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Boomerang est un groupe pratiquement inconnu dans nos contrées et même jusque dans son pays d'origine, qui a sorti un disque tout ce qu'il y a de plus obscur en 1971.
Et pourtant, ce petit opus de seulement environ 31 minutes correspond au premier essai de Mark Stein, chanteur et organiste de Vanilla Fudge pour reformer un groupe après la dissolution de ce groupe Américain des 60's qui influença une partie de la scène Britannique par leurs prestations scéniques, notamment Deep Purple.
C'est donc en 1971 que Stein réalise l'album de Boomerang, avec lequel il tourne le dos aux années 60. Bien que les claviers soient toujours présents, ils sont désormais un peu plus en retrait, et surtout, il n'y a plus une seule once de psychédélisme.
Stein démontre, par ailleurs, qu'il est véritablement un grand chanteur, capable d'opérer avec aisance dans divers registres. Un chanteur occulté, pourtant, par les nouveaux ténors du Heavy Rock, mais qu'un certain Tommy Bolin n'avait pas oublié, puisqu'il l'engagea pour sa carrière solo, et son album "Private Eyes" en 76, mais hélas, Bolin décédera la même année.
L'histoire de Boomerang commence donc avec l'effondrement de Vanilla Fudge, après avoir enregistré cinq albums, parce que la moitié de son personnel, soit Tim Bogert et Carmine Appice sont partis former un nouveau groupe, Cactus.
En date du 14 Mars 1970 avait lieu le dernier spectacle, le 'concert d'adieu', de Vanilla Fudge.
Cette année-là, ils avaient pourtant sorti un dernier album intitulé "Rock N 'Roll".
En raison de crises internes et de la perte de territoire au profit d'une nouvelle génération de formations Américaines telles que Grand Funk Railroad, Mountain, ou Bloodrock, entre autres, la solution était de faire une pause pendant un certain temps.
Les quatre anciens membres ont alors commencé à se diversifier et à mettre en place de nouveaux groupes et projets pour cette décennie prometteuse:
-Appice et Bogert forment le groupe de Hard Rock Cactus avec deux représentants éminants de la scène Rock de Motor City, Jim McCarty, ancient membre de Mitch Rider and the Detroit Wheels et Rusty Day, ancien membre d'Amboy Dukes.
-Le guitariste Vinnie Martell, de son côté, avait reçu une offre pour jouer avec Jimi Hendrix, ce qui n'a tout simplement pas pu se produire parce qu'Hendrix était mort avant...
-Et le claviériste et chanteur de Vanilla Fudge, Mark Stein, forme un combo pour jouer du Hard Heavy, un style qui était sa vrai passion, sous le nom de Boomerang.
N.B.: On peut se demander pourquoi Vanilla Fudge ne s’est jamais exprimée pleinement dans le style 'Hard Rock' tant les aspirations de tous ses musiciens étaient clairement marquées par un Hard Blues fortement électrifié détaché de toutes fioritures psychédéliques.

En fait, lorsque Vanilla Fudge se sépare en 1970, deux autres groupes en sont directement issus, l'un très connu, Cactus avec une grande reconnaissance internationale et l'autre Boomerang dont la plupart des gens n'ont même jamais entendu parler...
Il s'avère cependant que la dissolution de Vanilla Fudge avait grandement contrarié Stein, et qu'il avait même estimé que sa vie était finie. Alors que le Fudge était au sommet de la renommée, Mark se sentit littéralement abandonné par Bogert et Appice.
Voyant Mark complètement abattu, Ahmad Ertegun, alors producteur d'Atlantic Records avait offert à Mark de faire un album solo, mais celui-ci rejeta l'offre parce qu'il espèrait toujours pouvoir continuer son bébé, Vanilla Fudge.
Plus tard, Mark reconnaitra dans une interview que la décision de ne pas profiter de l'occasion fournie par Ahmad Ertegun était complètement insensée et il finit par accepter brusquement l'offre formidable d'Ertegun de publier un disque solo pour Atlantic, mais au lieu de cela, il recrute plutôt un guitariste adolescent, et deux fans de Vanilla Fudge sans précédente expérience musicale notable.
Il ne voulait pas publié de projet solo, mais essayr de former un nouveau groupe.
Stein avait, bien sûr, suffisamment de poids après le succès de Vanilla Fudge pour choisir presque tout le monde qu'il voulait pour son nouveau groupe, mais il choisit des gens qui n'ajouteraient rien de substantiel au mélange.
