise de risque qui s’avère réussie, Albert Ayler est bouleversant au saxophone et, dans le duo qui l’unit à Mary Maria justifie à lui seul le choix artistique.

Le second morceau qui occupe la première face, Masonic Inborn (Part 1), est le principal morceau de bravoure de l’album. L’utilisation de la cornemuse par Albert Ayler suscite déjà la curiosité et l’intérêt, de la cornemuse free, voilà qui n’est pas très banal ! D’autant que plusieurs pistes enregistrées ont été superposées, créant un effet de masse sonore aux sonorités inhabituelles. Bobby Few improvise de longs solos accompagnés par la basse et la batterie de Mohammad Ali qui explore les rythmes les plus complexes. Ce mélange détonant développe une puissante énergie assez unique dans le petit monde du free.

A Man Is Like A Tree et Island Harvest n’ont hélas que peu d’intérêt, les paroles sont assez banales et la voix de Mary Maria est loin d’être transcendante sur ces compositions tout de même sauvées par les accompagnateurs. Oh! Love Of Life est un gospel chanté par Albert Ayler, on retrouve les traces de la technique vocale de Mary Maria dans le phrasé, mais avec un supplément d’âme qui fait la différence.

La véritable surprise c’est Drudgery, un blues électrique avec un excellent solo de guitare, très rock, de la part de Henry Vestine du groupe Canned Heat. Certains puristes y verront peut-être une accroche commerciale et feront la fine bouche, je pense plutôt qu’il ne faut pas bouder son plaisir et y voir une manifestation de joie festive, Albert Ayler a toujours été sincère dans sa musique, depuis ses premières compos où il intégrait des thèmes simples et même parfois naïfs, jusqu’à ce blues-rock décapant joué vers ce qui s’avèrera être la fin de sa vie…

Un album inégal mais qui n’est pas sans intérêt.

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Sam Nov 03, 2012 2:54 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
The last album – 1971



Impulse! – AS-9208 / Enregistré à New York , August 26, 27, 28 and 29, 1969.

Bass – Stafford James
Bass, Electric Bass – Bill Folwell
Tenor Saxophone, Cornemuse sur "Untitled Duet", Vocals sur "Desert Blood" – Albert Ayler
Drums – Muhammad Ali
Electric Guitar sur "Untitled Duet" et "Toiling" – Henry Vestine
Piano – Bobby Few
Vocals sur "Again Comes The Rising Of The Sun"– Mary Maria

Face A 1. Untitled Duet - 4:32 2. Again Comes The Rising Of The Sun - 6:52 3. All Love - 8:59
Face B 1. Toiling - 5:06 2. Desert Blood - 5:58 3. Birth Of Mirth - 5:20 4. Water Music - 6:10

Henri Vestine était l’ancien guitariste de Canned Heat, pendant que le groupe jouait au festival de Woodstock, lui était aux Plaza Sounds studios de New York et enregistrait aux côtés de Ayler ! La première partie de ces sessions a été publiée sur l’album Music is the Healing force of the Universe et, bien que nous soyons un an avant les fameux concerts de la Fondation Maeght, le reste des bandes enregistrées ne sortira qu’après la mort d’Ayler sous la forme de cet album, de quoi se poser des questions sur la pertinence de cette publication… Chutes de studio ? Outtakes ? ratages ? album inachevé ?

Première curiosité c’est Mary Parks alias Mary Maria, la compagne d’Albert Ayler qui signe ou co-signe tous les titres, Albert Ayler est absent des compositions, artistiquement ça pose question… Il semble bien finalement que cet album soit constitué intégralement par les morceaux non retenus lors de la première publication des enregistrements de cette session pour Impulse, reste à en apprécier la valeur et la saveur.

Untitled Duet joué en duo (donc) par Albert Ayler à la cornemuse et Henri Vestine à la guitare électrique est superbe et étonnant, cette musique est diablement actuelle et ferait pâlir une bonne partie de l’avant-garde contemporaine, Vestine joue dans un registre bluesy en utilisant des distorsions et des effets comme le faisait Jimi Hendrix, Ayler lui répond en utilisant les possibilités de la cornemuse créant un véritable dialogue improvisé où le mélange des sonorités est détonnant et même jubilatoire. Une belle réussite, donc !

