The CHURCHILL'S / JERICHO JONES / JERICHO (Bio)

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The CHURCHILL'S / JERICHO JONES / JERICHO (Bio)

Messagepar alcat01 » 01 Fév 2016, 00:48

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Israël est un pays souvent ignoré par la presse musicale.
En outre, le Rock n'est certainement pas ce qui vient généralement à l'esprit quand la plupart des gens pensent à ce pays.
Cependant, the Churchills, propres pionniers du Psyché Rock en terre d'Israël, méritent vraiment une reconnaissance.
Le groupe est d'ailleurs considéré comme le premier et le plus important groupe de Rock en Israël qui ait jamais existé.

The Churchills faisaient partie de la scène des 'rhythm bands' actifs en Israël dans les années 1970, en particulier dans Ramla.
Le groupe jouait de la musique Rock en Anglais, du Rock Psychédélique au Hard Rock et du Rock Progressif.
C'était une force de premier plan dans la scène Beat Israélienne d'origine, mais ce fut leur coopération avec Arik Einstein qui leur permit de surpasser l'ordinaire de la Pop Israélienne et d'obtenir la reconnaissance.
Leur collaboration avec Einstein a prouvé être très influente sur le Rock d'Israël.

Il fut donc également actif dans d'autres pays, plus tard, sous les noms de Jericho Jones et Jericho.
Ce fut l'un des premiers groupes de Rock Israéliens.
Dans leur trop brève carrière, ils ont fait certains disques étonnants, et se rapprochèrent d'une certaine renommée internationale, plus que tout autre groupe de Rock Israélien.

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L'histoire de ce groupe hors du commun commence en Israël en 1965, à Tel-Aviv, quand Micki Gavriellov remarqua Haim Romano, un jeune virtuose de 13 ans, jouant de la mandoline à une vitesse extraordinaire pour une petite bande de ses amis lycéens.
Gavriellov, qui voulait être dans un groupe, a commencé à suivre Romano avec sa guitare, essayant désespérément de se faire remarquer.
Il commença bientôt à jouer de la basse avec le guitariste Yitzchak Klepter, le batteur Ami Treibich, et le chanteur Selvin Lifshitz.
Passant sous les noms divers, dont Tequila et the Whisperers, le groupe incorpora bientôt Romano à la lead guitare.

Le groupe a été rapidement connu sous le nom de Churchill's Hermits (en hommage à Herman's Hermits), et finalement juste the Churchills.
'Churchill' était un surnom que Klepter avait pris à l'école secondaire en raison de sa ressemblance avec le défunt Premier ministre anglais.
A ce moment-là, la musique Rock en Israël était à peine reconnue.
Selon le futur membre du groupe, Rob Huxley, "Tous les groupes israéliens jouaient la même musique. Voilà comment les publics jugeaient comment était le groupe, par la façon dont ils pourraient copier un enregistrement. Personne ne jouait ses propres trucs!".

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Le groupe se fait repérer en 1967 lors d'un concert par Robb Huxley (guitariste des New Tornadoes) qui intègre le groupe à la place de Klepter parti effectuer son service militaire.
Huxley était venu en Israël en provenance de l'Angleterre en 1967 en tant que membre de l'une des diverses incarnations de tournée de the Tornadoes, le groupe qui, dans son line-up original, avait eu un succès avec "Telstar", écrit et produit par Joe Meek.
Comme Meek possédait tous les droits sur la chanson et son groupe d'accompagnement, il avait formé et reformé divers groupes pour jouer comme the Tornadoes.
Lorsque the Tornadoes eurent terminé leur tournée en Israël, le bassiste et le batteur décidèrent de retourner en Angleterre, mais Huxley et le claviériste du groupe décidèrent de rester.

Après avoir joué dans quelques groupes en Israël, Huxley rencontra the Churchills: Huxley raconte: "...Le groupe devait jouer deux sets, l'un de reprises Pop et l'autre de Soul music Américaine, sur laquelle ils furent rejoints par [le chanteur Canadien] Stan Solomon...".
À l'époque, Salomon chantait dans un groupe appelé the Saints.
Huxley et Salomon devinrent des amis très rapidement, et bientôt ils furent inséparables.

