Arsenio Rodríguez (1911-1970) est une figure majeure de la musique cubaine du XXième siècle en tant que l'inventeur autoproclamé du mambo et le précurseur du genre salsa. Il est aussi celui qui créa le format
conjunto, qui refère à des petits ensembles musicaux et se revèlera très populaire bien au delà de Cuba. Tout ça en étant aveugle depuis l'âge de 7 ans après qu'un cheval lui ait donné un coup de sabot dans le visage parce qu'il avait accidentellement donné au cheval un coup de balai.
Celui qu'on nomme "El Ciego Maravilloso", l'Aveugle Merveilleux, se fit connaitre en 1937 en écrivant le titre
Bruca Maniguá qu'il réussi à faire enregistré par le fameux Orquesta Casino de la Playa du chanteur Miguelito Valdés. Ce titre a depuis été repris à maintes reprises, plus récemment durant l'aventure du Buenavista Social Club. L'album solo de Ibrahim Ferrer de cette époque commence par une
superbe version de cette composition. Après ce lancement de carrière, Arsenio, spécialiste du três et du conga, formera plusieurs orchestres et jouera entre La Havane et New York jusqu'à son retour définitif à Cuba en 1956.
Là bas, il enregistrera une discographie non pas gigantesque mais qualitative. Son album Quindembo / La Magia de Arsernio Rodríguez en particulier exerce sur moi une certaine fascination. Arsenio y exprime ses influences africaines plus que sur ces autres albums. Il joue du tres sur tout l'album et sur certains titres on entend sa voix rauque presque criée en espagnol ou yoruba, donnant une teinte africaine traditionnelle supplémentaire. L'instrumentation, le son, la production sont irréprochables sur ce disque, au dessus de beaucoup de productions de l'époque je trouve. La face 1 est très spirituelle. On y retrouve sa version personnelle et instrumentale de
Bruca Maniguá d'une douceur rare. Avec les morceaux
Hun Hun et
Oracion Lucumí (très John Fahey celui là) il arrive à toucher profondément l'auditeur que je suis. Le reste de l'album, notamment la face 2, est plus enjoué posant les bases d'un afro-cubanisme assumé, un contrepoint que j'accueille avec plaisir. On passe de l'afro de
Albanciosa au classique cubain
Mona. Au final un album qui est pour moi merveilleux, et que je recommende de découvrir et d'approfondir.
