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Forum de rock6070 • Afficher le sujet - ANALOGY — THE STORY

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 Sujet du message: ANALOGY — THE STORY
MessagePosté: Mer Mai 07, 2008 4:03 am 
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Inscription: Mer Juil 11, 2007 10:59 pm
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Cette histoire est pour une part écrite par Martin Thurn, guitariste du groupe; et cette part est écrite en anglais. Mais elle a été traduite et figure ainsi sur le blog de Nain Dien (qui a également collaboré à ce récit); c’est donc une version entièrement française que vous pourrez y lire, tandis qu’ici vous est proposée la version originale, version qui, c’est certain, fait part des subtilités et reflète l’originalité d’un travail qui a duré plusieurs mois. Toutes les photos concernant Analogy sont reproduites avec la permission de Martin Thurn.

Version traduite:
http://www.naindien.com/spip.php?article388


Sur la route sinueuse du rock ‘n’ roll, plusieurs groupes auraient mérité de connaître un destin brillant, une large reconnaissance, un autre statut que celui de “cult band”, cette Croix de Malte de ceux qui ont été sacrifiés sur l’autel de l’oubli: Analogy est l’un d’eux.

Aujourd’hui, hormis la patrouille discophage qui ne cesse d’explorer le Mato Grosso du passé et quelques anciens zélateurs, qui se soucie d’Analogy?... Ah, triste époque! Heureusement, Carcamousse et Nain Dien, grandement secourus par Martin Thurn, guitariste et fondateur du groupe, sont là pour combler ce vide, corriger le tir, réparer cet affront; oui! Carcamousse, le d’Artagnan du verbe et Nain Dien, votre nabot préféré, vont vous conter les péripéties et les avatars de cet estomirant combo.

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The Joice (de g.à dr.): Martin Thurn, Hermann-Jürgen “Mops” Nienhaus, Jutta Nienhaus, Mauro Rattaggi

Analogy est un groupe basé à Varèse, près de Milan, en Italie. Son premier nom est The Joice, un calembour: un amalgame de “James Joyce” et “joy”. Il se forme au début de l’année 1970. Il comprend alors Martin Thurn (guitare, flûte, bongos), Jutta Nienhaus (chant), son frère, Hermann-Jürgen, dit “Mops” (batterie) et Mauro Rattaggi (basse). Tous fréquentent la Scuola Europe, une école internationale, et tous sont allemands, à l’exception de Mauro Rattaggi qui est italien. Martin Thurn a déjà formé un groupe (No. SIX), début 1968, alors qu’il habitait Bonn; la même année, dès son premier trimestre, il forme Sons of Giove avec Wolfgang Schoene (guitare et chant); cet autre camarade de classe rejoint The Joice en septembre 1970 et joue de la guitare rythmique.

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Sons of Giove en décembre 1968 (de g. à dr.): Martin Thurn, Roger Schmidt, Wolfgang Schoene

The Joice bénéficie rapidement d’une certaine notoriété et se voit offrir dès 1970, par Johnny Leonardo, un contrat de management; ce qui lui permet de s’acheter du bon matériel et de tourner de manière plutôt intensive dans le nord de l’Italie et en Suisse, dans le proche canton du Tessin.

Après un concert dans la banlieue de Milan, durant les fêtes de Pâques, en 1971, Antonio Cagnola, un homme d’affaire de Monza, approche le groupe. Il vient de fonder un petit label nommé Dischi Produzioni 28 (ou Ventotto) et a beaucoup de relations dans l’industrie du disque; notamment avec Messagerie Musicali, la plus importante compagnie de distribution du pays. Par son entremise, en mai 1971, The Joice enregistre deux chansons dans un studio de Milan: “God’s own land” et le célèbre “Hey Joe”; malheureusement, leur piètre qualité technique ne leur permettra pas de paraître.

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Peu après, Jutta enregistre un 45 tr avec un chanteur nommé Ice (Alta Società), “Here’s to you/Hot love”: deux énormes succès de l’époque; le premier, chanté et écrit par Joan Baez (musique d’Ennio Morricone), appartenant à la bande son de “Sacco et Vanzetti”; le second étant cet hymne du glam rock fécondé et clamé par Bolan. Martin: «It was released for jukebox purposes only. It was a bit like: you record that for us and we make you record your own single [ce single, “Sold out/God's own land”, va, nous l’allons voir, effectivement paraître!]. No money, of course! Still, we played “Here's to you” during live gigs in Yoice times as people had heard the single and reacted positively.».

The Joice signe donc avec Dischi Produzioni, qui, de plus, leur assure toute liberté artistique, et tourne dès lors presque sans interruption. Que jouent nos ménestrels?... Martin: «Well, we certainly played the single [“Sold out/God's own land”] as the songs had been written before the band even started. We also played many of the songs on the Analogy LP before it was recorded, such as “The Year's at the Spring”, “Dark Reflections”, “Indian Meditation”, but that was a gradual process as the songs were written while the band was gigging. 50% of the J(Y)oice repertoire were songs by other bands but always arranged in our own way, so it wasn't really “covering”. Pink Floyd, Stones, Beatles, Jimi Hendrix (“Hey Joe”), the Who, Spencer Davis Group etc. provided the material for completely new arrangements, which was occasionally a problem as the club owners expected a copy of the original. The other 50% were our own songs, some of which I can't even remember.».

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Nikola Pankoff

Par un beau soir de juin (1971), ils participent à un festival en plein air près d’Arona, au bord du lac Majeur, jouant en première partie de Toad (un groupe suisse), quand soudain, Nikola (Pugliese) Pankoff, organiste du précédent combo, se joint à eux; un souvenir impérissable pour Martin: «We went into a dopy rendering of Pink Floyd's “Atom Heart Mother”, the sun was setting, and all of a sudden, initially unnoticed by us, we heard this wonderful Hammond organ playing along and opening another dimension to our music. I remember looking at Jutta in disbelief and saw her big smile. Analogy was really born then, even if it took almost another year of gigging to change to that name.». Nikola Pankoff est italien, Pugliese est son vrai nom, Pankoff son nom d’artiste; sa participation va durer quatorze mois.

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De g. à dr.: Martin Thurn, Mauro Rattaggi, Wolfgang Schoene, Jutta Nienhaus, Nikola Pankoff, Hermann-Jürgen Nienhaus

Ce même été, ils enregistrent leur premier single, “Sold out/God's own land” (nous y voilà!). Une coquille les rebaptise Yoice et ils vont conserver cette appellation. Les deux titres sont signés par Martin et un certain Falenito... Martin: «“Falenito” was a pseudonym of Aldo Pagani. He told me that I could not possibly become a member of the SIAE (author's rights) as that required heavy examinations (a complete lie), so he had to register the songs. In short, he pocketed all the money. Ah, young and naive, that's what we were!».

«When I grew up I sold my body
I got a puppet
I don't know where I stand»
— “Sold out”

Bon! Il faut le dire, l’intro à l’orgue sur un air de valse appuyé par la batterie dégage tout le clinquant lyrico- précieux d’une époque, et Analogy remue cette barbotine avec ostentation, souquant ferme sur les avirons d’un slow pattes d’ef’ des plus convenus. Mais il y a la voix de Jutta! une voix de soprano puissante, fière, vibrante, évoquant furieusement celle de Nico, il y a aussi les notes graves et solennelles des couplets et — l’on n’y revient — les taquets aquatiques de l’orgue: l’omniprésent et vigilant orgue Hammond de Nikola Pankoff. Le final est bizarre: on croit à un fade out, mais le volume remonte et Jutta clame un ultime distique dont le dernier mot se consume dans un fracas de cymbales et un bref accord plaqué.

