ANALOGY (Bio)

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ANALOGY (Bio)

Messagepar alcat01 » 24 Oct 2015, 19:44

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Analogy fut un groupe de Rock Psychédélique et Progressif Germano Italien, actif dans les années 1970.
Il a été lancé par le guitariste Martin Thurn (né en 1950 à Bonn) lorsqu'il déménagea pour aller à la Scuola Europea de Varese, en Italie du Nord.

ImageSons of Glove

En 1968, Thurn fonda un groupe appelé Sons of Glove.
Les autres membres étaient Wolfgang Schoene (né en 1950), à la guitare rythmique, Roger Schmitt à la basse, la petite amie de Martin, Jutta Nienhaus (né en 1953) au chant et le Belge Jean-Claude Sibel, à la batterie: le bassiste Thomas Schmidt (plus tard avec Pell Mell) en fut également un membre temporaire.

Le groupe lui-même sera rebaptisé plus tard The Joice au début de 1970, avec le batteur Hermann-Jürgen "Mops" Nienhaus, le frère de Jutta (né en 1952) et le bassiste Mauro Rattaggi (né en 1952), le seul membre Italien du groupe.

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Ils ont eu la chance de décrocher un contrat de management immédiatement, ce qui leur permit de faire de nombreux concerts en Italie du nord et dans le sud de la Suisse et ils purent acheter un bon équipement professionnel.
En Septembre de la même année, Wolfgang Schoene rejoint à nouveau à la guitare rythmique.

Lors d'un concert dans une banlieue de Milan autour de Pâques 1971, Antonio Cagnola, un homme d'affaires de Monza, qui venait de fonder le petit label Dischi Produzioni 28, contacta le groupe.
Son entreprise familiale était l'usine de pressage de disques Microwatt à Vimercate près de Monza et il avait donc de bonnes connexions avec de nombreuses entreprises de la musique Italienne, dont sans doute la plus grande entreprise de distribution, Messagerie Musicali (plus tard prise en charge par CBS).

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Au début de Mai, le groupe enregistra deux pistes en demo, "God’s own land” and “Hey Joe”, dans un studio de Milan, mais la qualité était si mauvaise que ça n'a rien donné.

Peu de temps après, Jutta enregistra un single avec une chanteuse nommée Ice (d'un groupe appelé Alta Società), qui fut publié pour servir principalement le circuit juke-box.

The Joice finalement signa un contrat d'enregistrement avec Produzioni 28, qui leur garantissait la liberté de déterminer leur propre musique. Pour le moment, cependant, le groupe continuait à donner des concerts presque sans interruption.

Par une belle soirée d'Eté, le 28 Juin 1971, The Joice jouait un festival en plein air près de Arona (Lac Majeur), où Toad, le groupe Suisse, passait également.
Au cours d'une libre interprétation de séquences de "Atom Heart Mother" de Pink Floyd, le claviériste du groupe précédent, Nicola Pankoff (né en 1948), monta sur la scène, installa son orgue, qui était encore là, debout, en marche et joua avec Le groupe.
Bien qu'ils ne se soient jamais vus avant, la musique était merveilleux.
Ce fut le début d'une coopération très productive de 14 mois, car il rejoignit le groupe dès le lendemain, le transformant en un sextuor.

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de gauche à droite, Martin Thurn, Mauro Rattaggi, Wolfgang Schoene, Jutta Nienhaus, Nikola Pankoff et Hermann-Jürgen Nienhaus.

Pendant ce même Eté, ils ont enregistré deux chansons écrites par Martin Thurn, qui, en particulier dans les paroles, reflètent l'esprit non-politique de la génération de 1968: "Sold out”/”God’s own land”.
Cela a été publié en single peu de temps après sur leur petit label Produzioni Ventotto, distribué par Messaggerie Musicali.
Une erreur d'impression sur cette couverture et le poster accidentellement changea le nom en Yoice, et le groupe décida de suivre la facilité et le garder.
Grâce à la distribution intelligente, le single fut disponible dans toute l'Italie et sa circulation a probablement atteint les chiffres à cinq chiffres.

Une grande partie de ce succès, cependant, fut basée sur ce qu'on appelle la promotion juke-box, un phénomène presque typique de l'Italie, ce qui signifiait que les singles étaient produits exclusivement pour le circuit juke-box, sans couvertures, mettant en vedette parfois des œuvres d'autres groupes sur la face B.
Ces singles promotion juke-box sont aujourd'hui très recherchés par les collectionneurs.

