

Cactus a été, à son origine, une formation éphémère (deux ans d’activité) mais ce groupe a pondu d’extraordinaires albums qui ont contribué à créer le son Hard Rock.
Le groupe recelait d’excellents musiciens: la formidable section rythmique Bogert / Appice, une des plus puissantes et techniques de son temps, l’incroyable guitariste Jim McCarthy, dont la guitare surchauffe à chaque chanson, et le chanteur Rusty Day, à la voix rauque et bluesy.
Ce qui choque tout de suite chez Cactus, c'est la lourdeur associée à un groove imparable.

A l’aube de l'année 1970, la période de création et de créativité des groupes de Rock est hyper bouillonnante.
Le Hard Rock vient tout juste d’être créé avec, avant tout, the Jeff Beck Group, et surtout bien évidemment, Led Zeppelin.
Ce genre naissant fait alors de nombreux émules et de nombreux groupes décident à leur tour de durcir et de plomber leur son.
C'est le cas pour Deep Purple par exemple, mais également celui de Vanilla Fudge, le groupe qui est à l'origine de Cactus.

Effectivement, la section rythmique, avec le fabuleux batteur Carmine Appice et son acolyte de toujours le bassiste Tim Bogert qui joue de la basse comme d'une guitare (d'ailleurs un des seuls bassistes capable de voler la vedette au guitariste) décident de quitter Vanilla Fudge pour s’associer fin 1969 avec le guitariste Anglais Jeff Beck et son compatriote Rod Stewart au chant, tous juste sortis du Jeff Beck Group.
Malheureusement, Jeff Beck a un accident de moto qui le frappe d'incapacité pendant dix huit mois et Stewart s’en va alors rejoindre Ron Wood au sein des Faces.
Appice et Bogert doivent alors recruter d’autres musiciens, et pas des moindres.
Viennent ainsi rejoindre les rangs de Cactus, Jim McCarty (ancien membre de Detroit Wheels de Mitch Ryder, et ex Buddy Miles Express), sacré troisième meilleur guitariste Américain en 1970, et Rusty Day, de son vrai nom Russell Edward Davidson (ancien Amboy Dukes de Ted Nugent), chanteur à la voix exceptionnelle n’ayant rien à envier à Plant ou autre Gillan et de surcroît très bon harmoniciste.
A l’époque, on ne pouvait qu'appeler cela un 'Supergroup'.

Appice et Bogert voulaient former un groupe dans le style de Free, de Humble Pie ou de Led Zeppelin et c'est exactement ce qui s'est produit.
Cactus est donc naturellement considéré à l'époque comme le pendant Américain de Led Zeppelin.
Dans les deux formations, les quatre membres sont tous des virtuoses, on muscle le Blues et on contribue à la création du Hard Rock qui deviendra Heavy Metal, et les concerts sont simplement et complètement ravageurs...
Mais, malheureusement, l'une des deux formation fut beaucoup plus populaire que l'autre, et Cactus a tendance à être oublié!
Le groupe signe un contrat d'enregistrement avec Atlantic records et la formation originale enregistrera trois albums ("Cactus", "One Way... Or Another" et "Restrictions") avant que des problèmes au sein du groupe ne conduisent au départ de Jim McCarty en fin de l'année 1971.

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Pourtant, Cactus tient toutes ses promesses et sort un premier album en 1970 qui frappe beaucoup plus fort que Led Zeppelin.
Plus technique, plus puissant, plus Blues...
L’album accède instantanément au rang de classique du genre.
Le ton est donné dès les premières secondes de la reprise du "Parchman Farm" de Mose Allison avec un son frénétique et turbocompressé qui devient un Boogie survitaminé joué à cent à l’heure avec des solos très bien pensés sans jamais sombrer dans la pure démonstration.
On a droit par ailleurs à un solo de basse sur "Oleo" et un solo de batterie sur le très zeppelinien "Feel So Good".
Les musiciens maitrisent totalement et parfaitement leurs instruments et décident d'entrée de frapper très, très fort.
Mais "Cactus" n’est pas non plus que du Hard Boogie, c’est aussi du Blues très inspiré, et néanmoins très ravageur dominé par la guitare d'un McCarthy qui étale toute sa classe et son talent.
Et c’est aussi une superbe ballade Folk “My Lady from South of Detroit", magnifiée par des chœurs, des arpèges de guitare et la voix de Rusty Day.
En prenant un peu de recul, on se rend compte qu'il n'y a vraiment pas une seule faute de goût dans cet album, à part peut-être le solo de batterie, mais chaque groupe de cette époque se devait de faire étalage de la technique de ses musiciens.
Huit chansons suffisent à faire de ce LP un classique, voire même un mythe tant il est oublié lorsque les rétrospectives du genre sont établies, les critiques s'extasiant plutôt devant des groupes comme Blue Cheer ou Mountain.
Cactus avaient décidé de tout raser sur son passage avec ce monolithe du Hard Rock, et ce fut un pur moment de bonheur...
Et ce n'est pourtant qu'un avant goût de ce qui nous attend avec le deuxième album!