En 1968, Lifshitz et Klepter furent incorporés dans l'armée israélienne.
Salomon fut presque immédiatement demandé pour devenir le nouveau chanteur du groupe, et il recommanda à son tour Huxley en remplacement de Klepter.
Le changement fut spectaculaire. "...Stan et moi avions les autres membres du groupe dans notre appartement,..." dit Huxley, "...où nous fumions beaucoup de hash, il y en avait beaucoup en Israël à ce moment-là... Nous leur avons présenté the Doors, Vanilla Fudge, et Hendrix - ce genre de musique, et ils ont juste flippé! Ils adoraient totalement!...".
C'est ainsi que Romano et Gavriellov firent leur propre contribution importante au son du groupe.
Gavriellov se rappelait dans une interview avec Joel Ron que "...Haim et moi-même... venions d'un milieu Oriental, disons Asiatique, tandis que le reste des gars dans le groupe étaient des Occidentaux...
Ce n'est pas comme si nous prenions des décisions propres à utiliser ces sons, il est venu de notre contexte, c'est simplement naturel... Stan et Rob ont été totalement surexcité par la révélation de ces sons Orientaux...".

Ce mélange unique de musique orientale et occidentale est devenu très populaire en Israël, sans doute aidé par le fait que, grâce à Huxley et Salomon, the Churchills sont devenus le premier groupe de Rock Israélien à jouer un matériel original.
"Personne dans le groupe en dehors de moi et Stan n'avait fait des originaux avant", a déclaré Huxley. "Quand nous avons commencé à écrire des chansons ensemble ... les chansons ne faisaient que couler hors de nous. À ce moment-là, Stan et moi essentiellement avons pris le contrôle du groupe et avons dit: "Voilà ce que nous allons faire. "

En 1968 The Churchills enregistrent leur premier single qui musicalement évoque un peu Left Banke: "Too Much in Love to Hear", un original d'Huxley, soutenu par "Talk to Me" de Salomon,
Peu de temps après la sortie du single, le groupe se hasarda en tournée au Danemark, où ils passèrent quatre mois en groupe d'ouverture de Deep Purple.
Romano se rappelle, "...Nous avions amplis Marshall de cent watts. Ils [Deep Purple] avaient des Marshalls à six cents watts. Lorsque nous avons joué, nous avons tourné nos amplis basse et le propriétaire du club s'est plaint que nous étions trop fort. Quand Deep Purple a pris place, ils ont tournés les potards à fond et ont fait exploser le putain d'endroit, et le propriétaire a adoré! Nous ne pouvions pas le croire! Une nuit... nous avons décidé de tourner nos petits amplis jusqu'au plein volume et le propriétaire nous a viré...".

Exposés à la dope et à la scène underground, leur musique allait progressivement devenir de plus en plus psychédélique.
À leur retour en Israël, ils ont commencé à adopter l'arabe et les motifs grecs dans leur musique.
Ils ont été invités à créer une bande sonore pour le film "A Woman's Case", un film bizarre à propos d'un directeur de publicité qui tombe amoureux et plus tard complote pour tuer une modèle de mode lesbienne.

Ils ont ensuite créé plusieurs musiques de films Israéliens, qui furent la base de leur album révolutionnaire.

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En Septembre 1969, le groupe obtient un contrat d'enregistrement à "Hed Arzi" et il sort son premier album.

Les chansons de Huxley, Salomon et Gavriellov écrit pour le film sont devenues la base pour ce disque, Cherchilim (צ'רצ'ילים, "Churchill's").
Cet album, qui selon le magazine Record Collector est l'un des plus rares albums psychédéliques au monde, montre toutes les forces du groupe, de "So Alone Today" et "Strange People", qui rappellent Jimi Hendrix et the Doors, respectivement, à "Debka" et "Subsequent Final" qui présentent leurs influences méditerranéennes.