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À la fin de 1971, Mauro Rattaggi fut contraint de quitter le groupe parce qu'il devait faire son service militaire obligatoire dans l'armée de l'air Italienne, une expérience très négative pour lui.
En conséquence, Wolfgang Schoene passa à la basse.

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En Mai 1972, le groupe entra aux Mondial Sound Studios à Milan pour enregistrer son premier LP.
Antonio Cagnola avait pu convaincre Aldo Pagani, un producteur bien connu de Milan et de l'éditeur, d'être le producteur exécutif.
En résumé, une excellente idée, mais qui fut contraire aux attentes, car Pagani était seulement prêt à investir pour deux jours, ce qui signifie que le LP aurait pu produire de bien meilleurs résultats musicaux si on avait accordé au groupe une approche plus détendue et réfléchie.

Cependant, leur musique était devenue plus expérimentale et psychédélique, plus Rock Progressif, beaucoup plus difficile à écouter que le single ne l'avait été.
Cela conduisit évidemment à de graves controverses entre Cagnola et Pagani, mais le groupe insista sur la liberté accordée dans le contrat d'enregistrement.

En plus de cela, ils décidèrent de changer le nom du groupe pour donner crédit à ce nouveau développement musical.
À leur avis, "Analogy" était la piste la plus importante de ce LP, donc cela devait être leur nouveau nom.

Bientôt quelques problèmes se sont posés à propos des photos de la pochette.
Le groupe voulait une oeuvre illustrée par Pankoff mais le label exigea certaines photos nues qui avaient été prises pour la production du premier single.
Rattaggi fut couvert par la barre verticale bleue qui comprend le logo du groupe.

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Les chansons de leur premier album se sont progressivement développées avec un style plus psychédélique et expérimental doté d'une atmosphère sombre.
Analogy se distingue alors par la voix unique de Jutta Nienhaus et les impressionnantes compétences instrumentales de Thurn et de Pankoff à la guitare et à l'orgue Hammond.

Sans tourner autour du pot: Du premier au dernier morceau, l'album "Analogy" est riche d'une musique ambitieuse, créative, ludique et très mélodique qui ouvre tout simplement son cœur. Ce groupe de bons musiciens joue techniquement à un niveau assez élevé et les vocaux de Jutta Nienhaus s'adaptent parfaitement à chaque morceau.

Évidemment, le style d'Analogy s'est inspiré du bon Rock Psyché avec quelques éléments progressistes profondément enraciné dans la fin des années 60, avec certains éléments folkloriques et Krautrock.
Leur musique ne peut cependant pas être comparée avec celle du Prog Symphonique Classique car l'œuvre instrumentale n'a rien véritablement de spéciale mais elle est sacrément efficace.
En écoutant cet album, Analogy pourrait faire penser à Earth and Fire ou Sandrose, mais en plus plus âpre et avec plus de Hammond.
Le son est dominé par à la fois par:
- les vocaux très originaux.de Jutta Nienhaus: la chanteuse possède une voix un peu bizarre, certes, mais ells se marie parfaitement avec les chansons et elle est très variée et agréable. Jutta pouvait prendre sa voix de soprano sur la belle "Weeping My Endure", puis chanter un ton 'inférieur' dans le rockant "The Years at the Spring".
- et l'orgue Hammond de Nikola Pankoff dont le son épais est vraiment délicieux à l'oreille.

Sur le vinyle original, Analogy présente sept chansons avec une attitude Krautrock, un impressionnant mélange de Pyché, Symphonique, de Jazz et de Blues Rock, et les chansons les plus longues sont les meilleures parties de cet enregistrement.

