LE PLUS. Pono, voici le nom du nouveau baladeur lancé par Neil Young himself, via une campagne de crowdfunding. En un jour, il a déjà récolté 1,27 million de dollars de dons. Un baladeur, oui, vous avez bien lu. Qu’est-ce qui différencie ce produit des iPod, qu’Apple peine à vendre ? La qualité du son. Parier sur les mélomanes, ingénieux ? On en parle avec Damien Douani.
Quand j’ai entendu parler de ce nouveau produit, je me suis dit qu’il fallait immédiatement relancer le commerce des radiocassettes, et que ça marcherait du feu de Dieu.
Eh oui, pourquoi donc sortir un baladeur, alors que le concept a quasiment disparu, mangé par la mémoire des smartphones ? (Pour les dictaphones, c’est une autre histoire…).
1. Un baladeur pour mélomanes (très) avertis
Ne nous y trompons pas, le Pono – puisque c’est son nom – n’est pas un baladeur comme les autres. C’est un dispositif (très) haut de gamme : 128 Go de stockage flash et de quoi décoder les fichiers "Studio Master" (le son de qualité studio). On est bien loin du MP3 et de l’AAC. Le Pono a un prix : 399 dollars. Il n’est donc pas à la portée de tous.
Qui va l’acheter ? Quelle clientèle vise-t-il ? Incontestablement les mélomanes les plus avertis, mais aussi les professionnels – qui pourraient bien souscrire à ce produit, quand on sait que ses concurrents se vendent à 600 euros chez d’autres marques. Mais Pono, c’est aussi une alternative à l’iTunes d’Apple, puisque Neil Young devrait lancer une plateforme propre : PonoMusic.
Après la disparition des très démocratiques lecteurs MP3 (à l’exception de l’iPod, dernier survivant dont la version 128Go vaut 300 euros), Neil Young a raison de faire ce pari. Miser sur un produit de niche, haut de gamme, élaboré avec les meilleurs fournisseurs du secteur, c’est cohérent. Avec des garanties comme celles que sont les savoir-faire de Ayre et Meridian, on n’est pas sur un gadget mais bien sur un produit crédible.
2. Neil Young, dans la lignée de Lou Reed et de Trent Reznor
Ensuite, et c’est ce qui me pousse à penser que Pono peut rencontrer son public, c’est Neil Young qui en est à l’origine. En s’investissant à ce point, le chanteur-réalisateur-esthèste confirme sa volonté d’être un véritable promoteur, pas une énième star qui prête son image pour un lancement de produit. Il a une vraie vision, et grâce à cela, ce sont aussi bien ses fans mais aussi les professionnels qui pourront être séduits.
Il s’inscrit dans la même lignée que Lou Reed qui avait étalonné et balancé les casques Zik de Parrot (et de Starck qui les avait dessinés), mais aussi dans celle de Beats Music, la plateforme de streaming lancée par Trent Reznor notamment. Il constate que la technologie est arrivée à maturité, il propose donc quelque chose de différent qui puisse respecter son œuvre.
3. Le retour à l’authenticité
Mais cela fait aussi le jeu d’une tendance de fond, une tendance que l’on constate depuis déjà quelques temps : la propension des consommateurs à miser sur ce qu’ils perçoivent comme étant de qualité, authentique et original. Je pense bien au sûr au commerce des vinyles qui reprend des couleurs.
Bref, avec Pono, Neil Young vise une clientèle prête à payer pour du très haut de gamme, une qualité professionnelle – une clientèle esthète et avertie quant aux subtilités des formats de son. Un pari qui pourrait sembler farfelu, mais dont le résultat pourrait bien surprendre.
Je poste simplement le lien si le projet intéresse quelqu'un, moi j'attends de voir.....