Ainsi, Boomerang est lancé.
Avec le batteur James Galluzi et le bassiste chanteur Jo Casmir, tous deux fans de Vanilla Fudge de New York, deux des musiciens sont rapidement trouvés pour ce nouveau projet. Stein engage ensuite un jeune guitariste appelé Richard Ramirez, qui, au moment de l'enregistrement de ce disque, avait seulement 16 ans.
Stein était très influent à l'époque et un ami personnel de Led Zeppelin.
Ces contacts lui permirent à de passer un contrat avec RCA pour le lancement des débuts de Boomerang.
Phil Basile, manager de Cactus, devient aussi, par la même occasion, celui de Boomerang.
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Et en 1971 sort l'album "Boomerang" qui contient sept chansons écrites par lui-même.
Son seul véritable inconvénient est qu'il n'est pas assez long! Le groupe avait été ensemble pendant au moins un an avant la sortie de l'album, mais il manquait encore de matériel.
On peut même dire qu'il est douloureusement court, mais il devrait plaire aux aficionados du Heavy Rock du début des 70's, et les passionnés de groupe obscurs.
Le style du groupe surprend tout de suite, avec Stein et Casmir se partageant tous les vocaux.
Comme véritable chanteur et pièce maîtresse du groupe, Stein, sur des morceaux comme la ballade bluesy "Fisherman" et le fameux "Juke Il" révèle à quel point l'avenir du chanteur de Deep Purple David Coverdale emprunte son style bluesy.
Il est vrai que dans Purple Mark III, le duo Coverdale / Hughes imitent, à s'y méprendre, celui de Boomerang, Stein / Casmir.
Le duo vocal obtient des résultats particulièrement réussis sur le très branché "Mockingbird"...
Le guitariste Richard Ramirez est étonnant alors qu'il n'a que 16 ans quand cet album a été enregistré. Cependant, il joue comme un vétéran ayant de nombreuses années de séances de studio derrière lui.
Cet album est devenu un classique du Rock car cette musique résiste à l'épreuve du temps: Grands vocaux, guitare brûlante, grand jeu de basse et de batterie. Le matériel est très puissant.
Son approche étonnamment dépouillée et sans entrave Blues Rock surprendra probablement ceux qui connaissent les travaux antérieurs de Stein avec Vanilla Fudge.
La qualité sonore est excellente: le son de guitare est énorme, l'orgue est merveilleusement surmodulé, la basse grondante et la batterie assurent le tempo, ce qui en fait un disque complet avec une combinaison très efficace.
Si vous aimez la 'Rock Music', vous allez adorer le seul et unique album de Boomerang.
La musique y est intemporelle... Finis les arrangements complexes et les effets psychédéliques qui étaient la marque de commerce de la Fudge. Mais les vocaux distinctifs de Stein et ses sons impressionnants d'orgue Hammond B3 sont toujours là.
L'album révèle une créativité certaine: Stein a dit un jour qu'il n'avait jamais beaucoup aimé Cactus, mais, là, il a pratiquement amalgamé leur style (mais avec un peu moins d'accent sur le Blues) et et il a même été jusqu'à signer avec la même société de management.
Et la capacité de l'ensemble du groupe à enchainer avec des arrangements de cordes luxuriantes sur le morceau "Brother's Comin' Home" dans un style très Allman Brothers sert comme rappel final de la polyvalence sobre de Boomerang et une promesse non tenue.
Le bassiste Jo Casmir gère un plus grand pourcentage des vocaux que l'on aurait pu s'attendre, alors que le guitariste Rick Ramirez obtient ses quinze secondes de gloire avec une beau solo de guitare en arrière sur "Hard Times".
Le seul moment de caractère de la part de Stein vient quand il abandonne les autres sur l'orchestration de "Brother’s Comin’ Home”.
C'est donc un disque très court, mais d'entrée et de façon convaincante, Stein oeuvre avec le vigoureux et caverneux "Juke It", un pur titre de Hard-Rock des années 70, avec une lente maturation de guitare et d'orgue groovy à souhait, riff gras et monolithique, nappage d'orgues, batterie lourde et basse volubile, solo de wah-wah et chant agressif.
Le travail de guitare de Ramirez sonnerait presque comme le Jimmy Page des années 1968 à 1969, c'est à dire au moment des deux premiers albums de Led Zeppelin!
Quant aux vocaux, Coverdale et Whitesnake n'ont rien inventé!