Le morceau d'ouverture "Dark reflections", avec un excellent refrain mélodique et des passages d'orgue tourbillonnant, est très agréable avec un rythme plutôt lent et traînant et une voix dramatique solide.
Tous les membres d'Analogy contribuent à établir le style spécial de ce groupe: La structure de la chanson diversifiée est basée sur un thème bluesy et contient des vocaux tout à fait magiques, une rythmique solide, un orgue quasi symphonique et une guitare jazzy.
Sur "Weeping May Endure" qui suit, le contraste saisissant se fait entre les parties vocales calmes montant parfois dans les aigus, la simultanéité de l'orgue Hammond Heavy rugissant et l'interaction du jeu Rock de la guitare.
"Indian meditation" fait apparaitre des transitions au Psyché Américain, une partie d'orgue fantastique par Nicola Pankoff, un chant sans paroles et de la flûte qui correspond bien à son titre.
Ce morceau sonne encore plus psyché que ce qui précéde et le jeu de guitare de Martin Thurn fait un peu penser au début de Pink Floyd.
"Tin's Song" n'est qh'un court intermède instrumental.
Et puis il y a le point culminant de l'album, "Analogy", le titre qui a donné son nom au groupe, morceau assez long qui est profondément dans la veine du Psyché Rock de la fin des années 60.
La chanson, plus complexe, est un instrumental épique avec un très intéressant travail de guitare psychédélique, allant de riffs énergiques aux parties plus calmes où l'orgue et la guitare créent des atmosphères vraiment mystiques et obsédantes.
La chanson qui suit, "The year's at the spring", rappelle un peu Jefferson Airplane.
Pour finir, le morceau "Pan-am flight 249" est une autre chanson bluesy presque au même niveau et dans la manière que "Dark reflections".

En conclusion, l'album "Analogy" est encore un autre 'classique' perdu de Rock Progressif des années 70.

ImageNikola Pankoff

Au début de Juin 1972, le LP a été édité avec une circulation relativement modérée sous le titre de “Analogy”.
Il y eut un différend à propos du manchon de la pochette: Nicola Pankoff avait produit une œuvre d'art que le groupe voulait sur ​​la couverture, mais ils ne réussirent pas à trouver l'approbation que le contrat leur permettait et n'eurent pas leur mot à dire dans la détermination d'accorder les aspects de marketing.
Cagnola et Pagani insistèrent sur une photo nue, qui avait été prise le même jour que les photos pour le single de Yoice.
Comme Mauro Rattaggi était présent lors de la séance de la photo originale, il drvait être enlevé, et le problème fur résolu par l'insertion d'une bande bleue avec le nom du groupe exactement où il se trouvait à l'époque.
Pourtant, le groupe réussit à avoir le LP enveloppé dans une affiche comportant une empreinte de pied, en fait l'un des cendriers de Pagani, que l'on peut aussi voir sur le verso du LP.
La promotion laissa beaucoup à désirer parce qu'Analogy avait insisté sur sa propre direction musicale, mais la presse est devenue de plus en plus intéressée, ce qui, bien sûr, les a beaucoup aidé.

En Italie où le groupe était apprécié, ce disque sorti en 1972 a particulièrement attiré l'attention à cause de l'utilisation des photos nues. Mais il restait pratiquement toujours inconnu en dehors de l'Italie, à l'exception de la Suisse.

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Le 26 Mai 1972, le groupe est apparu pour la première fois sous son nouveau nom au festival de Rock en plein air de Caracalla à la Villa Pamphili à Rome en face d'un auditoire énorme de 30.000 personnes, un concert diffusé en direct sur ​​RAI Radio 1 et il pourra aussi être vu à la télévision.
Un mois plus tard, ils sont apparus, avec le compositeur Simon Luca, sur RAI 1 TV dans le cadre d'une énorme tournée nationale appelé Cantagiro.

Pendant toute l'année 1972, le groupe jouera ainsi quelques concerts importants tels que le Be-In à Naples, mais ils restent toujours inconnus ailleurs.
Malheureusement, c'était aussi le temps des conflits lourds entre le groupe et le claviériste Nicola Pankoff, qui insistait pour que la priorité soit donné à l'argent et non à la musique.
La tension dans le groupe étant devenue insupportable et après un concert au Palasport de Gênes en Septembre 1972, Nicola quitta le groupe et ne devait plus jamais être revu avant le mois de Mai 2008.
Les quatre membres restant furent donc forcés de continuer sans lui car des contrats avaient été signés pour une Tournée en Ligurie.

Leur sauvetage, cependant, était en chemin alors que le groupe s'était déjà lancé dans un nouveau projet: Martin Thurn et Wolfgang Schoene avaient écrit un concept de 30 minutes mettant en vedette des pistes thématiquement liées à être intégrées dans une suite.
L'idée était de combiner, émotionnellement et musicalement, le monde du Moyen Age et de la Renaissance, avec le Rock Progressif en utilisant des paroles Italiennes pour la première fois.
Pendant la tournée en Ligurie, ils jouèrent quelques-uns de ces titres en live et ils devinrent de plus en plus convaincus que cette idée pourrait marcher s'ils avaient un musicien de formation classique avec eux.

