Parish Hall fut un excellent Power Trio éphémère de la région de la baie de San Francisco (California Bay Area).
Le groupe se composait de Gary Wagner (guitare, piano, chant), John Haden (basse), et Steve Adams (batterie).
Spécialisés dans un son Hard Rock / Blues Rock, ces gars-là rappellent un peu le groupe de Rory Gallagher, Taste, mais aussi un peu le son d'un autre trio populaire de l'époque, the Jimi Hendrix Experience.
L'histoire de Parish Hall et Gary Wagner est vague, mais on va essayer d'en tirer quelque chose!...
Ce que l'on sait, c'est que dans le milieu des années 60, Gary dirigea the 'Gary Wagner Blues Group', et qu'il publia un single "I Can't Go On Without You / Save Your Love" en 1965.
Son groupe avait même partagé un spectacle à San Francisco avec the Rolling Stones.
Gary a été impliqué dans la musique depuis qu'il a eu 12 ans, quand il commença à étudier le saxophone et à jouer dans une fanfare.
A 18 ans, il est déjà saturé des leçons de musique et il a décidé de commencer à jouer ses propres idées, le son qu'il avait en tête.
Il a alors abandonné le sax et adopté la guitare et l'orgue, en changeant son inspiration dans le Blues qu'il écoutait joué par ses nouvelles idoles, Howlin Wolf, T-Bone Walker, Muddy Waters et autre B.B. King.
Wagner avait appris à jouer sur le piano de sa grand-mère et il développa plusieurs groupes, dont Gary Wagner & the Nitebeats.
Gary a ensuite prétendu avoir un blocage mental contre l'utilisation de toute forme de distorsion parce qu'il croyait en la pureté du Blues et aussi parce qu'il estimait que seulement une ou deux personnes (Hendrix et Jeff Beck) savaient réellement maîtriser les techniques nécessaires pour cela.
Quant à son style vocal, il a été grandement influencé par Ray Charles et ses condisciples, comme Joe Cocker et Steve Winwood.
Les fortes convictions de Gary le firent entrer et sortir dans différents groupes de la région de Stockton, en Californie.
Il a même joué des spectacles au Stockton Memorial Civic Auditorium.
Une anecdote en passant, Wagner avait même auditionné et il était presque devenu l'un des Monkees!...
Mais c'est quand il joua dans le groupe The Chosen Few qu'il eut son premier aperçu de la célébrité quand un certain Sly Stone produisit un single du groupe.
Il a enregistré pour le label Fantasy Records de Berkeley, appartenant à l'imprésario du showbiz Saul Zaentz.
The Chosen Few était un groupe de San Francisco pour qui Gary avait écrit les chansons "I Think It's Time / Nobody But Me" sorties en single par le groupe sur la filiale de Autumn Records, North Beach également en 1965.
Il a même précisé qu'il avait aussi joué sur ces chansons.
Les problèmes financiers avec le label, cependant, le frustrèrent de la sortie du single et découragea tant Gary Wagner qu'il décida de repenser sa vie et de se consacrer à récupérer les vieilles voitures.
Il arriva à se composer une collection de 16 voitures, dont une RollsRoyce 1932 et deux Packard.
C'est cette collection qui fut la source d'inspiration pour deux chansons: "Dynaflow" et "Silver Ghost".
Ce qui nous amène au groupe nouvellement baptisé Parish Hall qui marqua le retour de Gary Wagner à la musique, composant une sorte de dix commandements du Hard Blues, cinq morceaux par face, et que tous les rockers devraient répéter toujours et encore.
En 1969 donc, Gary et Parish Hall, furent remarqués par l'arrangeur / producteur vétéran du R & B, Ray Shanklin, qui à ce moment était connu pour son travail avec plusieurs artistes de Fantasy / Galaxy, dont Little Johnny Taylor et Big Mama Thornton.
Il enregistra ce qui allait devenir le seul album de Parish Hall, live in the studio, ce qui fait partie du charme entourant ce LP sonnant, somme toute, de façon assez brut.

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"Parish Hall" a été initialement publié vers la fin de l'année1970 sur un petit label local, California records.
Bien que la pochette représentant un portrait de Gary Wagner ne laisse rien présager de son contenu, la musique se révèle être un Heavy Blues Rock qui peut prendre parfois des saveurs plus Hard Blues, assez rugueuses.
Gary Wagner, au moment où le disque est sorti était âgé de 25 ans et en dépit d'être un garçon calme et réservé, il était l'un des musiciens les plus intenses de la ville de Stockton, en Californie.
Il avait passé la dernière année à créer un son dans sa tête, et elle devrait être "la musique d'il y a sept ou huit ans remise au goût du jour... de la musique simple, sans distorsion".
Cet unique album n'a rien à envier à des oeuvres majeures de la même époque: Toutes les chansons de cet album sont des originales écrites par Gary Wagner et elles résistent bien à la comparaison.
Wagner puise principalement son inspiration chez Hendrix, Cream, le Chicago Blues, peut-être même également Savoy Brown ou même the Spencer Davis Group, et, en filigrane, la scène Acid Rock de San Francisco, d'où le groupe est issu. Le tout en gardant une approche toute personnelle.
Ce Power Trio a une excellente virtuosité avec un assez bon matériel. C'est, avant tout, du fort Heavy Rock avec du bon travail de guitare et un sentiment exacerbé de Blues sombre.
Le seul véritable défaut réside dans le fait que c'est un album bien court (31 minutes), avec des compositions qui le sont tout autant.