Again Comes The Rising Of The Sun est voué au chant de Mary Maria et rappelle des performances équivalentes sur le précédent album pour Impulse, ce qui n’est pas réconfortant, mais tout de même il y a Albert qui envoie un superbe solo, bien soutenu par Muhammad Ali qui assure et Bobby Few toujours pertinent. Il y a un tel lyrisme dans ces interprétations qu’elles résistent avec force à tous les naufrages et reviennent invariablement sur la platine, je crois même que ce sont de ces imperfections que jaillit avec plus de force l’éclatante beauté.

All love est très Coltranien et anticipe même l’univers dans lequel se complaira Pharoah Sanders. Le morceau est habité par une belle spiritualité. Bobby Few s’y montre volubile, tissant des nappes sonores qui portent le soliste et le relancent sans cesse, le soutenant et le poussant, celui-ci délivre un magnifique solo tout en retenue et en émotion contenue, jouant avec la belle mélodie du thème. Le duo des bassistes improvise alors un grave dialogue, Stafford James à l’archet et Bill Folwell pizzicato. Décidément nous sommes bien loin là de chutes de studio…

Face deux, retour de Vestine sur Toiling, un blues dans la lignée de Canned Heat, rien de déshonorant dans cette composition sans faiblesse ni étincelles. Desert Blood est par contre assez étonnant, Albert y chante en utilisant le re-recording, se faisant écho, malheureusement rien de bouleversant dans cette interprétation, si ce n’est le côté anecdotique et l’émotion d’y entendre la voix du saxophoniste disparu.

Birth Of Mirth est beaucoup plus intéressant, très free, c’est une plongée dans les années antérieures, peut-être un peu moins de fougue et de folie, mais on retrouve l’hyper-énergie toujours présente, même si elle se montre un peu plus canalisée.
Cette énergie maîtrisée fait merveille sur Water Music, somptueux et magnifique de bout en bout, toute la force émotionnelle contenue dans la musique d’Ayler est ici présente et s’offre à nue, en une prière touchante et bouleversante. Sublime.

Malgré ses insuffisances ce disque restera un disque compagnon.


_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Dim Déc 09, 2012 2:11 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mar Nov 24, 2009 9:00 pm
Messages: 1377
Localisation: Grenoble / Angers


Nuits De La Fondation Maeght Volume 1 (1970) Shandar – SR 10000

• Bass – Steve Tintweiss
• Drums – Allen Blairman
• Piano – Call Cobbs
• Saxophone [Tenor, Soprano] – Albert Ayler
• Vocals, Saxophone [Soprano] – Mary Maria

In Heart Only 4:55 Spirits 14:15 Holy Family 10:10 Spirits Rejoice 6:57



Nuits De La Fondation Maeght Volume 2 (1970) Shandar – SR SR 10004

Truth Is Marching In 7:25 Universal Message 8:05 Spiritual Reunion 7:35
Music Is The Healing Force Of The Universe 8:15


Ces deux soirs là, à St Paul de Vence, les 25 et 27 juillet 1970, Albert Ayler a été un homme heureux. Au milieu des œuvres d’art, entouré de l’homme qui marche de Giacometti et de l’oiseau lunaire de Miro, il est aimé. Enfin. Albert Ayler aspire à la reconnaissance, son art est difficile, brut, viscéral. Ni intellectuel, ni poseur, il n’a pas mis de distance entre lui et le public, il offre son âme, la poitrine est découverte, nue.

Albert Ayler aime venir en Europe, il se souvient de son passage à Orléans en tant que GI au service de l’oncle Sam et des US Go Home peints sur les murs, il se souvient aussi qu’il était déjà aimé quand il jouait de façon si bizarre du sax ténor avec son anche coupée, pour mieux sortir son énorme son. L’ Europe lui fait plutôt bon accueil, enfin pas partout, pas toujours, il y aura aussi des quolibets, des moqueries, faut dire qu’il aime jouer des ritournelles, qu’il interprète la Marseillaise avec entrain, qu’il se moque des règles de l’interprétation. Il subjugue autant qu’il choque, alors il faudra patiemment creuser son chemin et faire sa route.