Bien que la relation entre le groupe et Cagnola / Pagani avait refroidi au point de congélation, et que les deux parties avaient convenu de mettre fin à tous les contrats, Pagani leur rendit un dernier service: Il connaissait un jeune flûtiste appelé Rocco Abate (né en 1950), un membre de l'orchestre Scala de Milan, qui était intéressé pour se lancer dans de nouvelles entreprises en dehors du monde de la musique purement classique.
Il devint tout d'abord un ami et, finalement, un membre d'Analogy, avec sa flûte donnant au groupe une touche finale complètement nouvelle.
Mauro Rattaggi avait achevé, entre-temps, son service militaire et il rejoignit le groupe à nouveau, mais comme sa place à la basse avait été reprise avec succès par Wolfgang Schoene, il fut très heureux de prendre la responsabilité du son et de l'équipement, une contribution très précieuse.

Sans plus aucun contrat, le groupe était à la recherche d'un nouveau management et très rapidement, ils trouvèrent Maurizio Salvadori et son Agence Trident, à Milan, avec qui les principaux groupes Progressifs étaient sous contrat.
En plus de cela, Elio d'Anna (plus tard patron de Nova), saxophoniste de l'un des meilleurs groupes de l'époque, Osanna, avait énormément aimé la suite et il s'était préparé pour aider à promouvoir le groupe.
Il travailla à se procurer de nombreuses grandes apparitions, en particulier dans et autour de Naples, et les mettre en contact avec la compagnie de disques Fonit Cetra appartenant à l'Etat.
Leur manager d'A & R était prêt à produire "the Suite", mais le conseil a finalement considéré que le projet était non-commercial et la transaction échoua.

Tout cela aboutit à ce que le groupe ait légèrement moins de concerts à donner, mais plus importants à l'échelle nationale car le public était toujours à la recherche de concerts spectaculaires, mystiques, qu'Analogy étaient en mesure de fournir.
Un exemple de concerts de ce genre fut un festival en plein air à Castiglione di Stiviere, près de Mantova, en 1973, quand, lors d'une représentation de "the Suite", le tonnerre naturel et la foudre accompagnèrent l'apparition de sorcières et vampires dans la musique du groupe.

Cependant, en dépit des tournées avec Curved Air et Atomic Rooster la même année, l'argent se faisait de plus en plus rare, et Rocco Abate trouva de plus en plus difficile à combiner son engagement à la Scala de Milan avec les activités permanentes du groupe.
En conséquence, le dernier de près de 400 concerts de Yoice / Analogy eut lieu au Moog’s club, à Aoste, en Novembre 1973, et le groupe fut officiellement dissous.

Franco Battiato, un très célèbre musicien Italien qui était devenu un ami du groupe très tôt, les mit alors en contact avec Bla Bla Records, avec qui il était sous contrat.
En Décembre 1973, Jutta, Martin et Mops signèrent un contrat avec le label, mais l'accord était qu'un certain William devrait faire partie du groupe en tant que chanteur à côté de Jutta.
Les répétitions commencèrent, mais elles se révélèrent être une catastrophe mineure, c'est la raison pour laquelle rien ne sortit de cela.

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Franco Battiato, qui était en studios pour préparer son prochain LP "Sulle corde di Aries", paru cette année-là, demanda à Jutta et Martin de l'aider.
Jutta apparaît sur ​​le LP en tant que chanteuse et narratrice et Martin contribue aux idées telles que les paroles de Wolf Biermann.
Bien que ce ne devait être que le début d'une plus longue coopération, Franco était tellement dans la musique synthétisée que le duo était incapable de voir son intérêt musical dans le projet, ce qui signifia que, après environ trois mois, il était mort.

Dans l'intervalle, Jutta et Martin avaient fait quelques concerts en duo acoustique jusqu'à ce qu'ils obtiennent en contact avec le Collettivo Teatrale La Comune, conçu et dirigé par Dario Fo, qui deviendra plus tard un lauréat du prix Nobel de littérature.
Une partie de ce "Collettivo" était en contact avec la musique, dirigé par le chanteur folk Paolo Ciarchi.
Les deux rejoignirent cette entreprise, en tournée en Italie pendant environ trois mois. L'idée était de présenter la musique improvisée avec un diaporama, avec des sujets socio-politiques.

