POWER OF ZEUS (Bio)

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POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar alcat01 » 08 Avr 2015, 12:46

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Power Of Zeus est l'un des plus obscurs groupe de Hard Rock du début des années 70.
A l'origine, il se forma dans la Motor City chère au MC5, autour du chanteur guitariste Joe Periano, avec le bassiste chanteur Bill Jones, le batteur Bob Michalski et le guitariste cléviériste et multi-instrumentiste Dennie Webber.

C'est en 1968 que Joe Periano le forma peu de temps après sa libération de la Marine Corps, tout en travaillant dans une usine Chrysler en dehors de Detroit.
Une annonce passée dans un journal local lui permit de réunir un groupe avec Bill Jones, Bob Michalski, et, grâce à un concert rémunéré avec un groupe de Country local, l'organiste Hammond, Dennie Webber.

Tirant la majeure partie de leur inspiration à partir des maîtres du Hard Rock, du Blues Rock et du Heavy Metal Britanniques du moment comme Cream, Black Sabbath et Led Zeppelin, ainsi que les stéréotypes psychédéliques de l'époque, le quatuor, sous le nom de Gangrene, devient le groupe maison, non officiel, du club Wooden Nickel, où ils sont finalement repérés par un manager local.
Gangrene, suit alors la voie toute tracée par des groupes comme ceux précités ou, plus proche d’eux, Deep Purple, à savoir un Rock aux forts accents psychés, teinté de Hard.

Après avoir donné de nombreuses représentations au Wooden Nickel, le groupe signe finalement chez Motown (label Rare Earth, actif de 1969 à 1976) mais le quatuor doit changer de nom après l'ultimatum de la maison de disque qui ne les accepte que sous cette condition.
Le procédé, douteux pour n'importe quel label, ne l'est plus tant que cela lorsque l'on sait qu'il s'agit de la Motown de Marvin Gaye et de Stevie Wonder.
Les deux parties décident finalement du nom de Power of Zeus peu de temps avant le début des sessions du LP "The Gospel According to Zeus" en 1970.

Power Of Zeus devient donc le premier groupe de Hard Rock à signer et à enregistrer pour la filiale de Motown, Rare Earth, mais ce ne fut guère une relation réussie.

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http://www68.zippyshare.com/v/36269009/file.html

C’est bien simple, toute la quintessence du psychédélisme de l'époque se trouve sur "The Gospel According To Zeus"; on peut même dire que toutes les compositions appartiennent à la plus pure tradition du Hard Psyché estampillé 70’s.
Passant avec une facilité déconcertante du Rock le plus solide à l’envolée lyrique la plus incontrôlable, voire à des délires quasi hawkwindiens, Power Of Zeus maîtrise son sujet comme peu de formations auraient su le faire.
Les instruments font un excellent travail capturant le feeling de l'album et ils sont la preuve que ce disque n'est pas sans force et, en plus, il a un assez bon son.
Le travail de batterie sur l'album est excellent et le travail de basse est l'un des plus simple qui soit, mais efficace.
Les tempos de guitare Heavy sonnent parfaitement bien, comme si c'était un groupe expérimenté sous un label majeur. Les mélodies de guitare varient en fonction des morceaux, comme la nature rapide de "Sorcerer of Isis", ou le plus lent, plus mélodique "Green Grass & Clover".
Et les divers instruments tout au long de l'album, comme le clavecin, l'orgue, et les riffs de guitare rythmique, sont presque hypnotiques.

Marqué par le travail quasi virtuose de la guitare de Joe Periano, Power of Zeus a créé un album qui fusionne pratiquement l'écriture de Pink Floyd avec les arrangements puissants de Black Sabbath; voir le chant psychédélique lent "Green Grass & Clover" ou l'énergie brute de "Sorcerer of Isis" par exemple.
Des tons de Rock classique accentués par la guitare électrique et l'orgue Hammond:
La guitare est omniprésente et l'orgue lui répond très efficacement

Dans les faits, bien qu'il ne dispose pas de beaucoup de thèmes changeants, chacun des instruments est à sa place, et la production ne semble pas avoir dépassée par le budget d'origine.

Power of Zeus sonne mieux quand ce groupe oublie de chercher à ressembler à un groupe générique de Garage Rock fastidieux, et, qu'à la place, il sonne comme un mélange original de la fin de Psych Rock, du début du hard Rock dit 'mélodique' des années 70, et de Post Rock de 70.