L"album s'ouvre avec "Open Up Your Eyes", un Rock Psyché bien typé de la fin années 60, avec une accélération surprenante au bout de moins de deux minutes et un dérapage un peu délirant vers la fin.
La basse et la guitare introduisent "Song From The Sea", un morceau toujours très psyché dans sa conception.
Suit "Pictures In My Mind", avec décollage immédiat pour une jolie ballade midtempo avec guitare finement électrisée.
"Comics" est un genre de Heavy Rock avec beaucoup de guitares psychée et une rythmique bien lourde et bien carrée pour assurer le tout.
Le morceau suivant, "When You're Gone" est une jolie ballade rockante un peu désuète, mais qui a, malgré tout, assez bien vieilli.
Nous avons droit, ensuite, à une rythmique très affutée pour introduire "Strangulation", un autre morceau hard psyché.
Une intro planante ouvre sur un morceau Rock "Straight People", toujours psyché et à la saveur un peu surannée comme on savait si bien les faire à l'époque.
"Subsequent Finale" est un morceau rapide à saveur exotique avec une guitare jouée à la façon d'un banjo, très original pour un groupe de cette époque.
La chanson "So Alone Today" est un morceau très original joué avec un rythmique avec bande magnétique passée à l'envers à la façon de Jimi Hendrix (Are You Experienced?).
Enfin, "Debka" est un Rock Psyché qui commence de façon classique, mais qui évoluent, petit à petit, dans des dérives quelque peu asiatiques, avec percussions et orchestration...
Très original!

En dépit de son caractère unique, l'album s'est vendu en petites quantités et il est devenu une pièce de collection qui se négocie encore bien cher...

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En 1969, Stan Solomon quitte le groupe et il rentre chez lui.
"...Le père de Stan était l'un des hommes les plus riches du Canada..." a expliqué Huxley. "...Il voulait que Stan revienne et se joigne à l'entreprise familiale qui était une entreprise de vêtements. Il a même payé des personnes pour espionner le groupe pour lui. Bien sûr, nous avons toujours su qui ils étaient. [Les espions] montaient des histoires ridicules à lui dire, comme que j'étais gay [avec Stan]...".
"...[L'abandon de Stan] fut une crise...", a déclaré Gavriellov. "...On nous a laissé en quatuor sans savoir exactement quoi faire...".

En Israël, toujours sous le nom "The Churchills", le groupe devient de plus en plus connu et, alors que Huxley prenait temporairement le rôle de chanteur, le groupe a également été impliqué dans d'autres projets, entre autres, la cooperation avec le chanteur solo Arik Einstein, Gavriellov et Huxley devenant ses premiers auteurs.
Cela marque alors une remarquable contribution à la création du Rock de ce pays.
Ils accompagnent Einstein dans ses concerts et Itzhak Klepter compose quelques de ses grands succès.
Par exemple, le groupe, avec Einstein, a également contribué à une version en Hébreu de "Give Peace A Chance", qui reflète la version originale de John Lennon chantée avec d'autres stars Israéliennes.

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The Churchills participent à la production de ses albums "Poozy", enregistré en 1969 (considéré par beaucoup comme le premier album Rock en Israël et en Hébreu).
The Churchills jouent sur la moitié des morceaux dont l'un était une version en Hébreu de l'une de leurs propres chansons ("When You're Gone").
Après "Poozy", the Churchills ont également joué avec Einstein dans ses concerts, et le groupe a continué à jouer et à faire trois albums de plus avec Einstein:
"Shablool" (1970), "Plasteline" (1970) "Shirey yeladim" (Chansons d'enfants), "At Avigdor's on the Grass" (1971) et "Yasmin" (1972).

L'étape suivante fut de faire équipe avec le compositeur / chef d'orchestre Israélien Noam Shariff, qui organisa pour eux un concert avec l'orchestre philharmonique d'Israël dirigé par le chef d'orchestre Zubin Mehta, influencé par l'album de Deep Purple avec le London Symphony.
A la suggestion de Sharif, le groupe a appris "Coral for Young Lovers" et "Double Concerto" de Bach et les a joué avec l'orchestre pour deux nuits.
"...Nous avons essayé de jouer très doucement...", se souvient Romano, que j'ai également interrogé récemment, "...et il [Sharif] était en colère et dit: "...Je ne vous ai pas fait venir pour cela! Jouez à plein volume!...".
Par crainte que les abonnés à l'orchestre pourraient annuler leurs abonnements, the Churchills jouèrent en premier, et ne furent rejoints par l'orchestre qu'après une pause.