Un des concerts live à Gênes a été publié sur une cassette intitulée "Cammina, cammina ..".
Les déclarations politiquement explosives de l'émission ont même conduit à une arrestation pour possession de drogue lors d'un concert dans le centre de Milan.
L'ensemble du Colletivo a eu l'honneur de passer deux jours dans le pénitencier de l'État de San Vittore, à Milan, avant d'être libéré car il n'y avait aucune preuve du tout.
Le tout était tellement d'actualité que tous les deux furent, quoique dans des cellules séparées, en mesure de regarder leur propre arrestation sur RAI 1 TV le soir même.
En dépit de toute cette publicité, le projet était mort.

À l'Eté de 1974, Jutta, Martin, Mops et Mauro (the Joice original) rejoignirent Sergio Conte, le claviériste de Jumbo, dans un projet concernant une sorte de comédie musicale socio-critique sous le titre de "Arianna e Teseo" (deux pistes se retrouvent sur le CD "25 Years Later").
Ils ont passé environ quatre semaines entre les toiles d'araignées et des cafards dans un château à l'abandon à Soriasco, près de Pavie, enregistrant environ une heure de musique pure.
Lorsque les promoteurs de ce projet décidèrent de tout résilier par manque d'argent, Jutta et Martin décidèrent de quitter l'Italie pour l'Angleterre.

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À leur arrivée à Londres, ils eurent la chance de rencontrer des gens importants tels que Kevin Ayers, Paul Buckmaster, Kevin Coyle, Lol Coxhill, Nico, David Vorhaus et autre Lady June, une poètesse dont l'appartement était utilisé pour être le point de rassemblement de la scène underground de Londres.

Image Earthbound

En conséquence, en 1975, Jutta et Martin formèrent leur propre groupe, Earthbound, qui, après divers changements de line-up, forma son propre label, Archway Records, avec l'aide des distributeurs Charmdale Records et l'éditeur bien connu Campbell-Connelly.
Une cassette rare fut publiée dans un style qui rappelle quelques notes de Curved Air mais qui fait ressentir des influences plus new-wave.

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En Janvier 1979, ils enregistrèrent trois morceaux,“The Robot”, “Song for South Kensington” et "Liberated Lady”, produits par David Vorhaus ("White Noise"), qui furent publiés en single et maxi-single.
Après pas mal de concerts en Angleterre et deux tournées italiennes, le groupe fut dissout au début de l'année1980, lorsque la relation entre Jutta et Martin prit fin à l'amiable.

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Afin de sauver "The Suite", qui n'avait toujours pas eu d'enregistrement acceptable, et risquait l'oubli, Martin rassembla la plupart des anciens membres d'Earthbound, y compris, bien sûr, Jutta, dans le Goggle Studio, à Londres, au début de l'Eté de 1980, pour enregistrer cet opus, avec John Oram en tant que producteur.
Intercord, la maison de disque Allemande, était sur ​​le point de signer le groupe pour un contrat quand elle se désista au dernier moment.
Cet album qui sortira sous le nom d'Analogy est basé sur leurs performances live de 1973 avec plus d'impressions Prog Folk.

On retrouve dans “The Suite” des ambiances quelque peu festives et colorées, mais cet oeuvre n’est pas seulement l’alliance de la pugnacité du Rock et des joliesses du madrigal, c’est aussi un rêve angoissé, une mosaïque capricieuse où se côtoient les genres les plus divers et un conte bizarre où se mêlent amour et sorcellerie.
L'album se compose donx de neuf titres très diversifiés...

Analyse faite par Carcamousse:
“Sink or swim” offre la vitalité d’un air de danse, évoque des jours de parade, le soleil jouant sur les damas, les velours et les dentelles. Mais si la mélodie est radieuse, les paroles révèlent la peur et l’inanité de l’existence: «Don’t go crying to your friends, their help might just tear your limb from limb, Once the water’s reached your neck, it’s just a case of sink or swim».
Lié par un air de flûte traversière, “The mirror” conserve cette allégresse, mais sur un mode gracieux, rappelant les paons, les licornes, le décor ombragé d’un parc. Là, encore, les paroles sont en opposition, funestes, terrifiantes: «Run to the mirror, my darling, and do you see something that scares you? Ain’t that the devil that stands there?»
“The treatment” marque une fracture, il commence comme un rock, gaillard, trapu, stimulant, se voit rompu par le refrain du premier titre — motif qui reviendra de façon constante —, puis reprend, chaperonné par un piano, scandé par les paroles de Jutta — «Baby, baby how does isolation grab you?, Where you hoodwinked, did you let your teachers trap you?» —; la guitare émet des boucles abrasives et incandescentes, le piano des arpèges courtois, les visions sont macabres et morbides, emplies de cadavres aux bras tendus et de monstres chatouilleurs. «Baby, how do you like the treatment?».
“Merseburg charm” est le titre le plus bizarre. Le texte, en vieux haut allemand, correspond à la seconde des deux incantations d’un manuscrit, datant du IXe ou Xe siècle, découvert dans le chapitre de la cathédrale de Mersebourg; elle décrit la guérison d’un cheval par Odin, dieu des guerriers; le cheval s’est foulé le pied et Odin prononce cette formule magique: «Sose benrenki, sose bluotrenki, sose lidirenki: ben zi bena, bluot zi bluoda, lid zi geliden, sose gelimida sin» (Que soit un os foulé, Que soit le sang “foulé”, Que soit le membre foulé: Os à os, Sang à sang, Membre à membre, Comme s'ils étaient collés). La mélodie, identique à celle du titre précédent, se dilue dans une nonchalance un peu club, un peu disco: une sorte d’édredon musical sur lequel vient ramper la voix de Martin, limailleuse, métallique, triturée par l’électronique, ponctuée par de longs jets de cymbale.
“Spirit dance” est un nouveau rock, cavalcadant, explosif, griffé par un orgue strident et froid et les vocalises pop et désultoires de Jutta. Ainsi se clôt la première face.