La suite!?... Un piano distribuant de petites notes chatoyantes, un orgue plaquant des accords nourriciers, et vlan, batterie, guitare! Ce “God's own land” suggère ce que sera l’album avec cette gratte bondissant dès l’entrée, se déployant en de paresseuses torsades psychédéliques, soutenue par un orgue et une ligne de basse bien ronde, bien dodue. Les paroles évoquent les ténèbres et les duretés du cœur humain: «Walking through a silver sky, In the darkness of the day, Watching people passing by, They seemed to know their way, They had no ears they had no eyes, But to kill they had two hands».

Les ventes sont excellentes, grâce surtout au pressage réalisé pour le circuit des juke-boxes où “God’s own land” se retrouve couplé avec “The Dice”, chanson d’un groupe nommé Ihre Kinder’s — avis aux collectionneurs!

Fin 1971, Mauro quitte à regret le groupe, contraint d’effectuer son service militaire; Wolfgang Schoene se charge alors de la basse.

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De g. à dr.: Jutta Nienhaus, “Mops”, Martin Thurn

En mai 1972, les musiciens enregistrent leur premier L.P. aux Mondial Sound Studios à Milan. Antonio Cagnola, l’homme d’affaire, a convaincu Aldo Pagani, producteur et éditeur réputé, de participer à cet enregistrement en tant que producteur exécutif. Cela semble mirifique, mais, au grand dam des intéressés, ce dernier n’accorde finalement que deux jours de séances, mixage compris! Ils adoptent alors le nom d’Analogy, Martin nous dit pourquoi: «It's taken from the title track of the album, which we played a lot in Yoice times before recording it. We thought that the music was a kind of an analogy to a couple of LSD experiences while listening to Pink Floyd's “Ummagamma” and “Atom Heart Mother”. That particular track actually originated in a little cottage in the mountains above Laveno [Laveno-Mombello, commune de la province de Varèse] where the band spent a week in isolation to prepare new music. I remember us playing “Analogy” for the first time outside the cottage (we took the whole P.A. out), when all of a sudden a group of about 20 hikers appeared to listen to that weird stuff in complete silence. There was an almost eerie atmosphere, very intense. Since the music was entirely different from “God's Own Land” and “Sold Out”, we decided then to change the name once the album was recorded.».

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De g. à dr.: “Mops”, Wolfgang Schoene, Jutta Nienhaus, Nikola Pankoff, Martin Thurn

Il paraît au début du mois de juin 1972 avec ce cliché plutôt racoleur sur lequel nous reviendrons. Nikola Pankoff avait une autre idée et en avait proposé la maquette à Cagnola et Pagani, «a lovely cover, a little bit psychedelic but still concrete in so far as birds appeared in the middle of a weird design» se souvient Martin, mais il fut jugé plus simple et plus “payant” d’utiliser cette image prise lors des séances pour la pochette du 45 tr. Afin de masquer Mauro Rattaggi, qui ne figurait plus au line-up, on se contenta d’ajouter cette bande bleue — l’on constate que l’homme est également (presque) caché sur la pochette du 45 tr! Néanmoins le groupe réussit à voir cet objet un peu “olé olé” scellé dans une enveloppe où figurait le “pied” reproduit ci-dessous; en réalité la photo d’un cendrier appartenant à Pagani — photo répliquée aussi au dos du L.P.. Mais parlons du contenu!

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«I love you and do you love me
I feel the contradiction’s knee,
Is touching me and I’m unfree
Why did you lie? why did you lie?»
— “Dark reflections”

Nain Dien: La formule est simple et fonctionne à merveille: la magnifique voix de Jutta guide l’auditeur à travers les climats sombres et planants instaurés par la guitare de Martin et l’orgue de Nikola Pankoff.

Carcamousse: Ce qui me soulève, c’est ce lyrisme étincelant et barbare que confère la frappe tonique et tournoyante du batteur, ainsi que le soprano princier de Jutta. Ces climats sombres, dont tu parles, évoquent pour moi l’âme des Niebelungen, j’y vois des guerriers vêtus de lourdes armures, des citadelles perchées sur des collines, des forêts magiques et profondes, des étangs noirs illunés, des cavernes où dorment les dragons.

Nain Dien: Ce “Dark Reflections” qui ouvre l’album, possède une intro et une mise en place rythmique typiques du rock progressif, non!?

Carcamousse: Oui! Ces arpèges hospitaliers, doux et pimpants, alternant avec une phrase mélodique plus heurtée, menée par l’orgue et la batterie, puis cette brusque rupture de tempo installant une ambiance radicalement différente, ici funèbre, omineuse, tragique.

Nain Dien: Les paroles sont mystérieuses et l’accent de Jutta est aussi brumeux que leurs sens, je crois que l’on peut dire que ce sera une constante pour ce groupe?

Carcamousse: Fichtre! Mais il reste son timbre de Valkyrie, de dompteuse de loups, triomphante, superbe, et les inflexions érotico-félines dont elle pimente le refrain — «Dark reflections, oh, yeah!» —, de quoi faire bander une momie!

Nain Dien: Sacré Carcamousse! En fait, tous les critiques s’accordent à déclarer que l’essentiel n’est pas le texte mais la musique; ainsi “Weeping may endure”, le titre suivant, n’en contient pas.

Carcamousse: Ecoute bien! On pourrait croire que Jutta émet seulement quelques modulations aiguës, éthérées, filamenteuses, mais elle susurre «Weeping may endure for a night, But joy cometh in the morning», deux vers d’un psaume (30:5) employés par John Milton dans le “Paradis Perdu”. La particularité de ce titre est son alternance de riffs lourds et crochus et la féerie de ses modulations clairement soulignées par la frappe en pointillé des cymbales. J’adore le petit solo d’orgue, véloce et jazzy, qui déboîte sur la fin.

Nain Dien: Je trouve assez similaires les deux instrumentaux suivants, “Indian meditation” et “Tin’s song”, dans leur construction avec le thème de l’orgue mis en avant. Le claviériste, avec la voix de la chanteuse, reste, pour moi, la grande force d’Analogy, qu’en penses-tu mon cher Carcamousse?

Carcamousse: A cette différence que le second est doux et paisible et, à mon sens, anodin, alors que le premier est lourd et envoûtant: la frappe gyroscopique du batteur développant cette vigueur incantatoire, ce caractère tribal qui est le cortex de cette “méditation”. Et ce n’est pas exactement un instrumental, cher Nain Dien, puisque Jutta entonne quelques «ouh! ouh! ouh!» mi-squaw mi-cantatrice. Je tiens aussi à faire remarquer la flûte à bec jouée par Martin: ces notes frustes et lancéolés qui semblent célébrer la magie de l’aube et offre un éclat supplémentaire à cet éloquent morceau. Sinon, pas de doute: les notes ambieuses et calamistrées de Nikola Pankoff et la voix orfévrée de Jutta sont la force, je dirais l’ichor, le sang divin d’Analogy.