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Les résultats de ces spectacles ont été publiés sur un EP intitulé "Churchill Sebastian Bach".

Au début de 1970, Robb Huxley rentre brièvement en Angleterre pour se marier et quand il revient, les autres membres du groupe l'informent que pendant qu'il était parti, ils avaient ajouté un nouveau chanteur, Danny Shoshan, ancien membre de the Lions of Judea et fan avoué de Led Zeppelin et qui va profondément influencer le groupe.
"Pour moi," a dit Huxley, "Danny Shoshan est devenu l'autre Stan Solomon. Lui et moi avons commencé à écrire ensemble, comme je le faisais avec Stan. Mais Danny chantait avec une voix très courageuse, nous avons donc commencé à faire des trucs plus difficile parce que nous le pouvions."
De même, Romano a dit, "Stan Solomon copiait Jim Morrison dans la façon dont il se comportait, la façon dont il chantait, la façon dont il écrivait. Danny était plus dans Led Zeppelin. Donc, notre musique a changé pour (être) plus comme Led Zeppelin."

La nouvelle direction du groupe était apparente sur les deux premiers singles qu'ils firent avec Danny Shoshan, reprises de "She's A Woman" de the Beatles et "Living Loving Maid" de Led Zeppelin".

En 1971, sur l'invitation de Robb Huxley, et pour se projeter à fond dans la scène Rock, The Churchills ont alors pris deux attitudes:
D'abord se déplacer vers l'Angleterre; le groupe décidant de faire de Londres sa nouvelle base d'opération en 1971.

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Deuxièmement, en raison d'une certaine inquiétude sur la façon dont le public Britannique ressentirait ce nom "the Churchills", car cela pourrait ne pas être aussi bien accueillis en Angleterre, terre de Sir Wilston Churchill, le groupe se rebaptisa illico Jericho Jones, un nom qui devait marier leurs racines d'Israël ("Jericho") avec leurs sonorités contemporaines et leur nouvel emplacement ("Jones").

Sous ce nouveau nom, le groupe a rapidement accroché avec le producteur Alice Elias et il signe un contrat avec le label A&M Records.

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Il commence une nouvelle carrière d'enregistrement avec l'excellent album "Junkies, Monkeys & Donkeys" en 1971, que Gavriellov décrit comme 'très américain [influencé], et très Danny Shoshan'.

L'album a été enregistré lors d'une session marathon de 24 heures aux studios Tangerine à Londres sur une console 8 pistes.
Il sera mixé plus tard par Ellis Elias qui décida aussi du nom de l'album, reprenant le titre d'une chanson qui y figure.
C'est le label qui s'occupa du design de la pochette qui montre une main sortant des ruines de Jéricho.
La pochette de l'édition française sera imprimée avec des couleurs différentes de l'originale, noire et rose au lieu de rouge et dorée et devint une rareté se négociant autour des 300 euros.

"Junkies, Monkeys and Donkeys" est vraiment un album de transition, mettant à jour musicalement leurs racines psyché avec le Hard Rock et le Prog.

Ce quintuor s'évertue à jouer un Rock accessible original où les vocaux sont importants. Jericho Jones produit un Rock Psychédélique très intéressant. Les mélodies sont soignées et les solos de guitare biens travaillés dans des effets de sons divers et variés comme dans "Man in the Crowd".
Par moment, ça frise le Hard avec une rythmique qui s'emballe et une voix qui devient hargneuse. Et puis on trouve aussi quelques titres coulants comme le sirupeux "Yellow and Blue" qui s'étoffe par un beau solo de guitare.
Les titres sont encore marqués par le Rock Progressif et Psychédélique, mais ils commencent à s'orienter vers un Rock plus Hard, ce qui se confirmera encore plus sur l'album suivant.