Ensuite, et c'est là que les choses deviennent intéressantes, car au lieu de continuer sur la lancée d'un Rock lourd en vogue aux quatre coins de la planète, Boomerang délivre avec "Fisherman" une superbe chanson aux intonations ballade Southern Rock, avec un piano très 'Billy Powell' et une slide langoureuse typique des ballades de l'époque, qui préfigure les premiers albums de Lynyrd.
Voici enfin planté le décors des duos vocaux Stein / Casmir, et "Fisherman", qui est une leçon sur la cupidité, apporte un sentiment agréable.
Avec la chanson suivante, "Hard Times", on change à nouveau de décor, guitare acoustique, orgue discret, entre James Gang et Led Zep III.
Le morceau commence avec une très grande partie de guitare acoustique et de superbes vocaux comme dans le Fudge, mais les arrangements de la ligne de basse surprennent, ainsi que le solo de guitare enregistrées en arrière par Ramirez.
Le climat reste élevé avec "Mockingbird", un Hard Boogie Blues avec certains côtés un peu Deep Purple / Uriah Heep, écrit par Charles et Inez Fox, traité en mid-tempo à la rythmique classique, mais enfiévré par le chant habituel de Stein et celui d'un second chanteur puissant que l'on découvre en la personne de John Casmir.
On jurerait entendre Coverdale et Hughes dans la meilleure phase de Deep Purple.
"Cynthia Fever", est une sorte de Hard Blues entre Trapeze et Deep-Purple Mark III, avec le timbre de la voix de Casmir nous amène aux bons moments de Trapeze et avec nul autre que Glenn Hughes au chant.
"Cynthia Fever" est effectivement limite métallique, avec son riff qui serpente en boucle, et ses tons d'orgue.
La ballade "Brother's Comin' Home", avec une belle intro au piano et quelques beaux arrangements de cordes et chant mélancolique, est certainement la meilleure composition de l'album.
C'est un hommage épique au retour des anciens combattants et autres vétérans de la guerre du Vietnam, quelque chose qui était encore plutôt rare à ce moment de l'histoire.
Les belles orchestrations de piano prouvent que RCA avait même investi un peu d'argent avec les gars, mais, malheureusement, cela s'est avéré ne pas reflèter la réputation du groupe au niveau commercial.
Ce grand album oublié se clôture avec "The Peddler", pas loin d'un Uriah Heep ou même d'un bon Elton John, un Hard Rock classique traditionnel des années soixante-dix, intro un peu lourde, gros break teinté de Boogie à la manière d'un Deep Purple qui termine les choses en bonne forme et avec de bons résultats.
En 1971, le Hard Rock est déjà bien établi, mais encore jeune et le disque est en concurrence avec ceux de nouveaux groupes en Amérique et aussi, peut-être même avec les Anglais. Et, selon Mark, leur manager est plus intéressé par Cactus que par Boomerang.
En plus, et malheureusement, les concerts en live étaient bien ternes et piteux:
Stein se souvient que les nouveaux avaient tendance à se liquéfier devant le public, ce qui a tué un peu l'idée générale du "soyons un groupe de rock".
Leur musique, mélange brut constitué de Hard Rock et de Blues, n'est finalement pas venu jusqu'au public car, malgré l'échec des ventes, ce qui a empêché le groupe de faire des tournées aux États-Unis, "Boomerang" est et restera un chef-d'œuvre méconnu de Hard Rock seventies.
Et puis, tout d'un coup, Mark Stein s'est vraiment fatigué de tout cela:
Trop vite un deuxième LP avait été enregistré - alors que tout était déja fini.
Le groupe s'est séparé sans faire de vagues et chacun a pris sa propre direction.
Stein ensuite jouera avec Alice Cooper (lors de sa tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1977), Tommy Bolin et Dave Mason entre autres, et il favorisera également le retour de Vanilla Fudge dans les années 80 et même récemment.
Les autres ont tout simplement disparu, y compris le jeune guitariste Ricky Ramirez, qui avait montré de belles promesses dans cet album.

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Selon Mark Stein dans un entretien, Boomerang avait encore enregistrer un autre album qui n'est jamais sorti.
Cependant, selon certains, ce deuxième album serait sorti en 1973 sous le titre "Boomerang 2".
Ce deuxième opus a été abandonné par RCA et n'a toujours pas été publié de manière officielle.
Cet album d'environ 35 minutes est aussi bon que le premier...
Je vous laisse le découvrir!...
Discographie:
Boomerang 1971
Boomerang 2 1973?
Sources: Amazon, Eduardo Rivadavia