Nain Dien: Et arrive “Analogy”, LA pièce maîtresse, LE tour de force de dix minutes alternant passages atmosphériques (dignes de Pink Floyd période Pompéi), psychédélisme, climats sombres et voix mâtinées d’émotion. Trouves-tu aussi, Carcamousse, que ce morceau est une grande réussite?

Carcamousse: Oui! c’est le plus ambitieux, le plus fulgurant. Une nappe d’orgue se déploie, rampante, bourdonnante, menaçante, parsemée de notes fines, claires, perlées, mystérieuses, puis monte, crescendo, la frappe rapide et binaire de la batterie, accentuée par la basse, et l’orgue, toujours compact, arde, enfle, rugit, et la guitare, rêche, corneuse, se cramponne à ce rythme haché et compulsif, et le riff jaillit, “ta... ta-ta-ta”, superbe, impérial, escorté par les roulis glapissants de l’orgue et les déferlements fougueux de la batterie. Puis c’est la bonace, l’ambiance Pink Floyd, balsamique, molletonneuse, et orgue, batterie, guitare resurgissent: volutes ascorbiques, épieux propitiatoires, cristaux prophylactiques, dans cette délitescence chimérique et vagabonde se guinde et s’arc-boute la voix de Jutta — «Where did you go? where did you stay?» —, et l’orgue enfle de nouveau et la frappe s’accélère, éperonnée par une basse martelante, et la tempête revient, rompue elle aussi, mais cette fois en faveur d’un climat plus élégiaque, plus nostalgique, lézardé par des cris aigus de guitare, soutenu par des arpèges compatissants, des voltes d’orgue et le pouls cosmique de la basse. Enfin, le spleen s’évanouit, se délite, la guitare broie des notes grinçantes et hasardeuses qui bientôt s’interrompent pour laisser place aux feux follets de l’intro, puis à des accords d’orgue cléricaux et fuligineux.

Nain Dien: “The year’s at the spring” est le titre que je préfère sur cet album. Je le trouve groovy et sautillant. Savais-tu que ce morceau recycle les vers de Robert Browning, un poète et dramaturge anglais du dix-neuvième siècle? — «The year's at the spring, And day's at the morn, Morning's at seven, The hill-side's dew-pearled, The lark's on the wing, The snail's on the thorn, God's in his Heaven, All's right with the world!»

Carcamousse: J’ignorais. Mais c’est vrai qu’elle “pogote” cette chanson, Jutta la chante comme une Siouxsie avant la lettre et pousse un petit cri d’ado survoltée des plus pittoresques avant que de déclamer un «do do do do do do do do do you really think so!?» tout aussi pittoresque! Martin s’élance dans un solo de guitare que dédouble et juxtapose, avec un léger décalage, la magie du studio, et Nikola Pankoff le relaie pour un parcours plus alerte et plus jazzy. Et n’oublions pas “Pan-Am flight 249”: un titre ample et énergique, vaillamment, opulemment étançonné par la batterie, vertigineusement encorbellé par la guitare et tuilé par un orgue frondeur qui détourne le thème du “Printemps” des “Quatre saisons” de Vivaldi.

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De g. à dr.: Martin Thurn, “Mops”, Jutta Nienhaus Wolfgang Schoene, Nikola Pankoff

Garden Of Delights (réédition officielle) offre un titre en bonus: “Milan on a sunday morning”. Il est effectivement enregistré un dimanche matin, après une nuit de bringue, juste avant un split inévitable. C’est une longue pièce, méditative, sombre et mélancolique, guipée d'arpèges de guitares, saillants, très pincés, soutachée de piano, ramagée par les vocalises de Jutta et de langoureux panaches de violon. On songe à Mallarmé: «La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs, Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs, Vaporeuses, tiraient de mourantes violes, De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles [...]»... Au fait, qui joue du violon!?... Martin: «I have to admit that I don't know who played the violin. Franco Giuffrida, a Milanese Folk musician at whose home we recorded this session, had a friend, who added the violin two weeks later, but I have unfortunately never met the guy.».

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De g. à dr.: Nikola Pankoff, “Mops”, Jutta Nienhaus, Martin Thurn, Wolfgang Schoene

Revenons à la pochette, ainsi qu’à ce poster, absent de l’édition originale — ajouté, à l’insu des musiciens, lors de la première réédition par Vynil Magic, en CD, en 1990, puis reproduit, avec leur accord, sur la seconde par Ohrwaschl, en vinyle, en 1997. La pochette tout d’abord; l’une des plus extraordinaires d’un genre exploité trois ans auparavant par Elephants Memory (aux U.S.A.) et Velvett Fogg (en Angleterre). Remarquons les poses très étudiées des musiciens pour cacher leur pudenda, ainsi que l’humour de ces poses: Hermann-Jürgen “Mops” bien camouflé derrière son tambour — car il est nu comme un tambour! —; Jutta, telle une ondine effrontée, perpendiculairement installée contre son rocher; Martin brandissant substitutivement sa guitare. Remarquons aussi les écharpes que portent trois d’entre eux, écharpes dont on se doute qu’avant le déclic final ils ont ceint leurs reins. Le poster ensuite. Lui se passe de l’alibi artistique du body-painting et exploite apodictiquement la plastique du corps de Jutta. Mais celle qui semble une figure de proue offre une attitude très pudique, et son regard, qui évite sciemment l’objectif, donne à toute sa personne un air de déesse antique.

La promotion laisse à désirer. Cagnola, contrarié par la volonté d’indépendance de ses “poulains”, ne semble plus désireux de les soutenir. Pourtant la presse réserve un bon accueil à l’album; des journaux comme “Corriere della sera” ou des revues comme “Sorrisi e Canzoni ”ou “Ciao 2001” lui sont favorables.

Le 26 mai 1972, Martin, Jutta, Hermann, Wolfgang et Nikola se produisent pour la première fois sous leur nouveau patronyme au festival en plein air de Rome, Villa Pamphili, devant un parterre de trente mille personnes; le concert est retransmis par la Rai Radio 1. Un mois plus tard, ils apparaissent en compagnie du chanteur-compositeur Simon Luca dans une émission de télévision de la Rai Uno, intégrant une tournée célèbre nommée “Cantagiro”. Mais ce succès est bientôt envenimé par des soucis financiers, et des disputes éclatent avec Nikola Pankoff, fâché du peu de rentabilité de ses activités; après un concert au Palasport de Gênes, il quitte le groupe. Martin, Jutta, Hermann, Wolfgang, toujours sous contrat, continuent sans lui.

En 1973, Martin compose une suite de pièces thématiques influencées par la musique de la Renaissance, que les musiciens jouent en partie sur scène et qui est très appréciée. Tous ont le sentiment qu’ils pourraient l’exécuter dans son intégralité et qu’elle serait parfaite si un musicien “classique” les accompagnait. Aldo Pagani leur vient en aide. Il connaît un jeune flûtiste, Rocco Abate, qui est membre de la Scala de Milan et qui, justement, désire explorer d’autres horizons que ceux auxquels le vouent sa formation. Il intègre rapidement le groupe, apportant une touche nouvelle. C’est à cette époque que Mauro Rattaggi revient de son service militaire; il rejoint ses compagnons, mais au lieu de reprendre la basse, il se charge du son et de l’équipement.