La seconde face s’ouvre par “Ventadorn”, une chanson délicate et très pure, soutenue par des accords de guitare sèche, ornée de viole de gambe et de flûte traversière, que Jutta chante en italien. «Non tornero mai laggiu in Ventadorn, la dove noi sorridemmo al primo amor» (Jamais je ne reviendrai à Ventadorn, où nous connûmes notre premier amour). Ventadorn est le nom du musicien qui écrivit la musique, Bernart de Ventadorn ou, en français, Ventadour; du nom du village limousin où il naquit vers 1125. Ce trouvère, qui suivit la cour d’Aliénor d’Aquitaine en Angleterre, est considéré comme l'un des plus grands poètes et musiciens occitans.
“Intermission”, moderne, énergique, poinçonné par une basse trépidante, écorché par des sons bourrus de guitare, offre une élasticité subtile et des variations glorieuses. Les mots évoquent le silence, la solitude, le froid, un état hypnopompique: «Soon the reverie that shelters you must break, Now the moon is rising, now you seem to wake».
“1000 deaths” est le titre le plus “décalé”, le plus surprenant. Il débute par une suite d’accords au piano, frettoloso, gambadeur, très classique, et se poursuit sur un rythme plus serré, dégageant un sentiment d'insouciance et de liberté. Le dormeur affronte la réalité: «Time to take the final plunge, a thousand deaths the lover dies, Time to drop the final mask, a thousand deaths the lover dies».
“Is there a chance”, qui conclue cet opus, est une chanson courte, du même type que “Ventadorn”, ornée, elle aussi, de viole de gambe et de flûte traversière; cette fois Jutta chante en anglais: «How would you feel if I talk to you, Is there a chance that I might get through?».


ImageAlan Dunn / Martin Thurn

À la fin de 1981, Martin Thurn quitta l'Angleterre pour Hambourg, où il rencontra le guitariste, chanteur, compositeur Alan Dunn de Middlesbrough.

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Au début de 1983, tout deux commencèrent à donner des concerts avec succès en duo et publièrent, au début de 1985, leur cassette "Yours faithfully", qui, après tout, se vendit à environ 1000 exemplaires.
Incidemment, ils avaient aussi pressé dix (10 !!!) LP sur vinyle avec une étiquette blanche, conçu pour être un cadeau pour des amis et des proches.
Après la décision d'Alan de déménager pour l'Italie du Nord, ils donnèrent leur dernier concert en Septembre de 1990.

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Entre 1994 et 1995, ils ont finalement retravaillé quelques chansons d'Analogy avec Mauro Rattaggi et sorti "25 Years Later" avec les premières chansons de Joice en deux versions différentes.
Ce nouveau CD, imprimé en 1996 par le label allemand Ohrwaschl mais jamais enregistré en Italie l'année précédente, contient des remakes des vieilles chansons dans une formation comprenant Nienhaus et Thurn avec Rattaggi, le bassiste d'origine et d'autres musiciens.
Le disque est un intense hommage au batteur Mops Nienhaus qui est mort quelques des années auparavant.