"Gospel According to Zeus" n'est certainement pas l'album le plus original, même si il est considéré par beaucoup comme le chef-d'œuvre oublié du début des années 70, car on y trouve des influences de Iron Butterfly, Mountain, et autre Led Zeppelin dans chacune des chansons.
Cependant, malgré tout cela, il est un peu plus différent de bien des groupes de Hard Rock à l'époque avec ses différents arrangements sonores et ses thèmes lyriques.
Le plus inquiétant, "Sorcerer of Isis" est le meilleur exemple de psyché sur l'album, à propos d'une divinité tyrannique. Le plus puissant "Death Trip" est comme le dit le titre, un thème récurrent de l'au-delà. "Uncertain Destinations" est à propos d'un homme voyageant à travers un désert presque infini, ne sachant pas où aller.

Ceci dit, l'influence des premiers albums de Black Sabbath et de Led Zeppelin est absolument indéniable, mais la principale est tellement évidente que l'on pourrait 'presque' prendre "The Gospel According to Zeus" pour une copie conforme de the Pretty Things nsur certains titres.
L'orgue Hammond est bien présent, apportant grâce et groove aux compositions infectées de soif Hard Rock.

Depuis les rugissantes premières notes du premier morceau, "It Couldn’t Be Me" avec son intro agressive nappée d’orgue, jusqu’aux frasques de "Sorcerer Of Isis", l'affaire est bouclée, le tour est joué et tout l'album clame son air du temps.
Tout est en place, les sonorités se mêlent et s'entremêlent, le groupe envoie son Rock comme peu savaient le faire en cette année 1970.

"Gospel According to Zeus" n'est pas le plus audacieux joyau méconnu du début des années 70, mais, en tout état de cause, c'est une addition en définitive satisfaisante de Hard Rock dans les années 70, car il est loin de manquer d'inspiration.
C'est surtout un excellent album dans son genre, bien saignant, mais il n'est pas sans défauts.
Les vocaux dans plusieurs des chansons sont parfois incroyablement difficiles à comprendre, et compte tenu de la nature assez limitée de certaines chansons, les thèmes semblent ne jamais réellement basculer dans un midtempo.