Se trouvant finalement sans engagement, Analogy, frappe à la porte de Trident Agency, à Milan. Cette agence, dirigée par Maurizio Salvadori, s’occupe de nombreux groupes de rock progressif; notamment d’Osanna, dont le joueur de saxophone, Eli d’Anna, ravi par la musique d’Analogy, s’ingénie à venir en aide à ses musiciens. Il leur décroche de nombreux engagements — beaucoup à Naples et dans les environs — et les introduit auprès de Fonit Cetra, grosse maison de disques.

L’agent artistique est favorable à la production de ce qui deviendra “The Suite”, mais la direction juge le projet trop peu commercial. Total: pas de deal, pas de contrat! Analogy n’en persévère pas moins, et le public, lors des concerts, répond avec enthousiasme aux ambiances à la fois délicates et fantastiques que génère cette “suite”; les éclairs et le tonnerre accompagnant une fois, au festival de Castiglione delle Stiviere, les incantations magiques d’un de leurs morceaux (incantations datées du Moyen Age dont nous reparlerons): “Merseburg Charms”. C’était le 30 septembre 1973. Martin: «It was a lovely late summer's evening, and we got on stage when darkness set in. After playing a couple of tracks of the Analogy LP, we started with “The Suite”. When we reached the moment of my recital of the “Merseburg Charms”, all of a sudden a thunderstorm set in. Thunder and especially lightning created a setting that was so fitting and wonderful that no lightshow could have possibly matched it. I cannot remember any other gig playing “The Suite” where emotions and sheer joy reached such a peak, and I'm sure it was the best performance of the Suite ever made. On top of that, the rainfall waited until we had finished the gig! What a night to remember!».

Cette même année 1973, Analogy partage l’affiche avec Curved Air et Atomic Rooster. Mais les musiciens sont toujours confrontés à des soucis d’argent et Rocco Abate a du mal à concilier ses tournées avec son engagement à la Scala. La fin est venue: le dernier des quelques trois cents concerts donnés par The Joice et Analogy à lieu en novembre 1973 à Aoste. Ce dernier show fut enregistré, mais les bandes demeurent inédites.

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Franco Battiato

Martin, Jutta, ainsi que son frère, Hermann-Jürgen, n’en poursuivent pas moins leur activité, et en décembre, aidé par Franco Battiato, ils signent avec Bla Bla Records. Franco Battiato — que l’on surnomme le Peter Gabriel italien — est l’une des figures marquantes de la musique transalpine. Il a commencé sa carrière en 1968 et a obtenu un certain succès avec “È l’amore”, une chanson romantique. Il s’est ensuite attaché à des compositions plus expérimentales, fondant Osage Tribe, combo de rock progressif, puis se tournant vers la musique électronique, concrète et minimaliste. Il est alors sous contrat avec Bla Bla Records, et c’est grâce à son influence que nos trois musiciens signent, en décembre 1973, avec ce label qui, créé en 1970, vient de s’orienter vers le progressif et l’avant-garde.

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Un certain William, chanteur, doit intégrer le groupe, mais les répétitions se révèlent si désastreuses que rien n’aboutit. Franco Battiato, prépare alors son troisième album, “Sulle Corde Di Aries”; il invite les musiciens à y participer.

La chanteuse d’Analogy est créditée comme soprano et narratrice: elle pose quelques voix en arrière-plan sur la très expérimentale première plage, “Sequenze e frequenze”, et apparaît beaucoup plus distinctement sur “Aria di revoluzione” où elle déclame, dans sa langue maternelle, un texte de Wolf Biermann, un chansonnier et poète juif allemand, né en 1936, dont le père est mort à Auschwitz. Il s’agit d’un texte très sombre qui glorifie la guérilla et la «beauté des armes sur les épaules des guérilleros»; c’est Martin qui a l’idée de l’inclure.

Au terme de cette expérience, finalement peu propice, Martin et Jutta poursuivent l’aventure en duo, jouant en acoustique, jusqu’à ce qu’ils rejoignent “La Comune”, un collectif théâtral fondé par Dario Fo.

Dario Fo, né en 1926, est une figure marquante de la scène culturelle et politique de l’Italie. Ecrivain, acteur, dramaturge et metteur en scène, il s’oriente dès les années 50 vers un théâtre populaire inspiré de Ruzzante et de la commedia dell’arte. Le caractère polémique et satirique de ses pièces, leur ancrage dans la réalité sociale lui valent autant de succès que d’ennuis. Rappelons que le “climat” est plutôt agité dans les années 70, que la censure n’est pas un vain mot, et qu’entre la répression policière, les scandales qui éclaboussent les partis politiques et les positions bornées du Vatican sur le divorce et l’avortement, Fo n’a que l’embarras du choix pour un théâtre qui se veut militant et anticonformiste. Dès 1968, afin d’échapper aux tracasseries administratives, il transforme sa compagnie (formée avec son épouse, Franca Rame) en coopérative — faisant ainsi de chaque spectateur un adhérent. Puis, s’inspirant de démarches antérieures — comme celle du théâtre itinérant de Jean Vilar —, ses représentations se font en marge du circuit habituel: elles ont lieu dans les usines, les maisons du peuple, ou même les parcs et les gymnases. En 1970, rompant ses attaches avec le parti communiste qui, l’année d’avant, l’avait aidé à créer “Nuova Scena”. il fonde ce fameux “La Comune”, qui, entre autres, va s’efforcer de développer le théâtre de rue.

Martin et Jutta sont précisément engagés dans un autre collectif, spécifique, lui, à la musique et dirigé par Paolo Ciarchi, un chanteur de folk, tritureur de sons, bien connu de la scène milanaise où Dario Fo se produit alors avec sa propre troupe sur les planches du “Palazzino Liberty”; ils improvisent durant des projections de diapositives dont les sujets sont évidemment sociaux et politiques. Martin: «Jutta and I — occasionally even Mops — joined them in early 1974 after Analogy had split up, and we toured with them until the summer of the same year, playing on their only publication [une musicassette] entitled “Cammina, Cammina”. We were even arrested on stage during a concert in Milan (together with half of the audience) and spent two days at San Vittore State Prison, officially on drug charges, in reality on political grounds. The whole thing had been planned beforehand as we were able to witness our arrest live on RAI-TV in our cells! Those were interesting days, and I still have a photo with Jutta sitting in a police van, published in the Corriere della Sera.».

A l’été 1974, Jutta, Martin, Hermann-Jürgen et Mauro rejoignent Sergio Conte, organiste d’un groupe progressif nommé Jumbo; un groupe plutôt turbulent qui a déjà trois albums à son actif, dont le dernier, “Vietato ai minori di 18 anni?”, soutenu par Franco Battiato, traite de l’homosexualité et de l’aliénation de l’individu par la société. Martin: «Sergio Conte, become a good friend of Jutta and mine after we had met during various rock festivals. They [Jumbo et lui] were part of the same booking agency, Trident, Milan, run by Maurizio Salvadori. When, in the spring of 1974, an Italian film director by the name of Gianni Damiani approached Jutta and me with a script for a political musical entitled “Arianna e Teseo”, we agreed to put music to it. He hired a derelict little castle in a tiny village near Pavia [Pavie] (Soriasco), where I gathered the original Joice members (Mops, Mauro, Jutta and me) and Sergio Conte to produce the music. We spent three chaotic weeks there and came up with some fine ideas, but the whole thing ended up in a row with Damiani.».

