Y a un bail de ça, Winsterhand a écrit:Formés au début des années 60 autour de Phil May et Dick Taylor (ex-bassiste des Stones), les Pretty Things se taillent rapidement une réputation du feu de Dieu (ou du diable...), avec leur comportement encore plus outrancier, leurs reprises de standards R'n'B encore plus crades et leurs cheveux encore plus longs que la bande à Jagger. Sans oublier d'enregistrer une paire d'originaux bien burnés, leurs premiers et derniers singles à produire une quelconque impression :
Rosalyn et
Don't Bring Me Down (les deux seront reprises par David Bowie sur
Pin Ups).
RosalynBon, j'avoue, cette première période purement R'n'B n'est pas ma favorite. Je n'apprécie pas outre mesure leur premier album, composé essentiellement de reprises (dans le même style, les Stones de l'époque sont nettement plus chouettes). Ça devient intéressant à partir du second,
Get the Picture? (« I ain't gonna quit ya, get the picture? »), avec des originaux qui témoignent d'une capacité d'écriture naissante.
Can't Stand the Pain / £.S.D. / Come See MeÇa continue à mûrir sur
Emotions (1967), avec l'apport de Wally Waller et John Povey. Le groupe a beau avoir renié les arrangements classiques plaqués à leur insu sur leurs titres, le résultat est très élégant, dans une veine très kinksienne.
The Sun est une petite pépite de sensibilité.
Mais si on se rappelle des Pretty Things dans cent ans, ce sera bien sûr pour
S.F. Sorrow (1968), sous prétexte qu'il a précédé
Tommy. Espérons qu'on se souviendra aussi de la grande qualité des compositions et de la capacité des Pretties à piocher de tous côtés en ajoutant une pincée d'inventivité bien à eux pour obtenir un pot-pourri absolument fascinant, qui réussit à être un témoignage représentatif de son époque sans être affreusement daté. J'imagine que tous les connoisseurs du coin lui ont déjà fait une belle place dans leur discographie, quant aux autres, qu'ils se dépêchent d'écouter ça et de se flageller pour avoir ignoré si longtemps une œuvre d'une telle qualité.
DeathAprès ça,
Parachute (1970) tient bien la rampe, malgré le départ de Dick Taylor (parti produire, entre autres, le premier Hawkwind). Le niveau d'écriture est toujours aussi élevé, et le groupe semble plus concentré, alternant ballades et morceaux plus durs avec une adresse consommée.
Sickle Clowns (live)Suit le premier split du groupe, et en général, la suite de la carrière des Pretties est plutôt déconsidérée, voire carrément ignorée. C'est dommage, parce qu'il y a encore des tonnes de bons trucs à piocher :
Silk Torpedo (1974), le premier album chez Swan Song, est une véritable tuerie, excellent de bout en bout (je me damnerais pour
Joey) ;
Cross Talk (1980) montre un groupe qui a su s'adapter à merveille au son new wave/punk du moment sans sacrifier la qualité des compositions.
Singapore Silk Torpedo (live)Après des années 1980 difficiles (la dèche, l'alcool, les procès), le groupe a retrouvé son âme, offrant en 1998 une interprétation live remarquable de
S.F. Sorrow à Abbey Road, avec des invités prestigieux (David Gilmour, Arthur Brown).
Old Man Going (live)Comme d'autres papys du rock, les Pretty Things continuent à enregistrer et à tourner, mais avec une énergie terrible, que d'autres pourraient lui envier.
Going Downhill (live)