Clapton, c'est sempiternellement la même chose.C'est un peu mon avis, personnellement j'ai longtemps eu du mal à le détacher de l'image qu'il me renvoyait quand j'étais gamin, quand je le découvrais à la télé sur des concerts genre le Prince Trust, type gala de charité entre sommités du
who's who rock de l'époque (Dire Straits, Sting, etc). Le guitariste chicos qui joue en costard Armani une musique aussi viscérale et organique que le blues, de façon relativement mécanique et aseptisée, avec des clichés difficilement renouvelés. Je me souviens même avoir fait l'expérience que quand tu joues le blues sur une Stratocaster, il y a toute une gamme de phrasés, de plans dans lesquels c'est embarassant de tomber, du "blues à la Clapton" en pilotage automatique, sans grand intérêt. Alors il faut trouver autre chose. Néanmoins, je reste absolument sidéré par la puissance de feu du Clapton d'autrefois, de l'époque des Bluesbreakers jusqu'à la fin de Derek & the Dominos. Il contribuait réellement à inventer quelque chose, il a posé les bases de la grammaire blues-rock, influençant 9 guitaristes sur 10, jusqu'à l'arrivée de Hendrix. Mais il y a une question que je me pose, à savoir celle d'une vraisemblable surestimation de Clapton, quand on a fait une sorte de héros alors qu'à mon sens, il n'est que - et c'est certes déjà pas mal - un fantastique musicien qui sait se mettre au service du travail d'autres. Je trouve que le meilleur de Clapton, c'est quand il travaille au coeur d'un collectif, voire en tant que
sideman (avec Aretha Franklin ou les Beatles par exempe). Et c'est peut-être aussi ce qui lui correspond le mieux en tant que musicien et en tant qu'homme, de ce que je sais de sa biographie, je parierais presque que les plus grands pieds de sa carrière, il les prenait quand il accompagnait sur scène, de façon presque anonyme, Delaney & Bonnie avec George Harrison. Parce que la dégringolade personnelle de Clapton, sa toxicomanie notamment, il la doit à son incapacité à assumer son statut de musicien d'exception, déifié ("Clapton is God") de façon exagérée. Tout me semble parti de ce graffiti sur un mur de Londres auquel tout le monde a cru, y compris lui-même, alors que ça tient finalement plus du gag qu'autre chose. Et ce qui s'ensuivit n'est qu'une errance navrante de pop-star pourrie gâtée, qui se défonce, décroche, replonge, redécroche, re-replonge, mais avec les moyens de se soigner dans les meilleures cliniques, tandis que les gamins qui l'admirent restent sur le carreau à se shooter avec de la came pourrie et y laissent leur peau. Et depuis que Clapton a surmonté ses problèmes d'addiction et s'est résigné à assumer son statut de légende vivante, starifiée, consacrée au rock & roll hall of fame et tout ce genre de reconnaissance un peu creuse, abonné de la jet-set, qui se tape les plus beaux mannequins de la planète, etc, etc, il n'a plus - sauf à de rares exceptions, comme lorsqu'il
collabore, comme avec JJ Cale - rien à dire de nouveau musicalement. Alors le nouveau Clapton, les gens l'achèteront par habitude, par fidélité, par loyauté, mais ça n'apportera rien de spécial. C'est pour ça que je disais plus haut que ça servira au moins vraisemblablement à financer le centre de désinto dont il est le parrain, ça c'est vraiment utile.