Le groupe commence avec la Pop de l'époque, donnant l'impression que l'album, composé de dix chansons, suivra cette ligne...
e premier morceau est un délicieux hors d'oeuvre intitulé "Mare Tranquilitatas", dont le travail instrumental est le point culminant.
Puis vient "Man in the Crowd" qui montre un peu plus le côté Heavy du groupe, avec beaucoup de travail à la guitare dans un pur Hard Rock.
La chanson suivante, "There is Always a Train" confirme que ce disque est vraiment très bon, avec un beau duo vocal et des guitares parfaitement bien dosées.
Suit, "Yellow and Blue" qui est une ballade qui tombe parfaitement bien et qui sert d'apéritif pour le reste de l'album.
Le début de la chanson suivante, "Freedom", ressemble de près au rythme de "Cocaïne" de J.J. Cale.
"Triangulum" est un instrumental intéressant.
L'introduction du superbe "No School To-Day" fait penser aux Allman Brothers alors qu'ensuite, la chanson ferait plutôt penser aux Beatles, mais ce ne sont que des influences parmi d'autres, car ce morceau est une création cent pour cent Jericho Jones.
La chanson-titre, "Junkies, Monkeys & Donkeys", énigmatique et progressive, rappelle inévitablement un Led Zeppelin bluesy, mais toujours avec cette touche toute personnelle.
Un seul single sera tiré de l'album, c'est "Time Is Now", une composition du leader de Mungo Jerry, Ray Dorset.
L'album, vient à sa fin avec son meilleur morceau, avec le superbe instrumental "What Have We Got to Lose", qui est une grande chanson combinant la lourdeur et la mélodie.

Pourtant, sorti en 1971, cet album n'a pas laissé un souvenir impérissable, mais il mérite une écoute attentive car cet opus plaira aux nostalgiques de la musique Rock du début des années 1970 et Jericho Jones a obtenu un grand succès en son temps; il avait une indéniable qualité, un style unique et une grande capacité à créer de grandes chansons.

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Pour une raison quelconque, l'année suivante, donc en 1972, le groupe raccourcit son nom en "Jericho", laissant cette fois tomber le "Jones".

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Le groupe sort alors un dernier album intitulé tout simplement "Jericho", à nouveau produit par Elias.
Ce disque, composé de cinq long titres complexes tels que "Ethiopia" et "Justin and Nova" qui révèlent un changement de style dans la musique du groupe vers un son plus Prog Rock dans une veine proche de King Crimson, marque l'apogée du groupe et révèle les talents de leur prodigieux guitariste Haim Romano.
Ce dernier opus est un travail plus complet, le groupe ayant maintenu son son Hard Rock, mais développé un songwriting plus complexe fortement influencé par Led Zeppelin, quoiqu'encore toujours tout à fait original.

Ce groupe peu connu aurait certainement mérité de faire une plus belle carrière car cet album est fort et original de bout en bout.
Les qualités des compositions et des instrumentistes sont exceptionnelles et placent le groupe au niveau des grands de l'époque: quelque part entre Deep Purple et Uriah Heep.
Seul le chant est peut-être un peu en-dessous, comme sur le premier titre "Ethiopia" dont les premières minutes instrumentales sont cependant d'une agressivité époustouflante.
Le jeu est un coup de grâce pour ceux qui aiment le Hard Rock des seventies avec de longs passages instrumentaux et quelques touches progressives.
Jericho peut alors être considéré comme l'un des meilleurs groupes de Heavy Rock de l'époque.
Les meilleurs moments de l'œuvre sont en fait "Don't You Let Me Down", le grand "Featherbed", le sensationnel "Justin and Nova", longue ballade progressive, très bien composée et superbement arrangée, et le morceau de clôture, "Kill Me With Your Love" (très) longue pièce d'opéra-rock, véritable hymne à la guitare.