Ormis le morceau d'ouverture, l'excellent "My Eyes Are Getting Heavy", elles avoisinent les trois minutes, ce qui leur évite de se disperser. Toutefois, on peut regretter le final un peu brutal de certaines d'entre elles, avec un fade précipité, alors que l'on aurait aimé les entendre s'étirer davantage.
Il y a quelques bons passages de Hard Rock dynamiques dans "My Eyes Are Getting Heavy", "Skid Row Runner" et "Lucanna" avec certain superbes travaux de guitare de la part de Gary Wagner.
Le jeu de guitare évoque une sorte de fusion entre Jimi Hendrix, Michael Bloomfield, et Otis Rush. Certains plans de guitare proviennent même directement de Freddie King.
La guitare, pratiquement dépourvue d'effet à part sur "My Eyes Are Getting Heavy" où Wagner utilise quelque peu le vibrato, sonne comme un croisement entre le British Blues, le Chicago Blues le plus rude, avec une prise de son 'Live in the studio'.
Le chant qui s'est certainement forgé à l'écoute d' Hendrix est légèrement désabusé et nonchalant.
La section rythmique est bien posée, avec un batteur, Steve Adams, qui a un jeu vif, énergique et soutenu et un bassiste, John Haden, qui évolue dans un bon style qui n'est cependant pas assez mis en valeur par la production.
On trouve même quelques utilisations ponctuelles d'un orgue, ou quelques notes de piano, pour seuls arrangements. Notamment, sur le remuant "Ain't Feelin' Too Bad", sur l'unique ballade Pop-Blues "Take Me with You When You Go" en clôture, ou encore quelques accords perdus sur "Skid Row runner".
D'entrée, Parish Hall frappe fort avec "My Eyes Are Getting Heavy", un brûlot très proche du "Oh Well" de Fleetwood Mac.
Wagner joue au guitar-hero type de l'époque, et visiblement, il peut se le permettre sans s'exposer au ridicule.
Suivent des pièces de Blues Rock Heavy, allant à l'essentiel, évitant les solos démonstratifs et inutilement prolongé...:
"Dynaflow" a quelque chose du Ten Years After de "Stonehenge", mais surtout du British Blues de l'époque, Savoy Brown, ou Chicken Shack, par exemple.
Quant à "Ain't Feelin' Too Bad", c'est un morceau très Spencer Davis Group dans son approche, avec un orgue qui l'accompagne pendant toute sa durée.
"Silver Ghost" rappelle beaucoup Hendrix en raison de riffs de Blues classiques et du chant puissants qu'ils injectent.
Ils font carrément de cette chanson un classique instantané.
Ce morceau semble être une sorte de mix entre l'Electric Flag, Hendrix et le Buddy Miles de l'album "Them Changes".
Vient ensuite "Skid Row Runner" qui est un Hard Blues Rock moyen, mais avec un beau solo de guitare en son milieu.
"Lucanna" est un morceau hendrixien et le solo de guitare de Wagner est toujours très inspiré
Ile enchainent avec "We're Gonna Burn Together" qui nous ramène, une fois encore, au meilleur du Spencer Davis Group, "I'm a Man", ou "Keep on Runnin'", par exemple.
Et "Somebody Got the Blues" pourrait aussi évoquer, entre autres, le Blues blanc d'un Johnny Winter de la même époque.
"How Can You Win?" est un Blues avec la guitare à l'unisson du chant, tel que l'avait développé Hendrix et quelques mesures qui empruntent au "If 6 was 9" épuré du psychédélisme...
Pour bien terminer ce disque, "Take Me With You When You Go" fait penser à l'Electric Flag de la grande époque avec la présence d'un piano qui accompagne la mélodie...
Avec un peu plus de travail et de développement, ces chansons auraient pu prendre une autre dimension dans des constructions et des arrangements plus impressionnants.
Et le groupe de Rock Gary Wagner aurait pu être énorme.
Cependant, Parish Hall fit très peu pour se distinguer au cours de cette période de temps alors que la scène musicale exigeait des idées créatives et fraîches.
Certes, la guitare est excellente, les vocaux ne sont pas mauvais et la section rythmique est bonne, mais son manque de jeu inventif empêche cet album de monter au niveau supérieur.
Ce disque est un petit bijou à découvrir: Il n'a peut-être rien de spécialement transcendant, mais au final, c'est un disque que l'on se surprend à écouter en boucle avec plaisir.
Hélas, le LP a été ignoré, le trio a sombré en raison de mauvaises ententes commerciales et des indulgences personnelles et le groupe s'est séparé.
Parish Hall ne commencera à gagner la reconnaissance de certains collectionneurs Européens qu'à la fin des années 1990, et les originaux ont atteint des prix élevés sur les marchés pour collectionneurs...
Après cette période: "...Je ne savais pas quoi faire...", se rappelle Wagner. "...Je trouvais que je pourrais jouer de la musique sur le piano. Cela sonnait comme si je savais ce que je faisais. C'est ce que je voulais faire. La musique était ma religion...
"...Il n'y avait pas de piano dans un groupe de Rock alors. Plus tard, je jouais plus de piano, car en plus, il y avait trop de guitaristes...".
Après avoir vécu à Sacramento pendant vingt ans, Wagner est revenu à Lodi et Stockton en 2000.
Bien qu'il ait joué avec Johnston's J. Burbank & the Distractions occasionnellement depuis 2000, Wagner, tout en surmontant des problèmes de santé, est resté hors d'atteinte à Lodi.
En 2009, une tournée de Parish Hall en Angleterre et en Europe avait été envisagée, mais, plus rien depuis!!!...
Sources: rockasteria, AllMusic, bordeldorock, amazon.com