Analyse faite par Carcamousse:
Ils enregistrent huit titres, la plupart étant d’anciennes chansons; ils, c’est-à-dire: Martin, Jutta, Mauro, Graziano Mezzajotte aux claviers, Pino Marella à la batterie; ainsi, qu’occasionnellement, Dave Storey (chant, guitare) et Mirko Buzzi (guitare).
“Sold out” et “God’s own land” sont ainsi repris, et ils montrent bien une approche musicale toute différente, forgée par les vicissitudes, certes, mais aussi empreinte de l’air du temps: l’époque a changé, le son a changé, la manière de jouer a changé; les titres de ce nouvel Analogy reflètent l’artificialité des 90’s et leurs sons synthétiques ne peuvent, évidemment, que rebuter celui qui reste attaché à une forme d’expression antérieure.
Pourtant, au vieux sens du terme, la symphonie se fait, un indéniable lyrisme s’exhale de ces sons irréels et de l’hybridation d’iceux avec des guitares plus “orthodoxes” (sèches et électriques), un piano très “académique” et un saxo que l’on pourrait croire vrai, mais qui est “factice”.
“Sold out” abandonne l’air de valse qui distinguait l’intro de l’original pour un prélude “vieille romance”, limpide et euphorisant, conduit par un piano dont on imagine le galbe lisse, la lyre élégante, le noir et blanc resplendissant du clavier. S’y mêlent un son de conque, lisse, filé, diffus, une vague imitation de chœurs, des ricochets de cymbales, puis la batterie cheville le tempo, courtisée par la guitare qui essaime de petites tirades piquantes et syncopées. L’éloquence touffue, typée, de 1971, se retrouve ici, plus expansive, plus cespiteuse encore: piano, orgue, “chœurs”, saxo élégiaque, poum-poums commisératifs et gerbes fuselées de guitare se succédant avec maestria.
“God's own land” possède aussi cette ardeur, décisive, caracolante! Exit le piano pensif et automnal de The Yoice, l'intro est capsulaire et givrée: souffle ionisant, son froissé et sifflant, plomb de la batterie, arpèges et fulgurants laconismes de guitares. J’adore la fougue pyramidale de cette chanson, sa grandeur héroïque, l’hymnique pugnacité de son riff; j’adore le sombre orage dont la voix de Jutta est ourlée; j’adore les élans flamboyants, les bonds léonins et majestueux de la guitare de Martin.
“Clown on a poney”, composé par Martin et Simon Anderson, est une exaltante surprise: un mid-tempo ardent et mélancolique, chanté avec une convaincante solidité par Jutta. Les paroles sont amères et désenchantées; on est surpris par la flûte à bec qui s’élève dès l’intro, jointe à la cornure roide du synthé, aux fausses buées des chœurs; surpris par les vrais unissons qui s’élèvent au refrain, d’hispanisantes charmilles de guitares sèches que relaient de délicieux tiou-tious de Jutta passés au tamis de l’électronique.
“Night games”, écrit par Martin, Jutta et Lady June, remonte à l’année 1975. Une démo acoustique laissait envisager une ballade folk et rêveuse, mais son riff marqué, sautillant, en fait un air extrêmement dansant, curieusement antinomique aux paroles exprimant l’abandon et la solitude: «When you’re loosing all hope, Just had your last smoke, Not a chance of a toke, All your friends went and left...». C’est le titre le plus conventionnel, à peine frotté à l’encaustique du synthé, treillissé de piano, semé de fines zébrures de guitare.
“I saw you again” — écrit par Martin, secondé par Dave Storey (chanté par lui) — déballe ses artefacts, ses polymères acidulés, débutant par un frissement lent, clair, mystérieux, et la mélopée factice, pâteuse, déjà rencontrée — tous deux perforés par des loops pénitents de guitare électrique. Puis une basse slappée, un voltaïque et capricant piano, un orgue velouté, une cymbale aciculaire départissent une mélodie alerte, smart, enjouée, louchant du côté de Brian Ferry. Les paroles, pleinement assorties, célèbrent une impérissable idylle: «I saw you again and I saw you again, And it suddendly seemed like the very first time». Après le premier refrain, portée par les abscisses du piano, s’élève une brise sibilante, incisée de breathings métalliques, indexée de ruissellements phosphorescents et minutissimes. Le final s’écarquille en un solstice affectif éraflé par les fulgurances courtes et raidies de la guitare.
“Arianna e Teseo” et le titre qui suit, “Teseo e’ solo”, écrits par Martin, Jutta et Gianni Damiani, viennent de la comédie musicale à caractère politique que ce dernier devait réaliser en 1974; ils font partie des chansons enregistrées l’année suivante en compagnie de Paul Buckmaster. Leur interprétation est ici toute différente. “Arianna e Teseo”, fluide, lounge, très “décontracte”, opalisé par les caresses du saxo, serti d’un papillonnant piano, de tintinabulements diaphanes, roule dans un Gulf Stream équanime et douillet. Jutta y chante, bien sûr, en italien, accroissant le plaisir qu’on a de l’entendre. La fin accélère, enrobée par un son d’orgue potelé, aiguillonnée par le piano, nervurée par des riffs de guitare rappelant le “Spooky” des Classic IV. “Teseo e’ solo”, tout aussi paisible et chantourné — malheureusement colmaté par un synthé trop dessicatif —, s’offre une petite escapade carrément jazz, guillerette et désinvolte, et une fin séidement rock ‘n’ roll.
“I feel so cold”, écrit par Martin et Dave Storey, s’inspire des terribles évènements de la guerre de Bosnie-Herzégovine. En prélude, des bruits de vols d’hélicoptères et de fusillades mêlés à des chapelets de notes douces et cristallines, puis des gémissements de guitare. Soudain, un riff heavy, teigneux: un riff 70’s insistant que la batterie prolonge et répercute. Enfin, la mélodie, lunevillée de sons clairs et pimpants, se déploie sur un rythme sautillant, plutôt serein... et le riff rejaillit, et des prolongements rugueux s’exaltent aux refrains: «I’m a soldier, don’t know why, Pull the trigger and by and by, For my nation I will die... I feel so cold». La fin est sèche, brusque, inattendue, marquée par le retour du riff.