Le morceau d'ouverture, "Ethiopia", est du pur Proto Metal qui a obtenu un certain droit de passage dans les stations de radio qui étaient autorisées à jouer leurs propres setlists.
C'est un Hard rock au tempo rapide où les premières deux minutes et demie sont un instrumental hardrockant qui donne le tempo et la mélodie.
Le jeu de basse et la lead guitare sont énormes. La voix rauque de Rob Huxley se met alors à hurler.
Le tempo est rapide et heavy avec beaucoup de travaux à la guitare (une sorte de mélange de King Crimson et Led Zeppelin).
C'est tout simplement un fantastique Hard Rock.
Une guitare acoustique ouvre "Don't You Let Me Down", mais pas longtemps. La lead guitare, la batterie et le chant prennent bientôt le relais. Les lignes de basse lourdes et les battements de la batterie jouent avec les vocaux qui sonnent comme un Badfinger gonflé aux stéroïdes.
La mélodie a un rythme fort et puissant, déferlant avec le travail fantastique de la basse et le jeu de guitare.
C'est encore un autre Hard Rock grandiose.
Le son de "Featherbed" rappelle Alice Cooper, période "Killer".
Il y a quelques belles harmonies vocales avec une ambiance fortement années 60.
La chanson a quelques changements de tempo allant du Hard rapide avec solos flamboyants de guitare, au slow envoûtant comme "In-A-Gadda-Da-Vida" de Iron Butterfly.
Le solo de guitare est prolongé avec un écho psychédélique et la distorsion. Les guitares prennent suffisamment d'espace pour briller.
La chanson revient alors à son thème principal et se termine avec une batterie fracassante et la puissante dans le style des Who.
Un autre superbe morceau...
Des effets de synthétiseur imitant un atterrissage de vaisseau spatial ouvrent la chanson "Justin et Nova".
La guitare acoustique et le piano sont suivis par la batterie et la basse. Un sentiment très psychédélique et spacey enveloppe cette chanson.
Les cordes de l'orchestre en arrière-plan sont merveilleuses.
Il y a à nouveau un grand jeu de basse et une belle guitare omniprésente. Les paroles sont inspirées par des vols spatiaux!
Le piano et cordes attirent particulièrement l'attention. Le tempo change souvent, mais le feeling reste éthéré.
Encore un beau morceau!
Le bruit de l'eau accompagné par la guitare acoustique, ouvre la voie à la guitare électrique avec des effets d'écho sur "Kill Me With Your Love". Une flûte intervient ensuite, ajoutant de la couleur et de l'ambiance. Les effets de foudre donnent l'impression d'écouter une tempête tout en restant dans son lit.
Le tempo et l'humeur font ensuite un virage à 180 degrés, car la batterie et la basse entrent en jeu. Le tempo change rapidement; la batterie est Hard, la basse Heavy et la guitare grondante. Les paroles sont drôles et la musicalité est excellente.
C'est une chanson très Heavy Hard Rock qui tue littéralement!
Bon travail...

Ce fut le dernier album que le groupe ait jamais fait, car le groupe se sépara peu de temps après cette sortie et les musiciens retournèrent en Israël.
Mais, même si le groupe n'existe plus, heureusement, cette musique perdure.
C'est un joyau perdu de l'ère du Hard Rock Progressif qui souligne la musicalité impressionnante de cette époque révolue.

Cet album a reçu un certain temps d'antenne à la radio FM et il a été très bien reçu par les critiques.

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Tout au long de cette période, le groupe tourne sans relâche, ouvrant pour Rod Stewart et faisant une tournée particulièrement mémorable avec Gary Wright.
"...[Wright] était, je crois, tellement énervé que nous, son groupe d'ouverture, étions si bien aimé par le public,..." Romano se rappelle, "...donc il avait son homme du son qui nous baisait avec notre son chaque nuit ... juste avant le tournée, nous avons volé son câble audio. Nous l'avons baisé plus!..".
Cependant, le succès que Jericho gagne en tournée ne se traduit pas dans les ventes de disques. Le groupe ne recevait rien de plus que 'le statut culte', comme Gavriellov le disait.
Cette frustration conduisit Gavriellov et Treibich à arrêter et à retourner en Israël.
Le reste de Jericho continua avec Shoshan à la basse et l'Anglais Chris Perry à la batterie.
Alors que Huxley disait que la musique du groupe faisait à ce point était 'des trucs absolument extraordinaires', la fin était déjà proche.
Romano a déclaré que, après une tournée couronnée de succès en Afrique du Sud, le manager du groupe à l'époque leur avait dit que les promoteurs aimait Jericho et qu'ils voulaient leur retour pour le double d'argent.
"...Nous avons dit, 'Double pour vous, pas pour nous! Nous voulons le succès ici, en Angleterre...!' Nous nous étions battus, mais nous avions signé des contrats et il était au contrôle, et il nous a dit de foutre le camp, si nous ne faisons pas ce qu'il disait alors que cela était ainsi... Nous étions amis avec le manager de Led Zeppelin [Peter Grant.], et il nous a invité à tourner avec eux et il voulait nous manager. Nous avons répété; nous étions prêts à le faire, nous sommes allés enregistrer notre prochain album, et il [Grant] entra en contact avec notre manager, qui voulait 5.000 livres de nous libérer, ce qui était beaucoup d'argent! Il nous a baisé...".