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En 1971, Cactus est donc de retour avec "One Way...Or Another" et il est bien décidé à frapper encore plus fort, encore plus lourd, bref à tenter de devenir le plus grand groupe de Hard Rock sur Terre, face à ses concurrents de l'époque tels que Led Zeppelin, Black Sabbath, Deep Purple ou autres.
Il faut rappeler que Cactus n'est pas composé de n'importe qui, mais avec la section rythmique la plus redoutable de l'époque, un guitariste exceptionnel mais peu reconnu aujourd'hui, et un chanteur à la voix incroyable.
De plus, les compères étaient assistés d'Eddie Kramer pour enregistrer l'album au mythique 'Electric Lady Studio', là même où Hendrix enregistra son album "Electric Ladyland".
Moulés dans le style Cactus les chansons ne sont que martèlement et férocité.
L'album commence par une reprise des plus puissantes jamais faites du classique de Little Richard "Long Tall Sally", peut-être un peu décevante car il manque un peu de folie rock'n'rollienne que l'on retrouve dans certaines autres reprises de cette même chanson. Sauvée tout de même in extremis par un énorme solo de McCarthy, la première chanson fait pâle figure face à la seconde, qui justement, tout en étant moins Heavy, possède ce grain de folie, dû à la performance vocale de Rusty Day.
"Rock'N'Roll Children" remet tout de suite les choses à leur place concernant la réputation du groupe avec des riffs gigantesques, une puissance de feu phénoménale, et des solos de guitare monumentaux, accompagnés par une basse d'enfer.
S'ensuit un Boogie très maîtrisé, spécialité de Cactus, qui commence doucement pour finir en une explosion dévastatrice, un déluge de solos surpuissants et mythiques!
On retrouve là le même effet produit lors de l'écoute d'un "Bring It On Home" de Led Zeppelin, car l'effet de surprise est total.
Dans le rayon des morceaux explosifs, on trouvera en dernier le titre de l'album "One Way Or Another" et son excellent riff, ses solos en stéréo et la voix de Rusty Day totalement déchaîné.
L'album contient également des morceaux plus calmes, même si calme n'est à vrai dire pas vraiment le mot car la guitare abrasive de McCarthy nous gratifie encore une foie de solos inventifs et Heavy, comme sur "Feel So Bad" et "Hometown Bust", qui commence en arpèges, simplement accompagné de la voix de Rusty Day pour aboutir en Hard Rock monolithique, où la guitare et l'harmonica se partagent les solos, tout en contraste.
Il reste cependant un dernier morceau qui n'a pas été abordé, une vraie perle qui doit sûrement se sentir à l'étroit parmi tous ces morceaux lourds et vifs : "Song For Aries".
Il serait peut-être judicieux de le comparer à "Stairway To Heaven", même si "Song for Aries" n'est qu'un instrumental. Effectivement, les structures sont proches avec des arpèges classiques simples et efficaces, l'arrivée de la batterie, et le final grandiose avec solo mémorable.
On regrettera tout de même que Cactus ne l'ait pas plus approfondie, en ajoutant des paroles, par exemple, car le morceau ne dure qu'environ trois minutes.
Pour conclure, Cactus récidive de manière peu originale mais réellement efficace.
Même recette, même énergie, même inventivité.
Hélas, ce dernier point fera défaut pour quelques chansons du troisième album, un cran en-dessous de "One Way...Or Another".
Le groupe était alors à fond dans la drogue.
Rusty Day était devenu le fournisseur... Il aimait vivre dangereusement.

