par Dark Pink » 31 Mar 2018, 16:34
C’est une boum ! Enfin une surboum, une surprise party. On est dedans. Comme quand j’allais chercher mon pote Bertrand dans son immeuble pour qu’il vienne jouer dans la cour et qu’on entendait de la musique jouée fort derrière la porte-fenêtre de la salle à manger. Interdit d’y entrer ! Sa grande sœur faisait sa surprise party. Réservée aux grands. On finissait toujours par entrer aidés par une grande fille sympa. Une fois à l’intérieur, on s’emplissait les mirettes et les esgourdes de tout ce qu’on pouvait. Des grandes filles souriantes qui se trémoussaient et de la musique si étrange et si excitante. On faisait vite, sachant que ça n’allait pas durer. On piquait de la bouffe sur les plateaux jusqu’à ce qu’un mec hautain nous foute dehors et fasse rire les convives à nos dépends : « Hé ! Les mioches ! C’est pour les adultes ici ! Pas pour les minus ! Allez dehors ! Direction le tas de sable ! » Je n’étais pas docile, j’attendais qu’un mec me pousse, c’était le plus souvent comme ça que ça finissait mais parfois une grande fille me prenait par la main. Que ce soit par défi ou ravi, je sortais toujours avec un grand sourire.
Une fois dehors en bas de l’immeuble, au lieu d’aller dans la cour de derrière, on restait devant pour guetter ceux et surtout celles qui arrivaient et repartaient. On leur disait qu’on gardait leurs vélos ou leurs mobylettes. Ils et surtout elles nous avaient à la bonne. Bertrand mettait toujours en avant le fait qu’il était le frère de sa sœur, ce qui était imparable. Je faisais de mon mieux pour paraître sérieux en repérant les vélos sans plaque et en disant que je me souviendrai parfaitement de son ou sa propriétaire, ce qui était vrai.
Si je raconte ça c’est que j’aime bien raconter, mais surtout que cette compile me fait penser très fort à ces moments. En particulier, j’ai deux 45 tours de l’époque, celui de Michel Paje et celui de Danielle Denin que j’ai entendus pour la première fois dans ces circonstances.
Tout est dansant dans ce Pop Party 8. Et la musique prime vraiment sur les paroles ce qui fait que je les ai moins bien écoutées qu’à l’habitude. Et pour dire vrai, même en étant un décortiqueur malade des lyrics, je préfère la musique quand elle suggère qu’on se foute un peu des mots. Mais comme on ne se refait pas, j’ai bien noté que les préoccupations intemporelles y sont aussi présentes que toujours. L’amour toujours ! Quoi d’autre, après tout ? Mais aussi qu’on y sent un parfum qui fleure bon molotov et lacrymos. L’usine, l’éloge de la paresse, l’envie d’ailleurs, un début de maoïsme et les clichés bien lourdauds sur les filles qui se feront tailler en pièces par le MLF. Tout ça est là-dedans et même plus.
C’était comme ça il y a 50 ans. Putain ! 50 ans ! Je me pose d’ailleurs une question. Sur ce forum, pour les plus vieux, nous sommes quand même au moins 10 ans trop jeunes pour avoir connu les surprise-parties et pour avoir arraché les pavés occulteurs de plage. Alors ils sont où les anciens ? Les vrais, ceux qui ont fait « la Révolution » et qui ont dansé sur les rythmes endiablés avant d’ouvrir les ondes à Woodstock ? Si on finit par le savoir, tant mieux, sinon, tant pis… Avec son Pop Party 8, Danzik nous donne un moyen de vieillir de dix ans sans frais. C’est un luxe gratuit dont on ne va pas se priver !