Au début de l’année 1975, à l’époque où heavy, progressif, glam rock ont jeté leurs derniers feux, où le rhythm ‘n’ blues est revisité sans complexe par Dr. Feelgood, où le funk-disco de “Lady Marmalade” égare les esprits, Jutta et Martin quittent le soleil de l’Italie pour le brouillard de Londres. Ils ne ressentent nulle impression de vide ou de désenchantement, au contraire! Martin: «We were not really disenchanted with the music scene. We loved the emerging jazz-rock music (Soft Machine, If, etc); even bands like early Yes and Genesis were high up in our esteem, so London was the ideal place to go, and we were lucky to end up right in the middle of the “underground” scene. Of course, glam rock and other silly music (Bay City Rollers, etc) was en vogue, but London seemed to be split between various camps, and we learned a lot in our little corner.».

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Jutta & Martin (Londres 1975)

Ils rencontrent très vite des musiciens renommés comme Kevin Ayers, Lady June, Lol Coxhill, Nico, David Vorhaus, Kevin Coyne, Paul Buckmaster... Martin: «To get to know all of these musicians was really a piece of luck. Jutta and I had made friends with Curved Air bassist Mike Wedgwood when we supported them on their Italy tour in 1973. He left us his phone number, and the day we arrived in London, we rang that number. A lady by the name of Val Fenton (still one of my closest friends) answered saying that Mike had left the community a year before. After I had told her our story she suggested that we come to a party held at her place the same night. We went there, and since Val was a jazz pianist with good connections, all these guys were there. That's incidentally where we met Richard (Dick) Brett for the first time.».

Richard Brett, bassiste, va faire partie, dès 1976, de la première formation d’Earthbound: nouvel avatar formé autour de Martin et de Jutta où se trouvent aussi Brian Abrahams, batteur, et Luigi Chiappini, pianiste et organiste. Martin: «The name was invented by our first keyboarder, Luigi Chiappini, who was working on a film project by that name at the time. It's really a pun again: it may mean “tied to earth” but also “heading towards earth”, so we took it.».

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De g. à dr.: Jutta Nienhaus, Martin Thurn, Julia Cameron, Scott Hunter (Londres 1978)

Ce premier Earthbound explore, jusqu’en 1977, le riche territoire du jazz-rock et voit se succéder d’autres musiciens: Scott Hunter, batteur; Julia Cameron, chanteuse et guitariste; puis Mike Morgan, guitariste, mandoliniste; et enfin Geoff Cooper, batteur. Chacune de ses trois formations a eu l’heur de laisser des traces sur de bruns rubans magnétiques: enregistrement public au Sound Circus de Londres pour la première, studio pour la deuxième, studio aussi — et un bon nombre! — pour la troisième (plus un live enregistré à Milan en juillet 1979). Jutta et Martin enregistrent pareillement dès octobre 1975 sept titres avec l’éminent Paul Buckmaster au violoncelle. Martin: «We were very proud of these recordings at the time, considering that Paul B. had a big name on the scene as arranger of Elton John’s first albums, Shawn Philipps’s work and his own Third Ear Band. One of the tracks, which we also performed with Earthbound in all of the band's versions, was indeed called “Love to Paul”.».

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Le combo crée Archway Records. Martin: «Earthbound had decided to form their own management and record company after we had found Campbell Connelly as publishers and Charmdale Records as distributors. Dr. Heiner Schuff, a psychiatrist and our sound engineer, figured as director.». En janvier 1979, Earthbound (Richard Brett, Scott Hunter, Mike Morgan, Martin et Jutta) enregistre trois chansons: “The Robot”, “Song for South Kensington”, Liberated Lady”. Les trois font l’objet d’un E.P. (30 cm), la première et dernière celui d’un single (17 cm); elles sont produites par David Vorhaus (fondateur, rappelons-le, de “White Noise”, champion et précurseur de la musique électronique).

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Carcamousse: Seul leur rythme pogotant, frétillant, témoignent que l’époque a changé, mais c’est encore très pop, et le jeu turgescent des guitares nous rappelle que les glorieuses 70’s ne sont pas révolues. New wave!?... Of course! Mais non celle inquiétante et lugubre de Bauhaus, ni celle froide et crispée de Joy Division, plutôt celle mordicante et délurée de Big In Japan, de Siouxsie même — “Honk-Kong garden”! —, car toutes, peu ou prou, offrent cette trépidation patente, pattue, radieuse et sciemment interjective; “The robot” se montrant la plus gaillarde et la plus enjouée, “Song for South Kensington” la plus rêveuse, la plus nuancée — avec ses pépiements d’orgues, menus et trotteurs, ses spathes de guitares, évanescentes et nostalgiques —; et toutes offrent une touche délicieusement exotique et des bractées de percussions rescaldatives et volubiles: once de reggae pour “Liberated lady”, talent de mambo pour ”South Kensington”, pincée de cha-cha-cha, pétulant, survolté, pour “The robot”.

Nain Dien: “Liberated Lady”, pétillant, rebelle, sautillant, bourré de fuzz, fait partie de ces petits bijoux qui vous donnent envie de pousser violemment votre table basse pour laisser s'exprimer physiquement votre enthousiasme, mais vous ne le faites pas par peur d’abîmer votre beau plancher! “Song for South Kensington” s’enchaîne, calmant le jeu, un peu moins inspiré que “Liberated Lady”, certes, mais fort plaisant. La conclusion (déjà!) revient à “The robot”. Le riff d'introduction (aussi bien sa suite de notes que sa texture sonore) me fait irrémédiablement penser à du Zappa (période “Baby Snakes”), ce qui n'est pas pour me déplaire, foi de Nain. Au final, nous avons là trois titres sympathiques où l'on sent que les musiciens s'amusent et se font vraiment plaisir, en particulier Jutta qui redouble de trouvailles vocales sur ces chansons. Merci à Augusto, auteur de l'excellent site italianprog.com, pour avoir eu la gentillesse de me faire parvenir ces titres.

Carcamousse: Ah! J'ai plaisir à voir que tu aimes autant ces morceaux. Je ne suis quand même pas tout à fait d’accord avec toi: je trouve “Song for South Kensington” très inspiré, très émulsif avec ses frétillements jazz-rock et sa cubaine incartade. Tu fais bien de signaler les jubilatoires trouvailles de Jutta: les «We’re growing older» “marmomachouillés” sur ce dernier titre, les emballées presque “ninahageniennes” au refrain de “Liberated Lady”, les «Switch me off» implorants et désopilants de “The robot”. J’adore itou ce titre-là et spécialement le solo de gratte, chabraque et batifoleur, truffé de couinements azimutés, de coqueliqueuses percussions, de berlindindins désinvoltes, et judicieusement ponctué par un coup de sifflet des plus... arbitraux!