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Plutôt prolifique, le groupe en est déjà à son troisième album en 1971 avec "Restrictions", alors qu'il n'existe que depuis environ un an.
Ils n’ont pas changé fondamentalement de style depuis les deux précédents albums.
On a toujours affaire à de surpuissants Blues et des morceaux davantage Heavy comme "Evil" ou "Guiltless Gilder", avec, à ce moment-là, un Cactus au sommet de sa forme et de son art.
Jim McCarthy est d’ailleurs totalement inspiré sur cet album.
S’il n’y a pas de ballade Folk comme sur les précédents, on y trouve une merveille de slide guitar et de groove avec "Token Chokin’ et bien sûr quelques Blues gorgés de Soul comme "Alaska" avec des paroles sur le Père Noël, les pingouins et les aurores boréales ou l’instrumental "Mean Night In Cleveland".
"Alaska" avait d'ailleurs été choisi comme single, alors qu'il n'est en aucun cas représentatif du côté "Heavy" du groupe.
Cactus n'a d'ailleurs jamais eu un grand succès commercial, bien qu'il ait joué dans des grands festivals comme celui de l'Ile de Wight en 1970.
Le bassiste Tim Bogert s'éclate sur un titre comme "Restrictions", et Jim McCarthy n'a plus qu'à poser ses riffs surpuissants et ses solos.
La guitare de McCarthy fait par ailleurs des merveilles sur tout l'album, surgit comme un éclair quand on ne s’y attend pas, donne tout ce qu’elle a dans un déluge de distorsion maitrisée.
C’est le cas notamment de l’improbable "Bag Drag", où sont associée lourdeur et groove: Rusty Day hurle, la batterie est plus lourde que jamais et Jim McCarthy encore une fois s’impose comme un maître incontesté de la six-corde.
Le quatuor est alors à son apogée technique.
Il est dommage que Jim McCarthy soit si peu connu tant la puissance dégagée de son jeu rivalise avec les plus grands.
Son feeling Blues est d'ailleurs exemplaire, il suffit d'écouter l'instrumental "Mean Night In Cleveland" pour s'en convaincre, qui est censé raconter une nuit d'excès en tous genres.
Au final, ce troisième et dernier album studio de la formation mythique est l’aboutissement de leur trop courte carrière.
Un héritage pourtant essentiel quand on regarde le nombre de groupes de Hard Boogie qui apparaissent par la suite: Cactus aura écrit trois albums essentiels qui ont contribué à définir le genre; bref, plus Blues que Deep Purple, plus Heavy que Led Zeppelin, et plus Groovy que Black Sabbath.
Le départ de Jim McCarty pour former son propre groupe, The Rockets, en fin de l'année 1971 pour incompatibilité d'humeur avec Tim Bogert entraine celui de Rusty Day qui est purement et simplement remercié, Atlantic Records estimant qu'il n'était pas assez fort pour entrer en concurrence avec Robert Plant ou Paul Rodgers.

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Le quatrième et dernier album de Cactus intitulé "'Ot 'n' Sweaty" est enregistré par la section rythmique originale, Bogert et Appice, mais accompagnée par Werner Fritzschings à la guitare, Duane Hitchings aux claviers, et Peter French (aéncien membre de Leaf Hound, ex Atomic Rooster) au chant.
Cet album est publié en 1972.
Les trois premières chansons ont été enregistrées en live à Puerto Rico au Mar y Sol Festival, et le reste a été enregistré en studio. Les bons morceaux de cet album s'appellent "Bad Mother Boogie", "Bedroom Mazurka", "Bad Stuff", et "Telling You", c'est à dire la moitié studio de ce LP.
Rusty Day et Jim McCarty étant absents, la magie n'opère plus que modérément, et c'est leur dernier album avant une très longue interruption qui durera jusqu'en 2006.

Après la dissolution de Cactus en 1972, Bogert et Appice rejoignent finalement Jeff Beck qui les avait appelé et déclaré qu'il était guéri et prêt à jouer, pour former le supergroupe Beck, Bogert And Appice (Rod Stewart refusant de tenter l'expérience).
Après l'album studio "Beck, Bogert And Appice" et un album en public, "Live In Japan", sorti seulement au Japon à l'époque, le groupe se dissout.
Toutefois, ce groupe nous a montré véritablement que très peu de magie (groupe essentiellent scènique), et B.B.A n'a duré qu'un peu plus d'une année.
Leur deuxième album officiel reste encore inédit à ce jour et il contient des enregistrements du dernier concert du groupe au Rainbow Theater de Londres le 26 Janvier 1974.