Après cette rare occasion passée, le groupe a persévéré pendant un certain temps, avec Ritchie Dharma en remplacement de Perry, mais, selon Huxley, Jericho était plus mort que vivant.
"...L'agence de booking arrêta de nous proccurer des concerts parce qu'ils savaient que nous tombions,..." at-il rappelé. "...Nous vendions une partie de nos équipements chaque semaine pour de l'argent juste pour continuer...".
Huxley rencontra bientôt un ami du passé, Stan Solomon. Celui-ci travaillait alors pour l'entreprise de vêtements de son père à Miami et il offrit un emploi Huxley.
Huxley accepta et déménagea à Miami, mettant ainsi fin au groupe.

Shoshan continua à jouer de la musique en Angleterre pendant un certain temps, et, plusieurs années plus tard, il revint à la musique dans un trio de Blues, sortant des disques et jouant dans les bars dans son pays natal.
Romano a joué ensuite avec Chris Spedding et Barry De Souza dans le groupe du guitariste et chanteur Schungeho Schunge (LP "Ballad Of A Simple Love", 1972) et Al Stewart sur ​​le LP "Past Present & Future" et il retourna en Israël, où il est maintenant musicien de session à la demande et il joue de la musique grecque avec son propre groupe, Romano's House.
Gavriellov est devenu un chanteur solo avec succès en Israël.
Treibich a abandonné la musique et il dirige une usine alimentaire de poulet en Israël aujourd'hui.
Huxley est resté à Miami, où il travaille en tant que distributeur de crème glacée et il continue à jouer de la musique.
Ce qu'il est advenu de Stan Solomon, cependant, reste dans le flou:
Huxley a dit qu'il ne savait pas si Stan est mort ou vivant.
Solomon a sombré lourdement dans la drogue, et la dernière fois que Huxley a entendu parler de lui, c'était qu'il vivait dans un hôtel miteux de Miami, qui a depuis été démoli.
Lorsque Huxley cherchait un numéro de téléphone, il ne trouvait rien.
Il se souvient d'avoir entendu des choses à propos de Salomon, certaines rapportaient qu'il avait l'hépatite et qu'il avait subi une chirurgie reconstructive du visage après un grave accident de voiture, mais il a souligné que rien de tout cela n'est certain.

En 2002, lors d'un événement en Israël pour honorer Gavriellov, the Churchills (Romano, Huxley, Treibich, Shoshan, Klepter et Lifshitz) sont montés sur scène une fois de plus.
Huxley a décrit cela comme 'la chose la plus fantastique depuis que the Churchills avaient rompu'.
"...Je veux que le groupe se retrouve ensemble,..." dit Huxley, "...pour un album et une tournée. Cela ne fera probablement pas et qui est dommage...".
Cependant, alors que Romano dit du groupe, "...les gens changent, les vies le changent - c'était bon, mais c'est terminé,..." il mentionne qu'un promoteur Israélo-Américain a récemment demandé de reformer the Churchills pour quelques shows en Amérique.
"...Nous pourrions le faire...!" a déclaré Romano.
Il semblait optimiste à ce sujet.
Si oui, l'histoire de the Churchills pourrait ajouter un autre chapitre.

Discographie:

the Churchills:
1969 - Cherchilim (צ'רצ'ילים, "Churchill's")

Jericho Jones:
1971 - Junkies, Monkeys and Donkeys

Jericho:
1972 - Jericho

Sources: doggiedogma, Jesse Rifkin
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