L'album commence très fort avec deux morceaux assez courts, "It Couldn't Be Me" et "In the Night" qui ont des mélodies fortes avec de la fuzz Heavy et un orgue doomy:
-Sur le morceau "It Couldn't Be Me" qui ouvre le bal, on dirait Frost ou Sir Lord Baltimore qui jouent un riff 'sabbathien' dans le style "Sweet Leaf", mais en plus bluesy et avec une guitare explosive et des accompagnements vocaux intéressants de Periano.
-Suit l’excellent "In The Night" dans un style très Pretty Things, mais avec, cette fois, des vocaux un peu trop en deça; cela démarre tambour battant sur les mêmes rythmes obsédant avant de virer sensiblement freakbeat avec tambourin et caisse claire et puis, jolie cerise sur le gâteau, un pont quelque peu baroque est joué par l'orgue avant que la machine ne se relance de plus belle...
Puis nouvelle grande envolée avec un Hard Rock 'sixties' encore une fois très Pretty Things dans l'approche , mais plutôt funky, "I Lost My Love" avec une section rythmique solide avec beaucoup de percussions.
La ballade sixties "Green Grass and Clover", pleine de clavecin et de paroles religieuses, joli contraste avec les attaques Hard précédentes, ralentit le tempo considérablement avec un orgue Hammond joué façon Pretty Things / Moody Blues.
"The Death Trip", Heavy et organique à souhait dans une ambiance sombre assez lourde évoquant un Black Sabbath ou même un Led Zeppelin avec des choeurs se fondant dans les graves sous les martellements de la basse, est exactement ce que dit le titre de ce long morceau à propos de la mort et de l'au-delà ("walk towards the light").
Son sujet est original et les paroles 'intéressantes'. La chanson, par elle-même, peut être un peu limitée et monotone pour certains, mais l'orgue assure et le rythme puissant en est presque hypnotique.
Un orgue de cathédrale élève le morceau vers des sphères vaporeuses avant qu'il ne retombe au ras des paquerettes dans un style Pop vraiment baroque, accompagné par des déclamations quasi sacerdotales du chanteur qui repète inlassablement le refrain, ponctué d'un glas funeste.
Que dire de l’envoûtant "No Time", sinon qu'il démarre la deuxième face de l'album dans un ton plus Heavy Blues et le groupe joue un peu comme Cream qui jouerait un riff très Steppenwolf...
Le morceau suivant, plus lent et mélancolique, rappelle Cream ou même Uriah Heep: Dans "Uncertain Destination", la guitare bourrée de reverb' souligne les vocaux, avant de virer carrément psyché, tripatouillant de ça de là, accompagnée par un orgue résonnant comme un clavecin, puis de reprendre en Blues Heavy.
Cette chanson ressemble un peu à "Mr Moonlight" de Fat Matress.
La chanson qui suit, le Hard Blues "Realization", recèle d'un solo bouillant, envoies des breaks et des accélérations intenses; les vocaux font penser à the Frost et la musique à Iron Butterfly.
Vient ensuite "Hard working man", une chanson courte d'environ deux minutes, qui est un Blues rapide et groovy typé midwest, avec sa touche de Boogie et son solo acidulé, une orgie toute guitaristique qui parvient à sauver la journée avec sa mélodie très accrocheuse et ses riffs lourds: une sorte de croisement musical entre the Pretty Things et Frijid Pink.
Enfin, un coup de gong ouvre l'inquiétant long morceau final, une sorte de Space Rock toxicomane intitulé "The sorcerer of Isis (The Ritual of the Mole)", qui s'annonce franchement psyché à la Iron Buterfly: un début à la Free (Mr Big), une guitare lancinante, une voix incantatoire, un orgue Hammond qui fuse.
Le solo de guitare d'une minute qui fait penser à Hendrix est suivi d'un passage tout expérimental composé de bruitages totalement incohérent de style floydien, puis le morceau reprend comme au début, étrange, psyché, fascinant, même presque dérangeant.
Les guitares acérées reprennent et finissent par se noyer dans le fade out pour clôturer l'album.

Power Of Zeus avait vraiment tout pour devenir l'une des têtes de file du mouvement psychédélique, un peu comme Jefferson Airplane ou the Pretty Things, mais dans un registre beaucoup plus Heavy.
Cependant, une petite carence en homogénéité se fait sentir à la fin de l'écoute, le tourbillon de genres abordés pouvant brusquer l'auditeur, qui prendra un peu de temps pour digérer tout l'afflux.
Mais il fallut qu’un management foireux fasse capoter l’affaire: comment un groupe aux tendances Heavy pouvait-il s’en sortir chez Motown? Toujours est-il que chaque mélomane aguerri maudira ce label de ce malheureux gâchis, le talent de Power Of Zeus étant pleinement exposé dans ce synthétique album de cet obscur genre qu'est le Hard psyché.
Car quand on pense à la Motown, les riffs de guitare Heavy et le Rock psyché n'est certainement pas la première chose qui vient à l'esprit. Peut-être que c'est pourquoi la sortie de "The Gospel According to Zeus" de Power of Zeus, par la filiale Rare Earth Records, et le premier et seul album complet du groupe de Detroit, a obtenu le statut mythique dans les années qui ont suivi sa sortie en 1970.
Peu habituée des groupes de Heavy Rock / Hard Rock, elle sera la première responsable de l'oubli non mérité auquel Power Of Zeus aspire malheureusement.
Malheureusement oublié au milieu de la scène Hard Rock des années 60 à 70, The Power of Zeus n'a pas eu exactement une bonne carrière.
Incapable de promouvoir son groupe, la Motown ne verra en lui qu'un boulet superfétatoire quand il aurait pu lui faire confiance et le prendre pour ce qu'il était, soit un excellent groupe de Hard Rock aux saveurs fraichement psychédéliques.
Après "The Gospel According to Zeus", le groupe n'a jamais fait un autre album, mais de nos jours, ce disque est très recherché par les amateurs.

Et un véritable culte s’est formé autour de cet album:
Initialement ignoré par la critique et le public, cet album a depuis été reconnu comme un album classique et il est devenu une pièce de collection très convoitée.