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“The Suite” (Ohrwaschl Records)

Après une cinquantaine de concerts dans Londres et sa région, ainsi que deux tournées en Italie, le groupe se dissout, puis renaît, fortuitement, au début de l’été 1980. Martin: «When Earthbound disbanded in late 1979, Archway Records ceased to exist as well. I was there in London, not knowing what to do after even my relationship with Jutta had broken up. “The Suite” was still in the back of my mind and, after revising, translating and adding two more tracks to it, I decided to spend some money I had unexpectedly inherited on the recording. I asked John Oram to produce the thing and called some Earthbound members plus others to be part of the recording. Of course, Jutta had to do the vocal parts, and since we had parted as friends, she agreed. Again, a funny period as I had broken my knee and literally had to be carried into the recording studio, but it was worth it, I think.».

L’équipe change donc quelque peu: aux côtés de Richard Brett et Scott Hunter se trouvent Anna Asmus qui joue de la viole de gambe, Jonathan Anderson au piano et Mikhail Dragutesru à la guitare. La plupart des chansons sont chantées en anglais; de plus, comme l’a dit Martin — et ce pour donner plus de cohérence à l’ensemble — deux titres sont ajoutés à la fin: “1000 Deaths” et ”Is There a Chance”. D’autres précisions !?... Martin: «Simon Anderson [le frère aîné de Jonathan] and I translated/adapted the original Italian lyrics into English and even worked out a detailled stage script of the opus for a ballet.» — Il est vraiment regrettable qu’un tel projet n’ait pu voir le jour!

L’œuvre est enregistrée aux Goggle Studios à Londres... plutôt rapidement se souvient Martin: «We only spent a total of 30 hours in the studio, including the mix; at least then we were granted a re-mix of another six hours.». Impossible de trouver un éditeur ensuite; Martin: «With Archway gone, I tried to propose “The Suite” to some companies in England and Europe, but since there was no band behind to promote the record on tour, no-one eventually signed.» . Ainsi, une compagnie allemande, Intercord Tonträger GmbH, qui semble intéressée va se rétracter au dernier moment.

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“The Suite” (Akarma Records)

Finalement, il faudra treize ans pour que paraisse “The Suite”... en CD, sur Ohrwaschl Records, un label allemand: version officielle qui sera suivie, en 2000, par un bootleg, un L.P. 25 cm édité par Akarma, agrémenté d’une pochette inventée pour l’occasion. Martin: «The Akarma LP of “The Suite” was indeed a bootleg initially, but they have meanwhile received our and Ohrwaschl's official blessing after an amicable out-of-court settlement. The cover design has also met with our approval as it describes scenes from “The Suite” (“Sink or Swim”) and depicts a silhouette of Jutta in front of her microphone stand - taken from an Earthbound photo, which I don't know how they got hold of.».

Nain Dien: Parlons un peu, si tu es d’accord, de ce “The Suite”. Décortiquer chaque passage de l’œuvre serait peut-être fastidieux. Pour résumer l’on peut dire que c’est du Jethro Tull avec la voix d’une chanteuse lyrique.

Carcamousse: Belle formule! J’ai dans l’idée, d’ailleurs, que “Thick As A Brick”, paru en 1972 (soit un an avant la création de Martin), a servi de modèle.

Nain Dien: Une influence qui semble d’autant plus logique quand on sait que Scott Hunter, le batteur, a joué avec Jethro Tull!

Carcamousse: Quel érudit tu fais, cher Nain Dien! Pour revenir à ta comparaison, certes! on retrouve dans “The Suite” ces ambiances festives et colorées propres à l’immense Jethro Tull, mais cet opus n’est pas seulement l’alliance de la pugnacité du rock et des joliesses du madrigal, c’est aussi un rêve angoissé, une mosaïque capricieuse où se côtoient les genres les plus divers et un conte bizarre où se mêlent amour et sorcellerie. Il se compose de neuf titres, que, sans vouloir être fastidieux, et puisqu’il faut en parler, j’essaierais de «décortiquer».

“Sink or swim” offre la vitalité d’un air de danse, évoque des jours de parade, le soleil jouant sur les damas, les velours et les dentelles. Mais si la mélodie est radieuse, les paroles révèlent la peur et l’inanité de l’existence: «Don’t go crying to your friends, their help might just tear your limb from limb, Once the water’s reached your neck, it’s just a case of sink or swim».

Lié par un air de flûte traversière, “The mirror” conserve cette allégresse, mais sur un mode gracieux, rappelant les paons, les licornes, le décor ombragé d’un parc. Là, encore, les paroles sont en opposition, funestes, terrifiantes: «Run to the mirror, my darling, and do you see something that scares you? Ain’t that the devil that stands there?»

“The treatment” marque une fracture, il commence comme un rock, gaillard, trapu, stimulant, se voit rompu par le refrain du premier titre — motif qui reviendra de façon constante —, puis reprend, chaperonné par un piano, scandé par les paroles de Jutta — «Baby, baby how does isolation grab you?, Where you hoodwinked, did you let your teachers trap you?» —; la guitare émet des boucles abrasives et incandescentes, le piano des arpèges courtois, les visions sont macabres et morbides, emplies de cadavres aux bras tendus et de monstres chatouilleurs. «Baby, how do you like the treatment?».

“Merseburg charm” est le titre le plus bizarre. Le texte, en vieux haut allemand, correspond à la seconde des deux incantations d’un manuscrit, datant du IXe ou Xe siècle, découvert dans le chapitre de la cathédrale de Mersebourg; elle décrit la guérison d’un cheval par Odin, dieu des guerriers; le cheval s’est foulé le pied et Odin prononce cette formule magique: «Sose benrenki, sose bluotrenki, sose lidirenki: ben zi bena, bluot zi bluoda, lid zi geliden, sose gelimida sin» (Que soit un os foulé, Que soit le sang “foulé”, Que soit le membre foulé: Os à os, Sang à sang, Membre à membre, Comme s'ils étaient collés). La mélodie, identique à celle du titre précédent, se dilue dans une nonchalance un peu club, un peu disco: une sorte d’édredon musical sur lequel vient ramper la voix de Martin, limailleuse, métallique, triturée par l’électronique, ponctuée par de longs jets de cymbale.

“Spirit dance” est un nouveau rock, cavalcadant, explosif, griffé par un orgue strident et froid et les vocalises pop et désultoires de Jutta. Ainsi se clôt la première face.

La seconde s’ouvre par “Ventadorn”, une chanson délicate et très pure, soutenue par des accords de guitare sèche, ornée de viole de gambe et de flûte traversière, que Jutta chante en italien. «Non tornero mai laggiu in Ventadorn, la dove noi sorridemmo al primo amor» (Jamais je ne reviendrai à Ventadorn, où nous connûmes notre premier amour). Ventadorn est le nom du musicien qui écrivit la musique, Bernart de Ventadorn ou, en français, Ventadour; du nom du village limousin où il naquit vers 1125. Ce trouvère, qui suivit la cour d’Aliénor d’Aquitaine en Angleterre, est considéré comme l'un des plus grands poètes et musiciens occitans.

“Intermission”, moderne, énergique, poinçonné par une basse trépidante, écorché par des sons bourrus de guitare, offre une élasticité subtile et des variations glorieuses. Les mots évoquent le silence, la solitude, le froid, un état hypnopompique: «Soon the reverie that shelters you must break, Now the moon is rising, now you seem to wake».