Un nouveau Cactus est alors créé The New Cactus Band.
Dirigé surtout par Duane Hitchings, il enregistre un album intitulé "Son of Cactus", bien que ne comprenant strictement aucun membre original du groupe.
Mike Pinera (ancien membre de Blues Image et de Iron Butterfly) en devient le guitariste, avec Roland Robinson à la basse et Jerry Norris à la batterie.
Le groupe a ensuite fait des tournées dans le Midwest et sur la côte Est au millieu de l'année 1973 avec l'ancien batteur de Captain Beyond, Bobby Caldwell et l'ancien bassiste de Gregg Allman, Charlie Souza.
The New Cactus Band est rapidement dissout.
Ce nouveau Cactus n'avait pas pu survivre bien longtemps, car les compositions manquaient par trop de finition et de liant.
A la fin des années 70, Rusty Day forme une nouvelle mouture de Cactus à Orlando où il avait déménagé.
Elle comprend Steve Dansby à la guitare, Dan Keylon, puis John Sauter à la basse, Frankie Robbins, puis Gary Moffatt à la batterie (le frère de Frankie Robbins, Dennis a également joué avec Dan Keylon dans le groupe de Jim McCarty, The Rockets).
Ils n'enregistrent pourtant jamais en studio, et le 6 mars 1982, Rusty Day est tué malencontreusement par une arme à feu, victime d'un deal qui a mal tourné.


une compilation "Barely Contained / The Studio Sessions" est parue en 2004 qui ne contient, ni plus ni moins que les quatre albums d'origine!

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La même année est parue un autre double CD autrement plus intéressant, "Fully Unleashed: The Live Gigs".
Cactus n'avait jamais sorti d'album live, c'est maintenant chose faite, et c'est un petit bijou!
A écouter religieusement!...
Cactus renait en Juin 2006 suite à deux prestations dans la ville de New York: une à la radio (sur le Radiochick Show), et leur premier concert depuis 1972 au B.B. King's Blues Club à Times Square le 3 Juin 2006.
Ce spectacle a été chaleureusement accueilli et ce show a suscité, par contrecoup, une apparition au Sweden Rock Festival à Norje, en Suède le 9 Juin 2006.

La formation 2006 de Cactus se compose des derniers membres originaux vivants, Bogert, Appice et McCarty, accompagnés par Jimmy Kunes (ancien membre de Savoy Brown) au chant. Randy Pratt, du groupe The Lizards, rejoint le groupe à New York et en Suède pour jouer de l'harmonica.

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Cactus enregistre alors son cinquième opus appelé tout simplement "Cactus V" publié en 2006, et l'album enregistre également la participation de l'harmoniciste Randy Pratt.
C'est leur premier album ensemble depuis trente ans.

2007 voit la sortie d'un second volume des "Fully Unleashed: The Live Gigs Vol. 2"...
Rien de plus à rajouter par rapport au premier, sinon qu'il vaut bien le vaut bien!
En 2008, McCarty quitte le groupe à nouveau et, répétant par hasard l'histoire, il est une fois de plus remplacé par Werner Fritzchings.
Elliot Dean Rubinson remplace ensuite Tim Bogert qui a pris sa retraite des tournées.


"Ultra Sonic Boogie: Live 1971" est un autre album composé de morceaux enregistrés live en studio en 1971 devant un public restreint dans un studio New Yorkais.
C'est un album très percutant mais desservi par un son assez mauvais.
En 2011 McCarty revient avec Pete Bremy à la basse.

Bremy avait également remplacé Bogert dans Vanilla Fudge et c'est le seul membre non-original qui a joué pour les deux groupes.
Discographie:
Cactus (1970)
One Way... Or Another (1971)
Restrictions (1971)
Ot 'n' Sweaty (1972)
Barely Contained: The Studio Sessions (2CD, 2004)
Fully Unleashed: The Live Gigs (2004)
Cactus V (2006)
Fully Unleashed: The Live Gigs Vol. 2 (2007)
Ultra Sonic Boogie: Live 1971 (2010)
sources: wikipedia, Jim Newsom, Todd K.