Aimé Maeght était un mécène et un commerçant d’art. Fou de jazz et de modernité il se passionne pour la musique contemporaine et le free Jazz et créé à partir de 1965, à St Paul de Vence, les Nuits de la Fondation Maeght où se côtoient la danse contemporaine, l’architecture, la peinture et bien sûr la musique. Lors de ces rencontres on peut côtoyer Xénakis, Terry Riley, Boulez, Sun Râ (les fameux concerts), Cecil Taylor (fabuleux), Boulez, Messiaen, La Monte Young et bien sûr Albert Ayler…

Ces enregistrements témoignent de ces nuits-là, de cette reconnaissance si attendue, de l’émotion et de la fierté de se voir ainsi reconnu et compris. Ces enregistrements portent aussi leur part d’ombre, reflet en négatif du miroir qui se brise en dévoilant la face sombre et cachée d’une âme torturée par l’incompréhension et le mal-être. Ce triomphe marquera le point culminant de sa carrière d’artiste.A St Paul de Vence, il a fait un malheur, c’est sa consécration définitive, il est rappelé six fois, huit fois, dix fois écrit Daniel Caux sur les notes de pochette…

Le retour à New-York sera un véritable cauchemar, après la lumière, la nuit, la mort voulue.
Impulse lui tourne le dos, sa mère lui fait de graves reproches, certains l’accusent de flirter avec le rock et se détournent de lui.Après avoir été élevé au statut de génie, le voilà reléguer au simple rang d'artiste de cirque...

Chienne de vie...


Ce devait être un rendez-vous immanquable.
J'ai commencé par le volume 2, magique. Music Is The Healing Force Of The Universe est à tomber.
Je vais me repasser ça, volume 1 puis volume 2.
Je crois que je tiens mes albums références d'Albert Ayler.


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Sam Déc 15, 2012 9:24 pm 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Ce devait être un rendez-vous immanquable.
J'ai commencé par le volume 2, magique. Music Is The Healing Force Of The Universe est à tomber.
Je vais me repasser ça, volume 1 puis volume 2.
Je crois que je tiens mes albums références d'Albert Ayler.

Deux albums sommes, sans aucun doute parmi les plus beaux.




Rogue Art- Rog 00040 (09-2012)

Jean-Jacques Avenel (b), Jacqueline Caux (voc), Jean-Luc Cappozzo (tp, flh), Steve Dalachinsky (voc), Simon Goubert (voc), Raphaël Imbert (saxes), Sylvain Kassap (cl), Joëlle Léandre (b, voc), Urs Leimgruber (ss), Didier Levallet (b), Ramon Lopez (dms), Joe McPhee (ts, flh), Evan Parker (saxes), Barre Phillips (b), Michel Portal (bcl), Lucia Recio (voc), Christian Rollet (dms), John Tchicai (as)

Un Cd sorti il y a quelques mois. C'est l'enregistrement d'un concert organisé par Joëlle Léandre et Frank Médioni à la Fondation Cartier en décembre 2010 à l’occasion du quarantième anniversaire de la mort d’Albert Ayler. Le CD débute par une introduction parlée de Jacqueline Caux lisant un texte célèbre écrit par son mari Daniel Caux . Celui-ci a longtemps enquêté sur la mort d'Albert Ayler et a beaucoup œuvré à la reconnaissance de l'artiste.
Les morceaux joués forment une longue suite free pleine de cohérence, les "miniatures" étant traversées par la même ombre, sans toutefois plagier ou même rejouer ou citer la musique d'Albert. Ce qui souffle avant tout c'est le "Holy Ghost". Les musiciens se succèdent en improvisant, soit en solo soit en se regroupant, organisant ainsi les titres qui reprennent le nom des improvisateurs. Sans doute une mention particulière pour John Tchicai, Evan Parker et Joe Mc Phee les souffleurs...



Un photo extraite du CD Albert et Don Ayler, Août 1966

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Dim Déc 16, 2012 12:21 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Lun Juil 06, 2009 9:57 pm
Messages: 209
J' aime bien Ayler dans les grandes formations, ça devrait me plaire ! oupez
(Sinon, j' avoue que je m' ennuie un peu avec lui en trio.)


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
 Sujet du message: Re: Albert Ayler
MessagePosté: Dim Déc 16, 2012 4:08 am 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Sam Oct 23, 2010 1:06 pm
Messages: 1656
Pour percevoir l'évolution de la musique d'Ayler il est préférable de miser sur la durée, des périodes différentes se dégageant, plutôt que sur le nombre des accompagnateurs, étant assez peu coutumier des big bands par exemple (oui, oui les fanfares en début de carrière...)

_________________
"Music is the healing force of the Universe" Albert


Haut
 Profil Envoyer un message privé  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 25 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2

Heures au format UTC + 6 heures


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher:
Aller à:  
cron
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group. Color scheme by ColorizeIt!
Traduction par: phpBB-fr.com