“1000 deaths” est le titre le plus “décalé”, le plus surprenant. Il débute par une suite d’accords au piano, frettoloso, gambadeur, très classique, et se poursuit sur un rythme plus serré, dégageant un sentiment d'insouciance et de liberté. Le dormeur affronte la réalité: «Time to take the final plunge, a thousand deaths the lover dies, Time to drop the final mask, a thousand deaths the lover dies».

“Is there a chance”, qui conclue cet opus, est une chanson courte, du même type que “Ventadorn”, ornée, elle aussi, de viole de gambe et de flûte traversière; cette fois Jutta chante en anglais: «How would you feel if I talk to you, Is there a chance that I might get through?».

Nain Dien: Pour moi, le véritable défaut du disque, ce sont certaines sonorités assez discutables. Pardonne mon langage, Carcamousse, mais on sent que les années 80 sont en train de pointer leur sale gueule.

Carcamousse: Elles ont certainement déteint sur le projet initial, mais elles n’en sont pas moins inhérentes à l’époque. D’autre part, je ne trouve pas que les années 80 soient si patibulaires! Je ne réprouve ni les synthés “cheap” que recèle la new wave, ni ses tripotages électroniques; ce que je réprouve c’est la production “cartonnée”, dure et sèche, qui va ensuite dominer la pop, avec ses drones algides et gluants, sa batterie raide et hypertrophiée — ça c’est l’horreur!

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De g. à dr.: Martin Thurn, Scott Hunter, Jutta Nienhaus

Après l’enregistrement de “The Suite”, Martin complète ses études au Collège Universitaire de Londres, puis, en 1981, il planche avec Simon Anderson sur un projet qui deviendra “The Gemini Suite”: deux chansons encastrées dans une pièce onirique nommée “Travellers' Tale”. Ils sont rejoints par des membres d’Earthbound (Luigi Chiappini, Richard Brett, Scott Hunter, Julia Cameron) et par une chanteuse, Amanda Aaron, la fille de Cheryl Lynn (non pas la vedette de disco, mais la chanteuse anglaise du début des années 60); Martin et elle s’étaient connus en 1977 et avaient joués ensemble lors de vacances en Italie. Martin: «Simon and I would, at the time, sit around my house with a bottle or two of wine and fool around with ideas — he with a pen, me with my guitar — until I remembered Amanda's voice one day. We thought of writing something that could fit her voice. When we realised that all three of us were born in Zodiac Gemini sign, the idea was born. Cheryl Lynn agreed to pay for the studio if we could get the musicians together. Two songs, one by Luigi Chiappini, were added during the recording but are not part of the Gemini Suite. Amanda used the tapes to promote her career as a singer (she apparently sang on cruise ships, toured with a band, but I haven't heard from her since 1982).». Ces sessions se déroulent aux Goggle Studios et elles s’achèvent en mai sans aucune séquelle discographique. Ce qui est vraiment dommage, car ceux qui ont eu le privilège de l’entendre ne peuvent que chérir ce petit opéra nocturne et caraïbe, plumeté d’orgue et de guitare, houé par une batterie palpitante, emblavé d’un semis de basse ronde et légère, traversé d’éclairs vivaces et pétulants, emporté par la voix d’Amanda: charmante, chaleureuse, embaumante, moirée d’inflexions câlines. Martin décide de prendre le large...

D’abord l’Italie, puis l’Allemagne et Hambourg, où il se retrouve sans argent. Heureusement, ses diplômes lui permettent d’obtenir un poste d’enseignant, et il se fixe dans cette ville où il rencontre celle qui deviendra son épouse.

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Alan Dunn & Martin Thurn

Son intérêt pour la musique reste vif et il s’essaie à jouer avec plusieurs groupes. Aucun ne correspondant à ses goûts et ses affinités, c’est finalement avec un collègue de travail, Alan Dunn (qui lui aussi vient de quitter l’Angleterre), qu’il s’allie pour une nouvelle entreprise. Martin: «It turned out that he was equally interested in setting up a serious musical venture. He was a very good singer and able guitarist, so we decided to start a songwriting duo. I was fascinated by that idea since, up until then, I had always worked with bands. That had meant organising up to ten people, humping tons of equipment around, and spending more time on "managing" things than actually playing music. With two guitars and two vocals, things were so much more musically intensive and easier with regard to logistics. On top of that, writing songs for an acoustic duo was something I had never done before, and I loved it because it gave a completely new dimension to my music.».

Fin 1982, ils enregistrent plusieurs chansons dans le studio d’Ougenweide (groupe de folk-rock aux influences médiévales qui a débuté au début des années 70) et ils commencent à se produire en mars 1983. Ils jouent surtout dans le nord du pays où ils connaissent pas mal de succès — le plus signifiant étant un concert organisé pour une radio nationale —, mais ils apparaissent aussi dans quelques villes du sud lors de festivals; ils pérégrinent même jusqu’en Italie à l’occasion d’une tournée télévisée.

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Début 1985, un album, sous forme de cassette, vient concrétiser leur talent et leur énergie, le bien-nommé “Yours faithfully” sur Record Partners; cinq microsillons, destinés à des amis très proches, sont également issus. Pas de distributeur: la vente se fait à travers quelques boutiques et lors des concerts; il s’en vend 2500 exemplaires.

Ils se séparent à la fin de l’année, puis se réunissent à nouveau en 1987 pour enregistrer trois nouvelles chansons; elles ne sont malheureusement pas publiées L’aventure prend fin en septembre 1990 lorsque Alan quitte l’Allemagne.

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En 1996, Ohrwashl édite un nouvel album d’Analogy, “25 Years Later”. Le titre fait immédiatement songer à l’un de ces come back qui rendent toujours le fan dubitatif. Mais c’est avant tout un hommage à Hermann-Jürgen qui, atteint du SIDA lors d’un séjour au Niger, s’est donné la mort en 1984. C’est aussi l’irrésistible envie de jouer ensemble après de nombreuses années; en fait, retenus par la distance et leurs occupations, les musiciens ne parviennent pas à se retrouver au complet dans le studio de Mauro Rattaggi, à Laveno, en Italie, et les séances s’étalent entre 1994 et 1995.

Ils enregistrent huit titres, la plupart étant d’anciennes chansons; ils, c’est-à-dire: Martin, Jutta, Mauro, Graziano Mezzajotte aux claviers, Pino Marella à la batterie; ainsi, qu’occasionnellement, Dave Storey (chant, guitare) et Mirko Buzzi (guitare). Martin: «You cannot reproduce the feeling you had at the age of 21 when you are 46. We just wanted to show a certain “maturity” process, which is why we included the Yoice single both in the original and the “25 Years Later” version at the beginning and the end respectively.».

Oui! “Sold out” et “God’s own land” sont ainsi repris, et ils montrent bien une approche musicale toute différente, forgée par les vicissitudes, certes, mais aussi empreinte de l’air du temps: l’époque a changé, le son a changé, la manière de jouer a changé; les titres d’Earthbound s’apparentaient au “pogo” de la fin des 70’s, ceux de ce nouvel Analogy reflètent l’artificialité des 90’s et leurs sons synthétiques ne peuvent, évidemment, que rebuter celui qui reste attaché à une forme d’expression antérieure.