La seule apparition en live après ces enregistrements a été réalisé en 2003 quand le groupe formé par Jutta Nienhaus, Martin Thurn, Mauro Rattaggi et Geoff Cooper, second le batteur d'Earthbound, joua "God's Own Land" dans un club près de Sarrebruck pour le cinquantième anniversaire de Nienhaus.
C'était le premier concert du groupe en Allemagne.

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muro

Pour la présentation de leur coffret trois CD "Analogie / Earthbound - The Complete Works", le groupe s'était réuni pour un court concert au Bloom à Mezzago, près de Milan en Février 2010.
Le line-up était composé de Jutta, Martin, Mauro, Scott Hunter, Dick Brett, Nikolai Mithoff et Rocco Abate.

En Septembre 2011, le groupe, avec le nouveau claviériste Roberto Carlotto (Hunka Munka), a participé à un concert de célébration du 'Zerbo Festival' près de Pavie.
Cette courte apparition et une semaine très réussie de répétitions à Milan avec le nouveau claviériste Roberto Carlotto (ancien membre de Dik Dik) conduisirent à la décision de risquer un retour sur scène car la joie de jouer à nouveau ensemble était écrasante.

En Avril 2012 Jutta, Martin et Mauro Rattaggi rencontrèrent les anciens membres d'Earthbound, Scott Hunter (batterie) et Richard "Dick" Brett (basse) dans la maison de Roberto Carlotto à Lamezia Terme, en Calabre pour se préparer à une série de concerts, qui commencèrent avec un spectacle au Teatro della Fondazione Terina à Lamezia le 14 Avril, enregistré en live par la chaîne de télévision, Viva Voce.

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A temps pour des concerts dans le nord de l'Italie, de nouveau à Zerbo (près de Pavie) le 20 Mai et à Bloom di Mezzago (près de Milan) le 25 Avril, un DVD intitulé "analogy / Earthbound - The Video Collection" est apparu sur le marché, produit par Claudio Fucci.

Le clou final de cette courte série de concerts fut la participation du groupe au RADICI DEL ROCK festival à Viterbo, près de Rome, le 21 Juillet, où tous les grands groupes de progrock italien étaient réunis (PFM, Banco, Osanna, UT (Nouveau Trolls), NRRR).

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En Mai 2013, le groupe retourna en Italie pour apparaître dans un petit spectacle sur la première télévision italienne (RAI) et présenter leur nouvel album live "KONZERT" sur le label AMS (CD et vinyle). Cette dernière publication a été enregistré lors du concert du groupe à Lamezia Terme, le 14 Avril 2012 et reflète l'histoire de 40 ans du groupe ....une histoire qui ne semble pas être encore terminée.

Discographie:

Analogy (1972)
The Suite (1993)
25 Years Later (1995)
Konzert (2013)

Sources: wikipedia, analogy.it, prog archives, Carcamousse
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