Bien sûr, rien de tout cela n'a fait beaucoup de bien à Power of Zeus à l'époque, et des querelles internes sur la direction musicale et l'abus de drogues divisent bientôt le groupe.
Periano travaillera ensuite brièvement pour Motown, produisant un album de Luther Allison, et il jouera pendant quelques années en live avec l'ancien Temptation David Ruffin avant de se retirer.
Malheureusement, Webber est mort d'une surdose de drogue dans les milieu des années 80 et Michalski a suivi une décennie plus tard à cause d'une tumeur au cerveau.

A vous d'en profiter!

Source: Eduardo Rivadavia, Amazon et greg
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Re: POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar Socrate » 18 Avr 2015, 11:41

Superbe Biographie ! Merci !
Je ne suis ni Athénien, ni Grec, mais un citoyen du monde. Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. Il vaut mieux subir l'injustice que la commettre etc...
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Re: POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar Algernon » 18 Avr 2015, 12:10

Un alboume qui a reçu aussi l'île déserte dans "L'Encyclopédie du Hard Rock des Seventies" de Denis Protat
En réécoutant "It Couldn't Be Me" ou même "The Sorcerer of Isis", je pense aux White Stripes. Est-ce normal ?
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Re: POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar Brainstorm » 18 Avr 2015, 12:42

Algernon a écrit:Un alboume qui a reçu aussi l'île déserte dans "L'Encyclopédie du Hard Rock des Seventies" de Denis Protat
En réécoutant "It Couldn't Be Me" ou même "The Sorcerer of Isis", je pense aux White Stripes. Est-ce normal ?


Ce bouquin, même si certaines chroniques restent très discutables, fut ma bible pendant plusieurs années avant de posséder une connexion internet !
Denis Protat m'avait très gentiment répondu par courrier à une demande de renseignements que je lui avais envoyée, un gars qui m'avait paru très sympa. :respect:
D'ailleurs si mes souvenirs sont exacts il avait répondu à une interview pour un numéro de Vapeur Mauve...
"Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d'être un homme."
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Re: POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar Algernon » 18 Avr 2015, 13:09

Brainstorm a écrit:Ce bouquin, même si certaines chroniques restent très discutables, fut ma bible pendant plusieurs années avant de posséder une connexion internet !
Denis Protat m'avait très gentiment répondu par courrier à une demande de renseignements que je lui avais envoyée, un gars qui m'avait paru très sympa. :respect:
D'ailleurs si mes souvenirs sont exacts il avait répondu à une interview pour un numéro de Vapeur Mauve...

Je suis bien d'accord. Super "outil" pour découvrir des groupes obscurs, mais échelle des valeurs toute personnelle, et donc...
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Re: POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar Brainstorm » 18 Avr 2015, 13:16

Oui c'est vrai, surtout maintenant avec la mine d'informations disponibles sur le net, mais franchement quand j'ai acheté le bouquin à l'époque, je ne connaissais rien d'équivalent concernant les styles abordés. Et comme tu dis, un super outil, d'ailleurs j'avais même racheté récemment la nouvelle édition corrigée et auglmantée ! :respect:

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Re: POWER OF ZEUS (Bio)

Messagepar Chien de feu » 18 Avr 2015, 18:05

Brainstorm a écrit:
Algernon a écrit:Un alboume qui a reçu aussi l'île déserte dans "L'Encyclopédie du Hard Rock des Seventies" de Denis Protat
En réécoutant "It Couldn't Be Me" ou même "The Sorcerer of Isis", je pense aux White Stripes. Est-ce normal ?


Ce bouquin, même si certaines chroniques restent très discutables, fut ma bible pendant plusieurs années avant de posséder une connexion internet !
Denis Protat m'avait très gentiment répondu par courrier à une demande de renseignements que je lui avais envoyée, un gars qui m'avait paru très sympa. :respect:
D'ailleurs si mes souvenirs sont exacts il avait répondu à une interview pour un numéro de Vapeur Mauve...



pareil ,ce bouquin a été une bible pour moi pendant longtemps .

d'autre part un gars très sympa Denis PROTAT avec lequel je suis en contact via le label VMP .

de très bon conseil et tres amable ,

Il vit actuellement en Nouvelle Calédonie
Ah ! Qu'il est doux de ne rien faire - Quand tout s'agite autour de nous !"

http://vapeurmauveproductions.fr/
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