Disons-le franchement, cette artificialité me paraît — moi, Carcamousse — parfois clinquante, et certains stéréotypes — chape de synthé, sécheresse assommante de la batterie et doublets sur le temps fort du rythme — m’agacent prodigieusement. Pourtant, au vieux sens du terme, la symphonie se fait, un indéniable lyrisme s’exhale de ces sons irréels et de l’hybridation d’iceux avec des guitares plus “orthodoxes” (sèches et électriques), un piano très “académique” et un saxo que l’on pourrait croire vrai, mais qui est “factice”.

“Sold out” abandonne l’air de valse qui distinguait l’intro de l’original pour un prélude “vieille romance”, limpide et euphorisant, conduit par un piano dont on imagine le galbe lisse, la lyre élégante, le noir et blanc resplendissant du clavier. S’y mêlent un son de conque, lisse, filé, diffus, une vague imitation de chœurs, des ricochets de cymbales, puis la batterie cheville le tempo, courtisée par la guitare qui essaime de petites tirades piquantes et syncopées. L’éloquence touffue, typée, de 1971, se retrouve ici, plus expansive, plus cespiteuse encore: piano, orgue, “chœurs”, saxo élégiaque, poum-poums commisératifs et gerbes fuselées de guitare se succédant avec maestria.

“God's own land” possède aussi cette ardeur, décisive, caracolante! Exit le piano pensif et automnal de The Yoice, l'intro est capsulaire et givrée: souffle ionisant, son froissé et sifflant, plomb de la batterie, arpèges et fulgurants laconismes de guitares. J’adore la fougue pyramidale de cette chanson, sa grandeur héroïque, l’hymnique pugnacité de son riff; j’adore le sombre orage dont la voix de Jutta est ourlée; j’adore les élans flamboyants, les bonds léonins et majestueux de la guitare de Martin.

“Clown on a poney”, composé par Martin et Simon Anderson, est une exaltante surprise: un mid-tempo ardent et mélancolique, chanté avec une convaincante solidité par Jutta. Les paroles sont amères et désenchantées; on est surpris par la flûte à bec qui s’élève dès l’intro, jointe à la cornure roide du synthé, aux fausses buées des chœurs; surpris par les vrais unissons qui s’élèvent au refrain, d’hispanisantes charmilles de guitares sèches que relaient de délicieux tiou-tious de Jutta passés au tamis de l’électronique.

“Night games”, écrit par Martin, Jutta et Lady June, remonte à l’année 1975. Une démo acoustique laissait envisager une ballade folk et rêveuse, mais son riff marqué, sautillant, en fait un air extrêmement dansant, curieusement antinomique aux paroles exprimant l’abandon et la solitude: «When you’re loosing all hope, Just had your last smoke, Not a chance of a toke, All your friends went and left...». C’est le titre le plus conventionnel, à peine frotté à l’encaustique du synthé, treillissé de piano, semé de fines zébrures de guitare.

“I saw you again” — écrit par Martin, secondé par Dave Storey (chanté par lui) — déballe ses artefacts, ses polymères acidulés, débutant par un frissement lent, clair, mystérieux, et la mélopée factice, pâteuse, déjà rencontrée — tous deux perforés par des loops pénitents de guitare électrique. Puis une basse slappée, un voltaïque et capricant piano, un orgue velouté, une cymbale aciculaire départissent une mélodie alerte, smart, enjouée, louchant du côté de Brian Ferry. Les paroles, pleinement assorties, célèbrent une impérissable idylle: «I saw you again and I saw you again, And it suddendly seemed like the very first time». Après le premier refrain, portée par les abscisses du piano, s’élève une brise sibilante, incisée de breathings métalliques, indexée de ruissellements phosphorescents et minutissimes. Le final s’écarquille en un solstice affectif éraflé par les fulgurances courtes et raidies de la guitare.

“Arianna e Teseo” et le titre qui suit, “Teseo e’ solo”, écrits par Martin, Jutta et Gianni Damiani, viennent de la comédie musicale à caractère politique que ce dernier devait réaliser en 1974; ils font partie des chansons enregistrées l’année suivante en compagnie de Paul Buckmaster. Leur interprétation est ici toute différente. “Arianna e Teseo”, fluide, lounge, très “décontracte”, opalisé par les caresses du saxo, serti d’un papillonnant piano, de tintinabulements diaphanes, roule dans un Gulf Stream équanime et douillet. Jutta y chante, bien sûr, en italien, accroissant le plaisir qu’on a de l’entendre. La fin accélère, enrobée par un son d’orgue potelé, aiguillonnée par le piano, nervurée par des riffs de guitare rappelant le “Spooky” des Classic IV. “Teseo e’ solo”, tout aussi paisible et chantourné — malheureusement colmaté par un synthé trop dessicatif —, s’offre une petite escapade carrément jazz, guillerette et désinvolte, et une fin séidement rock ‘n’ roll.

“I feel so cold”, écrit par Martin et Dave Storey, s’inspire des terribles évènements de la guerre de Bosnie-Herzégovine. En prélude, des bruits de vols d’hélicoptères et de fusillades mêlés à des chapelets de notes douces et cristallines, puis des gémissements de guitare. Soudain, un riff heavy, teigneux: un riff 70’s insistant que la batterie prolonge et répercute. Enfin, la mélodie, lunevillée de sons clairs et pimpants, se déploie sur un rythme sautillant, plutôt serein... et le riff rejaillit, et des prolongements rugueux s’exaltent aux refrains: «I’m a soldier, don’t know why, Pull the trigger and by and by, For my nation I will die... I feel so cold». La fin est sèche, brusque, inattendue, marquée par le retour du riff.

Voilà, fin du récit, mais non de l’histoire: les membres d’Analogy n’ont jamais cessé de jouer — et de jouer ensemble quand s’en présentait l’occasion —, et il n’est pas dit, qu’un jour, apparaisse un nouvel album ou/et les enregistrements dont rêve tout aficionado normalement constitué: ceux de Jutta et Martin avec Paul Buckmaster en 1975, ceux de “Gemini Suite” avec Amanda Aaron en 1981, ceux du concert à Aoste en novembre 1973, où Analogy interprétait “The Suite”.

Merci à Martin de sa collaboration; sans lui — sans toi, Martin — ce long historique n’aurait jamais existé.

Merci à Nain Dien de sa participation; merci aussi de m’avoir fait découvrir ce groupe, mon nabot préféré.

Merci à Béatrice de son concours.

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MessagePosté: Mer Mai 07, 2008 9:38 pm 
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Inscription: Mer Juil 11, 2007 3:36 pm
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Alors là chapeau....!!Sacré boulot et iconographie impecc' ....je relis tout ça une seconde fois plus attentivement ! :wink:

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MessagePosté: Mer Mai 07, 2008 10:17 pm 
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chapeau! oupez

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MessagePosté: Sam Mai 10, 2008 2:36 am 
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Inscription: Sam Mar 01, 2008 7:32 pm
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Superbe travail, complet oupez un album formidable.


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 Sujet du message: Re: ANALOGY — THE STORY
MessagePosté: Sam Avr 16, 2011 11:57 pm 
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Inscription: Sam Avr 16, 2011 9:37 pm
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Je faisais des recherches sur Analogy et je suis tombé sur votre article par hasard !
Super boulot très intéressant... chapoz


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